MESSAGES ▲ : 88 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 01/01/2015 AVATAR ▲ : Original de l'artiste Sawasawa DIT ▲ : Poussin FICHE RS ▲ : don't by shy, darling
Sujet: tortuous road / libre Sam 3 Jan - 21:57
En ce moment même, Cosmos est sobre. Non non c’est vrai, je vous jure ! Et puis c’est plutôt important de le préciser. Quoique au travail, elle a tendance à garder un maximum de sérieux et ne se laisse pas facilement distraire par les jolis petits bars qui lui font du gringe dans le quartier Albâtre. Ce qui n’est vraiment pas évident, les échoppes sont toutes aussi belles les unes que les autres mais elle n’est pas là pour ça. Du moins, pas en plein jour. Par contre, elle ne promet pas qu’elle ne revienne pas jeter un coup d’œil par là le soir venu. Aller, juste un coup d’œil, ça ne peut pas faire de mal, si ? Mais là, en ce moment même, elle est venue ici pour le travail. Son patron l’a envoyé dans le cartier pour assister à une vente aux enchères. Il avait repéré une petite jument, encore trop jeune pour être montée mais une fois docilement dressée ferrait une très bonne monture pour la Garde Impériale. Il avait donc envoyé Cosmos la chercher. C’était risqué, même beaucoup trop, c’est pour cela que la jeune fille pensait clairement qu’il la testait. Pour qui la prenait-il ? Pour une grosse alcoolique incapable de dépenser les sous de son patron comme il se devait ? Et bien il a raison de s’inquiéter ! Merde alors, ses bars sont beaucoup trop alléchant !
Mais Cosmos avait résisté. Ça vous étonne hein ? Et bien elle aussi ! Enfaite elle a vraiment cru qu’elle allait craquer ! Un peu plus tôt, alors qu’elle se dirigeait à pied vers la salle des enchères, vêtue de son uniforme de travail, c’est-à-dire d’un pantalon d’équitation, de bottines et d’une veste aux couleurs de l’élevage –en tant que mannequin, même habillée comme ça elle a quand même la classe et attire beaucoup de regard – elle s’arrêta devant une petite échoppe folklorique. Toute la façade de la boutique l’incitait à s’y aventurer mais alors qu’elle pivotait vers la porte d’entrée, un gros bonhomme au nez rouge y sortit. Visiblement alcoolisé, il repéra Cosmos et fit tout pour la dégouter de s’aventurer plus loin. C’était donc grâce à un gros poivrot qu’elle avait finalement renoncée à se jouer de son patron et continua sa quête. Cosmos est vraiment une fille simple d’esprit, ne lui dite pas ça en face, elle risquerait de se vexer. Mais c’est alors qu’elle accomplie sa mission aux enchères. Maintenant qu’elle se trimbalait la petite jument avec elle, elle devait retourner à l’élevage sans se laisser à nouveau distraire.
Le cheval était tenu par un licol suivit d'une corde, Cosmos en gardait le bout. Elle marchait en tête, essayant de surveiller un maximum l’animal et se concentrant de toutes ses forces pour ne pas faillir à sa mission. C’est dingue comment une simple petite requête peut devenir un parcours du combattant contre elle-même. Faut savoir qu’elle est plutôt faible psychologiquement, sa vie d’avant ayant laissée des traces, elle a tout simplement l’impression de ne rien contrôler. C’est frustrant. Son corps réagit naturellement dans certaines situations, comme s’il avait déjà fait ça des millions de fois. C’est effrayant. Elle ne se comprend pas elle-même, certaines réactions ne sont pas voulues et sur le coup, elle ne se rend pas compte qu’elles sont exagérées. Après réflexion, elle se dit que son passé ne devait pas être tout rose et avait forgé son esprit d’une façon très extrême et primitive. Il suffit de la voir alcoolisée, tous ses instincts primaires ressurgissent et d’autres instincts sont très différents d’une personne lambda. C’est ainsi que depuis son arrivée, il y a quelques semaines seulement, elle se découvrait encore. Et l’alcool a, semble-t-il, un effet très surprenant sur son organisme. Tout son corps réclame de cette substance, il est d’ailleurs capable d’en ingérer une certaines quantités impressionnantes, réclamants toujours plus mais Cosmos a peur. Elle a peur de son propre corps, de ses propres réactions, elle ne sait toujours pas comment les gérer. Si seulement elle pouvait se comprendre.
Alors qu’elle se perdait dans ses pensées. Une bande de gosse surexcité passa un peu trop près de la jeune jument qu’elle guidait. Celle si, apeurée par les gestes brusques des gosses, leva soudainement la tête tout en faisant un écart sur le côté. Cosmos sentit la corde tiré sur son bras et se retourna pour tenter de calmer l’animal avant qu’elle ne fasse des dégâts. Trop tard, elle venait d’écraser, avec son gros sabot de cheval, le pied d’un pauvre passant. La jeune fille se fraya un passage vers l’inconnu et posa sa main sur son épaule. Sa aussi c’est un geste instinctif qu’elle ne contrôlait pas vraiment. Elle planta alors ses yeux légèrement bridés dans ceux du passant et lui présenta ses excuses.
- Excusez-moi, vous allez bien ? Je suis vraiment désolé ! Asseyez-vous un instant.
Elle montra du doigt la terrasse d’un café juste à côté d’eux. Décidément, absolument tout l’incitait à la consommation !
Sujet: Re: tortuous road / libre Jeu 8 Jan - 21:23
Ce n'était pas sans raison que Yemdel ne quittait presque jamais son uniforme de lieutenant. D'abord parce que ne pas changer de tenue était pratique : à moins d'être sale, il ne voyait pas de raison de se changer. Mais c'était peut-être secondaire. Parce qu'il était fier d'être un lieutenant de la garde et que porter l'uniforme était sa façon personnelle de le prouver. Même lorsqu'il n'était pas de service, il ne sortait jamais totalement de cet état d'esprit. Il ne pouvait s'empêcher de marcher dans la rue sans juger ce que les autres faisaient, et qu'il était prêt à se précipiter à l'aide de quiconque en avait besoin. Il n'était pas fondamentalement opposé à toute forme de corruption - après tout, c'était en quelque sorte son fond de commerce, et si tout le monde était parfait, plus personne n'aurait besoin de ses services. Cependant, il aimait se sentir utile. Il y avait en fait une troisième raison, plus conjoncturelle cette fois-ci. Elle n'avait aucun rapport avec la personnalité de Yemdel, puisque c'était une question de statut. Lorsqu'il s'habillait en civil, personne ne savait qui il était. À certains moments, cela pouvait être bien sûr très agréable, et c'était pour cette raison sans doute que Yemdel s'habillait parfois ainsi. Mais à d'autres moments, l'impression d'être un citoyen normal, dépourvu de la moindre autorité, était légèrement déroutant. Généralement, il connaissait ses pires moments quand son identité n'était pas clairement identifiable. Si cela continuait, il allait finir par devenir superstitieux et faire un lien entre l'habit et l'événement. Comme cette fois où un cheval lui avait marché sur le pied. S'il avait porté son uniforme, personne n'aurait osé s'approcher suffisamment de Yemdel pour que cela arrive. Bien sûr, c'était ce qu'il pensait : il ne lui venait pas à l'esprit que la personne qui conduisait la jument ne l'avait peut-être tout simplement pas remarqué. Cela étant, il n'avait pas entièrement tort : les gens faisaient un peu plus attention à leurs gestes lorsque le lieutenant était dans les parages.
