MESSAGES ▲ : 64 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 22/03/2015 DIT ▲ : Yui Valentine FICHE RS ▲ : Chroniques Indéfinies
Sujet: Outre-Monde Lun 20 Avr - 0:04
Outre Monde RP hors contexte - Pré-BF A la suite de One day I will Fly Away Psyché - Valentine
Des flash-back, des images et des sons. Une pluie de sensations qui ne repassera pas, une saison unique, éphémère. Que deviennent les mirages une fois disparus… ? Nous étions revenus à Keimoo. Et rien de tout cela n’est vrai, bien que ça l’ait un jour été. Deux années ou trois ont eu le temps de passer là bas et aujourd’hui, le temps a simplement disparu. Damnation. La fatigue pèse lourd dans ses pensées au retour d’un séjour monochrome sur Paris ; pour la première fois pourtant, elle lui semble tolérable au point de s’y laisser emporter quelques instants. L’effet Cammy, l’effet Cammy Logan. Il ne sait pas pourquoi c’est cet instant qui flotte à ses yeux, là maintenant, sur le plafond : ce jour là, il avait été le premier à déclencher un retour en catastrophe au pays et une fois arrivé, le premier encore à ne plus avoir envie de rentrer tout court. Mais le sort des mondes avait croisé le chemin de cette jeune femme au sien et lorsqu’il avait réalisé qu’elle vivait au même bâtiment que le sien –pendant tout ce temps, vraiment ?, Valentine, les épaules raides, s’était contenté de la saluer vaguement pour refermer la porte et s’effondrer dans son lit. Fin du voyage à Paris.
Pendant tout ce temps, elle était là. Il ne savait pourquoi cette pensée-là cherchait un quelconque fondement, ni pourquoi ça devait l’embarrasser autant. Voire plus encore après avoir passé un séjour dans une pseudo-proximité. Il y avait un nœud quelque part mais il n’avait pas eu le temps de le défaire parce que le sommeil l’avait brutalement arraché à la réalité. Et c’est sur ce pont, les pieds dans le vide, qu’il avait patienté ce qui lui avait semblé être des heures, la voisine de ses rêves. Les échappatoires, ça lui était vital, ça avait aussi le mérite de mettre un moment de côté, ce mal de crâne apparu de nulle part. Cela dit, Otagame n’était jamais arrivée. (…)
-
Ouvre les yeux, ferme les yeux. La lumière attaque son cerveau et il titube vers les rideaux d’une journée déjà bien avancée. Incapable de se focaliser sur autre chose que d’installer un semblant d’obscurité dans sa chambre, il se prend le seul obstacle improbable présent sur son chemin, cette valise délaissée qu’il n’a pas pu défaire depuis Paris. Serrant la mâchoire et aveuglé par la décadence des pulsations internes dans ses tempes, il parvient à trouver dans l’ordre religieux de ses tiroirs, les comprimés censés calmer la migraine, qui marchent une fois sur deux. Traversant un appartement épuré de fioritures pour attraper un verre d’eau, il se laisse tomber ensuite sur son lit, seul mobilier défait depuis son arrivée. Mi-sé-rable… martèle tranquillement son esprit attendant que passe la sentence. La sonnerie de son portable qui résonne manque alors de lui arracher des larmes tellement qu’elle lui brouille les sens. Etrangement, c’est bien le seul mal qui ne le fait pas tant flipper, le seul où il est certain que la Mort ne l’emportera pas, fuse une arrière pensée couverte par la priorité de démonter le portable et de se rallonger dans un silence torturé. Deux jours passent.
Au troisième, il décide qu’il est capable d’aller boire et de se décrasser pour se défaire de cette aura de malade minable et centenaire, avec une impression d’avoir un corps inapte au mouvement. Puis s’efforçant de ranger ce qui traine par terre de son unique aller retour depuis trois jours, il s’apprête à s’effacer de la réalité pour laisser le sommeil enjoliver le reste lorsque des coups frappés à la porte brisent cet espace où le bruit a fui. Il se redresse un moment plus tard après avoir réfléchi entre faire le mort ou le vivant.
-Entrez.
C’est trop loin, beaucoup trop.
.
Psychê
corps éthéré de pureté
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Sujet: Re: Outre-Monde Lun 20 Avr - 13:56
LE FROID #odifa-II
Vie antérieure. Une période futuriste. C’était bien avant aujourd’hui, mais tellement loin devant, un avenir à reculon, une contradiction certaine. Un paradoxe.
Elle regarde les ornements des irrégularités au dessus d’elle. Au dernier étage de ce petit bâtiment relativement ancien, elle a élu domicile voilà deux ans environ. Discrète au possible, elle était alors un courant d’air, passant peu de temps dans ce logis à la déco shabby-chic, baroque. Dentelles et pastelles, confort absolument féminin de nuances au fer forgé et autre céruses, l’intérieur respirait le romantisme, à l’instar d’une maison de poupées des temps anciens. Elle adorait son logement, mais personne n’avait vraiment eu le loisir d’y mettre les pieds à part ses parents, et un ami, juste une fois, avant qu’elle ne s’envole à Paris afin d’atteindre l’immatérialité d’un mirage fugace.
Le plafond est bas, mais même en tendant le bras le plus loin possible, elle n’arrive pas à l’atteindre. Ce qui était étrange, c’est que durant les quelques mois où elle a vécu là, dans ce petit building portant le nom de “Karaikô”, elle n’a jamais croisé personne. Des ombres, des bruissements de textile, des silhouettes passant par l’embrasure de la porte d’entrée principale ou par ces autres portes plus intimes des logements, qui se referment sans qu’elle n’ait pu constater l’apparence de leur propriétaire. Tout, faisait que Cammy Logan avait eu la sensation de vivre dans un bâtiment hanté. Et ça ne l’avait aucunement effrayée, mais fascinée.
Elle avait déserté son appartement pendant plus de six mois, suite au tremblement de terre. Elle ne pouvait plus emprunter d’escaliers, et pourtant, elle avait fait l’effort en début janvier, pour accueillir Yun-Jin. Pour entretenir cette amitié naissante, et pour le réconforter. Quelques temps plus tard, après avoir enfin observé cette sublime sculpture de Psyché et Cupidon, son mal était envolé. Un petit goût de miracle, dans une ville à la saveur de Par(ad)is.
Allongée sur son lit-banquette aux barreaux blancs et au linge de lit immaculé, la jeune femme sourit. Elle tourne la tête et observe cette mini représentation ratée des immortels qu’elle admire et dont elle a fait l’acquisition à la boutique de souvenirs. C’est une sculpture qui se fond à merveille dans le décor, tout comme la Victoire de Samothrace à coté. Cet ornement ne peut ressortir. Personne ne poserait les yeux dessus dans un intérêt particulier. C’est pourquoi, la belle rousse se lève, accède à la grande vasque de la pièce de toilette attenante dans le but de s’y baigner. Fragrance de jasmin et de verveine, elle se détend. Elle manque de s’assoupir. Les baignoires ont décidément cet effet là sur elle. Elle se sèche, glisse sur sa peau un lait floral hydradant et revêt une tenue peu chargée : elle n’a pas loin à aller. C’est un imprimé corail qui s’enroule autour d’elle, masquant ses épaules jusqu’au dessus des genoux, et cintrant sa taille. Un petit gilet de laine blanche arrivant mi-dos vient parfaire le tout, tandis que mocassins cirés, blancs également, munis d'un léger talon viennent à protéger sa plante des échardes du plancher ancien de l’immeuble.
Elle remplit sa petite théière de porcelaine de Limoges de thé vert au citron. Elle l'installe sur un plateau avec deux tasses assorties, et... Psyché et Cupidon. Lentement, avec prudence, elle descend une à une les marches de l’escalier situées face à la porte de son studio, jusqu’à atteindre au premier niveau, le numéro 1. Elle pose le plateau au sol et caresse de ses phalanges les rainures de la porte lui faisant face. Osera, osera pas ? Elle ferme son petit poing, prête à toquer. Elle n’y arrive pas. Fermant les yeux, elle pose son front sur la porte, délicatement, et laisse ses doigts gratter la porte. A l’intérieur, du mouvement. Il est là. Pendant tout ce temps, il était là, sous ses pas. Jamais elle n’était si proche de la vérité en l’associant à cette entité immatérielle, Faucheur de sa raison, sous les planches de sa maison. Croquemitaine silencieux, il la dévore depuis que sur son ombre, elle a posé les yeux. Les cheveux démunis de couleur de l’homme étaient longs, à l’époque. En ce jour où il lui avait rendu son norigae, flottant au dessus des marches menant à la bibliothèque de l’université, il était devenu l’Intouchable qu’elle désirait ne serait-ce que frôler.
Paris était Pris, mais Paris n'était pas le Paradis. Yui Valentine s'était matérialisé, dans le square d’Ajaccio, au quai d’Orléans, au milieu du faubourg Saint-Honoré, puis dans l’avion qui les avait ramené... ici.
Eliane.
Cammy Logan se redresse subitement. Etreinte impossible du souvenir brûlant d’une femme aux cheveux élégamment remontés en arrière, elle tambourine dans le coeur de l’Australienne. La jouvencelle souffre de cette apparition, trop présente dans le coeur de celui qui se meut quelque part au delà de cette porte. Cammy n’a pas à l’envier. Mais elle jalouse cette jumelle qui assombrit l’âme de Valentine. Il ne l’a pas contactée depuis trois jours. C’est beaucoup quand on sait qu’ils ont passé tant de temps ensemble, à l’autre bout de la planète. Chaque jour était différent, et ils le passaient à deux. Il a juste fallu la présence de cette femme pour tout annuler, tout chambouler. Cammy a honte des sentiments qui commencent à noircir son coeur. Elle ne se laissera pas faire. C’est pourquoi, elle ramasse le plateau, parvient à le maintenir contre elle en aggripant une des poignées, puis de sa main droite disponible, toque à la porte.
Pas de réponse immédiate. Cammy patientera le temps qu’il faut. Et enfin, la voix de l’homme se fait entendre.
“Entrez”
Elle frissonne. Il ne vient pas ouvrir ? La rouquine baisse les yeux sur la poignée. A nouveau, elle maintient son plateau d’une main et tend la droite, tremblante, vers la poignée. Le ton de sa voix… n’était pas comme d’habitude. Sa respiration s’accélère. Elle aussi, mettra du temps pour réagir. Toutefois, elle ouvre délicatement, lentement, l’entrée vers l’univers personnel de Yui. Que va-t-elle découvrir ?
C’est toujours le froid, qui me fait peur, Le Froid.
Un milieu dénué de vie. Tout comme lui.
Et si tu m’oublies ? On ne sait pas, des fois.
Immobile, Cammy Logan reste sur le pas de la porte. Elle ne parvient pas à franchir le seuil, et à pénétrer dans son monde. Les rôles sont inversés.
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Sujet: Re: Outre-Monde Mar 21 Avr - 23:05
A un moment, la poignée finit par flancher et il entend la porte coulisser sur le côté. Il se lève, il le faut.
Flottement hasardeux
-Cammy, salue-t-il sobrement en apparaissant sur le seuil de sa chambre. Son regard se focalise un instant sur la silhouette de la jeune femme avant de dériver sur la théière et ses tasses, remettant en marche les connexions diffuses de sa compréhension. Il se décide à se diriger vers elle pour lui retirer le poids du plateau qu’elle amène, conscient du flottement incertain qui plombe l'air entre leur distance respective.
-Tu… ça te va bien, lâche-t-il en désignant un peu tout, un peu rien ou peut-être un peut plus de tout. Il disparait à l'angle de l'entrée pour se diriger vers la table basse du salon alors que le plateau entre ses mains fait trembloter la porcelaine de ce roulement infime jusqu’à trouver une base plus stable, à côté du fauteuil qui forme un angle. Yui s’y affaissera dessus, assis avec une raideur qui ne lui appartient pas.
-Entre, je t’en prie.
L'appartement de Yui Valentine est une impression épurée, un vide vicié de quelques mobiliers, un monde sans fioritures. Il y a une absence troublante de décoration et pourtant, c'est dans cette personnalisation à l’extrême que vit un ancien psychologue scolaire, entre ces murs clairs à la lumière tamisée par les rideaux fermés à défaut d’avoir eu la foi de baisser les stores. Le vide, un allié, un ennemi, une cage ouverte à un avenir incertain, la liberté à ses pensées encombrées.
Il attendra qu'elle se batte avec sa propre hésitation, incapable de se concentrer sur la notion du temps qui s'écoule avant que la jeune femme se décide. Cammy arrive de nouveau bousculer les nuances demi teintes de son quotidien, elle et sa fraîcheur, elle qui vient de franchement heurter sa sensibilité visuelle.
-Thé froid? Thé chaud? rappelle-t il à mi voix alors que ses yeux se posent sur la statuette du plateau.
Torpeur.
-Cette sculpture te suit partout...
Un bruit léger de pas. Elle arrive ou alors ce sont les résonances de son imagination.
Psychê
corps éthéré de pureté
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Sujet: Re: Outre-Monde Dim 26 Avr - 23:42
VIVA FOREVER i’ll be waiting
Boum-boum, boum-boum, boum-boum.
Le sol bouge, les murs tremblent. Elle ferme les yeux, se concentre pour convaincre les battements de son coeur de ne surtout pas raisonner dans tout l’immeuble.
Boum-boum, boum-boum, boum-boum.
Elle inspire, expire; inspire, expire. La porte s’ouvre plus grand, l’entrée qui s’offre à elle, pâle, vierge, apparait comme un couloir, long, étroit. Elle n’en voit pas le bout. Là-bas, l’obscurité. Le corridor se déforme, prend des allures de terrier sans terre. Une allée d’hôpital aux formes arrondies. Une voix familière prononce son prénom. Cammy ferme les yeux, puis les réouvre. Le long couloir a disparu, le calme morbide est revenu. Lorsqu’elle lève à nouveau les paupières, Yui se tient près d’elle. Il est grand, dans toute sa simplicité. Trop de simplicité. Bichromie, tout comme l’image du studio qui reflète sa nature. Aucune couleur. Un film en noir et blanc. Voire muet. Cammy aime les vieux films. Mais même dans les muets, il y a de la vie, de la musique, du rythme. Ici, il n’y a même pas âme qui vive.
