MESSAGES ▲ : 18 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 06/04/2015 DIT ▲ : Sasaki ANECDOTE ▲ : C'est un ninja, qui porte constamment une grande écharpe.
Sujet: Odoshi – en cours. Lun 6 Avr - 16:01
Odoshi
Tu sais, l'Hirondelle, un jour je ne doute pas que tu effleurera le ciel."
Informations Générales
APPELLATION-On l’appellera Odoshi, du nom dont il a couvert sa face et son identité pour n'exister plus autrement que par le secret.
ANCIENNE IDENTITE -Kojiro, c'était ce nom que t'avait offert ton père. L'héritage lourd d'un traitement injuste, visant à assouvir ta raison à son être. C'était le nom que prononçaient tes camarades de classe, ta mère, et ta petite soeur, aussi.
SURNOM -On pourrait l'appeler l'Hirondelle. En fermant ses yeux, il pourrait presque essayer d'imaginer pourquoi.
ÂGE PHYSIQUE -Les angles droits des mâchoires masculines soulignent la maturité d'un corps dynamique, qui avait dépassé l'adolescence depuis plusieurs années. Il s'est fait foudroyer quand son corps avait une trentaine d'année, dans ces instants de vie où les frictions des muscles et les détentes des tendons lui offraient une mobilité des plus optimales.
NATIONALITE -Japonais. Pourrait t-il en être autrement ?
METIER -Il est instructeur. Dans la douceur de sa voix et la colère de ses yeux, les êtres les plus à même de revendiquer le statut d'homologues lui sont les enfants. Il enseigne, souvent les arts martiaux, parfois le japonais, toujours avec douceur, souvent avec mélancolie.
LIEU DE RESIDENCE -habitez-vous comme 50% de la population dans la splendide Libra, citadelle de l'éden ? Ou bien vivez vous à Rhode, Eraclae, Ethernite ou bien Canaan ?
GROUPE -Sauvé.
Description Physique
« you have to look pretty in order to survive in this harsh world »
Il aurait pu se laisser porter par les vagues, accepter la facilité d'un conditionnement de vie qui établissait la structure des êtres en fonction de leur patrimoine génétique. Mais, silencieux et discret dans son acharnement à bâtir sa propre identité, il a voulu s'élever, se construire sa propre malléabilité. Lui, le garçon enfant trop androgyne que son époque adolescente a vu, il a coupé ses cheveux longs, et recouvert ses mâchoires d'un assombrissement maximillaire. Une virilité certaine, un attachement, peut-être, à une image que l'on n'attendait pas de lui. Il a effacé la discrétion de sa souplesse pour s'imposer la force d'une carrure droite, aux épaules puissantes, et au dessus de ses yeux trop limpides, il a froncé les sourcils, jusqu'à s'en creuser des rides. Effacement des os, de la douceur et de la tendresse de ses chairs, pour une apposition presque violente, provoquée par ses propres entraînements physiques, d'une musculature, sèche, qui fit de lui un de ces agneaux cruels qui se mêlent au chaptel de l'endurance et de l'adversité. Les joues creusées par la violence des sentiments que la vie lui a amassé sur les épaules, il n'a pas le visage des hommes heureux. Sa face est celle, impassible, de ceux qui n'ont rien d'autres que leur force à laisser dévorer. Tranquille et serein dans la souffrance, il a le souffle calme de celui qui sait encaisser. On ne se retourne pas sur son passage. On ne se retourne pas, généralement, sur le passage des ombres et de la pluie.
ANECDOTE
« we need to discover what is hiding behind that soul »
Souvenirs. Adolescence =
FREERUNNER. La sensation du mouvement. Liberté.