C'était son jour de congé et, comme tout adulte indépendant et autonome, le jour de congé était également celui des courses. Malheureusement, le garde-manger ne se remplissait pas tout seul. En fait, cela ne dérangeait pas tant que cela Yemdel. Les courses lui donnaient une occasion de sortir et de voir un peu de monde. Comme il n'aimait pas être inactif, il avait déjà prévu le reste de sa journée : il nettoyerait ses vitres, puis il devrait s'occuper de l'étagère qui menaçait de rompre à tout instant. S'il lui restait du temps, il en profiterait pour approfondir ses exercices physiques quotidiens, qui lui permettaient de garder la forme et la santé. Son panier rempli, Yemdel reprit le chemin de la maison. Il s'efforça de ne pas prêter attention aux passants : il pouvait avoir envie de les réprimander, mais comme il avait des produits frais, il jugea plus utile de ne pas s'attarder. Il s'engagea dans une rue assez peu fréquentée, qui lui permettrait de rentrer plus facilement chez lui. À l'autre bout, il vit une jeune femme tirant un cheval s'engager à son tour dans la rue, mais celle-ci était assez large pour qu'il puisse passer. Malheureusement, quelques garnements firent leur apparition, leur dépassant à toute allure en le bousculant alors qu'il arrivait à la rencontre du cheval. Il poussa un cri d'avertissement, mais les gamins n'en avaient que faire : ils ne l'entendaient même pas, car ils étaient perdus dans leur jeu. Yemdel allait les poursuivre, mais il fut trop énervé pour remarquer que le cheval avait eu peur lui aussi. Il sentit un sabot écraser son pied. S'il cria, cette fois-ci, ce fut de douleur. Il lâcha sans s'en rendre compte son panier, dont la chute fut un bruit sourd. Heureusement, le pied était un sol bien trop instable pour le sabot, qui regagna bientôt le sol. I Yemdel essaya de se convaincre qu'il n'avait pas mal. Son pied était démoli. Enfin, c'était plus exactement ses orteils qui avaient pris un coup. Il n'osait plus les bouger. Il vit venir alors venir la propriétaire du cheval, qui était en fait une très jolie jeune fille. Enfin, ce n'était pas vraiment ce qui intéressait vraiment Yemdel à ce moment-là : il se demandait comment il allait pouvoir rentrer chez lui avec un pied en moins, et surtout, comment il allait pouvoir travailler dans ces conditions. S'il était limité dans ses mouvements, cela ne s'annonçait pas du tout pratique. Avec un peu de chance, l'étrange écoulement du temps à Libra lui permettrait de guérir plus vite. Concentré sur sa blessure, Yemdel fut un peu surpris en la voyant poser une main sur son épaule et lui désigner une terrasse où il pourrait s'asseoir. Comme cela lui semblait être la meilleure des solutions, il acquiesça. Il prit la peine de ramasser son panier au passage, et ce qu'il vit lui brisa le cœur : les œufs s'étaient brisés dans la chute et avaient coulé sur les autres aliments. Comme si avoir le pied écrasé ne suffisait pas, il allait devoir nettoyer tout cela en rentrant chez lui. Décidément, tout se passait mal aujourd'hui. Yemdel osa alors se diriger vers la terrasse. Poser son pied était douloureux, si bien qu'il marcha plus lentement que prévu. Il n'avait toujours pas adressé le moindre mot à la jeune fille et sa première parole fut une demande bien insolite : « Si vous pouviez débarrasser la voie avec votre cheval, ça éviterait de boucher la circulation. » Pourtant, il avait l'impression de l'avoir déjà vue quelque part. Peut-être l'avait-il déjà croisée. Ou peut-être lui rappelait-elle quelqu'un qu'il avait connu autrefois et dont le souvenir aurait été pratiquement effacé. Il ne savait pas trop.
Cosmos
coeur souillé de noirceur
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Sujet: Re: tortuous road / libre Ven 9 Jan - 23:00
C’est deux yeux violets qu’elle rencontra alors. N’expriment que peu de chose, elle se questionnait quant à la réaction de l’homme que sa jument venait d’écraser. Son visage lui était familier, elle était pour le moment incapable de se rappeler où elle l’avait vue étant trop désolé pour faire cet effort. Son métier lui offre la possibilité de rencontrer de nombreuses personnes, amateurs ou simples particuliers voulant acheter ou apprendre à monter à cheval. Elle croise également beaucoup de personnel de la Garde Impériale qu’elle fournit en monture et en tant que modèle, elle rencontre de nombreux artistes de cette ville. Mais ce visage, encadré de cheveux blanc ne lui était pas inconnu. Elle avait posé sa main sur son épaule, il était plutôt grand à l’atteignait car il se pliait surement par la douleur. Cosmos se sentit vraiment coupable, et puis quel manque de chance ! Il fallait que la seule personne qu’elle croisait dans la ruelle tombe sous le sabot de son cheval ! Gênée, elle enleva sa main et ne recevant pas de réponse, elle s’accroupit alors pour l’aider à ramasser ses affaires.
Une fois les courses en main, l’homme se dirigea vers la terrasse indiquée par la jeune fille. Cosmos tenait toujours la bride du cheval qui la suivait un peu plus loin. Elle suivit l’inconnu et s’assura qu’il était bien assis. La jeune fille voulut s’excuser encore une fois et lui proposer de rembourser ses œufs quand il lui ordonna de bouger son cheval de la voie. Oui, c’était bien un ordre qu’elle avait reçue. Cosmos ferma sa bouche et se figea un peu surprise. Elle se sentait comme une petite enfant qu’on venait d’engueuler. Mais instinctivement, celle si à tendance à facilement réfuter toute marque d’autorité. Elle se redressa alors, le visage dorénavant plus sérieux. Son cheval ne prend pas toute la place ! Si ? Ce n’est qu’une petite jument, elle n’est pas si grosse ! Et puis ce n’est pas de sa faute, ce sont ses gamins qui n’ont aucuns respects ! Mais Cosmos, à part par ce regard qui se faisait plus froid, n’allait pas répliquer. Pourtant c’est ce qu’elle aurait fait habituellement mais elle venait soudainement de se souvenir où elle avait vu cet homme. C’est un membre de la Garde Impériale, elle ne l'a jamais approché mais l’avait déjà vu. Et merde, fallait qu’elle tombe sur un représentant des forces de l’ordre en congé ! Oui parce que les représentants des forces de l’ordre sont beaucoup plus terrifiant quand ils sont en congé. Ok, elle allait garder son sang-froid pour une fois, décidément aujourd’hui elle faisait pleins d’efforts !
Sans dire mot, elle tourna alors les talons pour éloigner la jument de la terrasse. Comme le cheval est le moyen de transport le plus utilisé ici, il y a des poteaux un peu partout dans la ville pour les attachés, c’est alors qu’elle se servit d’un poteau un peu plus loin pour parquer sa jument. Elle revient ensuite vers l’inconnu, ne voulant pas s’enfuir lâchement devant un garde qui avait la possibilité de réduire à néant sa réputation auprès de la Garde Impériale.
- Ne vous inquiétez pas, ça fait très mal sur le coup mais après un moment ça passe. Ça m’est arrivé plusieurs fois !
Elle était face à l’inconnu, ne voulant pas lui demander où il s’était croisé pour ne pas mettre en péril sa réputation. Tant qu’il ne semblait pas se souvenir d’elle, ça pouvait le faire. Elle tendit un doigt vers le panier d’aliment.
- Si vous voulez, je peux vous remboursez vos œufs.
En échange de quoi ? Elle ne sait pas trop. Elle n’avait pratiquement plus d’argent sur elle ayant tout dépensé dans l’achat du cheval et elle voyait le serveur s’approcher d’eux. Pourvut qu’il ne commende qu’un verre d’eau, Cosmos se devait de lui offrir sa consommation en dédommagement c’est, d’après elle, la moindre des choses.