Le plateau flotte, soulevé par cette présence quasi-invisible. Le bruit de la porcelaine imite un organe vital, maladroit offrant un minimum de distraction. Cammy elle-même devient une distraction. Elle ôte alors ses souliers, c’est la coutûme dans ce pays, quand bien même elle ne les as pas encore portés à l’extérieur. Elle goûte alors à la fraicheur de ce sol inconnu, avançant silencieusement dans cet intérieur qu’elle ne découvre même pas, puisqu’il n’y a rien à découvrir; rien ne semble attiser son intérêt, sa curiosité. Rien.
Boum-boum, boum-boum, boum-boum.
Quelques pas en silence, la demoiselle glisse sa main droite dans la gauche. De profil devant l’entrée du salon, elle prend son temps. Elle ne s’habitue pas à tant de néant. Elle tourne malgré tout la tête et aperçoit Yui. Yui qui prononce des mots dont elle n’arrive pas à accrocher les sens. Elle rive ses yeux sur l’emplacement de la fenêtre. Elle étouffe. Ses orteils embrassent d’autres carrés de sol, à une vitesse lente mais soutenue. Cammy ignore Yui, elle ne le voit plus. Elle atteint la fenêtre, lève les bras et lentement, avec grâce, écarte les rideaux, l’un après l’autre. Pas de brusquerie, la lumière ne peut être une alliée si elle agresse les rétines du locataire des lieux. Ce n’est que le matin, mais le soleil est de bonne humeur. L’hiver est encore présent sur Keimoo mais sur un arbre en face de la fenêtre, les premiers bourgeons se forment. L’australienne découvre la poignée, l’actionne avec lenteur.
Renouvellement d’oxygène, une brise se fraye un passage dans la chaleur de sa chevelure. Le jour révèle une transparence dans la tenue de la jeune femme. Cammy restera un moment à savourer la vie extérieure, le mouvement des véhicules livrant pour la plupart les magasins les plus proches. Un crissement de pneu, un klaxon, l’aboiement d’un Border-Collie. En temps normal, cette agitation l’exaspérerait, mais dans le cas présent, elle est rassurante.
Les derniers mots prononcés par le mirage lui reviennent en tête. Elle ferme à demi la fenêtre et se tourne vers Yui. Cammy sourit.
- Ce n’est pas moi que Psychê suit, Yui. J’aime à croire qu’elle veuille attirer ton attention.
Elle amorce quelques pas dans sa direction. Sûr qu’avec ses cheveux de feu et sa robe, elle doit agir comme une attraction. Elle s’accroupit à côté de l’homme puis se pose sur le sol, se saisit de la théière et verse son contenu dans les deux tasses.
- Il est au citron. J’espère que tu aimes les agrumes.
Elle repose son bien sur le plateau pour se saisir de la petite sculpture.
- Elle est un peu différente de celle du Louvre. Elle n’a pas trouvé sa place chez moi, puisque je l’ai déjà, dans mes souvenirs. Je n’ai que faire de celle là. Garde-la donc. Ainsi, tu ne m’oublieras pas.
Autre petit sourire. Elle repose la sculpture au centre de la table basse puis attrape une tasse, chaude, qu’elle tend à Yui.
- C’est encore bien chaud, ne te brûle pas.
Elle se saisit de la sienne qu’elle porte à ses lèvres et jette un regard satisfait sur Psychê et Cupidon. C’est un bon début, pour un changement.
Que la vie soit. Et la vie fut.
Boum-boum, boum-boum, boum-boum.
Valentine
corps éthéré de pureté
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Sujet: Re: Outre-Monde Ven 1 Mai - 2:15
Peu à peu le jour se lève dans son appartement, les bruits reprennent vie, les vies reprennent forme et les vitres ouvertes filtrent doucereusement l'écho des mondes; la rue en contrebas, le trafic routinier, le chien du voisin, la voix des Hommes. Yui a plissé les yeux, laissant sons et luminosité troubler son havre de paix, silence de ses pensées. Il a toujours su que cinq sens, c'était beaucoup trop à contenir dans un seul et unique humain: hier, il aurait pu tuer pour cesser le tumulte trop vif de ses perceptions.
La fenêtre baille, Valentine redoute.
Première vague d'information, premières secondes d'immersion, l'assaut n'a plus toute sa démesure de la veille. La lumière met alors en avant ses traits mal reposés, mais tout redevient acceptable, de nouveau dans son terrain de contrôle. Valentine est une fois de plus, l'image étrange de cet empereur du tout, un empereur de rien, mais Empereur quand même. Ses pieds nus disparaissent de son de son champ de vision, la scène change. C'est à présent le mouvement de la robe de Cammy qui accroche le noir pâle ou le gris de ses yeux, un voile au travers duquel est presque suggérée sa silhouette en plein jour. Penchée à sa fenêtre, elle se tourne vers lui, un sourire sur son visage opalin, et c'est une séquence de quelques secondes sublimées qui bouscule son âme. J'aime à croire que Psyché veuille attirer ton attention, entend t-il quelque part.
Valentine laisse Cammy gagner du terrain dans une proximité qui le sort de sa torpeur et qui le surprend dans une simplicité qui ne correspond pas exactement à l'image d'un ex-psychologue scolaire dans un décontracté noir et blanc, absolument simple, accordé en toute inconscience aux couleurs échiquier irrégulier de son appartement. Le secret de Valentine, c'est qu'il n'a justement jamais réellement eu de secret à camoufler.
-Merci.
Il accepte la tasse qu'il devine aux agrumes avant même qu'elle ne la lui présente. Il laisse ainsi fumer le thé entre ses mains, au fil de ce que la jeune femme veut bien lui dire. La saveur citron relayée au second plan, le parfum de son invitée est une fragrance fraîche qui embaume délicatement la distance infime qui les sépare et Valentine se demande un instant ce qu'a fabriqué Logan pour se dévoiler ainsi: c'est un nouvel attentat contre ses sens épuisés, son état usé repoussé dans ses derniers retranchements et cette attaque-là, Cammy Logan ne s'en rend pas compte. Or, ce que ne dit pas Valentine, c'est que cet assaut là, contrairement à celui d'il y a quelques heures, a quelque chose d'envoutant, ou du moins suffisamment pour lui faire oublier.
-Il y a des choses que j'aimerais assurément ne pas mémoriser, souffle t-il en reposant la tasse sur la table. Psyché, quant à elle, enfermée dans son immobilité, est là à chercher encore et encore son attention en vain, et assiste avec la plus grande impuissance, cette attention attirée ailleurs, au delà des concepts et des notions diffuses, sur quelqu'un de bien plus tangible, bien plus réel, et surtout, en vie.
-Entre autres... Ce n’est pas parce que je ne suis pas au meilleur de ma forme que je t’oublie.
Valentine s'est accoudé sur ses genoux, mâchoire posée sur une main et l’autre occupée à jouer avec une mèche rousse qui coulisse délicatement entre ses doigts.
-Je n'ai pas besoin de me souvenir de toi, Cammy.
Un murmure. Les souvenirs, c’est pour ceux qui oublient.
Il lâche la mèche et se penche pour saisir la tasse puis se ravise au dernier moment, optant pour la décision de se rassoir sur le fauteuil, -derrière Cammy qui préfère le sol; ses bras se referment doucement autour d'elle et il pose sa tête au dessus de celle de la rouquine.
-Je ne suis pas un souvenir.
Sans entièrement défaire son emprise, Yui a saisi la main de Cammy dans la sienne, paumes retournées vers le plafond.
-Tu te rappelles? Le temps.
Il est là.
Il garde cette main dans la sienne, referme ses doigts dessus, entrecroisant leurs phalanges et ramène leur bras contre Logan. Il sent la tension de la jeune femme, imagine son hésitation comme si elle était encore sur le pas de la porte et Yui reste un moment ainsi jusqu'à qu'il ait l'infime impression qu'elle relâche de sa pression. Ses cheveux sentent bon, il ferme les yeux; tout ça n'est peut être que le fruit de ses postulats.
-J'essaye de ne pas t'étudier, de ne pas t'analyser plus qu'il n'est nécessaire et j'essaye d'oublier que je ne suis pas un psy de tous les temps ni de tout le monde. Mais je ne peux pas m'en empêcher.
Il fixe la miniature Psyché, ultime élément décorateur de son appartement qu'il ne parvient pas réellement à voir et reste un moment ainsi, l'absentéisme d'autres pensées allégeant sensiblement la simplicité du moment. Et il se concentre sur le bruit de fond provenant de l'extérieur.
Psychê
corps éthéré de pureté
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La chaleur du liquide doré s’immisce entre les lèvres de la demoiselle, éveillant son sens du goût en l’exaltant de ses bienfaits naturels antioxydants. Elle a oublié le miel. Elle finit toujours par oublier quelque chose. Tout le monde finit toujours par oublier quelque chose, important, ou pas. Malgré l’allure décontractée qu’elle se donne, elle ne l’est pas : les palpitations sont toujours aussi fortes, mais Cammy s’efforce au mieux de les ignorer. Jamais elle ne s’invite de cette façon. Jamais elle agit comme si elle avait été là depuis toujours, comme si les locaux l’accueillaient d’eux-même à bras ouverts, sans réticence. Elle est sur le sol, comme Psychê fit de même dans le mythe, au côtés de Perséphone avant de se voir accorder par cette dernière un peu de beauté versée dans une urne, réclamée par Aphrodite.
Elle se bat pour ne pas fléchir, ne pas attirer plus de curiosité, de questions. Un jeu où elle monte sur une estrade invisible pour jouer le rôle de l’individu lambda, la voisine affable. L’amie, peut-être ? Pourtant, la scène jouée ne duperait personne. Qui prendrait place au sol, si ce n’est pour se retrouver au plus près de l’être apprécié ?Cammy se refuse à le reconnaitre ; elle brise d’elle-même le miroir que sa conscience lui reflète obstinément. Pour autant, elle ne peut que sourire partiellement de se retrouver là, de ne pas avoir été ignorée. C’est une fine réussite qu’elle savoure et qui donne au thé la saveur sucrée qui lui manque. L’Australienne se sent bien dans ce décor incomplet.
La voix discrète de Yui sillonne l’air, et Cammy imagine les mots flotter sur de minuscules nuages roses, barbapapa, jusqu’à l’atteindre. Ils sont une douceur s’introduisant sans mal dans sa mémoire. Pour sûr qu’elle-même ne les oubliera pas. Elle éludera d’autres sujets, d’autres moments de sa propre initiative. Quand Valentine s’adresse à elle, amorce le moindre mouvement comme celui une tasse reposée sur la table qu’elle reproduira à son tour, c’est aussi un mauvais moment du passé qu’elle efface. Ainsi, elle décide d’oublier son échec de ses études des Sciences de l’Antiquités. Après tout, elle a échoué pour des raisons administratives. Le savoir, elle l’a. Ce savoir, elle le gardera. Pour toujours. Si Yui désire ne pas mémoriser certaines choses, la rouquine revêt son voile le plus opaque pour y parvenir.
TOUCH MY WORLD with your fingertips
Effleurement indirect, elle sent une partie d’elle s’animer comme une caresse involontaire. Le souffle du mirage est présent, accédant subrepticement jusqu’à sa nuque avec l’aide d’un mouvement d’épaule laissant échapper une vrille flamboyante sur le côté. Elle désire savourer chaque parcelle de vie de cet homme, en toute innocence. La pureté de Cammy Logan est intacte, même à 24 ans. Elle feint de ne pas sentir cette mèche flotter, ses méandres glissant quelque part entre les doigts et l'esprit de Valentine. Elle s'imagine spectatrice de cette scène : ses joues rosissent face à cette marque de romantisme poignante. Ses lèvres se pincent entre elles, sa respiration ralentit, elle ne bouge plus (son auteure en manque même de descendre à l'arrêt de métro atteint.). Il lui est presque difficile de se concentrer sur le sens des paroles de l’homme, plus proche d’elle que jamais. Paris n’avait pas eu le même effet, ce n’était pas les même conditions, le même ressenti. Il l’avait invitée, mais elle était venue le chercher et en même temps, elle souhaitait qu’il en fasse de même. Elle cherchait son attention, à l’instar de Psychê. Cammy pose les yeux sur elle : la sculpture est du même blanc que l’intérieur du studio. C’est une forme de léthargie qui s’empare d’elle tandis que Yui enroule ses bras autour de son corps ; pour autant, elle ne quitte pas des yeux la miniature. Elle se raidit : la jeune femme n’est pas tactile et si ce n’avait pas été Yui, elle aurait quitté les lieux sans jamais y revenir. Elle aurait déserté l’immeuble et le quartier Hiryuu, emmenant toute trace de son existence avec elle. Cammy clos les paupières. Derrières elle, la copie de Canova prend des couleurs. Les cheveux de la princesse passent du blanc à l’ocre, puis au rose-thé, au nacarat...jusqu’à l’alezan. La mince tunique qui recouvre à peine ses formes généreuses prennent une teinte corail, translucide.
“Je ne suis pas un souvenir”, discerne-t-elle quelque part entre le toucher et l’ouïe. Les souvenirs sont des penses-bêtes échappant à l’oubli. Dans sa semi-somnolence, ses lèvres se dessinent en un doux rictus. Dans son univers, dans ses pensées, Yui est devenu une présence fantômatique, mais persistante. Un esprit frappeur qui la hante jusqu’à la dévorer. Qui lui attrape les mains ; elle a peur. Ce n’est pas une peur quelconque.
Time will tell.
Elle n’est désormais plus que sensations. C’est un frisson qui parcourt son échine, à la vitesse du Temps qui passe inexorablement, et qui les engloutit. La paume ouverte, elle le sent, l’atome des secondes, des minutes, des heures, de l’éternité qui s’écoule à l’infini. Un atome que lui a offert un homme, un ami, dans un taxi. C’est la peur de l’irrationnel, de l’incontrôlable, de l’inconnu. Narcisse de Lioncourt est bien loin déjà ; Noahki Saigara également. Ils sont devenus des souvenirs. Le tourment qui s’empare de l’Australienne brise le semblant de raison qu’elle s’efforçait de maintenir. Désormais, elle l’a totalement perdue. Sa raison n’est même plus un souvenir. C’est la passion qui la remplace et qui ne demande qu’à une chose.
