« humanity is a curious thing, we're so similar but so different at the same time »
Pollux est une curiosité.
C'est la fille un peu niaise qui s'émerveille de tout.
C'est la fille un peu trop gentille qui s'est mise en tête de rendre tout le monde heureux.
C'est la fille un peu tête-en-l'air qui oublie toujours tout.
C'est la fille un peu collante qui aime tout le monde.
C'est la fille un peu bizarre qui aime se poser des questions philosophiques quand elle s'ennuie.
C'est la fille un peu flemmarde qui aime lézarder au soleil en sirotant du thé - même si ça donne chaud.
Pollux, c'est la fille qui porte le nom soit d'un demi-dieu soit d'un chien, au choix. Mais son accent anglais qu'elle a toujours conservé et son amour des sucreries évoquent plutôt la deuxième proposition. Et elle en est fière.
C'est un concentré de gentillesse, tellement qu'elle en rayonnerait presque. La bienveillance incarnée.
Mais elle est fragile. Parce qu'elle pense que tout le monde est naturellement bon, elle se laisse embobiner facilement. Une fois que la confiance a été brisée, elle ne sera plus jamais récupérée... encore faut-il qu'elle se brise.
Pourtant, Pollux, elle peut être aussi mature, des fois. Elle dispose d'un sang-froid extraordinaire - dans la plupart des situations d'urgence -, et sait utiliser son cerveau pour résoudre les problèmes des gens. Si vous avez besoin d'elle, elle sera là à tous les coups. Elle est LA personne sur qui on peut compter. Vous pouvez tout lui raconter; elle sera compréhensive et à l'écoute. Vous pouvez lui demander telle ou telle chose; elle sera honnête avec vous - de toute façon elle ne sait pas mentir.
En bref, Pollux, c'est soit une amie précieuse soit un souffre-douleur de choix (si vous aimez battre des chatons sans défense).
« we're about to open a door which had been closed a long time ago »
One last glance from a taxi cab
Images scar my mind
Pollux - née Caitlin -, a vécu une enfance relativement normale en Angleterre. C'était la petite fille modèle, travaillant bien en cours, entourée d'amis, fierté de ses parents. Sa gentillesse faisait qu'elle était facilement manipulable, mais heureusement son entourage savait veiller sur elle.
Elle n'avait - plus ou moins - aucun mal avec les études, mais plutôt que de s'y investir pleinement, elle se décida vite à se lancer dans le théâtre. Devenir comédienne, voilà son objectif; elle en rêvait très jeune. Il faut dire qu'elle s'intéressait énormément à la littérature et aux arts, et plus précisément aux œuvres de Molière. Grâce à lui, elle se découvrit deux passions : le théâtre, et la langue française. Elle aimait les sonorités de cette langue, sa prononciation. Elle aimait même la culture du pays. C'est pour cela qu'elle se promit un jour d'aller en France, peut-être même d'y vivre ? Mais pour cela, il lui fallait obtenir une bonne situation.
Et elle eu de la chance, parce qu'elle réussi, vers ses dix-neufs ans, après des mois d'acharnement, à décrocher un contrat. Une petite pièce sans prétention, composée d'inconnus du grand public. Mais qui lui permit de se lancer dans le milieu - chose très difficile. Elle enchaîna ainsi les projets, entrecoupés parfois de quelques mois de vide, inévitables. Ses parents auraient voulu la voir dans un métier plus stable, mais elle était heureuse, alors que demander de plus ? Caitlin ne fut jamais célèbre, cependant elle se révéla suffisamment douée pour vivre son rêve. Avec des petits jobs à côté pour assurer un salaire suffisant. Et des mois de durs labeurs.
Peut-être aurait-elle pu faire carrière, si elle ne l'avait pas rencontré.
Four weeks've felt like years
Since your full attention was all mine
The night was young and so were we
Elle le vit dans un café, au milieu de l'été. La chaleur semblait avoir poussé les gens à se réfugier dans les endroits climatisés; le café était plein. Tout naturellement, sans aucune arrière-pensée, voyant qu'il ne trouvait aucun place disponible, elle lui proposa de s'asseoir à sa table. Elle voulait juste être polie. C'est quand il la remercia qu'elle aperçut ses yeux. Des yeux magnifiques, des yeux bleus, éclatants comme du cristal. Rieurs, joyeux. Elle fut fascinée.
Elle ne put s'empêcher de lui adresser un petit sourire, et c'est ainsi que tout commença.
Il était français, était venu pour les vacances. Elle ne pouvait détacher son regard de ses yeux. Lui non plus.
