MESSAGES ▲ : 29 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 27/01/2015 AVATAR ▲ : Sebastian Michaelis DIT ▲ : donc. ANECDOTE ▲ : rigolote
Sujet: Lady Luck Is Smiling [Atalante] Jeu 28 Mai - 12:42
Pourquoi mentir ? Et puis d’abord, même si au fond de lui, tout lui criait qu’il n’était que mensonge, qu’il mentait parce que c’était la seule chose dont il était capable, il n’avait pas envie d’accorder de crédit à ses entrailles, qui si elles disaient vrai, mentaient, et par conséquent ne disaient pas la vérité. Il était capable de ne pas mentir, Gemini en avait la conviction. Certes, de dire « Je suis né du mensonge » comme cela, il n’en avait pas la possibilité. Mais dire successivement « Je suis né de la Grâce », « Je suis né de la Vérité », et « Je ne suis pas né du Mensonge » permettait à toute âme un petit peu intelligente de réaliser qu’il était bien né du mensonge. Trois propositions pour une idée. Mais il en était capable. Alors cette voix intérieur qui tonnait contre lui lorsqu’il s’évertuait à trouver un moyen de dire la vérité, se taisait. Et l’homme aux yeux carmin et aux cheveux d’ébène ressentait en lui une grande joie, une fierté même, celle d’avoir pu contourner sa nature. Ce qu’il ne réalisait pas, c’était qu’il restait parfaitement dans les clous, mais qu’il refusait simplement de le réaliser. Le mensonge se mentait à lui-même, c’était un comble. Il prenait un grand plaisir, quoi de plus naturel, à voir de pauvres âmes s’empêtrer dans sa toile de fables, à les voir se débattre, à leur faire comprendre qu’il allait les croquer sans jamais le faire, mais il ne réalisait pas qu’il était lui-même dans une toile, dans l’illusion qu’il pouvait être autre chose que le Menteur. La question demeure, pourquoi chercher à être autre chose que ce que l’on est, surtout quand on peut prétendre être tout et rien. À cette question qu’il ne se posait pas encore, Gemini n’avait pas de réponse. Pour le moment, ce qui agitait son esprit était cette question : « Pourquoi mentir ? ». Toujours résident du temple, il faisait de son mieux pour avoir l’air occupé. La petite Infinity, il l’évitait comme la peste, la dernière rencontre avec elle s’était passée trop mal à son goût, il avait donné une raison à l’enfant de chercher un passé qu’elle avait oublié, un passé où il se riait d’elle tandis qu’il torturait son esprit. Peut-être la seule fois où il avait tenu ses promesses, peut-être la seule fois où il avait effectivement croqué une mouche prise dans sa toile. Au buffet de la Vie – si on peut qualifier de vie ce qui se trame dans ce monde – Gemini n’avait aucun désir de goûter deux fois au même plat, aussi la présence d’Infinity l’incommodait plus qu’autre chose. C’était un risque supplémentaire de se faire renvoyer de ce bel endroit, où raser les murs était devenu l’un des jeux favoris de l’avatar du Mensonge. Il avait bien promis à Caelestis d’aider les âmes en peine qui viendraient ici, mais le simple fait de promettre cela le soumettait au devoir de ne rien en faire. Il aurait pu être né du Parjure que ça n’aurait pas été différent. C’était plus par paresse et orgueil d’ailleurs, que par besoin psychologique inexplicable. Il aurait certainement pu aider ces gens, en leur parlant, en leur mentant. Peindre une vie rose au plus malchanceux des êtres, c’était ce qu’il faisait de mieux. Mais il n’en tirerait aucune gloire, puisqu’il serait incapable de raconter ce qu’il faisait pour aider autrui, et pis encore, cela ne l’amusait pas. Ce besoin d’être aidé que ressentait ceux qui venaient ici, que ressentait ceux qu’il aimait à embêter pour faire dans l’euphémisme, il souhaitait le créer. C’était récréatif, de faire de quelqu’un allant très bien quelqu’un qui suppliait pour une entrevue, pour un thé, pour une nuit. Et de décevoir ces personnes, oh, pas Thémys, c’était son pêché mignon. Si ses interrogations sur le mensonge avaient été audibles par autrui, on aurait pu penser qu’il était un altruiste qui faisait du mal sous la contrainte, que ce questionnement avait pour but de trouver une faille, de pouvoir faire le bien sans blesser l’autre. Mais non. Non, non, trois fois non, Gemini prenait un plaisir fou à faire ce pour quoi il était fait, à mentir, à salir, à punir. Menacer de punir, ses gants de nacres devaient rester immaculés. C’était ses dix doigts à travers ces gants que fixait présentement Gemini. En pleine mission pour le Temple – il allait chercher des vivres, et était surtout occupé à perdre son temps pour revenir et pouvoir dire qu’il n’avait pas trouvé à manger – l’homme s’était arrêté sur les berges de l’Ephémère pour ce qui lui avait paru un instant, et qui avait en réalité duré plusieurs longues minutes. Il fixait la surface de l’eau, l’air interdit, trop occupé à se demander s’il était possible pour lui de ne pas mentir pour réaliser qu’il ne bougeait plus à quelques pas de l’eau depuis plusieurs minutes, comme un gnou évaluant ses chances de survie face à la rivière des crocodiles. Référence qu’il ne comprendrait bien entendu pas. Au loin, il voyait des montagnes. Quels mystères abritaient ses grottes, qui ne demandaient qu’à être explorée ? Aurait-il eu une aspiration pour l’archéologie ou bien l’envie d’explorer des grottes, il serait sans doute immédiatement parti, sans dire au revoir. Mais non, des aspirations comme celles-ci, il n’en avait pas. Pas dans ce monde, pas dans cette vie. Alors il restait là, à fixer la surface de l’eau, hésitant à faire un pas en avant.