Le T-shirt s'expulsait sur la courbe des côtes, se soulevant avec violence pour dévoiler les lignes émincées des muscles détendus par la puissance d'une extension que projetait le mouvement vers l'arrière. Tourbillonné, envoyé en une spirale du corps, Kojiro pénétrait les rouages d'un mouvement qui impliquait la vitesse d'une rotation, ses hanches s'arrachant à l'axe fixe d'une naturalité de son bassin. Ses doigts effleurèrent le sol, le temps d'une caresse en apparence, le temps d'un contact, d'une libération d'énergie à partir du moment où ses paumes trouvèrent une surface pour expulser, dans une traction de ses épaules, la pression des deltoïdes, les abdominaux se tordant dans le recouvrement d'un axe pendu. Il roula, et mes yeux plongèrent sur lui, suivant le mouvement, tandis qu'il s'envolait, ses rotules se détendaient dans son essor, les mèches de son chignon lâche accompagnant l'élévation. Il se replia, son ombre projetée en un U majuscule, et ses doigts attrapèrent le sol au lieu de subir la gravité, son épaule amortissant le contact, il roula, dans un déploiement succinct, avant de se relever. Il se mit à courir. A courir, droit devant lui, plongeant sur l'artère de la rue, alors que le feu de signalisation indiquait aux voitures de se remettre en mouvement. Il courut, plongeant sur elles comme un prédateur, ses foulées pulsant son énergie vibrante et naissante d'un corps qui secrète endorphine et qui paralyse la peur pour la surmonter. Il attrapa à deux mains le capot de la voiture jaune qui freina ; violence intempestive des gommes qui s'arrachent à la morsure du bitume, soulignée par le cri du klaxon défoncé par le poing du conducteur intensément énervé. Mais Kojiro survola. Comme un rapace foudroyant, filant au dessus la voiture, sans lui jeter un regard, il roula, retomba au sol, zigzaguant, traversant la rue en dépit de la dépression du calme de la circulation, celle-ci enflant sur l'artère. Il atteignit la rive opposée, fendant la flore de celle-ci, groupes épars de lycéennes qui s'écartèrent en piaillant sur son passage, tandis qu'il bondissait, en saut de chat, sur les proéminence structurales décorant les trottoirs et abritant des fleurs. Comme des tremplins, elles lui offrirent le support régulier sur lequel il s'éleva, cessant d'user des mouvements de bras pour se mettre à sauter, dans des foulées longues, sur chacune de ces bandes de bitumes surélevées. Il arriva face à un mur, et dans une flexion puissante, s'éleva jusqu'à attraper le rebord du bout des doigts, et l'ayant crocheté en se balançant, se souleva par la force des épaules. Je le suivais, ignorant les cris des lycéennes derrière nous, le vent se plaquant contre mon visage, mes paumes encadrant puis embrassant les reliefs aiguës des balcons qui devinrent le garde-fou du parcours véhément de Kojiro. Je n'avais pas d'initiatives dans la trajectoire, mais mes mouvements m'appartenaient, quoique ceux de Sasaki furent des éclats de beauté et de liberté, échos de mes propres désirs. Dans une violence infatigable qui battait sa propre condition physique, se surmontant en s'élevant au delà du seuil de ses possibilités, il attrapait chaque prises d'un regard avant de les saisir de tout le reste de son corps, s'enfonçant en un seul mouvement fluide en ces déplacements trop puissants pour que je ne cherche à l'imiter. Sa précision anatomique le faisait saisir les contours d'une barre métallique, laquelle vint effleurer son ventre quand il se projeta en dessous, atterrissant pleinement sur ses semelles, accroupi, et se détendant aussitôt, comme un ressort, il plongea vers l'avant.
description morale
« humanity is a curious thing, we're so similar but so different at the same time »
Le conditionnement de l'individu prend ses bases par son éducation. L'éducation d'Odoshi, de l'enfant Kojiro auquel il pouvait prétendre posséder l'identité, était celle que reçoive les soldats de régimes totalitaires. Placée sous silence à l'extérieur de la maison, mais envahissante dans sa tête et dans son corps. Le culte de la personnalité du père qui hurlait avec louange la fidélité à l'Empereur et à la Nation inculquèrent les bases de son jugement établi sur le respect des lois et des règles. Vivre, c'était obéir, obéir, c'était progresser. Il n'y avait pas à considérer d'une autre manière, et sa force se puisait dans la solitude qu'il chérissait. Jusqu'à l'école, jusqu'à l'impact de sa pensée, -celle de son père-, avec les autres, avec les enfants, si différents. Il les aurais haïs, il les aurais jugés, pendus, coupables tous qu'ils étaient d'une absence de morale conservatrice. Mais non. La gangrène de l'inconnu avait germée dans sa poitrine, et quand le paternel, après s'être arrangé pour ne se faire jamais oublié, ni dans sa tête, ni dans son corps, finit par se suicider, Kojiro avait déjà grandi, et le début des liens avec les autres avaient commencé à s'établir. Des camarades, puis des amis. Oh, rares, certes, mais d'une liaison à la puissance de feu destructrice. Le genre à lui donner envie d'aller déterrer le cadavre géniteur pour le brûler sur le bûcher de sa violence désorganisée. Il aima, sans doute un peu trop, sans jamais le dire avec de véritables mots, mais il aima, on l'aima, et cela suffit à couper les liens qui pressaient ses ailes contre ses flancs. Il apprit à prendre son essor, son indépendance et à savourer l'autonomie d'un esprit qui s'écharpait, par automatisme, à cet amour des règlements. Mais, une liberté, certaine, des sentiments personnels. Parfois, aussi, des envies de brûler son patriotisme, mais toujours l'appréciation d'être devenu quelqu'un. Une ombre parmi les nuages.