Cammy a perdu sa raideur. Son anxiété n’est même plus un souvenir. Ouvrant à demi les paupières, elle repose ses noisettes sur l’immobile Immortelle. Elle a perdu ses couleurs, pourtant elle s’anime désormais : libérant ses mains de celle de l’Intemporel, Cammy Logan les pose par dessus celles de Yui, lui intimant silencieusement de les garder contre elle. Elle lève ensuite tout naturellement les bras, cambre le dos tout en plaquant ses épaules contre le torse de l’homme. Lentement, ses doigts viennent pénétrer la chevelure platine. Elle sort de sa léthargie : ses paupières se soulèvent entièrement, laissant les orbes dévoilées accrocher celles de son vis à vis. A un détail prés, c’est une oeuvre qui prend forme, et vie.
- Si toi-même tu ne peux pas t’en empêcher, je ne vois pas comment je pourrais. Analyser l’esprit de tous est probablement ta raison d’être, alors tant qu’à faire…
Elle suit du regard le subtil mouvement du bout de ses doigts dans la lactescence légère qui file entre ces derniers, puis accroche à nouveau l’ouverture vers l’âme de Yui.
- J’aimerais en faire partie.
Quelque part, une passion ne demande qu'à une chose : être étudiée.
FOREVER IS OUR TODAY Who waits forever anyway?
Valentine
corps éthéré de pureté
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Sujet: Re: Outre-Monde Jeu 7 Mai - 20:47
HRP, je tiens à dire que j’ai du jeter un œil à la sculpture pour comprendre comment tu les avais fichus...
Soudain nez à nez avec la jeune femme, Valentine n’anticipe pas son mouvement et se retrouve là, dans cette emprise pour le moindre étrange, à fixer des pupilles marrons de très près, qui se révèlent être une myriade de teintes auburn comme il ne se souvient pas d’avoir pris le temps d'observer. Les sonorités du monde externe s’estompent de nouveau, il sent le souffle de Cammy sur son visage, l’entends imperceptiblement pendant qu’il décortique encore les dernières phrases prononcées. En faire partie… ? Son esprit tilte, quelque part dérangé part la réponse qu'il obtient, il cille, ses bras se défont, ses mains retrouvent ses vis à vis et elles les saisissent avec la patience d'une scène tournée au ralenti pour les ramener contre elle tandis qu'il chute, chute lentement, atome regagné par la gravité des lèvres de l'australienne pour simplement les frôler de l'extrémité des siennes, avant que la proximité élastique atténue cette caresse partielle. Valentine rompt le contact, fais venir la jeune femme à lui, l'attire plus loin de la terre mais plus près du néant, plus près de lui, contre lui.
-Mon attention comme tu dis, ce n'est pas Psyché qui l'attire, c'est plutôt toi.
L'oeuvre d'art a beau lui rappeler Cammy, Valentine -assez éloigné du concept romantique qu'elle dégage, ne l'apprécie pas pour le côté statique qu'elle représente, pour sa symbolique à jamais figé dans le temps, pour la référence qu'elle peut représenter dans l'esprit des Hommes. Dans son amour pour l'aléatoire, Yui ne sait apprécier les références, se considérant à tord et à travers lui-même comme étant une référence sans avoir à chercher dans la renommée des auteurs indélébiles ou créateurs gravés dans ces arts à ses yeux, enterrés dans le passé. Esprits conformes renversés dans leur modalités, si l'Histoire existe, Valentine en écrit le futur, pensée délétère de tous les fondements, avide de tout ce qu'il ne saurait déjà posséder. Malgré tout ce que ce qu'une page tournée peut signifier, Valentine reste un homme du présent au regard tourné vers l'immédiat, prêt à courir après le futur sans se soucier de restituer son passé. Et dans la spontanéité du présent, devant le gris de ses yeux, il y a Cammy, Cammy Logan la chrysalide qui se transformait en papillon, et qu'il avait envie d'essayer de conserver sans avoir à la retourner dans toute son existence jusqu'à lui voler les nuances de ses ailes. Quelqu'un lui un jour dit qu'il n'y a rien dans le caterpillar lui promettant un papillon en devenir et s'il avait eu à en trouver une illustration, c'est sans doute Cammy Logan près de la fenêtre tout à l'heure, qu'il aurait shooté en photo.
Un quart de sourire, bientôt un demi, et Valentine brise la distance, et c'est dans cette représentation authentique plutôt que calquée qu'il préfère définitivement Cammy, dans une scène plus minimaliste où il la retrouve face à lui sur un fauteuil pour seul socle à leur équilibre suspendu, plus intime, plus doux, là sur ses lèvres infusion agrume. Sa propre respiration s'enchevêtre à celle de la rouquine et il laisse leur rencontre gruger le temps. Car, il y a longtemps que la temporalité n'a plus toute sa valeur entre eux.
There´s nothing in a caterpillar that tells you it's going to be a butterfly. Buckminster
Des lèvres se goûtent, des souffles se cherchent, les espaces s'effilochent.
-Pourquoi aujourd'hui, lui demande Valentine en happant de nouveau les lèvres de la jeune femme entre les siennes. Il a ensuite enseveli son regard sans chaleur dans ceux de Logan.
Quelque part dans ses hémisphères du cerveau, une théorie refait surface en même temps que la voix d'un professeur du passé, de qui il avait retenu qu'on ne répondait entièrement à une problématique qu'après avoir obtenu la réponse à sept Pourquoi successifs. Ses mains se perdent dans le dos frêle de la jeune femme, dans la descente de ses cheveux ardents, il la presse contre lui alors que dans cette étreinte, elle pourrait facilement se dégager pour s'envoler ailleurs.
Pourquoi.
Psychê
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Sujet: Re: Outre-Monde Ven 8 Mai - 21:31
(Parce que tu ne l’avais pas fait avant ? Oo Depuis le temps que j’en parle… Tsss. Sacré toi.)
C’est tout d’abord un vide qui se crée sur son bas ventre. Un contact froid et chaleureux à la fois qui se perd, un contact rompu. Palpable est presque le désert inhabité dans les iris glacés de Yui, si proches de ses opposées, vives dunes incendiaires. Le gel se risque à s’égratigner, effleurant l’existence d’une flammèche qui se déploie lentement. Cammy Logan se laisse envahir par la fraîcheur de l’instant présent, à mille lieues d’anticiper la suite. Elle découvre une contiguïté inconnue qui agace les reflets de sa crainte, et s’aventure plus encore dans la tournure irrationnelle du moment. Elle scrute ce qui se dérobe à sa vue, cherche l’étincelle mais ne la trouve pas. Ses ailes sont faites prisonnières dans les serres prédatrices de son shinigami. Elle plonge dans sa faiblesse, ses membres ramenés contre son corps désormais captif. Elle ne peut pas s’échapper, toutefois, le desire-t-elle ? Une sensation d’étouffement, son visage étiré dans la position inconfortable qu’elle a elle-même instauré réclame de l’oxygène. La demoiselle sent sa fin proche en sentant le gouffre l’électriser. Ce n’est qu’un effleurement, comme une lame d’un rasoir courtise la finesse de la peau la séparant de la carotide frémissante. Chair de poule. Un gouffre d’à peine un millimètre, peut-être moins.
La terre s’ouvre, les éléments se déchainent et Cammy s’élève. Elle déploie sa personne dans son entièreté. Elle s’étend. Le gouffre est désormais béant, mais elle n’y sombre pas. Au détroit de Messine, elle évite Charybde mais c’est Scylla qui l’attend au tournant. Comment elle y est parvenu, elle l’ignore. La créature est à la fois effrayante et fascinante, descendante du Styx et de la Sagesse. Le magnétisme qui émane d’elle est insoutenable. Piégée à corps perdu, la rouquine ne peut que se laisser amener dans ses filets. Elle tente de masquer son effroi, le même depuis toujours, celui de sombrer dans les abysses du Tartare de son coeur. Par deux fois, elle a fait le voyage. Par deux fois, elle s’est éteinte de son vivant. Injustice, absurdité, amertume. Peine. S’éprendre est douloureux. Cammy a peur de la souffrance, cruelle sensation, sadique. Manipulatrice séductrice, la subtile aura se cache, l’australienne l’attend à chaque instant. Ephémère mais immortel.
Boom-boom, boom-boom, boom-boom.
Ce n’est pas Scylla. Ce n’est presque plus un mirage. Voilà quelques minutes maintenant qu’elle le sent, lui qui la touche, elle qui le frôle. Sa raison veut le repousser, mais voilà bien longtemps que la raison n’est plus. C’était déjà le cas lors de leur première conversation. La pluie battait son plein. Elle avait alors attrapé ce froid qui lui fait peur. Sa poitrine monte et redescend tandis qu’elle accroche une fois de plus le gris profond de Yui Valentine. Silence, elle n’entend que sa respiration, forte, embarrassante. Elle passe d’un iris à l’autre, dans un affolement qu’elle ne maitrise pas.
- Mon attention comme tu dis, ce n'est pas Psyché qui l'attire, c'est plutôt toi.
C’est quand on voit la mort de près qu’on se rend compte à quel point la vie est puissante. Cammy ne voit la sienne qu’au travers de ses fantaisies, car tellement peu satisfaite de ce qu’elle a été jusqu’à maintenant, et ce qu’elle est devenue tout en courant après “ce qui est” et “ce qui n’est pas” à la fois. Toutefois, dans les bras de Yui, malgré la terreur de ce que cet homme peut représenter dans un contexte bien plus profond, elle se sent prêtre à sombrer, juste une dernière fois. Le peut-elle au moins ? Elle ne comprend pas le sourire qui se peint sur les lèvres de l’homme. Précieux autant dans sa rareté que dans sa forme incomplète. Une merveille bien plus subjuguante que la sculpture qui semble tellement fade désormais. Frappée par ce qu’elle voit, elle se prend à en faire de même, à demi. Sans réflexion.
Avant d’avoir pu en profiter pleinement, ces demi-sourires se complètent, n’en formant qu’un, pendant ce qui semble être un arrêt sur image. La jeune femme se fige alors, son regard se fait rond. Si le geste peut, dans son importance et aux yeux de n’importe qui, sembler banal… il n’en est rien pour Cammy. Il fut un temps pas si éloigné où la demoiselle gardait sur elle divers lotions et objets en permanence pour se protéger. Des couverts stériles par exemple. Une bouteille d’eau. Du désinfectant. Une bombe au poivre. Elle ne consommait que ce qu’elle préparait elle-même, conséquences d’un empoisonnement lors d’une soirée étudiante. Elle évitait tout contact, méfiante à l’égard du monde entier. Son admiration pour Yui Valentine remonte bien avant cela. Elle était encore étudiante, présidente du club de jardinage et d’Ikebana. Il était le psychologue scolaire dans la même académie. Leurs chemins se sont croisés à de nombreuses reprises, mais c’est peu avant leurs départs respectifs de l’établissement qu’ils se sont adressé la parole. Il ont feint ne pas savoir qui ils étaient, alors que ça n’était pas le cas. Cammy en a été tellement saisie, qu’elle s’est toujours demandé si Yui n’était pas le fruit de son imagination. Le doux mirage d’une oasis affective.
Cette fois, elle est certaine de ne pas imaginer. Elle a vu ce geste un peu partout ailleurs. Elle trouvait ça attendrissant parfois dans une forme plus chaste, comme une mère envers son enfant. Ecoeurant souvent, ceux des “amoureux qui se bécotent sur les bancs publics”. Comment aurait-elle pu ne serait-ce qu’imaginer le vivre elle-même, alors qu’elle s’est toujours refusée de tomber si bas ? Paradoxalement, elle ne rejette pas. Parce que c’est lui. Juste lui. Son souffle qui s’était alors coupé reprend son cours, puis elle finit par se détendre. Ce n’est pas n’importe quelle découverte. Le premier est marquant pour tout le monde, et Cammy Logan ne fait pas exception à la règle. Finalement, elle se laisse docilement faire, appréciant la douceur infini du geste tout en se remémorant les instants précédents. La terreur s’est alors envolée, et dans sa mémoire tous les gestes de Yui prennent alors leur sens. Ses lèvres tressaillent, elle se contente simplement de les entrouvrir pendant que ses paupières se closent . Vient alors la question, tandis qu’elle ne se remet toujours pas de ce mystère intime dévoilé. “Pourquoi aujourd’hui ?” assaisonnée d’un autre échange sensuel, plus bref, moins surprenant. Agréable. Un peu trop pour la chaste demoiselle.
Elle soulève les paupières, lentement, assimile le tout. La réponse est toute faite. Elle reste en suspens quelque part. Cammy imagine désormais d’autres échanges similaires, gênée à l’idée d’y avoir pris goût si vite. Une ivresse. Son regard glisse vers le bas, puis là où le sourire de Yui s’était dessiné. Volatilisé depuis. Plus haut, c’est le même froid. Les traits fatigués, la tristesse toujours aussi présente qu’au premier jour où elle l’a aperçue, au marché. Et ça, ce n’est pas un mirage. Ca ne l’a jamais été. Elle se laisse amener à lui, tout en glissant ses mains jusqu’aux maigres épaules de l’homme. Elle veut garder le contact visuel, espère attraper une émotion, juste cette étincelle qu'elle espère. Sa main droite glisse alors jusqu’à la joue de Yui. Murmure.
- Parce qu’hier n’est plus…
La gauche passe au travers des mèches courtes, une caresse tendre. Une envie soudaine de le protéger.
- … et que demain n’existe pas.
Elle pose son regard bienveillant sur les lèvres de l’homme. Son pouce droit vient y dessiner une ligne. Elle remonte ses iris vers ceux de Yui. Définitivement, elle a sombré.
ON N’A PAS BESOIN DE PARIS de Messine ou d'ailleurs
Valentine
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Sujet: Re: Outre-Monde Jeu 14 Mai - 18:50
Parce qu'hier n'est plus et que demain n'existe pas; quelque part, c'est un rire caustique que retient Valentine, dans une improbable pensée silencieuse, qu'...et bien si ce n'est que ça alors c'est tout bon, tout peut arriver, nous pouvons continuer. Fatalité, fatalité déboussolée par la douceur, la douceur d'un instant parcouru par ces doigts aveugles le long des lignes de son visage, celle de ses lèvres. Dans l'apesanteur d'un monde qui n'existe plus, se mettent à tournoyer deux atomes échappant aux lois de la gravité.