Sujet: Re: tortuous road / libre Sam 10 Jan - 14:22
À présent qu'il était installé et qu'il avait posé le pied sur une chaise pour éviter de le laisser au sol, Yemdel se sentit déjà soulagé. Son pied lui faisait toujours mal, mais la douleur semblait s'être déjà un peu apaisée. C'était vraiment la zone qui avait supporté le sabot qui lui faisait mal. Il n'était pas tout à fait rassuré. Peut-être moins catastrophé qu'avant. Il était seul à présent, puisque la jeune fille était partie déplacée son cheval. Il se souvenait de sa réaction lorsqu'il lui en avait donné l'ordre, et il aurait juré qu'elle était prête à se rebiffer, mais qu'au dernier moment, elle s'était ravisée, soit parce qu'elle estimait qu'il était plus prudent de ne pas discuter avec lui, soit parce qu'elle lui donnait raison. Tout de même, il ne devrait pas se montrer aussi dur avec elle. Ce n'était pas exactement elle qui lui avait écrasé le pied, mais son cheval. Ce n'était même pas sa faute. Qui plus est, elle aurait très bien pu s'enfuir, faire comme si rien ne s'était passé et continuer sa journée sans se préoccuper de lui. Au lieu de cela, elle avait envie de se faire pardonner, et c'était exactement ce genre de comportement qu'appréciait Yemdel. Il aimait les gens qui s'amendaient de leurs erreurs, qui s'excusaient et qui essayaient de les réparer. En attendant le retour de la jeune fille, il appela le serveur pour lui demander un peu de glace pour soulager la douleur. Le garçon retourna à l'intérieur en chercher. Yemdel se rappela qu'il serait poli de consommer, puisqu'ils allaient utiliser la terrasse de ce café. Il était hors de question de se servir de son statut pour se passer de cette politesse : Yemdel détestait cela. Il attendit donc le retour de la jeune fille, et lui adressa un « merci » si léger qu'il avait dû passer inaperçu. Avant qu'il ait eu le temps d'ajouter quoique ce soit, la jeune fille tenta de le rassurer en lui expliquant qu'elle s'était fait écrasé plusieurs fois le pied par un cheval et qu'elle s'en était toujours très bien sorti. Si elle le disait, c'est que ça devait être vrai. Mais son pied ne semblait pas être d'accord : il tenait absolument à lui faire sentir qu'il n'avait pas du tout apprécié ce traitement. Il s'efforça d'oublier la douleur.
« J'aime autant cela. Avoir le pied cassé serait vraiment embêtant. » répondit-il humblement.
Les paroles de la jeune fille lui avait donné à réfléchir. En laissant sous-entendre qu'elle avait l'habitude des chevaux, quelques images floues lui revenaient en mémoire. Il se souvenait d'un homme chez qui il s'était fourni une fois. Au lieu de se faire livrer un cheval qu'un autre aurait choisi pour lui, Yemdel avait préféré se rendre à l'écurie pour faire la connaissance des chevaux et décider de celui qui lui convenait le mieux. Il avait recherché une alchimie avec l'animal, parce qu'il n'était pas vraiment à l'aise avec les animaux. Il avait donc choisi le cheval avec qui il s'entendait le mieux, sans prêter attention aux compétences du cheval - mais il avait confiance, car le fournisseur n'élevait que des chevaux de guerre de qualité. Malheureusement, il ne se souvenait pas vraiment des à côtés, ni si la jeune fille avait été présente ce jour-là. Elle s'occupait peut-être des chevaux de la garde malgré tout. Ça ne lui revenait pas vraiment. Elle lui proposa de lui rembourser ses œufs cassés, mais il refusa net.
« Non, ça ira, je vous remercie quand même. »
Le serveur apporta un sachet de glace que Yemdel appliqua contre son pied. Il ne broncha pas lorsque la glace froide entra en contact de la peau, comme s'il avait l'habitude du froid. Le serveur demanda s'ils désiraient commander, sur un ton qui laissait entendre qu'ils avaient intérêt à commander s'ils ne voulaient pas se faire expulser. Cela amusa Yemdel, qui se dit qu'il devait avoir le même ton quand il avait demandé à la jeune fille de déplacer son cheval. Il remercia le serveur pour le sachet de glace et commanda simplement un café. Il laissa la jeune fille choisir, attendit que le serveur soit parti pour reprendre la conversation là où elle en était.
« Écoutez, je n'ai pas l'intention de vous en vouloir pour cet accident, expliqua-t-il. Il est assez regrettable, mais vous avez de bonnes intentions alors je ne vois pas de raison pour laquelle je ne pourrais pas vous excuser. Donc c'est inutile de chercher à me rembourser d'une façon ou d'une autre, votre gentillesse me suffit largement. » Il se permit un sourire, chose assez rare pour être signalée. « Cela étant, si vous avez des conseils pour faire passer la douleur, je vous en serai encore plus reconnaissant. » admit-il.
Yemdel trouva que son café tardait à arriver, mais il n'était pas du genre à faire de tapage parce qu'il n'avait pas tout de suite ce qu'il désirait. Il jugea que le chapitre des excuses était clos et que tout avait été dit, et n'avait donc pas l'intention de revenir sur le sujet. En revanche, il désirait continuer la conversation, car être assis à la même table de terrasse qu'une autre personne et ne pas discuter avec elle était malpoli. Il désigna donc la jument qui lui faisait remonter en lui quelques vagues souvenirs.
« C'est à vous, ce cheval ? Il a l'air petit. »
Yemdel ne s'y connaissait bien sûr pas en cheval et ne savait pas reconnaître une jument. Il se dit cependant que celui-ci était bien trop petit pour être un cheval destiné à la garde, ce qui ajoutait encore à la confusion où il était quant à l'identité de la personne qui lui tenait compagnie.
Cosmos
coeur souillé de noirceur
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Sujet: Re: tortuous road / libre Sam 10 Jan - 21:42
Elle avait juré entendre un merci mais ce n’était surement que son imagination. Le visage froid de l’homme au pied souffrant ne semblait pas témoigner de reconnaissance. Il l’intimidait légèrement, pour ne pas dire beaucoup. Cosmos est une personne assez manipulable en réalité mais elle ne l’avouera jamais. Ses petits yeux gris scrutaient le visage de l’inconnu à la recherche de n’importe quelle expression amicale qui pouvait la soulager sur ce qu’il pensait en ce moment même. Sa voix était claire et détaché, il avait répondu humblement et quelque part, Cosmos se sentait un peu mieux. Elle se permit alors de s’assoir sur la chaise en face de lui. La jeune fille passa une main dans sa poche et compta mentalement les pièces qui passaient à travers ses doigts, il devait en avoir assez pour payer un café mais pas pour deux, c’était un peu juste. Elle commençait à réfléchir à comment rembourser le paquet d’œuf mais l’homme déclina sa proposition. Cosmos leva des yeux reconnaissant, elle ne voulait pas donner cette impression à la base mais il est vrai qu’il la tirait d’une affaire d’endettement.
Le serveur s’approcha à ce moment pour apporter un sachet de glace. Cosmos approuva en hochant la tête, c’était une bonne idée pour faire passer la douleur. Puis elle leva de nouveau les yeux sur le serveur qui usait un peu trop de sa position pour les forcer à consommer. Son regard passa alors du serveur à l’homme au pied enflé, se sentant comme un petit enfant face à la force mentale des grandes personnes. Elle fit alors de même et commanda un café. Elle avait réfléchit un peu avant de prendre cette boisson mais elle ne pensait pas que prendre de l’alcool devant une personne de la Garde Impériale à cette heure-là de la journée était une très bonne idée. Et puis elle n’était pas pressée, elle pouvait donc entamer une conversation. Elle fut incroyablement soulagée, elle sourit plus à l’aise désormais.
- Et bien la glace sur votre pied est un très bon réflexe, aussi non je peux vous conseiller de mettre une crème qui réduira la douleur et le gonflement. Demain sera un nouveau jour.