Il est le silence au travers de ces moments de crises, et la tranquillité quand tout devrait hurler. Dans une pleine possession de soi, contrôle exercé par la mentalité souple d'un acier qu'il n'a que trop travaillé de lui-même, il prend à bras le corps la douleur, la souffrance, la peur et la colère, et les embrasse complètement, comme pour mieux les dévorer, comme pour mieux les ressentir, aveugle et sourd à ces sentiments qu'il ne sait que trop peu exprimer. Les mots en rouge, ceux qu'il ressent complètement, ce sont des mots qu'il n'a plus éprouvé depuis longtemps. Jalousie pourrait être un de ceux-là, un de ces mots pour lesquels il n'y a plus d'attache, plus de respect, car plus de sensation. Le respect, en soi, est-ce d'ailleurs une notion qu'il connaît ? La question est languissante, et Odoshi n'y répondrait pas. Il ne sait pas, il ne sait plus, faut-il véritablement fournir une réponse ? Ses yeux ont abandonnés l'idée d'une normalité sociale, aux classements et idéaux établis par une échelle, par des désirs. Droit, sincère, ce sont des valeurs auxquelles il s'attache encore. Un besoin, peut-être, de ressentir les pulsions éteintes d'une nature qui a imbibé son être depuis trop longtemps pour qu'il soit différent. Il effleure, du bout des doigts, les correspondance de ces facettes imprimées dans ses souvenirs qui, étiolés, lui offriraient presque les repères de son humanité.
histoire d'une vie
« we're about to open a door which had been closed a long time ago »
Kojiro. Ce prénom, effleuré sur le bout des lèvres, s'effaçait à sa propre amertume quand c'était un ami qui le prononçait. Le goût de viande asséchée de son père pourrissait dans sa mémoire, objet d'une volonté morbide, presque suicidaire. Mais il n'imiterait jamais, il n'imiterait jamais. Le paternel avait au moins l'honneur d'avoir sut faire de lui un battant. Silencieux, discret, tapi dans l'ombre d'une présence qu'il ne revendiquait jamais, mais un battant. Zakuro le lui avait répété mille fois, dix milles fois, et maintenant qu'il achevait le lycée pour entrer à l'université, il savait que Zakuro le lui répéterait au moins mille fois de plus. Kojiro. Peut-être que Kohaku, -Joshua-, répéterait son prénom, lui aussi. Avec cette caresse du fond des yeux, cet effleurement étrange à son âme. Il irait à l'université de psycho, tandis que Zakuro s'éloignait vers une filière d'Histoire. Il savait que cela dérangeait Zakuro, que de devoir les laisser ensemble. Combien de fois les yeux bleus de son ami s'étaient-ils recouverts de nues sombres dans lesquels des orages menaçaient d'exploser quand les doigts de Joshua caressaient les mèches trop lisses de Sasaki ? Sasaki, c'était ce surnom dont Zakuro affublait Kojiro, avec une tendresse dans la voix et dans les yeux. Le genre de tendresse qu'il n'avait assurément pas quand les rapports entre Kojiro et Joshua se faisaient trop proches. Jalousie était un mot ciselé dans le carmin, qui prenait parfois naissance dans les coups qu'échangeaient Kojiro et Zakuro quand, l'un et l'autre excédés par la tension qui régnait entre eux, en venaient aux mains. Et parfois, comme un chat enjôleur, Kohaku Joshua Mitsumasa se faisait languissant, et venait les réconcilier. Les souvenirs affluaient.