Flash Front
...Si les flash back existent alors les flash front le doivent aussi. Dans une chronique pas si lointaine de ces quelques secondes suspendues dans le temps, un étudiant est en train de se recomposer un visage espiègle.
-...Ah.
Il s'appelait Noahki Saigara, cet étudiant de l'académie Keimoo en deuxième année de management international. Son identité a-t-elle réellement une place à se faire dans un contexte où il lui est nécessaire de comprendre qu'il ne passera pas le niveau suivant...?
Ah merde.
...Touché, coulé, -la bataille navale en moins.
Sur le moment, il est sur le point de lâcher un vieux tu es sûre que tu ne le regretteras pas ? mais il ne lui a fallu que quelques secondes pour éclater de rire.
-Ah ça va Logan, prends pas cet air aussi sérieux.
Il arrive trop tard, il rate l'équation, le dernier quart de point lui délivrant la moyenne pour passer l'examen, la dernière manœuvre pour remporter le tournoi. Aie ce n'est pas agréable. Saigara accepte l'échec mais pas quand il est si prêt du but.
-Je voulais voir si tu resterais aussi distante que quand on s'est connu, mais il y a du progrès !
Noahki est juste certain qu'il aurait pu se passer quelque chose entre lui et Cammy, et le goût de la victoire qui lui file sous le nez a une saveur terriblement désagréable. Il se lève, incapable de rester en place plus longtemps.
Le Ki. Le flux de son énergie interne se concentre entre ses paumes, le regard de l'adversaire est le poids qu'il rassemble dans chacune de ses mains resserrées. Elles ne sont pas crispées, ni tendues, et tiennent fermement sa volonté de bloquer la première attaque. Les poings à mi hauteur, Noahki aime cette sensation qui se fige autour d'eux, ces quelques instants précédant l'enchaînement rédhibitoire de tous les mouvements. Il aime le froissement des tissus qui accompagne la gestuelle incisant les airs, le bruit qui claque au moment où ses membres brisent la carapace de ses obstacles, des raquettes, des planches, des corps, ...puis du vide. Porter un coup est une chose, retrouver son équilibre après, c'est se battre contre sa propre impulsion.
Une éternité passe en quelques secondes, le premier coup de pied dans ses côtes résonne sec contre le plastron, tentative où son adversaire choisit de le tester sur sa première manœuvre, lui laissant entrevoir un avant-goût de l'impact de ses mouvements. Noahki voit alors le moment de déséquilibre où son rival est contraint de reposer le pied au sol avant d'entamer une nouvelle attaque, faille infime dans la continuité des techniques. Frôlant le sol pour un pas vers l'arrière, Saigara se retourne soudain, torsion rapide du corps recréant son élan en peu d'espace, dans une rotation complète où il déplie sa jambe gauche en hauteur, achevant le coup de pied retourné. Dans sa tête, les séquences s'emboîtent à la suite des unes des autres, il décompose chacun de ses mouvements sans avoir besoin de les comprendre pour les sentir, contrôle d'une technique majestueuse dans la dextérité ayant pour seul secret, la sueur drainée par la répétition intensive de ses entraînements. Son coup part, fouette l'air en suspension, enveloppé dans une impulsion d'énergie qui vise sans l'ombre d'une hésitation la tête de son adversaire. Son talon frappe avec force le casque de l'adversaire dans un son mat -clac. Noahki retombe sur ses pieds puis se redresse, déjà prêt pour la suite.
Il ne sait pourquoi c'est ce souvenir qui lui remonte en tête alors qu'il pose une main sur l'épaule de Cammy, dans l'image simultanée où son adversaire percuté chancelle, titube, équilibre suffisamment rompu pour annoncer la fin du match. Le japonais sent encore le Ki affluer dans ses veines et il souffle. Souriant.
Il voudrait dire à Cammy qu'elle ne sait pas ce qu'elle rate avec un brin d'humour mais préfère finalement le silence.
- Tu ne viendras donc jamais me voir.
Ce soir, il ne finirait pas transpirant sur le sol du dojo après avoir repoussé son esprit dans ses derniers retranchements. Ce soir, c'est dans le lit de Cassandra Glamour qu'il se vautrerait, après avoir tenu des verres et encore des verres jusqu'à pas d'heure.
-J'ai compris !
Un sourire.
Un bruit de pas imperceptible au seuil du café, ils ne sont plus seuls mais suffisamment pour que la lueur que Noahki envoie à Cammy interroge Valentine. Si l'étudiant avait su, il se serait battu avec plus d'ardeur pour détourner la rouquine de ce type là. Si il avait su qui était son adversaire, il aurait demandé ce que Valentine avait de plus que lui. Maigre et filiforme, il ne paraissait même pas capable de pouvoir protéger un autre que son propre squelette. Plus vieux -donc forcément moins drôle et par dessus tout, un ancien personnel de l'école. Est ce que c'est juste parce qu'il avait eu la patience d'écouter ses problèmes? Ou alors parce qu'il était plus vieux que lui. Sans avoir l'intuition de se poser ces questions, Noahki se force à détourner son regard de l'australienne avant de sortir du café sans remarquer Valentine.
-A plus!
Pas de si tu changes d'avis viens me voir, pas de ça Noahki, Ok? Pas de je serai là si tu as besoin, t'es pas ce genre de mec là. Pas de je vaux plus que ton psychologue non plus. Noahki, tu peux le faire. Pensées insidieuses, pensées refoulées, Noahki refuse de regarder en arrière et disparaît pour de bon de l'univers de Cammy; étrange devient alors l'atmosphère qui flotte sur cet ère du temps. Sans rien dire ni se poser de question, Valentine est ressorti avec un instant de décalage, attendre Cammy à la sortie du musée. Il s'était dit qu'il viendrait la chercher, pas qu'il mettrait le nez dans ses affaires. Mais la photographie de dos qu'il vient d'avoir de la jeune femme lui remémore le roux de ses cheveux, ses épaules frêles et le flot d'émotions qu'il imagine mélancolique sur son visage reste un moment perchée au dessus de ses pensées. Il a cette envie inexplicable de retourner à sa rencontre mais reste indubitablement sur ses positions.
La patience, c'était la seule arme que Saigara ne possédait pas. Et l'empathie, c'était la maladie dont souffrait le psychologue.
-
Regrettant une cigarette pour accompagner le temps passif d'un nuage toxique, Valentine s'est appuyé sur la rambarde longeant l'escalier.
Psychê
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Sujet: Re: Outre-Monde Ven 15 Mai - 18:14
Spoiler:
j'ai relu notre dernier Noahki/Cammy au musée. J'ai remarqué que j'étais complètement à côté de la plaque dans l'interprétation de ton premier post. J'avais pas compris qu'il lui laissait le message en même temps qu'il la croisait -____- *Honte* u_u
Elle a bien subi des déboires. A l'origine, elle vient d'un peu partout, d'un peu nulle part. Est passée entre de nombreuses mains ; certaines respectueuses, d'autres un peu moins. Et pourtant, elle a été choisie pour le bien-être de la planète. Apparue sous différentes formes, elle se montre parfois un peu dure, mais est tout à fait capable de se plier à la volonté de quiconque a besoin d'elle. Malheureusement, une fois passée entre d'autres mains même bénéfiques, elle se fond dans le décor. Elle devient inintéressante, plate. Elle a été nouée, ballotée, jetée à terre. Piètrement ramassée, négligemment reposée, ignorée encore. Oubliée. Pourtant, elle est toujours aussi jolie. Elle devait être là pour la bonne cause, mais on lui tourne le dos. Lorsqu'enfin, on se rend enfin compte de sa présence, il est trop tard.
Ce n'est qu'une boîte à pâtisserie en carton recyclé, finement décorée par une rouquine qui a le sens du détail. Les Lemmingtons ne pouvaient se retrouver dans meilleur contenant. Aussi, lorsqu'enfin Cammy repose ses yeux dessus, Noahki Saigara est bien loin déjà. Le temps qui s'est écoulé depuis son départ est indéterminé.
◄◄ REWIND TO FAST-FORWARD ►►
Il était drôle, insouciant, immature. Définitivement pas du même monde. Il savait rire, la faire sourire parfois. Mais tellement énervant. La jeune femme n'aurait jamais pu suivre son rythme, quand bien même elle l'aurait voulu. Finalement, elle ne saura jamais s'il avait été sérieux avec elle, lorsqu'il disait qu'elle lui plaisait. Cammy Logan avait toujours eu cette attitude stoïque qui faisait défaut à ce crétin de Saigara, comme elle se complaisait à le surnommer. Et ce, quelles que soient les circonstances. Lui annoncer, à l'issue de tout , que la place qu'il convoitait était prise, n'était pas agréable. Tout d'abord, parce qu'elle révélait pour la première fois à haute voix cet état de fait. Ca sonnait faux. Ce n'était pas quelque chose à dire de façon aussi légère, c'était indicible. Elle se mettait dans un moule, au milieu d'une catégorie de personnes qui ne lui ressemblaient en aucun cas. Ce qu'elle vivait dans son intimité ne pouvait être comparé. Pour toute la complexité qu'elle-même représente, Noahki Saigara ne pouvait se tenir à ses côtés. Et inversement, pour toute la simplicité qu'il était, elle n'aurait jamais pu le comprendre. Etait-ce la raison pour laquelle le laisser partir était si douloureux ?
Le thé avait refroidi, le musée allait bientôt fermer ses portes. Cammy se tenait toujours à la cafétéria de l'établissement culturel. Elle avait la tête au milieu de ses bras croisés, posés sur la petite table. La monnaie qu'elle avait posé à coté de la note avait été ramassée depuis un moment. L'entrevue n'avait pas duré longtemps. L'australienne en était venu à la conclusion que le jeune homme n'avait jamais rien voulu d'autre de sa part. Elle avait refusé ses avances, et pourtant, c'était lui qui lui avait brisé le coeur. Pourtant... "Tu ne viendras jamais me voir". Cammy avait presque pu palper l'émotion de son ancien élève. Elle flottait dans l'air, tel un nuage chargé de pluie, prêt à se déverser sur elle avec le fracas du tonnerre. Mais elle s'est refusée d'en tenir compte pour ne pas en souffrir davantage.
Et puis...elle a relevé les paupières. Les baisser lui avait permis de ne pas laisser sa mélancolie s'échapper à l'état liquide. Pourtant, en posant son regard son la boîte de petits gateaux qu'elle avait préparé pour Saigara, elle ne parvient pas à la retenir plus longtemps. C'était un petit présent amical, et il est parti sans laisser le temps à la jeune femme de le lui offrir.
La communication s'effectue de façon diverses autant qu'originales. Ou pas. Par des activités communes comme le sport, la danse, les loisirs créatifs ; de manière virtuelle grâce à Internet et ses innombrables supports. Ecrits, vidéos, musique. Cammy a choisi la cuisine et le jardinage. Ne pas prêter attention à ce qu'elle offre est considéré comme un refus de communiquer. Tout comme refuser de partager son numéro de téléphone, ou autres coordonnées type skype et autres réseaux sociaux qu'elle n'utilisera jamais, mais que tout individu lambda moderne aura tenté une fois au moins dans sa vie. A l'issue, ne reste alors que l'amertume, ainsi la désagréable sensation d'être aussi inutile qu'une boîte en carton recyclé malgré les bonnes intentions qu'elle peut porter à son entourage. Toutefois, il suffit d'une seule présence, un seul être pour vous arracher un sourire. Sécher une larme.
Le coeur lourd, Cammy finit par se lever enfin et attrape la boîte ignorée. Elle emprunte le même chemin que Noahki Saigara plus tôt, et cherche sa présence depuis le haut des marches. Evidemment, il a disparu. La rue presque déserte, elle descend quelques marches avec une nonchalance qui ne lui ressemble pas. Elle s'arrête, et se retourne. Rien que le fait qu'il soit là lui met du baume au coeur. Cela fait un moment désormais qu'elle a épinglé ce post-it blanc indiquant de sa douce calligraphie "je suis au musée" sur la porte de son studio. L'intérieur de l'immeuble est-il encore embaumé par l'odeur de cuisson des Lemmingtons ? Cammy remonte les marches jusqu'à lui. Là, maintenant, elle aurait bien envie de se blottir contre lui, mais ça serait très mal vu. L'étiquette japonaise est une des raison qui lui a fait aimer le Pays du Soleil Levant. Elle tend une main, et, comme à une époque, la pose délicatement sur le bras de l'homme, s'assurant ainsi de sa présence. Elle l'a peut-être choisi pour les raisons énumérées plus tôt. Il la protège, à sa façon. Il la protège de la solitude, de l'ignorance, de l'abandon. Il arrive à la surprendre, elle qui ne s'étonne plus de rien. Il lui fait perdre la notion du Temps, et redécouvrir l'usage des sens dans d'autres conditions que celles qu'elle employait au quotidien. Parce qu'il n'est pas matérialiste quand elle accumule les petits objets de décoration. Parce qu'il est la glace carressant le brûlant de ses cheveux. Parce qu'il est le calme quand elle déploie la tempête de son hypersensibilité. Parce qu'il est l'analyse et elle, le sujet.
Elle ôte sa main et penche la tête sur le côté.
- Dîne avec moi.
Elle détourne son regard, embarassée. La peine causée par le départ de Saigara est encore présente.
- Je n'ai pas envie d'être toute seule, Yui. Pas ce soir.
Il lui faudra faire des courses. La supérette en bas de l'immeuble est encore ouverte à cette heure.
"Ses bras arrondis appelaient quelqu'un, qui s'enfuyait toujours. Elle le poursuivait, plus légère qu'un papillon, comme une Psyché curieuse, comme une âme vagabonde, et semblait prête à s'envoler." Gustave Flaubert, 1877.