Oui, les personnes travaillant avec les chevaux ont l’habitude de se faire marcher sur les pieds et oui, c’est très douloureux mais leurs chaussures sont un peu plus renforcées que de simples chaussures de ville. La douleur est donc passagère. Elle espérait donc qu’il était plutôt résistant physiquement mais son apparence le lui laissait penser. Il est un membre de la Garde Impériale après tout, elle ne connait pas son poste exacte mais les Gardes ne sont pas n’importe qui. Cosmos se demanda si elle ne devait pas insister pour le remboursement de la consommation mais l’intonation qu’il avait pris dans sa voix ne lui donnait pas l'envie d’insister. C’est alors qu’il changea de discussion et leurs attentions se portèrent sur la petite jument qu’elle se trimbalait.
- Oui, enfin non pas vraiment. Je l’ai acheté sous les ordres de mon patron, elle est pour l’élevage officiel de la Garde Impériale. C’est une petite jument d’un an mais elle fera une très bonne monture une fois docilement dressée.
Elle avait dévoilé son travail par la même occasion. Ce sujet de conversation était une très bonne idée, il lui permettait d’évoluer sur un terrain connut, elle était plus à l’aise. C’est à ce moment-là qu’elle décida de se présenter.
- Je travaille pour l’élevage des chevaux de la Garde Impériale, je me nomme Cosmos et je suis encore désolée de ce petit incident.
Elle est en contrat à mi-temps dans cet élevage et son patron aimerait bien la passer à plein temps mais Cosmos est également modèle photo à ses heures perdues. Il faut dire que son physique est tout caractérisé pour.
Sujet: Re: tortuous road / libre Dim 11 Jan - 12:29
Grâce à la glace, la douleur commençait à se calmer. Yemdel se détendait en se disant que son pied n'était peut-être pas en aussi mauvais état qu'il l'avait cru. Il essaya de bouger les orteils et constata qu'il y arrivait malgré la difficulté. La jeune fille lui avait conseillé d'appliquer de la crème contre la douleur, ce qu'il ferait dès qu'il serait rentré chez lui. En bon soldat, Yemdel avait toujours une trousse de premier secours à la maison, même s'il s'en servait assez peu souvent pour les accidents domestiques. Il cessa donc de s'intéresser son pied pour prêter attention à la jeune fille qui lui tenait compagnie. Elle aussi avait l'air plus détendue que tout à l'heure. Yemdel n'était pas assez fin observateur pour se rendre compte qu'une bonne partie de son soulagement venait du fait qu'elle n'aurait pas à le rembourser d'une façon ou d'une autre. Il oublia donc que quelques minutes auparavant, il ne s'était pas montré très agréable avec elle, et l'écouta présenter son métier. Comme il s'en était douté, elle travaillait avec les chevaux. Mais ce qui surprit Yemdel, ce fut que les chevaux étaient destinés à la Garde Impartiale. Heureusement, elle avait précisé que la jument était encore jeune, sinon, Yemdel aurait eu du mal à y croire. Ce qui signifiait qu'il avait déjà rencontré son patron, et qu'il l'avait probablement déjà vue le jour où il s'était choisi un cheval. Le problème était qu'il ne s'en souvenait pas vraiment : il l'avait peut-être croisée à l'aller ou au retour, ou peut-être même dans l'écurie, mais comme il ne se concentrait pas sur ce genre de détails, il ne pouvait pas se montrer plus précis. Il était très doué pour repérer les personnes en infraction, ça oui. Mais ceux qui ne commettaient aucun crime ou qui n'avaient pas de mauvaises intentions en tête étaient plus difficiles à repérer. Qui plus est, la jeune fille n'avait pas vraiment le profil d'une criminelle. Puis il lui parlait, plus il s'en convainquait.
« J'aurais dû me douter que vous étiez dans l'élevage de chevaux, vous allez l'air de vraiment vous y connaître avec eux. »
Yemdel regarda une fois de plus la petite jument. Si celle-là devenait un cheval digne de la Garde, on pouvait dire sans hésitation qu'ils faisaient un excellent travail. Cela étant, il n'avait jamais eu à se plaindre de son propre cheval, donc il n'avait pas vraiment besoin de preuve. La jeune fille, Cosmos, lui paraissait un peu frêle pour s'occuper d'animaux aussi imposants, mais il supposa qu'elle devait avoir des qualités particulières qui devaient l'aider dans son métier. Et peut-être n'était-elle pas aussi frêle qu'elle lui paraissait. Il ne fallait pas sous-estimer les femmes. Elle s'était présentée, il dut donc en faire de même :
« Vous travaillez dans l'élevage des chevaux de la Garde, moi dans la Garde elle-même, c'est un hasard assez intéressant. Je m'appelle Yemdel. »
Il ne précisa pas son grade, pensant que se présenter en tant que lieutenant était peut-être un peu trop narcissique. Elle le connaissait peut-être, d'ailleurs, et si c'était le cas, ce n'était pas la peine de le rappeler. De toute façon, Yemdel n'avait aucunement envie de se faire traiter en lieutenant, juste en citoyen lambda. Il oubliait trop souvent cette sensation, et à la réflexion, il la trouvait plutôt agréable. Bon, si on exceptait le fait que le risque de se faire marcher sur les pieds augmentait de façon exponentielle, mais cela, ce n'était qu'un malencontreux accident dont il ne pouvait en tenir rigueur à Cosmos. Il balaya donc ses excuses de la main, comme si ce n'était vraiment pas important et préféra continuer sur leur sujet de conversation actuel.
« Par conséquent, il est possible que je vous ai déjà rencontrée auparavant. Vous avez un air légèrement familier. Mais si c'est le cas, c'est moi qui m'en excuse, parce que je ne me souviens pas du tout de vous. Ce n'est pas que je snobe les employés quand je traite avec le patron, mais j'ai un esprit un peu trop militaire : j'ai tendance à classer trop vite les informations qui ne sont pas vitales à ma survie ou à l'activité que je fais, d'ailleurs. De toute façon, je dois vous remercier de votre travail, parce que je n'ai jamais eu à me plaindre de vous. »
Parce que même si son travail consistait à remettre sur le droit chemin ceux qui s'en étaient détourné, il trouvait qu'il était juste de remercier ceux qui faisaient un bon travail à la place qui leur avait été donnée. Il n'avait pas qu'un idéal de justice répressive : la justice, pour lui, c'était aussi récompenser ceux qui le méritaient. C'est pourquoi, quand le serveur arriva avec les deux cafés, qu'il posa devant deux avec beaucoup de prudence, comme s'il craignait de les renverser par inadvertance, Yemdel se tourna vers Cosmos :
« Si vous le voulez, je peux vous offrir ce café. Je ne suis pas vraiment à plaindre côté argent, et j'aimerais vous prouver que je ne vous en veux pas. Sauf si cela vous gêne, évidemment. »
Pour une fois, Yemdel parla comme l'aurait fait un citoyen normal un peu trop gentil pour se mettre en colère. Pas de ton autoritaire pour la pousser à faire ce qu'il disait, ni de ton condescendant qui aurait donné l'impression qu'il essayait de l'écraser sous le poids de sa pureté. De toute façon, Yemdel ignorait qu'elle était une damnée, et s'il l'avait su, cela n'aurait pas changé grand chose à son comportement. Yemdel avait le sentiment que ce jugement de la balance ne devait pas être une excuse pour couper la société en deux, entre les gentils favorisés et les méchants à punir. Peut-être était-ce parce qu'il avait inconsciemment l'intuition qu'il avait commis des actes atroces dans son ancienne vie et que, pourtant, il avait été sauvé. Il cédait simplement à son caractère, qui lui disait de pardonner, tout simplement.