Il avait vingt cinq ans quand il avait quitté la ville au nord du Japon qui abritait leur académie, et surtout leur quotidien. Il avait vingt cinq ans, et sans savoir réellement pourquoi, sans chercher à placer des mots concis sur sa motivation, il s'en était allé, prenant le premier train, enchaînant avec un avion. Il avait séjourné quelque temps dans un pays étranger, avant de revenir, sans jamais prévenir, sans l'annoncer, sans jamais se démasquer. Il n'était pas remonté vers l'Hokkaido, préférant aller s'établir vers Kobe. Et là, son passé l'avait rattrapé. Les hautes instances dans lesquelles travaillaient son père s'étaient arrogés le droit et le devoir de le réquisitionner, pour l'intégrer à leurs sphères. Il avait refusé, une fois, une seconde, une troisième, puis avait compris qu'il se plaçait en équilibre sur un fil tendu au dessus du vide. Funambule acharné, il avait refusé de céder du terrain, allant jusqu'à acquitter son droit de vie en adoptant un enfant orphelin et autiste, un certain Anzan, gamin atteint du syndrome d'Asperger, qu'il éduqua. La vie, avec cet enfant, prit un tournant décisif. Kojiro, désormais devenu Odoshi, avait conscience que son temps lui était compté, et l'égocentrisme dont il faisait preuve en établissant la vie d'Anzan à ses côtés , était une quête acharnée au bonheur. Un besoin maladif de ne plus éprouver la sensation de manque qu'il avait ressenti dès la nuit où son père, en lui, avait laissé la sensation d'être vidé de tout. Espoir, plaisir, et bonheur. L'Espoir, il l'avait trouvé en Zakuro. Ce garçon trop grand pour être japonais, qui à quinze ans, était venu taper sur son épaule pour le forcer à retrouver un lien avec les autres humains, et pour oser s'ouvrir, pour oser sourire. Le Plaisir, celui qu'il avait banni, celui qui était tari, Kohaku Joshua l'avait fait renaître du bout de ses doigts et du murmure de ses mots, dans des réalités alternées, aliénées, empiétant parfois sur la réalité, avec des écarts et des vanités de sucre, durant lesquels il ne se sentait rien de plus que vivant, et cela l'avait fait se remettre debout. Le Bonheur, enfin, il le découvrait, l'embrassait, s'en imbibait totalement dans ces matins où, en se réveillant, il découvait Anzan, assis à table, buvant son chocolat chaud, les yeux pétillants d'une joie qui ne pouvait qu'être chérie, adorée. A partir de cette phase de sa propre vie, Odoshi s'interdit le moindre affaiblissement. Prenant pour élève un jeune occidental auquel il enseigna les arts martiaux, il se vit découvrir son besoin de vivre. Un besoin si profondément ancré en lui, si profondément attaché à son âme qu'il aurait souffert l'Enfer pour s'arracher une seconde vie.
Gaël, son élève, respectueux et silencieux, un peu trop ressemblant à ce qu'il était enfant, l'entraîna en sa perte.
Le Nid était ce dispositif dans lequel toutes allées et venues étaient évaluées par un ordinateur général auquel était ralliées une centaine de caméras de surveillance. Jouets d'Anzan, je lui faisais confiance, mes directives n'étant que trop peu nécessaire pour son cognitif au développement quasi-bionique. Dans mon quotidien de shinobi urbain, à côtoyer les ombres du gouvernement, lesquelles recquerrait parfois des services aux finalités de protection ou d'assassinat, je déployais mon business dans un cercle très fermé, lequel ne tolérait pas la moindre intrusion. Aussi, quand Gaël, suivant sa formation, en atteignant l'âge de dix-sept ans, finit par tromper ma vigilance un matin, je crus bon de reconsidérer mes positions vis à vis de ma propre sécurité.
« La poste est arrivée. »
Brandissant un paquet de lettres cachetées, Gaël souriait du bout des lèvres, appréciant avec satisfaction son petit exploit. J'avais manqué de lui enfoncer une lame dans l'artère quand je l'avais vu surgir devant moi, mais pour le moment, le temps était aux congratulations.
« Tu as progressé. » « Merci. » « As-tu été suivi ? » « Non ? »
Dans l'éclat de sa voix, un soupçon d'hilarité, que je ne soulignais pas. Pointer mes propres erreurs irriterait la plaie d'une situation qui ne méritait pas de suinter. Je posais mes yeux sur les lettres qu'il tenait en main, et récupérant le paquet, je lui en rendait néanmoins une.