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Sujet: Re: Outre-Monde Lun 18 Mai - 22:00
La brise se lève, lui ramenant une silhouette et l’ardent de ses cheveux dans une grisaille qui ne lui sied pas. Levant les yeux sur la rouquine, Yui se demande un instant si elle va le snobber en continuant son chemin, murée dans une expression tourmentée. Mais il la voit finalement s'arrêter et s’assurer une fois de plus de sa présence, dans un contact infime ramenant l'illusion à la réalité; parce qu'il y a un moment que Yui a compris qu'elle ne pouvait elle-même se croire. Tandis que les mots n’ont nul besoin d’être, Cammy lui ordonne de diner avec elle, à travers cet ordre qu’elle demande, cet ordre qu’elle supplie, cet ordre qu’elle pleure sans larmes. Surpris, Valentine cherche quelque chose au-delà des non-dits que fouille son regard perché entre le blanc et le noir, un regard que l’australienne lui refuse dans un détournement qui ne suffit pas à lui voiler cette peine qu’elle chancelle à porter toute seule. Voir s'assombrir le désordre naturel des couleurs au profit d’une teinture nettement plus terne, poignarde Valentine, là, quelque part dans l’estomac. Douloureux - Premier revers de la tornade. Il rattrape la main de Logan qui s’en va, la ramène contre lui, emprisonne ce papillon désorienté dans ses bras. Sa main glisse sous de longs cheveux de braise valsés par le vent et passe derrière la nuque de la jeune femme, la maintenant fermement contre lui. Il n’a pas besoin de savoir ni de voir qu'elle pleure ou non pour le sentir; juste le besoin de s'empêcher de humer le parfum de ses cheveux. Alors il lève la tête, scrutant les environs au travers de ses pupilles, à la recherche d’une entité volatilisée -celle d’un étudiant à la casquette noire. Le ciel se couvre, grisant le paysage. Et grise pourrait être la couverture de la terre, il dévasterait le blanc inachevé et son noir incomplet, puis ruinerait cet argenté des serres de son âme pour le seul plaisir de revoir les pigments de ce monde.
-On y va.
L’EFFET PAPILLON
« Un simple battement d'ailes d'un papillon peut-il déclencher une tornade à l'autre bout du monde ? » Lorenz
Rue Hikari, Building Kairakô 20B, Quartier Hiryuu - La vie peine à retrouver son cours entre deux –parmi tant d’autres personnalités bouleversées. Pourtant, c’est dans un silence semi apaisé que se passent les courses, dans une accalmie qui s’installe chez Valentine comme si l’ombre dansante d’un papillon avait toujours été là, à ses côtés. Arrivé à sa porte, il a laissé les sacs au sol et a indiqué les escaliers montant du bâtiment. Juste un instant. Lorsqu’ils atteignent la passerelle –hs, qui remplace le toit que je cherchais- reliant le a du b pour former les deux bâtiments jumeaux du quartier Hiryuu, la pluie s’abat au dessus de leur tête, sur la seule membrane vitrée que forme le passage en hauteur. Ce n’est pas bien haut, mais c’est lorsqu'il est submergé que Valentine préfère les plans en hauteurs.
-Je ne sais pas qui de toi ou moi attire toute cette pluie.
Il a eu un sourire, -référence à tous leurs croisements précédents. Il ne fait plus aussi froid, mais l’air embuée s'alourdit de la température d’une saison revenante.
-Je te l’ai dis ? A chaque fois que ça pourrait aller mieux, j’aime à penser que les hauteurs peuvent faire chuter la pression.
*
C'était la première fois qu'il cherchait un point de chute sur cet arche. Le temps, rentré depuis un moment dans un concert accablant contre la paroi, était désormais le déluge de gouttes écrasées aux sonorités impartiales. Valentine s’était approché du bord embué par endroit, puis avait passé la main sur la vitre pour y voir au travers.
Il avait apprécié la sensation fraîche et aqueuse délaissée quelques secondes sur ses doigts.
-Tu connais la théorie du papillon ? Celle qui se demande si le simple battement d'ailes d'un papillon peut déclencher une tornade à l'autre bout du monde.
Devant lui, il y avait la vitre, les gouttelettes qui tentaient leur chance en vain contre sa surface anti-adhésive. Les stries que formait la chute des larmes tombées par le ciel. Des néons, des phares, des parapluies et encore une fois, la buée. Elle masquait de nouveau le reste, atténuait ce qui n'avait pas besoin d'être vu.
*
Yui se retourne vers Cammy.
-L’effet papillon, revient-il, pensif. Je me dis que son battement d’aile n’a pas besoin d’être à l’autre bout de la planète pour créer sa tornade.
C’est l’image de ce que Cammy provoque à chacun de ses papillonnements. Elle vole et ses émotions l'attaquent, il esquive son assaut mais elle se rapproche. Ensuite seulement, c'est l'ouragan: Cammy, elle est celle qui déclenche le reste sans pouvoir s’en rendre compte, elle est ce Reste au sens noble du terme, le reste quand il est le hasard, le reste quand il préfère le silence. Elle trouble son environnement dans des états d'âme qui ne lui appartiennent pas, lui donnant inlassablement l'envie de la préserver. Yui l'enveloppe de ses bras, dans la continuité de l’étreinte interrompue quelques heures auparavant par les complaintes d’un temps peu clément. Il n’aime pas la nonchalance de la rouquine, ni le détachement dont elle se revêt pour continuer à se frayer un chemin douteux à l’aveuglette. Ne plus voir l’arc en ciel de ressentis passer en fonction de ses humeurs lui donne la sensation de perdre Cammy, à défaut de pouvoir s’y empêtrer dedans. Or c’est toujours lorsqu’il a l’impression de perdre quelque chose que Valentine se voue corps et âme à sa recherche ; c’est effectivement après avoir perdu Eliane qu’il s’était tué et se tuerait encore et encore pour la récupérer. Au final, des façons de tuer il y en a plein -quand on sait que mourir n’est qu’une foutaise. Aujourd’hui, il ne parie plus sur la certitude de pouvoir retrouver un monde après qu’il ait été dévasté. C’est pire ; il parie la possibilité de ses dernières limites tout en souhaitant que le déséquilibre ne se rompe jamais. Ça revient un peu à espérer que la tornade déclenchée fasse librement battre des ailes un frêle papillon emporté par son sillon.
Il cherche puis saisit le regard de l'australienne, pose sa main sur sa joue ponctuée de tâches de rousseur, caresse du pouce son front avant de l'immobiliser sur un point.
-Mademoiselle Logan, je vais vous prescrire quelque chose mais je vous préviens, la thérapie est lourde, poursuit finalement Valentine en prenant un ton atone.
Il se détache doucement, saisit la main de la patiente pour un retour dans son studio.
-La thérapie ? Je t’interdis de souffrir.
C'est lui qui échappe à son regard, puis les escaliers les happent. Retour au bercail.
Il ne se souvient plus ce qu'ils ont empilé pendant les courses mais aviserait avec ce qui lui tomberait sous la main. La faim coupée par des hauts et des bas qu'il reçoit en rafale, il grignoterait en étudiant le phénomène papillon se dérouler devant ses yeux.
-Qu'est ce que tu voudrais manger?
Oui, la vie reprenait des fois son cours et parfois les éléments les plus banals avaient aussi leur place. Parfois.
Psychê
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Sujet: Re: Outre-Monde Sam 23 Mai - 11:53
Le contenus des sacs révèlent les habitudes alimentaires de la jeune femme. Dans la supérette, elle n'a pas dit mot, prenant à l'aveuglette les produits dont elle connaissait l'emplacement exact par coeur sans même avoir à les regarder. Toutefois, elle découvre dans ses affaires quelques articles qui n'étaient pas à leur place initiale dans le magasin. De ce fait, un concombre à remplacé une courgette, et une boîte de litchis s'est imposée en dépit du lait de coco. Elle ne soupire même pas et range le tout.
En fait, elle n'a toujours pas repris la parole depuis l'invitation lancée devant le musée. Trop de ressentis s'opposent et dansent ainsi dans les limbes du coeur de la jeune femme. La sollicitude subjective de Yui bouleverse l'univers de l'australienne. Trop, bien trop pour sa frêle personne. De l'un comme de l'autre, d'ailleurs. L'espace personnel de l'homme est un refuge confortable, et paradoxalement à l'image qu'il renvoie, intensivement chaleureux. Cammy en abuserait volontiers, mais là n'est pas sa nature et le malaise ne rechigne pas à s'installer sans lui demander son avis. Ce que préfère la demoiselle dans chaque étreinte demeure l'initiative du mirage. Elle a couru après son ombre depuis un temps indéfini, lui lançant des appel silencieux, pudiques. Elle plaçait grand espoir dans le hasard, répugnant les fausses coïncidences.
Devant la porte de son studio, Cammy s’est apprêtée, clé en main, à l’insérer dans la serrure. Des images ont dansé avec des mots au creux une cacophonie prodiguée par Mère Nature dans une serre improbable où une grande plante maigrement fleurie, caressait la surface vitrée de ses feuilles.
PETITES CAUSES grandes conséquences
Une plante utriculaire, à fleur blanche, qui attire la curiosité d’un papillon non loin de là. Les deux créatures n’ont rien en commun. Leurs éléments les opposent, l’eau et la glace contre l’air et le feu. Un tableau complet. La plante est carnivore, mais elle ne peut saisir le papillon. Ce n’est pas son type de proie. Par nature, elle tente, mais échoue. Elle se retrouve sur un terrain qui n’est pas le sien, tout comme le lépidoptère qui préfère les fleurs sauvages et indisciplinées pour mieux exister. Un battement d’ailes, une torsion du temps et voilà le chamboulement. Ainsi, l’imago est finalement capturé dans les racines aquatiques du prédateur incongru et c’est une nouvelle page qui se tourne, création d’un monde nouveau, mots déversés comme autant de larmes qui ne viendront peut-être jamais.
Un silence, une pluie battante, Cammy lève la tête. Le déluge est si proche, pourtant une arche est là. La protège-t-elle vraiment ? Dans ses souvenirs de voyage, lors de sa préadolescence, ses parents l’emmenaient camper. Les pluies étaient rares, mais lorsqu’elles se présentaient, la tente dans laquelle ils étaient abrités fascinait l’adolescente d’alors. Juste quelques millimètres d’un tissu imperméable les épargnaient du ciel qui leur tombait sur la tête. Le fracas n’était pas effrayant, l’intérieur de l’abri résonnait presque. Ses premières bulles. Un petit bonheur déformant l’espace, une contradiction. Mais ce qui est enfermé ne peut ressortir sans risque aussi Cammy refoule ces larmes qu’elle aurait pu masquer si elle avait stoppé sa course. Si elle avait donné ses petites patisseries qui ne lui sont plus d’aucune utilité, à ce mendiant, dans la rue. Elle ne l’a pas fait car elle n’en a pas eu la force, car elle avance en ligne droite, car elle ne veut plus se détourner du chemin qu’elle a tracé en invitant Yui Valentine. Trop fatiguant.
Déclaration touchante, autant que troublante. La première réaction de Cammy : le saisissement. Ce n’est pas le sens qui perturbe l’australienne à l’entente de ces mots, mais ce qui se cache derrière. Parce qu’il n’est pas agréable de souffrir, parce que la douleur est une demie-mort. Des sentiments animent le tout, comme ces étreintes chaleureuses que Yui lui a offert à de nombreuses reprises. Cammy s’est souvent demandé ce qu’elle lui inspirait, lui qui se montre tellement distant dans ses expressions, ses agissements. Professionnels, personnels ? Depuis leur retour de Paris, les choses ont évolué impulsivement, et ont stagné aussitôt. Ils se voient plus souvent, puisqu'ils habitent dans le même immeuble. Et depuis le départ du troisième locataire, c'est comme si le bâtiment leur appartenait. Pourtant, des étages les séparent encore, des murs, des marches, des portes. Les sols deviennent des plafonds et réciproquement. Une odeur de cuisson envahissant l'atmosphère, un plateau repas déposé devant la porte du numéro 1, une silhouette qui disparait. Cammy a peur de l'évolution, d'avancer dans un terrain qui lui est inconnu et qu'elle a toujours fui. Elle désire toujours attirer l'attention d'un seul être, comme ce jour où elle a ouvert les rideaux et la fenêtre de son studio. Elle veut une place, même petite et souffrir qu'elle ne soit pas plus grande.
Les clés entrent fébrilement dans la serrure. La porte est ouverte. Cammy retire ses souliers.
Souffrir est un risque à prendre lorsqu'on s'attache, lorsqu'on s'investit. Lorsqu'on tente de faire connaissance avec le bonheur. The greatest thing you'll ever learn is just to love and be loved in return.
Yui Valentine n'a pas du réaliser la portée de ses mots. Des mots qu'on ne peut dire à une femme atteint du plus grand mal qu'on puisse souffrir. En lui interdisant de souffrir, il interdit simplement à Cammy d'aimer. Elle sourit dans la douleur, et c'est sans réfléchir qu'elle relève le couvercle de la poubelle pour y lâcher la boîte de pâtisseries. Elle expire le poids libéré, et inspire une nouvelle bouffée d'oxygène. Elle réalise enfin que c'est la première fois qu'elle voit Yui fouler le sol de son intérieur. De son intimité. Il envoie une phrase anodine, simple et les sacs de courses se retrouvent sur le plan de travail de sa kitchenette. Elle les range comme si elle n'avait pas l'intention de les utiliser. C'est un réflexe, elle ne supporte pas le désordre. Cependant, une phrase résonne dans la tête de l'australienne, de plus en plus fort, jusqu'à en devenir insuportable. Alors elle stoppe tout.
- Non.
Un mot sorti de nulle part. Cammy n'est pas d'accord, les choses doit être claires. Elle se redresse, se rapproche de Yui, elle est en colère.
- Tu ne peux pas dire ça, Yui. La souffrance fait partie de la vie, elle nous fait avancer. Elle démontre qu'on existe, qu'on est doté de sensibilité, qu'on est capable... d'aimer. Je préfère de loin subir les pires tourments, que de ne plus témoigner la moindre affection quand bien même c'est invivable. Je ne fuirai pas, Yui. Je ne deviendrai pas transparente.
Elle englobe le visage froid de l'homme entre ses mains. A chaque mot qu'elle prononce, elle laisse son regard reprendre vie et assaillir chaque trait d'un mirage qu'elle désire voir réel. Ses doigts parcourent chaque ligne, chaque courbe, s'emmêlent dans les mèches aux tons artificiels. Leur pigment n'est pas naturel. Yui a fait le choix de se démunir des nuances chromatiques. Elle ne veut pas en faire autant. Elle veut être capable de créer assez de couleurs pour deux.
Cammy étire un petit sourire tandis que Noahki Saigara vient rejoindre un tiroir de souvenirs remplis d'autres larmes, d'autres arches. Une véritable boite de Pandore. Elle le ferme et le verrouille en un battement d'ailes.