Cosmos
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Sujet: Re: tortuous road / libre Sam 17 Jan - 16:20
Comme chaque habitant de ce monde, Cosmos n’a plus aucuns souvenirs de sa vie antérieure mais ce don avec les chevaux, elle ne l’avait pas acquis ici. Le jour où elle s’est faite raflée, on lui avait dit qu’elle avait le parfait profil pour devenir mannequin. Elle crut d’abord à une blague puis par réflexion et comparaison, elle se rendit compte que se corps suivait parfaitement les règles éthiques des mannequins, elle choisit donc d’essayer ce travail. Seulement, les contrats sont rares, l’appareil photo est sous-développé et Cosmos sert principalement de modèle pour les artistes. Autant dire qu’elle ne gagnait pas sa croute avec ce travail et que toutes ses économies partaient dans l’achat d’alcool ou de drogue. Elle avait également le sentiment de revivre ce qu’elle avait déjà vécu. C’est donc en catastrophe qu’elle était retournée voir les rafflers et ceux si lui on mit un cheval devant elle.
- Je fus moi-même surprise de m’y connaitre autant ! Je prends ça comme un cadeau de mon ancienne vie.
Un rare cadeau de ce qu’elle avait vécu avant. Ses gestes étaient doux, parfaitement maitrisés. Une envie irrésistible de monter sur son dos lui animait les membres. Son corps agissait de lui-même, elle eut d’abord peur mais elle savait que l’animal ressentait tous les émotions alors elle se contrôla d’elle-même. Sur son dos, le monde s’offrait à elle. Elle le maniait d’une main habille, ferme et douce à la fois. Ses ordres étaient parfaitement exécutés par sa monture, elle brillait d’un talent inconnue. On lui demanda alors de devenir éleveuse de chevaux pour la Garde Impériale. Elle s’occupe également de fournir quelques entreprises de coursiers et des particuliers mais la Garde est prioritaire. Cependant, elle ne se souvenait plus avoir fourni Yemdel. C’était surement un de ses collègues qui s’en était occupé mais elle l’avait déjà vu au Palais. Dans ce cas-là, il n’avait pas besoin de s’excuser.
- Vous n’avez pas besoin de vous excuser. Nous sommes plusieurs à travailler à l’élevage. Et je peux comprendre qu’en tant que membre de la Garde Impériale vous devez être très occupé. Je suis d’ailleurs bien désolée de vous importunez pendant votre jour de repos !
Un membre de la Garde qui patrouille, patrouille en uniforme. Un membre de la Garde un jour de congé, ne se ballade pas en uniforme. Elle était donc venue à la conclusion qu’il était en repos pour aujourd’hui. Elle avait beaucoup de chance qu’il ne lui fasse pas toute une histoire pour lui avoir gâché ce jour très important. Cet homme est très mature et polit, Cosmos dont la politesse avait remonté d’un coup, se sentait un peu comme une petite enfant qui se met sur la pointe des pieds pour atteindre le comptoir des grands. Même la façon de boire un café changeait radicalement lorsque l’on veut faire bonne impression. Pas que ce soit l’intention de Cosmos, mais elle aimerait bien garder une bonne réputation. Il faut dire que sa vie nocturne est un peu trop agitée pour la morale humaine. - C’est bien gentil de votre part mais j’ai les moyens de me payer ce café, ne vous inquiétez pas.
Elle fut surprise de cette gentillesse, lui qui semblait plutôt autoritaire lorsqu’ils se sont rencontrés. Elle se demandait d’ailleurs s’il n’était pas plus important qu’un simple soldat de la Garde. Elle avait l’impression que dans ses gestes nobles et sa présence se retrouvait un haut gradé. Cosmos porta la boisson à ses lèvres. Elle n’avait vraiment pas envie de café mais c’était dût à son tribut, le dégout de la nourriture était devenue chose commune pour elle. Elle a donc apprit à faire avec et surtout à le caché devant tant de politesse. Après avoir pris quelques gorgées, elle reposa doucement sa tasse.
- Pardonnez-moi mon indiscrétion mais vous n’êtes pas qu’un simple soldat ?
Elle regretta de suite de lui avoir demandé. Elle ne sait pas si c’était indiscret de sa part mais cette maladresse l’abaissait directement au rang d’enfant curieux. Mais après tout c’est ce qu’elle est, curieuse.
Sujet: Re: tortuous road / libre Sam 17 Jan - 22:52
Yemdel accepta de ne pas pas payer le café de Cosmos. La politesse consistait aussi à ne pas vouloir s'imposer aux autres. Il repensa à ce qu'elle lui avait dit, concernant l'héritage de son ancienne vie. Étrangement, Yemdel avait une impression similaire pour son propre passé. C'était comme si son passé lui avait donné un héritage plutôt pratique, des compétences militaires qui lui avaient été très utiles. Lorsqu'il s'était entraîné, à son arrivée à la Garde Impartiale, ça n'avait pas été aussi difficile qu'il l'aurait cru. Ses muscles semblaient se souvenir d'un entraînement passé, et il avait déjà l'habitude d'obéir à ses supérieurs, tant sa pensée était militaire. En revanche, Yemdel ne pensait pas que son comportement était hérité. Et il pensait bien : en effet, Lukas n'était pas un enfant de chœur et n'aurait certainement pas proposé un café à la jeune fille dont le cheval lui avait écrasé le pied. Bien sûr, il ne s'en souvenait pas, et cela valait mieux. Peut-être Cosmos aussi avait-elle déjà travaillé avec les chevaux. Ou elle les avait énormément aimés. La vie à Libra était bien faite à ce point de vue. Yemdel goûta son café, amer à souhait. Au moins, tout n'allait pas de travers dans cette journée. Cependant, alors qu'il reposait sa tasse, Cosmos s'interrogea sur son grade. Yemdel ne savait pas trop ce qui avait pu lui mettre la puce à l'oreille. Quand il portait un uniforme ou qu'il donnait des ordres à ses subalternes, ça se remarquait effectivement. Mais en tant que civil, il ne comprenait pas ce qui le distinguait du simple soldat.
« Pourquoi pensez-vous cela ? » demanda-t-il pour essayer de comprendre.
Yemdel était curieux. En même temps, savoir ce qui le trahissait pouvait toujours être utile, s'il décidait un jour d'exercer incognito son métier. Yemdel ne pensait pas que cela arriverait un jour, mais pourquoi pas. Et surtout, si son grade se ressentait tant que ça, peut-être était-ce pour cela que la plupart des gens trouvaient Yemdel un peu trop froid et coincé. En tout cas, Yemdel ne cherchait qu'à s'améliorer et à prendre en compte les remarques des autres. Ce qui, une nouvelle fois, pouvait être agaçant.
« En effet, je suis lieutenant. »
Yemdel annonça son rang avec une fierté non dissimulée. Son grade était sans doute sa plus grande fierté : il s'était tant dévoué à son travail qu'il était très heureux d'être parvenu à ce rang. Peut-être pouvait-il être déconnecté du monde, dans une certaine mesure. Cela avait toujours plu à Yemdel. Puis il se dit que son rang pouvait être impressionnant, puisqu'il était tout de même bien élevé dans la hiérarchie. Avalant une nouvelle gorgée de café, il regarda Cosmos de côté pour observer sa réaction, même s'il pensait qu'elle avait déjà dû s'en douter.