« Celle-ci arrive de l'Angleterre. »
Nous savions tous deux que cela provenait de l'employeur de Gaël. J'étais supposé ignorer l'identité de celui-ci, et Gaël était placé sous contrat dans l'idée de ne rien révéler. Nous ignorâmes avec une déstabilisante tranquillité le sceau officiel des bureaux les plus intimes du Buckinghame Palace, et tandis que Gaël décachetait, faisant fi de mon absolu et très peu sincère besoin de ne pas savoir, je me forçais à ne pas reconnaître de quelque façons qu'il les lettres rondes de l'expéditrice de cette missive jugée top secrète. Au Royaume-Unis, songeais-je, on tenait à garder un œil sur ses futurs assassins et/ou OHMSS. Pour entraîner Gaël depuis un an et demi, j'avais conscience qu'il côtoierait dans un futur proche les sphères les plus sombres de Londres. Le genre de sphère dans lequel ami et ennemi se différenciaient les uns des autres en fonction des dessous de table. Mais j'avais l'orgueil de considérer qu'on s'était adressé à moi pour éduquer le jeune et prometteur Gaël Mindsedge. D'ici quelques temps, peut-être entendrions nous parler de la disparition d'un ou plusieurs ennemis diplomatiques à l'Angleterre, étrangement portés disparus durant un voyage d'affaire. LE visage de Gaël se troubla cependant, et je fus forcé de poser mon attention sur lui, incapable d'ignorer plus longtemps sa lecture.
« ? » « Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Cette lettre m'est adressé, mais ... »
Ses prunelles noires rencontrèrent les miennes. Il me tendit la lettre.
« Mais je ne suis pas sûr que ce soit à moi véritablement que l'on parle. »
On n'était pas le pronom auquel je m'attendais véritablement. Tandis qu'Anzan, dégourdi, entrait dans la pièce, les bras emplis de cartons desquels débordaient des entrailles mécaniques de robots éventrés, baragouinant un japonais mal prononcé, je lisais la lettre, plongeant dans la lecture effarante d'une menace voilée. Quatre ans avait été ce laps de temps durant lequel « on » ne m'avait pas recontacté. J'avais désormais à conceptualiser et assimiler qu'ils me surveillaient, qu'ils étaient au courant de mon contrat d'éducateur « alternatif » passé avec l'Angleterre, et qu'ils s'étaient liés à eux pour me transmettre de nouvelles informations. Les services fournis par mon père devaient être récupérés, et j'étais le favori en tête de liste. Un sourire amer ourla mes lèvres.
« Ils auraient pu me contacter directement, plutôt qu'écrire ton nom sur l'adresse. Tu vas t'inquiéter, maintenant. » « Odoshi. »
Les yeux de Gaël hurlaient un gouffre dont il ignorait encore lui-même l'existence.
« Ils sont entrés en contact avec mes employeurs pour te retrouver ? » « Il fallait que ça arrive un jour où l'autre, petit. Ne t'inquiètes pas pour cela. »
J'avais cessé depuis longtemps de croire aux pièges des réglements. Les lois, désormais, j'avais fait le choix de les imposer.
(…)
Anzan, la tête posée sur ses avant-bras, calculait mentalement les claquement de mes phalanges contre le clavier. Habitude autistique dont il ne se débarrassait pas, silencieux et concentré, je l'imaginais accumuler les chiffres à une vitesse vertigineuse, derrière le rideau de ses pensées, quand il releva brusquement la tête. J'interrompais la course de mes doigts.
« J'ai entendu quelque chose. » « Ce n'est rien. »
Ne t'inquiètes pas.
« Il va juste falloir s'habituer. »
J'avais murmuré. C'était la première fois de ma vie que je mentais à Anzan. La douleur dans ma poitrine s'en fit criminelle.
(…)
J'avais ordonné à Gaël de fuir. Sans rien lui annoncer, sans rien lui promettre, lui écrasant dans les mains un ticket pour l'Australie, et l'interdiction de revenir au Japon. J'aurais aimé qu'Anzan fuit avec lui. J'aurais aimé. Si seulement.
Les grands yeux ouverts et éteints de l'enfant de huit ans perçaient mon âme. Assis sur la table de la cuisine, dans le silence du Nid, j'écoutais. Anzan venait de se lever, et comme chaque jour, il réclamerait d'ici quelques minutes son bol de lait. J'avais sorti le cacao, et j'attendais. Mon âme était sur le point de se fissurer. Mais je refusais de céder. Il vint babiller, endormi à moitié, et s'installa devant moi, ignorant la fatigue qui se peignait sur mon visage, et incapable de voir la détresse que j'aurais aimé lui hurlé au visage, pour qu'il s'enfuit. Mais ils le retrouveraient. Je le savais aussi condamné que moi, fiché depuis mon choix d'en faire mon enfant, enregistré dans leurs ordinateurs comme lui m'avait enregistré dans son cœur. J'en aurais pleuré.