- Cette thérapie ne me convient pas,je réclame le remboursement de la consultation, Docteur Valentine.
Spoiler:
J'ai répondu ce matin un peu rapidement... :/ S'il y a des incohérences... Heu, nan rien. *out*
Valentine
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Sujet: Re: Outre-Monde Dim 24 Mai - 13:11
Derrière les Chimères
Non.
Valentine est le visiteur d’un musée qui poursuit son observation silencieuse du quotidien de Cammy Logan. Il est cette fois dans son périmètre, là où elle n’a plus de secret entre ces quatre parois à quelques distances infimes de chez lui, là, ici, pendant tout ce temps. La savoir aussi proche à son insu parasite quelque part ses pensées, réflexion étouffée par la découverte d’une ambiance rétro et claire, un judicieux mélange donnant une saveur usée mais neuve, le tout dans une ambiance familière. Et pendant que la jeune femme s’affaire dans le rangement, Yui se laisse lentement parcourir la pièce, longeant les murs, s’arrêtant sur les meubles et décoration qui ponctuent son examen. Puis son attention se braque de nouveau vers l’australienne qui daigne enfin lever le son de sa voix dans une tonalité tendue, brouillant la progression de son étude.
Il manque ses paroles. Sinon il lui aurait dit que quoiqu’il fasse, la voir souffrir lui est une sensation de plus en plus insupportable. Au lieu de ça, il la fixe longuement, tandis qu’elle cerne son visage.
-Tu vois, ma thérapie marche.
C’est que Cammy est belle en colère. Elle l’est, dans son éventail d’émotions à travers ses yeux noisette ; lorsqu’elle sourit, lorsqu’elle dévoile toujours un peu plus de sa personnalité nuancée. Ou lorsqu’elle a du répondant quand il ne s’y attend pas.
-J’ai dit que ce serait une thérapie longue, s’amuse Valentine en saisissant les mains de Cammy pour les emprisonner au dessus de sa tête. Il se redresse sur toute sa hauteur et l’oblige à reculer contre le mur sans la lâcher des yeux. Une lueur enjouée éclaire ses traits et dans un regard désarmant, il pose un index sur les lèvres de la jeune femme.
-Un peu de patience papillon, pas de conclusion hâtive.
Son index se met à dériver le long du menton de la demoiselle puis caresse doucement la ligne de sa gorge pour ne s’arrêter qu’à peine plus bas que les clavicules, à mi chemin entre la courbe des os et celles plus basses, plus pleines et tendres. C’est sans doute la première fois que Yui ne ressent pas le doute tel qu’il envahit Cammy dans son allure de tous les jours –du moins, en sa présence. Ce ne sont peut être que quelques secondes éphémères mais en le surprennent, elle lui ouvre la brèche pour une marge de manœuvre. Profiter de la fragilité n’a pas grand intérêt et la détruire dans son instant de faiblesse n’a aucun mérite à ses yeux. Après tout, ça résume bien sa profession, au-delà de la compréhension. Le jeu d’échec qu’il avait engagé avec Mitsumasa n’était qu’un exemple parmi tant d’autres : observer, démanteler, comprendre, recomposer, mettre en échec. Et mat… bien qu’ils n’en étaient jamais arrivés à ce point. Cibler la faiblesse de ses patients pour mieux l’anéantir, dans les mille et une façons d’y parvenir. Yui aime ce jeu sans fin, clamer solution quand on déclare problème ; il aime les voies non clairement définies, les sacs de nœud emmêlés où il n’est jamais question de tristesse mais de frustration jusqu’à trouver la dernière boucle en désordre qui une fois défaite, n’a plus d’intérêt. C’est le cas d’Eliane, cette sœur qui hante encore ses réflexion, une situation dont l’issue ne lui est toujours pas dévoilée alors que des neurones, lui seul sait combien il a dû en brûler à force d’y réfléchir. Dans cette course poursuite des fondements, la tristesse n’est qu’une façade interprétée, confondue à tord et à travers avec cet état douloureux et latent d’un objectif inassouvi. Alors il chercherait et chercherait encore parce que le temps n’est pas une barrière.
- …Il y a mille façons d’oublier de souffrir.
Dans le fond, Yui aime encore à penser qu’il pourrait préserver Cammy, ce bout de femme qu’il a toujours l’impression qu’il va briser, si ce n’est l’écorcher dans un monde un peu trop éloigné que celui où elle baigne. Elle, qu’il s’interdit de désirer parce que ses côtés de petite fille le dérange puis le déconcerte au point de ne plus pouvoir mettre de terme à leur relation diffuse. Dans cet amalgame des âges et dans cette pseudo-éducation interdisant une relation de personnel à élève, elle trouble ses perceptions, le laissant l’observer pour tenter d’y extirper un semblant de raison, cette raison qu’il ne trouve toujours pas et que Cammy brouille toujours plus, lui donnant envie de fissurer la glace entre eux. Car dans une autre situation, il aurait déjà interrompu cet équilibre pour renverser cette femme dans son lit, raillant l’éloquence, les bonnes mœurs et les chimères romantiques pour le seul plaisir fugace des corps. C’était peut être là, le défaut d’être un homme. Ou peut être, le défaut de n’être que lui-même, Yui Valentine.
Déjà le dos de son doigt remonte le cou de la rouquine et cajole la finition de son visage.
-Cela dit Mademoiselle Logan, dans le cas où le traitement ne vous conviendrait vraiment pas, étant fauché, je rembourse en nature. Entre autres.
Premier test. Il ne cille pas.
Il relâche la pression de sa main sur celles de la rouquine, les libérant pour préférer s’appuyer contre le mur.
-Alors dites-moi plutôt quel sera votre prix.
Provocation.
Valentine ne joue pas ; il ne fait qu’attendre le moment propice. Dans cette atmosphère soudainement alourdie par autre chose que les futilités sentimentales, une question taraude son esprit, une question qui n’amène à nulle réponse mais qui pourtant ne disparait pas. Cammy, qui est-elle pour à ses yeux. Une femme d’un soir, une aventure insipide ou tout au pire une patiente qui l’aura fasciné quelques jours. Quelque part, Logan l’intrigue mais il ne saurait dire pourquoi. Alors il l'observe, une fois de plus, dans cette contemplation où il perd son propre reflet dans les pupilles qui le regardent.
Psychê
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Sujet: Re: Outre-Monde Lun 25 Mai - 12:58
Et elles le regardent longuement, perdues quelque part entre la contemplation, l'effarement et l'attraction déclenchées par le revirement de comportement du psy. C'est un désordre inopiné qui règne désormais en la personne de Cammy, provoquée par la découverte d'une facette nouvelle de l'homme ; un an plus tôt, ça lui aurait fortement déplu. Le fait d'être chez elle, d'en savoir désormais un peu plus sur l'homme quant à sa vie, son intérieur, ses habitudes, déclenchent un petit quelque chose de déconcertant que la chaste demoiselle a enfoui depuis qu'elle est en âge de comprendre. Quelque chose qui se refuse à suivre l'idéalisme platonique ancré définitivement en elle depuis 2010, lorsque les choses ont tourné en ce jour fatidique. Valentine's day. Ca commence par un Valentine D et se finira sans qu'elle ne le sache à ce moment, par un Valentine Y. Une ironie qui ne lui saute pas au yeux.
Sa respiration qui s'était emballée de façon manifeste suite à la haute surprise, reprend une allure correcte. Cammy ne pipe mot, prisonnière entre le mur et Yui. Il l'a kidnappée loin de ses habitudes abstraites, de la flore, Paris et tout le reste. D'elle-même ? Est-ce que cela aussi fait partie de la "thérapie" ? Définitivement, ça ne lui convient pas. Parce que sur quelques centimètres carrés de parquet cérusé, faussement vieilli, non loin de ce bocal vintage rempli de tulipes parmes, de roses aqua et de pivoines blanches largement ouvertes, et loin de son monde intérieur pastel... C'est une variante du Syndrome de Stockholm la frappe de plein fouet, et ça l'agace.
IT'S A LITTLE BIT FUNNY this feeling inside
Une à deux minutes plutôt, Cammy peinait à réagir. La capture de ses mains par celle de Yui lui avait fait perdre le Nord, ainsi que tous les autres points cardinaux. Juste à ce moment, c'était une dimension nouvelle qui s'ouvrait, une perspective dont elle ignorait tout. L’érudite se retrouvait en un terrain totalement inconnu. Aucun élément ne lui était familier - était-ce seulement des éléments d'ailleurs... L'atmosphère était lourde, l'air se faisait rare et l'homme s'était alors révélé puissance supérieure dans toute sa splendeur monochrome comme si le terrain foulé était sien depuis la nuit des Temps. Avec ce contact qui avait empêché la rouquine de s'exprimer par la simple présence de l'index de Valentine sur ses lèvres, elle n'avait pu que faire silence, et observer le voile étrange qui semblait s'extirper du visage de l'homme. A moins que ce ne fût l'inverse. En fin de compte, quelle est donc la vraie face de Yui Valentine ? Toujours agacée, elle sent encore le contact de ce doigt glisser sur sa peau. C’est à cet instant précis que son univers s’est rompu ; les papillons ne se sont pas envolés au gré du vent. Ils ont simplement volé. Volé en éclats comme autant d'étoiles parsemant la voûte céleste, scintillants sur l'écliptique solaire. Il ne reste désormais plus qu'eux deux, Cammy Logan et Yui Valentine, dans ce studio de 40m² et plus particulièrement dans cet espace intime où une lueur inconnue est apparue dans l'abîme oculaire de cet Eros dévoilé.
Tel qu'il est là, plus puissant qu'il ne l'a jamais été en sa présence, il serait tellement aisé à Yui Valentine de manipuler celle que Cammy peut considérer comme un cobaye, à savoir elle-même. L'homme a prétendu qu'il y avait mille façons d'oublier de souffrir. Mais il est tellement plus facile d'avoir recours à mille autres stratagèmes dans le but de faire souffrir. Juste pour voir jusqu'où un esprit meurtri peut aller avant de céder, décéder, dans un bruit lugubre rappelant celui des os qui craquent avant de finir broyés, avec ou sans effort à l'instar de cet enfant qui arrache les fragiles ailes de n'importe quel insecte. Colorées, ou pas. Cammy s’est dit qu’elle connaissait un peu plus Yui, et ça lui convenait. Dès le départ, elle lui a fait une confiance aveugle, perdue à l’époque dans un labyrinthe d’évènements néfastes, et elle avait délibérément fait de lui son fil d’Ariane, n’ayant personne d’autre de suffisamment “neutre” pour entrer dans la confidence. Désormais, confidence pour confidence, la bobine s’entremêle en un autre dédale de fibres dans lequel elle s’égare. Le contact intime est devenu caresse sur le visage de l'australienne. Elle a clos les paupières pour mieux en savourer la tendresse et lorsque Yui a repris la parole, Cammy n'en a pas saisi le sens caché. "La nature" a un sens différent pour la jeune femme. Pour mieux fuir le comportement étrange de Yui, elle s'est réfugié dans la recherche d'un financement autre que monétaire. En nature ? Le romantisme exacerbée sillone les pensées de la douce, lui envoyant ainsi la vision d'un pique-nique durant le Hanami qui approche. Les mains de la rouquine sont libérées, mais elle n'a pas changé de position pour autant et ses mains croisées ont glissé le long du mur derrière elle jusqu'à atteindre le dessus de sa tête.
Elle a réouvert les paupières, faisant éclater la stupidité de cette dernière bulle créée. Elle sait que c'est sa manière de fuir. Et là, c'est la rudesse des propos de Yui qu'elle a refusé d'assimiler. Mais Cammy Logan n'est pas stupide. Elle est intelligente, brillante même et elle connait le sens de l'expression "paiement en nature". Elle ne veut pas être déçue et pourtant elle est bien obligée de reconnaitre que pour la première fois depuis qu'ils se connaissent, Valentine l'a déçue. Les propos sont déplacés, à la limite du vulgaire pour une jeune fille à la virginité tardive. Ses mains quittent alors le mur pour glisser sur les épaules de l'homme et remonter lascivement de chaque côté de son cou jusqu'à prendre son visage en coupe. Elle repousse avec difficulté l'attraction qu'elle subit depuis que Yui a entamé son petit jeu de domination mais se laisse toutefois à approcher ses lèvres de celle de son vis à vis, sans pour autant ne serait-ce que les effleurer. Elle est horriblement tentée d'aller au delà de ces quelques millimètres qui les séparent. Mais Cammy Logan garde encore en elle un soupçon de témérité et d'arrogance qu'elle pensait ne plus avoir à exhiber.
- Je pense que je vais faire preuve de pitié cette fois, et vous en faire grâce.
Ces mains descendent alors brusquement sur le torse de l'homme, et d'une poussée subite des bras, elle le conduit hors de son espace personnel. Tout en se retirant dans sa kitchenette d'un pas vif traduisant son exaspération, elle exprime sa déception de façon sardonique.
- A moins que vous ne vous montriez plus compétent, Docteur.
Elle noie son émoi en troquant sa veste contre un tablier, puis en sortant quelques ustensiles de cuisine, des légumes et autres condiments. Une planche à découper, un couteau à la lame céramique et la voilà qui s'emploit à émincer par des techniques professionnelles, poivrons, oignons, carottes et... et bien pas de courgette, puisque que c'est un concombre qui l'a remplacée.
- Wok de légumes et nouilles sautées au tofu fumé, ça te va ?
Elle n'ose le regarder. De l'eau commence à chauffer dans un grand fait-tout, le wok se laisse envahir par un soupcon de mélange d'huile de sésame et d'arachide, et un petit réfrigérateur libère de ses entrailles un pavé végétal à base de soja. Cammy cherche ce lait de coco qu'elle n'a jamais acheté. En revanche, elle se demande d'où vient la boite de litchis.
L'ambiance est étrange, c'est un malaise qu'elle n'a jamais ressenti avec Yui et pourtant, qui lui est familier. Scellé dans un tiroir, il tente de se sauver par le trou de la serrure.
Valentine
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Sujet: Re: Outre-Monde Lun 25 Mai - 23:25
Elle aurait pu lui répondre n’importe quoi.
