Être douceâtre bercé de désillusions, tu te drapes dans les méandres de ta foi, balayant consciencieusement les miettes de ta sociabilité. Ta joie d’antan s'est ternie, balafrée par ce manque de confiance, qui te ronge, qui te tue. Tu te retrouves enfermé sur toi-même, contemplant naïvement ta solitude. Pourtant, ce manque est aussi salvateur. Ton esprit te crie, te hurle de ne te confier à personne, car d'aucun n'est digne de confiance. Les regards en coin, l'analyse de ton interlocuteur; tout cela s'apparentent à ton quotidien. Toi qui jadis offrais un visage complaisant, les courbes gracieuses, le faciès rieur, te voilà désormais bien démuni. Ton sourire à déclin, entraînant avec lui ta sincérité et ta droiture. Néanmoins, alors que ta confiance partait en fumée, envolée, arrachée par l'incarnation de la justice, ta générosité ne s'en est pas amoindrie. Elle perdure, maigre lumière aux teintes blafardes, soutenant un esprit des plus renfermés. Ce dernier se compare à ton être; volatil, insaisissable et maladif. Enfant bohème aux rêves éteins, tu endosses une maturité qui ne te correspond guère. Tu t’efforces de conserver une certaine sagesse, mais ton visage a bien du mal à voiler les sentiments qui te possèdent intérieurement. À l’abri des regards, des jugements de ces vils êtres trompeurs, tu consens à te laisser aller à la délivrance. Loin de leurs condamnations à ton égard, le malaise qui transcende ton âme se dissipe. Tu n'es en paix qu'éloigné du monde, et paradoxalement, tu n'aspires qu'à l'écartement de ta solitude. Tiraillé de par ta condition, tu t'effaces, simple passager de ce monde qui ne brûle pourtant que de compagnie.

Dissimulé au travers de la perte de ta confiance, tu ne t'ouvres guère aux autres, n'hésitant nullement à mentir sur ta propre personne. Ta sincérité de naguère s'en retrouve écharpée, lacérée par tes dires falsifiés. Convaincu de la bonne cause de tes actes, tu n'en souffres d'aucun remords, ta conscience justifiant tes agissements. Te tu trouves être pourtant une entité agréable, d'une politesse non discutable aux discours courtois. Cependant, voilé derrière tes belles et douceâtres paroles, personne  ne devine les tourments qui empoisonnent ton esprit. Gestes tendres et faciès crispé, un assemblage de contradictions qui façonnent l'être que tu endosses. Tu te sembles à toi-même être un esprit imparfait, du seul fait de ton éternité, de cet atroce permanent. Inconsciemment, tu méprises ta propre personne plus que tu ne méprises les autres. Et cela te donne envie de hurler.