« Vous savez, je ne pense pas que c'est quelque chose de si important que ça. Ce n'est qu'un métier comme les autres, mais qui me plaît particulièrement. L'important, c'est de faire sa passion, et aussi étrange que ça puisse paraître, ça me passionne. Et vous ? Vous devez bien avoir aussi une passion ? Si ce n'est les chevaux, c'est sans doute autre chose ? »
Yemdel la regarda d'un air espiègle, comme s'il essayait de la percer à jour. Il avait en effet l'impression que l'on avait déjà bien trop parlé de lui. Yemdel n'aimait pas se mettre en avant. C'était toujours les autres qu'il interrogeait. Il s'intéressait toujours à ce que faisaient les autres, de toute manière. Les autres étaient plus intéressants, sans doute à cause de ces petites failles qui les rendaient humains et qui les poussaient parfois à dévier du droit chemin. Comme Cosmos, par exemple. Car il avait le sentiment que Cosmos cachait quelque chose, qu'elle se retenait pour ne pas lui montrer une partie de sa personnalité qui risquait de lui déplaire. Yemdel avait envie de découvrir ce petit quelque chose qu'elle lui cachait. Il avait le sentiment que c'était bien moins grave que ce qu'elle pensait, et il pouvait se montrer très tolérant... quand il le voulait.
« J'ai l'impression que vous avez du mal à vous détendre. J'espère que je ne vous impressionne pas trop. Je ne suis pas là pour faire votre interrogatoire, vous savez. Ni pour porter un jugement pour vous. »
Yemdel essaya de ne pas rire pour ne pas effrayer davantage Cosmos. Même s'il ne disait pas, impressionner Cosmos n'était pas du tout quelque chose qui lui plaisait. Il voulait être un exemple pour les criminels, pas pour les personnes qu'il croisait par hasard dans la rue. C'était un défi à relever. Il laissa de côté tout sarcasme, toute ironie, pour lui faire comprendre à quel point il était sérieux et se fichait totalement si elle n'était pas parfaite. Et pour cela, il avait un argument certain, qui n'était peut-être pas le plus fort, mais qui lui semblait bon.
« Après tout, c'est mon jour de congé. » conclut-il, conciliant.
Oui, il était important de laisser son travail de côté pendant quelques heures. Ne pas s'embêter, passer du bon temps, n'était-ce pas ce que les gens normaux faisaient leurs jours de congés ?
Cosmos
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Sujet: Re: tortuous road / libre Sam 24 Jan - 16:14
Elle était pratiquement sûre l’avoir déjà vu en compagnie d’un haut gradé. Ou portant justement un uniforme un peu plus sophistiqué que celui d'un simple soldat. Mais elle s’avançait surement un peu trop. Cependant, pouvait-elle le blesser en lui faisant une telle remarque ? Le fait d’être un haut gradé est un honneur, mais ne semblait-il pas un peu déçut du fait qu’elle lui a fait une cette remarque ? Ce n’était qu’une impression, elle s’était basée sur son ressentit. Cosmos est quelqu’un qui utilise beaucoup plus les sentiments, le ressentit que la logique et la déduction. C’est peut-être une fille assez simplet me diriez-vous et pourtant, il semblerait qu’elle ait raison. Qu’est-ce qui lui fait dire ça ? Cosmos leva les yeux aux ciels un instant puis les reposa sur Yemdel. Elle haussa alors les épaules. Simplet quand même… - Une impression.
Et elle était bonne. Le sixième sens féminin ? Ou alors Cosmos est très observateur et déductive mais trop bête pour s’en rendre compte. Ne lui posez pas la question, elle ne saurait pas vous répondre. C’est donc vrai que l’alcool et la drogue grille quelques neurones ?
Quel fierté d’être lieutenant ! La jeune fille ouvrit les yeux en grands et son petit cerveau un peu trop corrompu s’exécuta à essayer de l’imaginer en uniforme, ce qui rendait un résultat très plaisant. Il avait de quoi être fier de ce rang, combien de soldat voir d’adjudant avait-elle entendu débattre sur les critères très sélectif pour monter en grade ? Mais essayer d’amadouer un haut gradé n’était pas forcément la meilleur solution pour améliorer sa réputation. Essayant de rester le plus naturellement possible, elle reporta la tasse de café à sa bouche tout en le félicitant d’avoir pu atteindre un grade aussi important. Elle prit quelques gorgés et Yemdel reprit la parole. En effet, pouvoir exercer quelque chose qui nous plait est très important et, même si modèle photo l’amuse, c’est un travail qui lui donne un très étrange pressentiment. Pas qu’elle avait l’impression qu’elle avait fait ça toute sa vie mais plutôt qu’elle avait été forcé. C’est un drôle de sentiment qui l’agace lorsqu’elle se retrouve devant l’objectif d’un appareil photo et pourtant, elle trouve ça plaisant. Avec son travail près des chevaux, elle ne ressent aucunes énergies négatives, au contraire.
« Vous devez bien avoir aussi une passion ? Si ce n'est les chevaux, c'est sans doute autre chose ? ». Le ciel. Cosmos leva les yeux au ciel. C’était instinctif, même elle ne s’en rendit pas compte tout de suite qu’elle admirait déjà ses nuages blanc couvrir cette mer de merveille. Elle est irrémédiablement attirée par le ciel, principalement le ciel étoilé. Cette passion lui procure tant de joie, de chaleur mais également une profonde tristesse. Ses sentiments se mélangent la nuit tombée, elle ne sait quoi en penser mais les étoiles sont si passionnantes, si parfaites et si brillantes. Elle a l’impression qu’elle a toujours voulue s’envoler là-haut, loin au-dessus des nuages. Un héritage de son ancienne vie ? Cosmos sursauta d’un coup, que faisait-elle ? Son cœur avait ralenti, son pou également et sa respiration était devenus plus profonde. Mais cette réaction un peu enfantin ne pouvait se caché des yeux d’un lieutenant. Elle reposa son regard encore humidifié par l’agression du soleil sur l’homme et sourit un peu nerveusement. Elle venait d’avoir un moment d’absence. - Je suis passionnée d’astronomie.
Elle ne put en dire plus, ses sentiments d’attirances pour cette passion étaient encore trop difficilement décryptables pour qu’elle en parle longtemps. Et oui après avoir exposée sa faiblesse, naturellement qu’elle ne se sentait pas très à l’aise. Mais cet homme, sous son regard froid et ses manières nobles, est gentil. Ses paroles la rassuraient quelques peu et Cosmos est franche. Elle l’apprécie bien.
- Vous avez raison, je n’ai peut-être pas l’habitude que l’on s’intéresse un peu à moi. A par pour l’avoir dans son lit en fin de soirée, on ne lui posait pas trop de question. Cosmos est juste la fille un peu trop facile avec qui l’on passe la nuit. Alors je vous retourne la question, avez-vous une passion, autre que l’exercice de vos fonctions ?
Sujet: Re: tortuous road / libre Dim 25 Jan - 22:33
Lorsque Yemdel avait interrogé Cosmos sur sa passion, son regard s'était immédiatement porté vers le ciel. Yemdel suivit tout naturellement ce regard et fut aveuglé par le bleu de la voûte céleste. Lui aussi éprouvait un attrait particulier pour le ciel. Il n'aurait su dire pourquoi, mais il considérait que ce bleu était sa couleur, alors que ni ses vêtements, ni ses cheveux ni ses yeux n'étaient bleus. Il ne s'attarda pas longtemps les yeux levés, considérant que ce geste aurait été trop impoli. Toutefois, avec ce regard, Yemdel avait déjà compris ce qu'elle allait lui dire. Par conséquent, elle portait très bien son prénom. Cosmos, le monde, l'univers. Un nom décidément très poétique qui convenait parfaitement à une jeune fille. Il aurait fait le rapprochement plus tôt s'il ne s'était pas dit qu'une fille aussi attachée aux chevaux pouvait aimer la voûte céleste. Du point de vue de Yemdel, il fallait être bien terre à terre pour s'occuper de ces bêtes somptueuses, mais il avait manifestement tort. Ce genre de conclusions hâtives n'étaient pas bonnes. Même si Cosmos ne put développer ce qu'elle ressentait pour l'astronomie, Yemdel crut comprendre ce qu'elle ressentait. Il n'était bien sûr pas aussi passionné qu'elle par les étoiles et les planètes - il les trouvait jolies, mais les étudier et les découvrir lui semblait un peu barbant, puisqu'elles se ressemblaient toutes les unes les autres. Mais il sentait vibrer sa passion en elle, et pour un peu, il se laisserait contaminer par celle-ci. Le lieutenant trouvait que Cosmos n'avait pas l'air détendue, mais il ne se rendait pas compte qu'il restait toujours très froid, presque extérieur à lui-même, incapable de ressentir la moindre émotion. En voyant la passion de Cosmos, il se rendait compte qu'il lui manquait peut-être quelque chose. C'était une perspective qu'il n'avait jamais développée.