Absolument n’importe quoi –d’un objet du plus futile au service le plus puéril. Au lieu de ça, elle le prend au mot une fois de plus au point qu’il trouble son jeu, -d’où elle s’échappe lui laissant une fois de plus, apercevoir l’étendue de son innocence. Est-ce qu’elle définit ainsi la pitié ? De la clémence, du mépris, de la miséricorde ou un refus de se laisser à la bassesse ? Valentine ne peut s’empêcher de rire. Quelque soit le sens que le monde y met, il pourrait presque dire que c’est lui qui en fait preuve tous les jours dans le cadre de son métier. Mais il ne sait ce que signifie cette notion pour lui accorder suffisamment d’importance. Il prend un siège non loin de Cammy et l’observe dans la découpe nette et précise de ce qui passe sous ses mains, le faisant réprimer un sourire amusé ; il ne pensait pas la déstabiliser à ce point.
-Vous avez raison, pose-t-il d’un ton calme sans perdre cette mine amusée, ce docteur est totalement incompétent, peut être devrait-il vous prescrire un autre confrère. Il faudrait être fou pour lui faire confiance…
C’est d’ailleurs pour son incompétence qu’il va se rattraper sur son salon de thé. Et il a déjà son premier employé de signé, les affaires vont vite, se retient-il de rajouter avec un sourire -un peu trop grandiloquent. Un jour, il l’y inviterait. Lorsque les locaux commenceraient à prendre vie –mais c’était déjà une autre histoire.
-Et il vous prierait de ne pas l’appeler docteur parce qu’il vous refuse en tant que patiente.
La vérité, la seule, parce qu’il y a trop d’anguilles sous roche pour laisser à Cammy le seul statut de patiente. La vérité parce que Valentine doute pouvoir la concaténer dans ce rôle là alors qu’elle attente autant à son équilibre au gré de ses émotions. Encore agitée intérieurement, la rouquine est penchée sur son plan de travail, lui interdisant de s’immiscer dans cet espace restreint de pseudo concentration, fuyant comme si elle le pouvait réellement dans ces peu de mètres carrés. Il soupire, se lève, ouvre des tiroirs à la recherche de couverts.
-C’est parfait.
Il pose deux verres sur la table, revient aux assiettes puis aux couverts. L’eau bout, seul bruit couvrant un instant leur vide. Un vide où Yui se serait éclipsé pour retourner à son propre silence ; au final il ne connait pas grand-chose de Cammy Logan derrière son éventail de couleurs. Il aurait pu se rassoir et attendre dans son rôle de parfait psychologue qu’elle revienne d’elle-même … mais son trouble a quelque chose d’attendrissant et Valentine finit par se placer derrière elle pour lui retirer tout ustensile ayant un potentiel attentatoire à leur vie –qui au final ne durera pas si longtemps en fin de compte.
-Ferme les yeux et souffle Cammy.
Il pose la tête au dessus de celle de la rouquine.
-Je ne sais pas à quoi tu penses et je t’assure qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer.
A elle qui pense que le monde lui veut du mal. A elle dont l’imagination a fait s’envoler tous les papillons de glace tout à l’heure. A elle, inscrite dans la fragilité d'un dernier être ailé qui reste encore dans son esprit.
-Au pire, viens me voir à chaque fois que tu doutes.
L’eau frémit dans son ronronnement qui laisse encore un ultime prétexte à Cammy de s’échapper sur sa cuisine. Peu lui importe, au final.
-D'ailleurs, à quoi tu penses?
Mirages
Il est de nouveau face à elle, la table pour seule frontière abstraite autour d'un repas qu'elle aura demandé ne pas avoir seule, aujourd'hui. Valentine aurait sans doute sauté cet évènement pour préférer oublier ses pensées dans l'aménagement d'une future enseigne de thé, un autre point de chute de ses réflexions qui le consument, de son introspection permanente désormais saturée des éléments qui le relient à Cammy Logan.
Il laisse la fourchette de côté, assailli par une nouvelle pseudo préoccupation.
-Cette histoire de prix, fait-il en la fixant. Dis toi que ce pourrait être quelque chose dont tu choisiras la nature utilisable dans le temps. Si ça t'aide à voir les choses autrement.
Un service, un objet? Un vœux? Il ne le sait pas. Et est ce qu'il serait au moins utilisable après la mort fictive de leur corps.
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Sujet: Re: Outre-Monde Dim 14 Juin - 10:52
S’il y a de l’or Des êtres chers Ou des trésors
Le couteau cesse sa frénésie sur la planche en bois, le poivron est à moitié achevé. L'ustensile, qui n'a en aucun cas l'image d'une arme blanche, s'échappe contre la volonté de la cuisinière. Les yeux de cette dernière passent d'un émincé à l'autre sans toutefois les voir. Tout mouvement arrêté, il ne flotte plus dans l'air que le bouillon de l'eau, à l'instar de l'hémoglobine qui monte à la folle cadence d'une valse à mille temps jusqu'à la piste de danse jonchée sur les pommettes de Cammy. L'intimidation lui ferait presque oublier ces petites tâches de rousseur relativement discrètes, phénomène propre aux roux. L'Australienne a les nerfs à fleur de peau. Les ascenseurs émotionnels trop fréquents depuis quelques temps, fatiguent cette raison qui lui échappe pour chaque rapprochement de cet homme qui ne cesse de l'impressionner. Le choc entre ses masses d'air froid et celles, suffocantes, de l'ancienne étudiante entrent en collision, laissant ainsi une tornade se créer par le simple contact des mains de Yui qui brisent avec tant de facilité la barrière épaisse de l'espace personnel de Cammy. La bulle, la carapace, la frontière, le mur, l'armure, toutes ces ressemblances, vraisemblances sont bafouées presque d'un claquement de doigts. Yui Valentine a ce pouvoir sur la petite et fragile Logan. Il aurait pu la renforcer, comme Dorian Fatalys avait su le faire quelques années plus tôt. Saigara lui même avait contribué au renforcement psychologique de la demoiselle. Et puis, l'un avait été trop accaparé par sa propre actualité et l'autre s'en était tout simplement allé.
C’est à mains nues Qu’il faut chercher
A quoi pense Cammy ? Pense-t-elle seulement... Au final, elle n'aura peut-être pas cherché à s'attacher à Valentine. A une époque, pas si éloignée, elle l'admirait, de loin. Elle n'aurait jamais fait le premier pas vers lui. Comme toujours. Comme maintenant. "Aller vers lui en cas de doute" ... C'est impensable. Ce n'est que dans des moments infimes où elle ne réfléchit pas qu'elle peut se le permettre. Dans une autre vie, elle souhaiterait avoir cette aisance à aller vers les autres, même après avoir pesé le pour et le contre, à faire confiance, à communiquer à coeur ouvert avec n'importe qui sans crainte du jugement - un monde qu’elle aurait choisi, et qui serait semblable à ceux de ses rêves, de son imagination trop débordante diront certains. Un monde en paix, tout simplement.
Mais pour cela, il lui faudra creuser.
CAR C’EST LÀ C’est sous la terre
Elle soupire et se laisse aller en arrière, contre le torse de l'immatérialité incarnée. Ses iris se détache de la fausse contemplation des légumes tandis que ses mains vont à la rencontre de celles de Yui. Elle ne veut penser à rien, mais ne peut empêcher de laisser fuser un constat intérieure : ses doigts sont maigres, et froids comme d'habitude.
- À ce docteur qui ne veut pas de moi...
Une fine nuée de vapeur se déploie, le niveau de l'eau dans la casserole baisse. Cammy ferme les yeux, se concentre autant qu'elle le peut sur sa respiration, mais ces doigts qui l'enserrent lui renvoient toujours la même image. Et c'est ainsi qu'elle se détend.
- Comme patiente.
Tout est parti, tout là haut Ils m’ont dit Dans le ciel envolés, Les bons commes les mauvais Souvenirs, et les chagrins
Les nouilles se sont harmonieusement mêlés à la sauce soja sucrée, les légumes sont bien saisis. Les couverts se sont retrouvés sur sa petite table ronde en fer forgé, grossièrement laquée de blanc. La petite nappe aux bords soigneusement brodés par ses soins révèle d'autres décors floraux, nuances de rose tendresse et imprimés lavande. Le photophore en verre fumé gris de quelques centimètres de haut présente une bougie chauffe-plat qui n'a jamais été allumée. Cammy pose le plat de service sur une dalle de carrelage encadrée, cadeau de sa mère, dessous de plat improvisé avec un vestige de leur ancienne demeure australienne. Les assiettes remplies, Cammy écoute Yui avec attention, tout en laissant sa fourchette s'amuser avec un carré de tofu. Elle soupire d'agacement, pose brutalement la fourchette puis se lève sans lui accorder un seul regard. Sa niaiserie, sa naïveté, lui tapent sur les nerfs. Elle ouvre la porte-vitrée, la pluie n'a pas cessé, bien au contraire. Elle a redoublé d'intensité. C'est pourquoi la rouquine se glisse, pieds-nus, sur le petit balcon. Elle observe les sillons que les voitures laissent traîner derrière elles ainsi que le dessus des parapluies colorés de toutes sortes, ruisselant de part et d'autres.
Oui mais aussi les rires
- C'est laid, en bas.
Ne s'interrogeant pas sur le fait qu'elle puisse ou non se faire entendre à cause du fracas de cette semi-tempête, la jeune femme lève son visage, vers la provenance du déluge. Le ciel s'éclaircit mais les nuages sombres promettent de ne pas cesser d'importuner la populace. A cette idée, Cammy sourit. L'idée qu'une puissance supérieure puisse s'amuser avec les nerfs de l'humanité est divertissante. Elle cherche des occasions, celles de parvenir à sourire mais ne les atteint pas, faute de patience. L'ambiance de la cafétéria du musée lui revient de plein fouet. Ses mains sur la balustrade se resserrent.
Et moi j’en ai tant besoin, Oui, tant besoin, Oh ! Tant besoin
- Toi aussi, tu finiras par t'en aller.
Elle regarde en bas. Elle a le vertige et pourtant, elle n'est pas effrayée. "Intriguée" serait plus juste.
- Ce jour là, je préfèrerais que tu m'emmènes avec toi.
Il faudra bien ne plus me mentir Car j’ai bien vu que dans le ciel, il n’y a rien
Ce n’est pas seulement à Yui qu’elle s’adresse, mais à tout ce qu’il représente. Elle n’a que 24 ans, mais elle est fatiguée. L’avenir lui ouvre désormais les bras, mais elle est fatiguée. Tout pourrait cesser là… Elle ne serait pas contre.
Un éclair jaillit au loin. Elle rit, dans un éclat soudain.
Soudain, je m’entends rire Quand la pluie Sur mes dents vient mourir
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Sujet: Re: Outre-Monde Sam 4 Juil - 13:03
Un haussement de sourcils, deux pensées étrangères qui s'effleurent.
-Alors regarde le présent.
Pas le passé, ni le futur.
Trois temps qui convergent vers un même horizon.
Uchronies
Il se contente de répondre sur un ton neutre, le regard posé sur la jeune femme au balcon. Sa silhouette contraste avec la torpeur humide de la pluie, décalage asynchrone d'un paysage pluvieux qui s'étend jusqu'aux recoins tortueux de sa mémoire. Nouvelle photographie mentale capturée, -à défaut de pouvoir emprisonner ce papillon qui se pose puis qui s'échappe à nouveau comme s'il lui faisait mal. Cammy Logan doute d'un futur trop loin que Valentine ne comprend pas, tout comme son rire cristallin défrayant l'éclair qui raie le ciel. Puis le tonnerre éclate, laissant se répandre l'arrière goût d'une mélancolie sans raison. Quelque part sous le déluge des grandeurs incontrôlées, un psychologue détourne le regard. Et il chute, chute une fois de plus, chute dans des sensations troublées où le verre d'eau ne plus suffit à diluer l'empêtrement hypothétique de ses réflexions. Valentine abandonne de fait l'idée de lui répondre qu'il est encore temps pour elle de quitter le bateau si elle craint qu'il dérive avant même d'avoir embarqué, tout comme il résiste à l'envie de la laisser perchée là sur le balcon seule contre le temps sous prétexte de devoir fuir ce qu'il ne voit pas arriver. C'est à ce moment là que leur destin s'entremêlent brutalement, déviant le futur pour se briser dans un présent proche qui n'a plus que la force de quelques mois.
Un jour, il n'y aurait plus d'années, plus de projets, plus de rires. Il n'y aurait plus de larmes pour goûter aux milles et une saveurs d'une vie, plus de fragilités éphémères pour faire frissonner les consciences jusqu'à se faufiler dans les infimes battements d'un cœur touché. Dans cette autre uchronie, c'est Cammy qui lui aurait demandé à quoi il pense. Ce jour là, il lui aurait répondu qu'il pense à ce docteur qui ne la souhaite toujours pas en tant que patiente, à ce docteur qui voudrait avant tout qu'elle devienne sa femme. Et ce jour là, il aurait peut être plu aussi, mais rien n'aurait eu plus d'importance que la réaction de la rouquine. Espace temps hachuré, futur raté, sentier dévié.
- Et si cette perspective te plait, tu peux toujours penser que je t'emmène déjà avec moi.
L'eau du ciel qui s'écrase contre la terre, c'est quelqu'un à qui amuse le renversement de la boule à neige et son monde qui compose. La pluie atteint la rouquine, seul élément représenté dans ce monde miniaturisé, et Valentine finit par la rejoindre jusqu'au seuil de la porte vitrée. Elle l'attire, et il le sait.
-L'idée en elle même, moi elle me plait.
Dans un autre futur, ils reviendraient à Keimoo et les murs un peu trop familiers de son établissement, ils reverraient le bureau d'un ancien psychologue, les salles de cours et la bibliothèque où s'étaient évaporées tant d'heures d'études d'une certaine étudiante. Ils parcouraient les couloirs sous de nouveaux yeux intrigués ne comprenant pas réellement la raison de la présence d'un couple étranger en ces lieux. Quelques anciens patients et voisins de table désormais rentrés en fin de cycle universitaire seraient éventuellement venus à leur encontre surpris d'une finalité encore une fois asynchrone, et Valentine aurait volontairement laissé un bras autour de la taille de la rouquine pour narguer toutes les conventions de l'école. Dans ce même état d'esprit, ils se seraient invités au fameux événement réunissant tous les vivants de l'école à la fin de l'année, un gala que Valentine se moque éperdument sauf que cette fois, c'est avec Cammy qu'il y aurait fait acte de présence, fondus sans l'être totalement, dans cette foule de jeunes esprits en formation. Ça aurait pu être amusant.
