Valentine corps éthéré de pureté | Sujet: Lacrimosa Dim 24 Mai - 18:17 | |
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| LACRIMOSA Et plus les tons s’envolent, plus ils glacent les cordes de son âme.Ft. Requiem, KV 626PV …un avant et un après ne sont plus nécessaires puisque l’existence à elle seule prime sur le temps. Transformé par son filtre diaphane, une ère s’est paralysée dans la violence de son intempérie, conservant le reflet de ses éclairs et de ses zébrures dans les branches aux terminaisons complexes des arbres nus, rendus incolores par la paralysie du temps. L’arrêt sur image de ce spectacle suspendu dans les airs devient alors une lecture frissonnante qui s’infiltre à travers les pupilles grises d’une âme écrouée dans un corps. Incapables de contenir la grandeur d’une transcendance, elles se contractent en s’imprégnant de cette lumière glacée et Valentine poursuit ses pas, effleurant sur son passage, une branche basse qui fait neiger une drainée fine de poudre blanche. Une fois de plus, il lui semble incarner cet être esseulé, se mouvant dans la solitude d’un environnement à l’étendue trop vaste, trop solennel, trop imprécis. Alors entre le rêve ou réalité, voilà un moment que Valentine a cessé de trancher entre les deux, acceptant de fait qu’il ne ferait jamais partie du temps et de son dysfonctionnement régissant tous les lieux qui lui ont été donné de fouler. Il marche. Il marche et il oublie qu’il fait froid. Mais froid, le fait-il réellement. Quand il ne rêve pas, il existe et quand il n’existe pas, c’est plus rassurant de se dire qu’il renaît. A présent, ce sont sur les traces d’une portée qu’il calque ses pas, une partition de musique aux notes qui disparaissent aussitôt consommées. Et puisqu’il n’a plus rien à regarder en arrière, il suit cet air qui emprisonne son attention, le suit parce que c’est sans doute la seule chose mobile qui emplit cet endroit plombé par son silence -après le murmure des eaux qui ne devraient même pas se permettre de couler. Logique déblayée au second plan par un cerveau qui joue désormais sur l’abstraction de tous ces sens qu’il ne découvrira pas, Valentine maintient le rythme incertain de ses pas plongé dans la glace dont il ne sent pas la température. Le froid est dans la tête, la douleur n’est qu’une information, tout comme la montée diatonique de cette mélodie qui tient ses sens en alerte. Il arrive alors dans un espace plus dégagé et épuré de conifères translucides, s’arrêtant à cette nouvelle féérie qui le surprend de ses colonnes de glace érigées là sans cohérence apparente, tels de gigantesques obélisques mal taillés par des entités qui dépasse la gloire humaine. Un instant passe, où tentant de se défaire du grandiose, Valentine s’approche d’une des piques pour l’effleurer du bout de la main, en vérifiant par la même occasion son authenticité -comme s'il y connaissait quelque chose. Le cantique monte en puissance mais c’est désormais la vue de ces piliers gelés qui en atténue la saveur, et l’homme se rapproche d’un autre pour tenter d’y voir au travers. Il ignore à qui il raconterait ses découvertes plus tard, éventuellement assis au coin d’un feu comme un mourant délaissant ses dernières images pour tourner la page. Si on lui avait dit qu’un concert des Dieux avait cet ampleur, non seulement il serait venu voir plus tôt pour s’assoir aux premiers rang et en plus, il n’aurait pas oublié son écharpe. Mais ce concert imaginaire, en est-il un réellement. |
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