« Je crois comprendre. » dit-il en jetant à nouveau un coup d'œil vers le ciel.
Peut-être était-ce cette ouverture sur l'infini qu'elle recherchait, comme lui-même la recherchait dans la lumière. En tout cas, Cosmos voyait dans les étoiles bien plus qu'il ne pourrait en voir jamais, ce qui la rendait admirable. Plus il en apprenait sur elle, moins le lieutenant se doutait qu'il avait affaire à une damnée. Elle incarnait de bien des manières l'idéal de la citoyenne qu'il voulait voir se répandre sur Libra : amicale, juste et passionnée. S'il avait su ce qu'elle cachait, Yemdel aurait peut-être revu ce jugement. Du moins en partie, puisqu'à son sens, tout le monde pouvait changer. Lorsqu'il fallut répondre à son tour à la question qu'il avait posée, Yemdel se trouva bien embêté. Il ne s'était jamais posé cette question. Aussi étrange que cela puisse paraître, depuis qu'il était sur Libra, il avait fait beaucoup d'effort pour connaître les autres et les aider... et il avait oublié de s'interroger sur ce qu'il aimait. Un air soucieux lui barra le front pendant qu'il réfléchissait. Sa difficulté à répondre allait alerter Cosmos. Qu'est-ce qu'il aimait vraiment ? La justice et l'ordre, ça oui. Il n'aimait pas voir des papiers joncher les rues de Libra. Il n'aimait pas voir les gens se vautrer dans la débauche ou la facilité. Il n'aimait pas voir les crimes irrésolus... mais en aucun cas cela ne constituait une passion. Tout au plus était-ce un idéal de vie auquel Yemdel croyait dur comme fer. C'est vrai, il n'avait pas vraiment de loisirs. Le lieutenant passait ses journées à gérer ses troupes, enquêter sur les affaires les plus urgentes, interroger des suspects, et écumer les rues pour se montrer et faire régner l'ordre. En dehors de son service, Yemdel s'occupait des tâches ménagères : ménage, lessive, et quelques menus services qu'il rendait pour ses voisins. Parfois même, il patrouillait même en dehors des heures de service. Et si, malgré tout il lui restait du temps, il s'occupait comme il le pouvait. Il n'y avait pas la place pour une passion quelconque.
« C'est compliqué, commença-t-il, l'air un peu déçu, avant de faire une petite pause. Je travaille tout le temps, donc je n'ai pas le temps à me consacrer à autre chose, et, d'une certaine manière, rendre les gens heureux et assurer la sécurité des habitants est ce qui me plaît le plus au monde. Mais... »
Parce qu'il y avait un mais, Yemdel venait de s'en rendre compte. Il manquait clairement quelque chose au tableau qu'il brossait de sa vie. Et tout à coup, l'évidence lui venait, comme ça, sans prévenir, le laissant presque... désemparé. Son visage prit un air surpris que bien peu de personnes avaient eu l'occasion de voir dans leur vie.
« Mais en fait, je n'ai aucune passion, parce que je ne sais pas ce que j'aime ! dit-il, tout étonné. C'est vrai, il a fallu que je m'interroge là-dessus pour m'en rendre compte. Je passe tellement de temps à travailler pour les autres que j'ai presque oublié que j'étais une personne tout comme eux. Quelle révélation étonnante ! Je me demande combien de temps je vais rester sous le choc de celle-ci. »
Yemdel acheva sa phrase en abaissant la voix, se plongeant alors dans une réflexion sur le temps que cela pouvait durer, réflexion assez ennuyeuse pour ne pas nous intéresser. Fort heureusement, ce temps de réflexion ne dura que quelques secondes, puisqu'il vint rapidement à la conclusion qu'il allait devoir l'expérimenter pour avoir une réponse précise et véritable. Il reprit contenance, n'aimait pas vraiment l'image qu'il avait pu donner de lui par cette réaction tout à fait inappropriée. Il se racla la gorge, geste universel pour reprendre le contrôle d'une situation.
« Je suis désolé de n'avoir pas pu répondre correctement à cette question. Elle paraissait si anodine, pourtant. Je suppose que je dois vous paraître étrange. C'est le problème auquel on est confronté lorsque l'on passe trop de temps à travailler : on ne sait plus quoi faire d'autre. En tout cas, vous avez une passion, et c'est vraiment une bonne chose. Vous êtes vraiment une citoyenne modèle. Je vous en félicite. »
Son pied ne le faisait plus vraiment souffrir, il l'avait d'ailleurs pratiquement oublié. Yemdel était heureux d'avoir trouvé quelqu'un qui correspondait à son idéal de vie et regrettait presque de ne pas pouvoir lui payer son café pour « bons et loyaux services », ou n'importe quelle excuse de ce genre, pour la récompenser. Il était si facile de contenter un lieutenant : comportez-vous bien, et il vous en sera reconnaissant (sauf s'il perd son travail parce qu'il n'a plus rien à faire, évidemment).
Cosmos
coeur souillé de noirceur
MESSAGES ▲ : 88 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 01/01/2015 AVATAR ▲ : Original de l'artiste Sawasawa DIT ▲ : Poussin FICHE RS ▲ : don't by shy, darling
La balance a penché du côté de l’erreur. Cosmos ne sait pas, Cosmos ne comprend pas, Cosmos a tout oubliée. Comment peut-elle savoir si elle la mérité, comment peut-elle savoir si la balance s’était trompée sans n’avoir plus aucuns souvenirs de sa vie passée ? Et cette vie si lointaine mais qu’elle sentait toujours trop proche à quelques moments, lui offrait encore des surprises. Le premier jour où elle est montée sur le dos d’un cheval, le soir où elle a levé la tête vers les étoiles, et ce moment dans ce bar ou elle a porté son verre à ses lèvres. Elle se découvre, elle découvre son corps et ses réactions encore trop flous, trop incompréhensibles. Elle s’énerve, elle se terrorise, elle s’excite, elle s’envole sans comprendre ces frissons qui lui parcourent le corps. Comment était-elle dans son ancienne vie ? Avait-elle fait des choses si mal pour en mériter la perte de l’appétit ? Et Yemdel connaissait-il les secrets de son ancienne vie ?
« Mais en fait, je n'ai aucune passion, parce que je ne sais pas ce que j'aime ! » Non, il ne sait pas. Les yeux gris de la jeune fille se lèvent doucement sur ce visage qui semblait si froid auparavant. Elle y découvrit certains sentiments, certaines craintes. Aucunes phrases, aucunes paroles ne franchissaient les lèvres de Cosmos. Son visage si enfantin, si innocent trahissait ses pensées désolées. Est-il déjà monté sur le dos d’un cheval, a-t-il déjà levé les yeux un soir étoilés, a-t-il déjà porté un verre d’alcool à ses lèvres ? Qu’avait-il ressentit à ce moment-là ? Il ne semblait pas sentir les mêmes sentiments qu’elle. Une vie de service auprès de la garde pouvait-elle signifier une perte totale de ces repères, de ces loisirs, de ces désires qui vous brûlent et vous maintient en vie ?