Alors je sortais simplement le lait. Un verre haut, dans lequel je versais ce liquide qui me parut trop blanc, trop nauséabond par son absence de couleur, et qui pour autant, réveillait en moi le souvenir éloigné d'un visage que j'avais tenté d'oublié. À qui appartenait le blanc ? Cette question restait sans réponse, et je m'y accrochais. Je m'y accrochais, pour ne pas m'effondrer.
J'ouvrais le tiroir, du bout des doigts. Anzan attrapait le cacao, et décida qu'il n'en voulait pas ce matin. La poudre blanche glissa entre mes phalanges, maintenue par la pression de mon jeu de doigts, et je ne laissais aucune trace. Ni sur le verre, ni sur ma face. Je posais le lait devant le garçon quand il revint face à moi, ses prunelles démesurément dilatées attrapant l'objet de sa convoitise avec un rire intérieur que je l'entendis prononcer. Distinctement. Jusqu'au plus profond de moi. Savait-il ? Savait-il seulement ? Je voulus croire que non. Jamais.
« C'est une belle journée, non ? »
Il buvait, cherchant mon regard par dessus le verre. Je hochais la tête.
« Très belle. »
Il mourut aux alentours de midi.
(…)
Je me souviens avoir une fois demandé à Zakuro ce qu'était la mort. A cette époque là, nous avions vingt ans, et ma soeur avait été écrasée sous les débris de son école, durant un séisme. Assis sur un lit, après un accident de moto qui lui avait coûté la fonctionnalité d'un bras, Zakuro avait posé ses prunelles bleues sur moi, étudiant avec circonspection mon sérieux, tandis que je me soumettais à son introspection. Il avait fini par répondre, doucement, les lèvres ourlées en une expression dubitative, laquelle exprimait avant tout son sentiment d'irritation.
La mort est un lieu que je n'aime pas. Il n'y a pas de ciel, et le vent n'écoute personne.
Je me souvenais de cette phrase comme l'on pouvait se souvenir de son premier amour. Elle avait ensorcelée mes sens, dévorant mes certitudes, pour m'enfoncer, parfois, dans des torpeurs qui étranglaient mes nuits. Ce paysage sans ciel me fascinait tout autant qu'il m'effrayait. Dantesque, je le réfutais. Et parfois, j'imaginais Joshua, ou Zakuro, ou même ma soeur. Mais cette dernière étant aux abonnées absents, j'allais parfois voir les deux seuls concernés, mais séparément. Et avec les yeux, sans jamais oser le prononcer, je demandais : "Vous deux, vous ne mourrez jamais, pas vrai ?" Je voulais croire qu'il y avait en eux le dépassement d'une humanité qui m'enchaînait. J'y ai cru.
Un soir, alors que je rentrais chez moi, et que le Japon n'appartenait pas encore à un possible de mon avenir, je ramassais un journal, quotidien imprimé à l'encre sèche, et j'y découvrais un article silencieux qui fit un vacarme monstre dans mon coeur.
« Disparition d'un éminent astrophysicien. La mort inattendue du jeune docteur Zakuro Fea. »
Le soir, je crois que pour la première fois de ma vie, je bus à en taire les pleurs de mon coeur. Je bus à en vomir sur mon plancher. Je bus à en crever. Et le pire, c'est que ça ne servit à rien.
Dis-moi, Joshua ? Est-ce qu'un jour l'on se souviendra de moi ? Est-ce que, si je prends ta main, tu me contamineras un peu, juste assez pour que je ne sois plus aussi humain ? Zakuro me jalouse, mais tu sais, de nous deux, c'est moi qui voudrait le plus être comme lui. Il ne tombera pas, il ne tombera jamais, tu le lui a déjà dit, et il le sait. Il est le Ciel, et le Ciel ne tombe. Si je suis l'Hirondelle, Joshua, est-ce que je pourrais un jour voler assez haut pour aller me noyer dans les nuages ? Me contempleras-tu quand je serais tout là bas ? J'aimerais croire que comme vous, je ne mourrais pas. Moi, je finirais bien, un jour où l'autre, par vous abandonner au cours du chemin. C'est pour cela que j'ai coupé mes cheveux, Kohaku. Parce qu'il fallait qu'à un moment ou à un autre, tu ne sois plus là pour passer tes doigts au travers. Je me suis dit qu'en les coupant, j'anesthésierais la douleur qu'il faudra ressentir à ce moment là. Je prends de l'avance sur vous, les gars. Je mourrais un jour. Mais je vous rejoindrais, quand j'aurais dépassé l'humanité. Alors, attendez moi, s'il vous plaît, en attendant. Attendez-moi, parce que je crois que sinon, je ne survivrais pas. Je ne veux plus qu'on m'abandonne, et surtout pas vous. Soyez-là, soyez au rendez-vous.