Sujet: Re: Lady Luck Is Smiling [Atalante] Jeu 4 Juin - 18:39
l'equipee infernale
Heureux hasard ou coup du sort, le destin avait voulu qu’elle développe rapidement son goût pour les « équipées infernales ». Atalante ignorait naturellement que cette expression malheureuse, empruntée au vocabulaire de Garibaldi pouvait en langage courant être aisément traduite par « lèche-vitrine » ou « faire les boutiques ». Voilà pourquoi elle se permettait, lors de ses sorties hebdomadaires de jeter au hasard ces drôles de petits mots à quiconque lui demandait où elle se rendait. Le tuteur maudissait chaque jour un peu plus l’impulsion qui l’avait conduit à se porter garant de cette petite âme du diable embusquée derrière des sourires angéliques. Lorsque le sommeil lui manquait parfois, au cœur de la nuit, il repesait aux circonstances et incriminait secrètement Atalante d’avoir forcé la chance pour qu’il se mette à son service, lui, un homme si cultivé et raffiné. Et on ne pouvait lui donner complètement tort.
Pour l’heure, il implorait Thémis de toutes ses forces pour faire cesser son calvaire. Courant à moitié pour parvenir à suivre le trot infatigable de la prêtresse (qui elle-même se refreinait déjà de beaucoup), il portait sur son dos une montagne si colossale de paquets que les passants compatissaient à sa douleur. Dans son ignorance bienheureuse, Atalante se souciait peu de l’état de fatigue du pauvre Garibaldi, occupée à faire le compte à haute voix des différents encens dont elle venait de faire l’acquisition. L’étrange couple bifurqua vers les rives de l’Ephémère, moins fréquentées que les artères de la citadelle, où se mouvoir était à cette heure de la journée, pénible.
Les fleurs et les étoles succédèrent aux encens dans l’esprit d’Atalante, imperturbable. Elle ne connaissait rien de plus intense que le plaisir ressenti lorsqu’elle désirait une chose et en prenait possession compulsivement. Qui payait pour cela ? C’était la grande énigme à laquelle elle n’avait pas même songé. - Un peu de nerfs Baldi, il nous reste encore tellement de choses à voir ! asséna-t-elle sans ralentir sa course.
Peut-être était-ce dû à la chaleur cuisante ou au manque de sommeil, mais les nerfs dudit Baldi décidèrent sans préavis que l’instant était propice pour lâcher. Alors qu’ils passaient à vive allure devant un grand type en complet veston, le tuteur s’effondra brutalement sous sa montagne d’emplettes, répandant les achats un peu partout sur le pavé. Il ne bougeait plus. Atalante fit volte-face.
Gemini
conscience vouée à l'errance
MESSAGES ▲ : 29 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 27/01/2015 AVATAR ▲ : Sebastian Michaelis DIT ▲ : donc. ANECDOTE ▲ : rigolote
Sujet: Re: Lady Luck Is Smiling [Atalante] Dim 7 Juin - 14:46
La contemplation qui, eut-elle durée quelques heures de plus, aurait fait de Gemini un saint fut abruptement interrompue. Lui qui hésitait à faire un pas en avant se retrouva contraint de faire un pas en arrière, tandis qu’un monticule mutant, mi-homme mi-achats se formait, menaçant de lui aussi l’engloutir. Sans réfléchir donc, il avait reculé, évitant la masse vorace. Puis son esprit endormi par le bruit clair de l’eau s’était remis en marche, et Gemini s’était précipité dans le monstre de papier, à la rescousse de celui qui s’était fait engloutir. Sérieusement. Qui achetait tant de chose qu’il n’était plus capable de les porter. Qui avait autant d’argent ? Cette personne serait son Pélops, il le cuisinerait pour satisfaire son désir. Le Mensonge fut déçu de l’allure de celui qu’il sauva, un homme neutre, aux traits fatigués, rien qui ne présage un penchant pour les agapes, pour la dépense. Il redressa tout de même le brave, avant de lui épousseter la veste.
- Et bien mon brave, c’est une chance que la Déesse m’ait mis sur votre chemin, vous seriez resté englouti sous vos achats ! Quelle idée d’en prendre aussi, vous avez eu les yeux plus gros que le ventre ! Votre serviteur s’appelle Gemini, et il vous… L’homme aux cheveux d’ébène s’arrêta net, devant l’expression faciale du malandrin. Platement désabusé, il ne regardait même pas son sauveur, mais au-delà de lui. Machinalement, Gemini tourna la tête, pour voir une petite fillette qui avait l’air vexée. La vraie maitresse hein ? Le contenu de certains sacs s’étant répandu sur le sol, il confirma que c’était une femme(lette) à qui profiteraient les articles, ou alors à un monsieur aux goûts bien étranges. La joie revint dans l’esprit de l’homme ganté, parce qu’entre le monsieur fatigué et la petite fille vexée ( ?), il goûtait bien plus de la seconde. C’était plus facile de faire rêver une enfant, personne n’allait s’élever contre cette affirmation. Il laissa le brave là, pour aller s’incliner devant l’enfant. Bien sûr, il n’oubliait pas qu’elle était possiblement plus âgée que lui, mais bon, une enfant restait une enfant non ?
- Jeune fille, c’est bien dangereux de n’engager qu’un porteur pour tant d’affaires ! Vous faites trop souffrir ce pauvre bougre. La torture n’est pas bien vue, il pourrait aller se plaindre au Temple vous savez. Permettez-moi de l’aider dans sa tâche, cela vous évitera les ennuis pour cette fois.