Le modèle ? Quel modèle ? Celui qu’elle donne chaque soir, à philosopher sur la vie, la mort devant son verre à moitié plein ou à moitié vide. Mais cet homme est bon, cet homme est sain. Qu’elle soit damnée ou sauvée, fait-il une différence sur l’image qu’elle lui envoi ? Peut-on facilement tromper les personnes, peut-on facilement se tromper soi-même ? Se persuader qu’on est sauvé alors que l’appétit, la soif vous manque cruellement ? Le physique n’a semble-t-il pas sa place là-dedans.
Non, il n’a pas le droit de ne pas savoir. Elle connait mieux son ancienne vie que lui, elle connait mieux les surprises, les cadeaux et quelque fois les malheurs qu’elle lui a laissé. Cette personne est humaine, Cosmos à le cœur qui s’arrête, qui se fend. Il a surement mérité son statut de lieutenant et si elle apprend qu’il est damné, elle risquerai de fondre en larme. Une telle personne n’a pas le droit de perdre une partie de soi-même.
-Je suis sûre que cette vie derrière-vous vous a laissée quelque chose. Moi-même je n’étais pas au courant de mes passions avant qu’un soir je lève la tête vers les étoiles ou que je monte sur le dos d’un cheval. Vous savez, cette sensation de se sentir plus proche des nuages, de ressentir le vent bien plus intensément, c’est ça que cette ancienne vie ma laissée. Vous allez la trouver un jour cette passion, cette raison qui vous a maintenu en vie jusqu’à maintenant dans l’autre monde.
Mais que racontes-tu Cosmos ! Pourquoi insiste-tu tant ? Ses mains resserrent la tasse de café pratiquement vide et ses yeux viennent vérifier une nouvelle fois si elle est à moitié vide ou à moitié pleine. Les joues de la jeune fille se teintent légèrement et ses yeux qui se faisaient plus tendre auparavant fuyaient honteusement le regard perçant de l’homme qui l’intriguait tant.
-Pardonnez-moi, ce ne sont pas mes affaires.
Repenti-toi. Mais c’est surement cette curiosité et cette insouciance qui ta dévoilées tes passions. Elle n’a peut-être pas de raison de s’excuser mais la politesse est de maître face à Yemdel, lieutenant de la garde Impériale.
Inconscient de ce qui jouait chez Cosmos et de sa peur de devoir révéler au lieutenant qu'elle était damnée, Yemdel s'était à son tour permis de se plonger dans une petite introspection personnelle pour essayer de se rappeler de quelque chose qui lui plaisait en dehors de son travail. Mais pouvait-on vraiment se comprendre lorsqu'on était visiblement incapable de comprendre les autres en face de soi ? Comment pouvait-il prétendre être une individualité alors qu'il ne se connaissait pas ? Peut-être valait-il mieux pour lui n'être que son grade, coller à son grade, faire tout ce qu'on attendait de son grade, et rien d'autre. Ce serait plus simple pour lui, plus simple pour tout le monde, et tout le monde serait content. C'était en tout cas ce qu'il allait répondre. Cosmos le fit cependant taire par anticipation en lui parlant de la façon dont elle avait découvert sa passion, et des conseils qu'elle lui donnait pour y arriver. Yemdel repensa à son passé, ou du moins essaya. Évidemment, comme tous les habitants, il n'avait pas le moindre souvenir de ce qui avait pu lui arriver avant sa mort. Tout ce qu'il savait, c'était que sa vie avait dû être malheureuse, et que pour cette raison il avait eu le droit à une seconde chance. Il avait été soldat, ses réflexes le lui disaient, alors il devait bien y avoir quelque chose qui lui plaisait dans cette vie et qui dirait quelque chose de lui. À chaque fois qu'il fermait les yeux pour les cligner, des sensations revenaient, diffuses, qui repartaient dès qu'il rouvrait les yeux. L'adrénaline. Un sentiment de profonde injustice bientôt contrebalancé par l'idée qu'il valait mieux avoir à manger que d'être juste. Une peur certaine due à la trahison. Un sentiment d'avoir filial plus fort que la mort. Et la résignation. Beaucoup de résignation. Alors Yemdel comprit, ou du moins, il le crut. En tout cas, il comprit qu'il n'avait jamais eu le temps de penser à ses passions, parce que sa vie avait été si tumultueuse qu'il avait toujours été manipulé par d'autres, qu'il avait travaillé pour les autres, et jamais pour lui-même.
« En fait, je crois qu'on ne peut se permettre d'avoir des passions que lorsqu'on vit dans un monde calme et tranquille, où on peut s'y adonner en toute sécurité. Je sais que je n'ai jamais eu cette chance et que c'est pour cette raison que je pense ne pas avoir eu de passion dans ma vie antérieure. » Yemdel referma les yeux, juste pour retrouver ces sensations éphémères. « J'ai le sentiment que ma vie antérieure a été tout particulièrement tragique. Et que je viens d'un pays où on manquait de tout, et parfois même de l'essentiel. »
Il était plus ou moins en train de dire qu'elle était une privilégiée, à la façon dont il formulait sa phrase. Voulant dissiper tout malentendu avant qu'il n'ait l'occasion de se développer, Yemdel apporta immédiatement une précision :
« Oh, mais je ne dis pas que c'est bien. Certains ont sans doute trouvé des passions, dans mon entourage, même si j'ai l'impression que c'était surtout l'argent... Enfin bon, c'est vrai que si nous sommes là, c'est pour passer à autre chose, et je vais faire tous les efforts possibles pour me trouver une passion. »
Yemdel avait l'air résolu, pour une fois, et cela n'avait aucun rapport avec son travail ou ses convictions. Il avait envie de penser à lui, rien qu'à lui, pour une heure ou deux. Apprendre à se comporter normalement n'était pas quelque chose de facile a priori, mais Yemdel était déterminé à essayer d'être normal. Car oui, Yemdel était déjà parfait, à sa manière : gentil, poli, juste, droit, serviable, généreux, attentif... et en fait complètement creux. Il était grand temps de remédier à ce problème. Sur un ton plus doux, le lieutenant répondit à la remarque de Cosmos, qui lui demandait pardon pour s'être mêlée de ses affaires. Il avait connu des fouineurs bien pires qu'elle, des personnes qui avaient comme seul objectif de l'embêter ou de s'amuser à ses dépens. Pour Yemdel, l'intention était parfois plus importante que les gestes.
« Ne vous excusez pas alors que vous essayez d'être gentille. Si vous devez vous excuser un jour, faites-le pour une faute véritable que vous aurez commise. Et si vous le pouvez, essayez de réparer la faute. »
Et voilà que cela tournait en leçon de bonne conduite. Yemdel se dit qu'il avait dû y aller trop fort, car il accablait une pauvre citoyenne en affichant sa propre perfection comme la moindre des qualités. Et puis Cosmos n'avait pas l'air tout à fait à l'aise. Yemdel venait de remarquer la gêne certaine qu'elle éprouvait désormais, mais plutôt que de songer aux véritables causes de sa gêne, le lieutenant interpréta très mal. Il pensa qu'elle en avait tout simplement assez d'être rabaissée constamment depuis son arrivée ici.
« Ça alors, je dois vraiment vous ennuyer. Je suis en train de vous faire la morale depuis tout à l'heure sans que vous osiez broncher ! Vous savez, si vous pensez que je vais trop loin, ou que je vous accable trop, vous devriez me le dire. Je parle trop, et il est important pour moi d'avoir des personnes qui osent me dire ce qu'elles pensent. »
Yemdel termina sa tasse et la reposa proprement sur la soucoupe avec un geste très élégant. On aurait dit un gentilhomme plutôt qu'un lieutenant en congé.