Ils envahirent le salon comme des fourmis rompus à l'ordre commun. Habillés en des uniformes blancs, ils cherchèrent Kojiro sans se douter qu'il ne se cachait plus. Les lieux étaient silencieux, mais pas déserts. Quand ils le trouvèrent, il avait déposé sur Anzan un drapé blanc qui recouvrait son visage. Il n'y aurait désormais plus de sourire à regarder. Quand lui releva les yeux, il était prêt. Il n'était plus l'enfant de onze que son père avait jeté dans un lit. Il n'était plus l'individu de vingt ans qui hurlait dans les bras de Zakuro pour aller se suicider parce que sa soeur était morte broyée. Il n'était plus cet homme qui avait fuit le passé. Il était là, tout simplement.
Sa lame, son masamune, jaillit entre ses phalanges, et décrivit la courbe chantante d'une mort apportée par l'enfant des traditions.
Kojiro est en train de vivre. Et Odoshi se prépare à mourir.
Murmures et rafales.
(...)
Les balles ont cessés de pleuvoir. Je ne ressens plus rien. Absolument plus rien. Et c'est un soulagement sans nom. Joshua, c'est drôle que je pense à toi. À ce prénom qui est le tien, après presque quinze ans. À cette permission que tu m'avais accordé de le prononcer, en te regardant dans les yeux. Je crois que j'aurais aimé que Zakuro soit là, encore un peu, juste pour avoir envie de sourire devant son air bougon. Oui, j'aurais vraiment aimé sourire, là, en compagnie de vous. Cela aurait assurément été une chose douce, dans laquelle je me serais laissé oublié moi-même. Te serais-tu souvenu de moi ? Après quinze ans, si nous étions revus, aurais-tu murmuré mon prénom ? J'aurais aimé le croire. Vraiment. Vraiment, du fond du coeur.
Il y avait des impacts de balles partout, maintenant. Pas seulement dans mon corps, mais aussi dans les murs. Ils avaient récupérés les corps des leurs, traînant les sillons rouges sur le sol, comme les témoins de ma victoire. Mon masamune avait été brisé, et jeté dans les toilettes. J'aurais aimé allé le récupérer, mais je savais que le temps m'était désormais offert en un laps que je ne pouvais plus gaspiller. Pardon, Zakuro, mais j'aurais aimé que tu fasses mieux ton boulot. Si tu avais été vivant, alors tu m'aurais offert toutes les secondes dont j'avais besoin, n'est-ce pas ? Dire que Joshua t'appelait l"Immatérialité. C'en était drôle. Drôle à en pleurer. La fenêtre, dans mon dos, n'avait pas été brisée. Ils m'avaient laissés là, après un dernier regard, comme une sorte d'au revoir. Je me laissais glisser. Il ne restait plus rien. Pas même mon souffle. Pas même le bruit.
Il avait fallu que je les combatte jusqu'à dans la chambre d'Anzan. Combien en avais-je tué ? Combien dont la chair avait été tranché ? J'aurais du les compter. Pour pouvoir offrir un dernier chiffre à Anzan. L'unique calcul restant était celui de l'algorithme hésitant de mon coeur. Alors je me traînais jusqu'à lui, tirant sur mes épaules, tirant avec mes dents, pour avancer, me forcer, acharné, jusqu'à lui. J'avais compris, je crois, que les règles ne nous définissaient pas. Nos lois ne nous étaient pas personnelles. Il n'y avait ni théories ni jugement. Mes doigts attrapèrent les siens, minuscules, froids. J'eus un rire. Je voudrais tellement que tu me comprennes.
Il y a ce murmure.