Ils se revirent le lendemain; Caitlin lui montra des coins populaires de Londres. Ils se revirent le surlendemain; Caitlin lui parla de la vie à Londres. De sa vie. C'était comme s'ils se connaissaient depuis toujours.
Mais bientôt la fin des vacances arriva; le français devait repartir chez lui.
Didn't want any promises
Just my undivided honesty
Ils gardèrent contact. Et il revint en décembre. Caitlin ne travaillait pas à ce moment-là; alors ils passèrent tout leur temps ensemble. A leurs yeux, il était évident qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Mais la séparation allait ressurgir; il ne pouvait éternellement faire le voyage Paris-Londres chaque année. Alors, à l'été suivant, elle le suivit en France. Réaliser son second rêve. Elle connaissait déjà la langue sur le bout des doigts.
Ses parents s'y opposèrent, mais elle ne les écouta pas; ils ne pouvait pas comprendre. Elle avait été obéissante toute sa vie, elle avait veillé à ne jamais les décevoir, alors pour une fois... Tant pis.
Elle abandonna tout pour le rejoindre. Là-bas, ils prirent un petit appartement et se marièrent bien vite; elle avait vingt-trois ans.
And you said "Things are gonna change now for the better"
Et bien vite les problèmes arrivèrent. Cela commença par une bêtise, une simple dispute. Mais cela finit par une gifle retentissante. Il s'excusa. Elle lui pardonna.
La deuxième arriva quelques mois plus tard. Il s'excusa. Il était nerveux à cause de son travail, ce n'était pas sa faute. Il avait un peu bu. Tout allait s'arranger bientôt. Il allait se reprendre en main. Elle ne devait pas s'inquiéter. Elle lui pardonna.
I've got to be honest, I tried to escape you
But the orchestra plays on
Les choses ne s'arrangèrent pas. Il n'y eu plus de gifles, mais des remarques. Elle ne cuisinait pas assez bien, ne se souciait pas assez de lui - il l'engueula, quand, un jour, elle n'alla pas le voir quand il rentra à la maison. Elle ne l'avait pas entendu.
Mais cette fois, il ne se remit pas en cause. C'était la faute de Caitlin. Toujours. Et elle le croyait. Parce qu'elle lui faisait confiance. Alors, plutôt que de voir que c'était lui la source de ses ennuis, elle pensa que c'était elle. Uniquement elle. Elle prit ainsi sur elle; fit attention à sa conduite; à ce qu'elle disait. S'accusait elle-même des conséquences.
Et puis les rares fois où elle osait se plaindre de sa rudesse envers elle, il s'excusait. Lui promettait monts et merveilles. Lui disait qu'il l'aimait, que c'était parce qu'il tenait à elle qu'il voulait tant qu'elle prenne soin de lui.
Elle le croyait, évidemment. Comment le remettre en cause ? A chaque fois, elle se perdait dans ses yeux. Bleus comme au premier jour.
Hands, like secrets, are the hardest thing to keep from you
Lines and phrases, like knives, your words can cut me through
Dismantle me down
Des humiliations; des gifles; des coups. La situation dégénéra totalement. Elle finit par le voir, par ouvrir les yeux. Les bleus, sur son corps - mais pas sur son visage; il veillait à ne pas laisser de preuves trop visibles -, ce n'était pas de sa faute. Tout était à cause de lui. Mais elle ne savait pas quoi faire, dans ce pays où elle ne connaissait pratiquement personne. Vers qui se tourner ? Elle avait ruiné sa carrière, coupé les ponts avec sa famille. Pour lui. Maintenant, elle enchaînait les petits boulots, sans aucun lien avec personne. Sauf lui. La police ? Elle avait peur. Peur qu'ils ne fassent rien, qu'ils l'a renvoient, elle, l'étrangère, chez lui, l'amour de sa vie qui était devenu son cauchemar. Et s'il venait à apprendre qu'elle était allée porter plainte... C'était à elle d'arranger les choses. De le quitter ? Pour aller où ?
Elle décida de lui parler.
You dismantle me
Elle lui parla. Elle le regarda vraiment. Elle fut frappée par ses yeux. Quelque chose avait changé; leur reflet était différent. Disparu, le regard si attirant, disparus, les yeux tellement profonds qu'elle avait l'impression d'y lire son âme. Elle avait devant elle un inconnu. Un parfait inconnu. Ou était passé le jeune français de l'été d'il y a trois ans ? Son âme sœur ?
Était-il mort ou n'avait-il été qu'une illusion ? Quoiqu'il en soit, la réponse de ce dernier fut rapide.
Le coup parti vite. Trop vite. Elle fut projetée en arrière; sa tête heurta le rebord de la table qui était non loin d'elle. Les yeux bleus disparurent. Elle ne les revit plus.