Une porte entrouverte, que je n'avais jamais vu. Et le noir, le noir tout autour. Je me retourne, et le noir est partout. La porte derrière moi qui murmure des choses que je n'entends pas. Je voudrais brusquement hurler qu'elle se taise, car je ne sais plus, je ne comprends pas. Elle ne se tait pas, ne disparait pas, mais change de place. Elle me fait face, maintenant, et je vois cette enfant, aux jambes nues, au visage pâle, qui me regarde, silencieuse. Une impression de déjà-vue, une envie de courir jusqu'à elle, pour me jeter dans ses bras. Elle a l'air jeune de ces êtres qui sont beaucoup trop vieux pour exister. Les larmes qui cascadent en folie sur mes joues ne parviennent pas à masquer l'étendue d'une aura écrasante que son apparence juvénile tend à exacerber.
Je murmure. Ses doigts effleurent ma joue.
La balance vibre d'un ronronnement qui transperce mon âme. Et derrière moi, je crois entendre une porte s'ouvrir, et un homme, dont le nom n'existe plus, hurle vers moi. Je me retourne, mais la Balance penche déjà.
"Joshua"
Droite. L'aiguille s'effondre. Et la porte s'ouvre, c'est le silence. J'avance.
Et derrière l'écran ?
feat Dunno, Pinterest.
PSEUDO -On ne m'appelle pas, sur la Toile. On vient me chercher.
SEXE -Femelle
AGE -Je suis née le 11/08/1995, j'ai donc ? ... 8D *roulements de tambours* 19 ans. Whii.
BLABLA PERSONNEL -Je suis un stalker silencieux de Valentine et de [quelqu'un n'ayant pas encore son pseudo] et ce sont à mes yeux deux rpgistes fabuleux dont la plume éviscère avec joie, chacun à leur manière, mes petites bulles mentales. Je les aime.
DES RECLAMATIONS OU RECOMMANDATIONS ? -si vous avez la moindre suggestion ou quelque chose qui vous chiffonne, on vous écoute !
LE MOT DE LA FIN -c'est l'histoire d'un tétard, il croyait qu'il était tôt mais en fait il était tard. Oui vous l'avez compris, ici vous mettez ce que vous voulez.
MESSAGES ▲ : 146 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 16/02/2015
Sujet: Re: Odoshi – en cours. Lun 6 Avr - 22:41
Bienvenue, I love you. ♥
Valentine
corps éthéré de pureté
MESSAGES ▲ : 64 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 22/03/2015 DIT ▲ : Yui Valentine FICHE RS ▲ : Chroniques Indéfinies
Sujet: Re: Odoshi – en cours. Lun 6 Avr - 23:12
Franchement, je suis plutôt heureux. Vraiment.
Moi je dis ça je dis rien mais ça va swaguer tout ça. :]
Psychê
corps éthéré de pureté
MESSAGES ▲ : 263 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 24/03/2015 AVATAR ▲ : Hungary - APH DIT ▲ : A vous de le trouver ♥ FICHE RS ▲ : Chronocentrisme
Sujet: Re: Odoshi – en cours. Lun 6 Avr - 23:13
Kojiro *_*
Odoshi
corps éthéré de pureté
MESSAGES ▲ : 18 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 06/04/2015 DIT ▲ : Sasaki ANECDOTE ▲ : C'est un ninja, qui porte constamment une grande écharpe.
Sujet: Re: Odoshi – en cours. Mar 7 Avr - 19:39
<3
Up. Fiche terminée.
Valentine
corps éthéré de pureté
MESSAGES ▲ : 64 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 22/03/2015 DIT ▲ : Yui Valentine FICHE RS ▲ : Chroniques Indéfinies
Sujet: Re: Odoshi – en cours. Mar 7 Avr - 20:52
Je veux un RP, Odoshi enseignera à Yui les arts martiaux c'est parfait. Un style d'écriture toujours aussi appréciable.
Sainteté
coeur souillé de noirceur
MESSAGES ▲ : 367 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 07/02/2015
Sujet: Re: Odoshi – en cours. Mar 7 Avr - 21:57
BIENVENUE SUR LIBRA ••
Ca y est, te voilà validé et prêt à parcourir les grandes plaines de Libra. Tu as désormais accès à l'ensemble du forum et est libre de rp avec le reste des âmes !
N'oublie cependant pas d'aller jeter un coup d'oeil aux bottins pour faire recenser ton personnage notamment.
Et surtout, amuse-toi bien et puisse ton voyage durer ! ♥
J'ai été totalement happée par l'histoire (je dois être bon public, tu me prends par les sentiments en me sortant une telle histoire), tu as une plume exigeante mais ça reste fluide. Et j'ai hâte de voir comment vous allez développer votre relation avec Joshua, ** (Un admin passera te mettre ta couleur et ton rang.)