Mais c'est sans lire les possibilités à l'infini d'un futur qui ne lui appartient déjà plus, que Valentine reste planté là, à se laisser apprécier une présence autre que la sienne. Il fait humide, l'air se condense, c'est quelque part désagréable mais rien n'entrave la simple envie ne serait ce que d'effleurer ces cheveux aux tons chaleureux gorgés d'eau, ni celle d'essuyer la pluie du visage de la rouquine. Il s'appuie d'un côté contre le cadre de la porte et croise les bras. Par dessus la rambarde, quelques hauteurs modestes dont l'absence de vertige rend les choses aussi limpides que sur du plat. Les bruits de fond derrière ce silence que Valentine apprécie.
- Quand est ce que commence ton contrat à l'étranger ?
Encore une fois, il en sait trop peu sur elle.
(...) "il pense au futur au point d'en oublier le présent de sorte qu'il ne vit ni dans le présent ni dans le futur. Finalement il vit comme s'il n'allait jamais mourir et il meurt comme s'il n'avais jamais vécu."
Psychê
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Sujet: Re: Outre-Monde Lun 13 Juil - 18:19
"Regarder le présent." Le présent, perspective solide la plus fugace qui soit, ne peut réellement se regarder. A peine on l'aperçoit qu'il s'enfuit déjà à l'instar d'une étoile filante, d'un éclair ou d'un clignement d'oeil. “Don't blink”, disait-il. “Don't blink, or you die”. C'est pourquoi Cammy ferme les yeux lentement, redressant instinctivement le menton. La pluie ruisselle, elle est présente, elle ne s'enfuit pas. La rouquine fusionne avec cet élément aussi évocateur que la substance originelle d'avant sa naissance. Elle se fige, se concentre sur ce qui stagne : elle, cet appartement qu'elle chérit, la date mais pas l'heure. Malgré tout, Yui reste constamment là. Il devient alors son présent statique et éphémère, et c'est bien là le problème.
SPOILERS C’est pas l'heure
Dans une autre vie, Cammy aurait pu naitre ailleurs qu’en Australie et son soleil assassin. Peut-être n’aurait-elle pas alors adoré la pluie, et ne se serait pas retrouvée ce jour là, à entretenir ses fleurs sous une averse. Son passage à la véranda de l’université n’aurait pas eu lieu. Elle n’aurait alors pas eu cette première conversation avec Yui. Dans un monde parallèle, lors de la rebellion des Académiciens contre le nouveau règlement, quelqu’un aurait séparé ces deux brutes à sa place. Elle n’aurait pas atterri dans cet engrenage d’injustice la projetant à l’exil. Elle serait restée vice-présidente du club de cuisine, membre de littérature et de théâtre. Elle aurait eu confiance en elle, et serait connue de tous pour sa témérité. Elle n’aurait pas rejoint le club de jardinage, ne se serait pas retrouvée sous cette pluie, puis dans cette véranda. Elle n’aurait alors pas eu cette première conversation avec Yui. Dans une improbable torsion du Temps, il n’aurait pas plus ce soir là. Cammy serait simplement rentrée chez elle, sans passer par la véranda. Elle n’aurait alors jamais eu cette première conversation avec Yui.
Yui, Valentine, quelle que soit son identité...Il est son point fixe dans le continuum espace-temps, Cammy le sent comme une évidence. Peu importent les évènements marquants, les conditions météos, sa contrée d’origine, la petite rêveuse voit toujours son Norigae lui revenir en main, peu après avoir réunis les items du contenu de son sac renversé. Yui est venu à elle ce jour là, avant de disparaitre tel un... mirage. Smile. Cammy sourit sincèrement à la réponse de cet homme qui tente de la rassurer, qu’il en ait conscience ou pas. Qu’il l’emmène avec lui, oui ça lui plait assez. En réalité, ça lui plait même beaucoup. Elle ne se projette pas dans le futur, il lui fait bien trop peur pour la simple raison qu’elle ne peut le prévoir, ni l’anticiper. Peut-elle au moins le préparer ? Un craquement, puis un autre détournent l’attention de la jeunette. elle tourne légèrement la tête pour approfondir l’écoute des pas de Yui vers elle, imaginant déjà sa présence juste derrière elle, mais il décide de se limiter à l’encadrement de la porte vitrée. Vient alors la question, plus brutale que le tonnerre, plus électrisante que l’éclair et c’est un tremblement qui se glisse le long de l’échine de la rouquine. A trop repousser l’annonce de l’échéance en espérant flirter avec le temps pour quelques instants de bonheur, il revient sous les traits de Yui en un pied de nez insolent. C’est ainsi que la foudre la frappe de plein fouet. Elle croise les bras contre sa poitrine, gardant le dos tourné au psychologue ~ elle le verra toujours ainsi ~ alors que ses mains viennent embrasser ses bras en un léger frottement. Elle est frigorifiée.
- Je ne me vois pas vivre dans une grande métropole comme ici. J’imagine un village aux petites ruelles de pierre, un édifice qui ressemblerait à une église, un chalet non loin d’une forêt dense. Et des montagnes colossales, au pieds desquelles de vastes prairies nous offre la danse des iris bleus. L’air y serait pur et…
Elle soupire.
- En fait, j’ai changé mes projets pour préférer une mission de reconstruction solidaire. Elle est ouverte à tous volontaires bénévoles. Pour l’instant, ça sera pour une durée de 18 semaines, mais en fonction de l’avancée ça durera plus ou moins longtemps.
Elle se retourne pour faire face à Yui et s’en approche. Elle détache une main froide pour mieux la poser sur la joue pâle de l’homme.
- J’ai pas envie d’en parler pour le moment, tu veux bien ? C’est pas l’heure.
Malgré l’excitation qu’elle ressent à l’idée de partir en Louisiane récemment dévasté par un ouragan, elle veut juste suivre son conseil et penser au présent. Aussi, elle se met sur la pointe des pieds afin d’atteindre les lèvres de l’homme.
Valentine
corps éthéré de pureté
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Sujet: Re: Outre-Monde Jeu 16 Juil - 0:41
-Hm.
Une mission humanitaire ? Un haussement des sourcils, -Ça te va plutôt bien.
Puis leurs lèvres s'effleurent soudain, et au lieu de penser que Cammy ne l'approche pas tous les jours ainsi, le cours de ses pensées s'agitent et volent en éclat pour composer une nouvelle constellation des possibles. Et tandis qu'il passe ses bras autour de la rouquine, son silence pensif couvre le chant de la rencontre de la pluie et la terre; c'est une cadence irrégulière dans sa mesure rythmée, un quelque chose de violent et doux à la fois, des murmures inaudibles d'entités trop vastes. Et tout ce déluge pour au final, si peu de choses. Un baiser contre son silence, une distraction contre le flot de questions qui n'en finit pas.
Elle n'y parviendra pas.
La pierre est lancée, les ridules d'eau ondoient encore et Valentine est ailleurs. Son regard déchiffre les éclats bruns scintillants au fond de deux iris couleur noisette, ses mains attrapent le visage trempé de la jeune femme dont il observe les traces de la pluie, ces lèvres dont il a goûté la saveur mêlée à cet élément qui obsède Cammy. Elle est telle qu'il se souvient d'avoir rencontré la première fois dans les serres de l'académie. Ils avaient alors échangé quelques propos épars et Yui ne l'avait pas tellement vu, muré dans ses préoccupations métaphysiques du moment. Il ne se rappelle de Cammy à une époque antérieure, ni vraiment quand est ce qu'elle a commencé à susciter son attention sans qu'il puisse réfréner ce devoir d'en savoir davantage, ce besoin de répondre de sa présence pour rééquilibrer le chaos qu'elle génère dans le cours de ses réflexions.
-...Demain?
Le jour après demain, la semaine prochaine ou alors le mois qui s'ensuit ? La question fuse avec une évidence précise si bien qu'elle s'inscrit une fois de plus dans un silence tel qu'il a l'habitude de les espacer. Sans un mot, ses mains retombent soudain et il la laisse là, sur le seuil, disparaissant de la pièce.
-Tu sais ce qu'est le temps ?
Tout s'écroule, Rien ne demeure
Cammy Logan lui donne l'impression de ne pas vivre en accord avec son époque. Il y a comme un quelque chose dans le passé, au delà du monde enfermé dans une routine formatée, où les esprits agglutinés cherchent à se différencier les uns des autres d'une pseudo différence hypothétique. C'est pourtant là où un papillon n'a plus la place de déployer ses ailes qu'il se complaît, noyé dans la masse de ces âmes insatisfaites qui font la raison de son quotidien. Et sans elles, Yui Valentine s'ennuierait, sans l'ombre d'un doute.
Machinalement, il recouvre Cammy de la serviette qu'il a déniché de quelque part dans sa salle de bain. Un calme ici, alors que là dehors, ça gronde et ça menace quiconque pourrait le défier. La porte de la véranda restée ouverte, le déluge de l'extérieur poursuit sa mascarade, rappelant que dans des temps refoulés, Yui n'a jamais vraiment raffolé des orages. Trop fort, trop vaste, pas assez subtile.
Son regard fixe le seuil de la terrasse.
-Tu es tout de même parfois... atypique.
C'est l'hôpital qui se fout de la charité mais Valentine le pense relativement fort derrière son air posé. Il secoue la tête résigné. Si ça lui a fait du bien de sortir se tremper des pieds à la tête, il ne le détermine pas vraiment, mais ce qu'il constate est qu'elle est maintenant sous l'emprise d'un froid alors que l'extérieur est un temps lourd et embué.
-Et pire que les mômes.
Haussant des épaules, il laisse sa curiosité chercher dans les placards de Cammy, une théière et ce qui peut vraisemblablement ressembler à du thé.
-Le docteur Valentine dit que si sa patiente tombe malade ce n'est pas de sa faute.
Il dit également qu'elle lui en a trop dit ou pas assez mais qu'il n'a toujours pas obtenu la réponse à sa question. Ça, il ne le dit pas, laissant chauffer l'eau dans une casserole.
Le temps est un prétexte. Assurément, Le temps n'est qu'un prétexte.
-File te sécher jeune fille. Tes vêtements te collent à la peau.
Valentine a croisé les bras, amusé.
Psychê
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Sujet: Re: Outre-Monde Mer 22 Juil - 19:20
Les bras s’enroulent avec une lenteur infinie autour d’elle, comme elle l’imaginait lorsqu’elle s’y est jetée en pâture. Mais comme tout serpent, l’albinos est toujours froid en surface alors qu’elle guette sa chaleur. Rien n’y fait.
Le papillon attend d’être dévoré, et attendra longtemps : sa fin ne vient pas. Cammy sent son souffle court s’accélérer, malhabile mélange de froid et d’impatience en surchauffe. Elle ignore la signification du sentiment et de la sensation exaspérante qui l’animent. C’est inconnu, c’est nouveau, c’est étrange. Elle pense tomber malade lorsque la fièvre vient d’elle-même empourprer ses sens, sa peau et dilater ses pupilles lorsque Yui la dévisage. Elle frissonne mais attrape cependant une suée. Elle ne s’accomode pas à cette observation permanente de l’ancien psychologue qui la chamboule au point d'en éprouver des sensations jusqu’alors insoupçonnées. Pourtant, malgré son embarras manifeste, elle remonte ses propres mains pour les poser sur celles de Yui afin qu’il ne les détache pas de ses joues et qu’ainsi elle poursuit également sa propre étude observatrice. Que ressent-il à part de la curiosité ? Cammy est tourmentée de ne pas savoir lire en lui alors qu’elle lui offre sur un plateau tout ce dont elle est capable d’éprouver ; y compris la Toute Puissante, la déraison, celle-là même qui l’enfonce dans les limbes d’un trouble qui la persécute à chaque seconde qui passe.
INNAMORAMENTO Suspendre le temps pour un mot
“Demain ?” A ce mot prononcé de façon presque enfantine, Cammy laisse la surprise habiller ses traits brièvement, très brièvement. Elle étire un léger sourire tendre, presque amusé. Si Yui n’avait pas l’intention de faire de l’humour, Cammy le prend comme tel. Une manière comme une autre de masquer le spleen de l’instant présent. Et puis soudain, le vide. Le manque. Yui s'éloigne brusquement d'elle tout en lui posant cette question qu'au final, elle aura bien cherchée. Qu'est-ce que le temps ? Pourquoi voulait-elle étudier l'histoire sinon que pour en savoir plus sur cette entité absolue ? Cammy reste figée sans rien dire ; qu'est-ce que le temps après tout ?
Elle clot les paupières et, derrière elles, défilent des histoires de rois, de princesses et de soldats, des témoignages des victimes d’évènements plus ou moins sordides de guerres, d'esclavage, de prohibition, d’alchimistes, d’inventeurs, de Prix Nobel, des souvenirs d’enfance et des secrets de recettes. Tous anciens, tous révolus. Elle en a vécu certains, en a appris puis enseignés d'autres. Les expériences, le savoir, l'éducation, les habitudes... Tout, absolument tout s’imprègne du Temps. Qu'on le partage, le subit, ou en le provoquant en lui présentant sa rivale : l'existence. Cammy a trouvé la réponse lorsqu’elle sent quelque chose s’abattre sur elle. La rouquine oublie de répondre à la question posée : elle sursaute en ouvrant les paupières ; elle est à l’intérieur de son appartement, une serviette sur les épaules sur laquelle est brodé quelque part “Cammy Logan, section Histoire”, d’une calligraphie soignée. Elle avait pris pour habitude de mettre son nom un peu partout sur les affaires qu’elle emportait à l’internat de l’Académie. Ca aussi, est désormais ancré dans l’Histoire. Peu de personnes y accorderait de l’importance aujourd’hui. Elle chérit toutefois cette serviette, témoin intemporel de ces années désormais perdues.
Cammy accorde désormais un regard absent à Yui Valentine, se remettant de son voyage intérieur avec langueur. Le ton de l’homme a changé, il est plus désinvolte, plus familier. Presque vivant. Cammy l’observe sans quitter le seuil du balcon. Elle n’aime pas qu’on fouille dans ses affaires, et pourtant, Yui le fait pour la troisième fois en moins d’une heure sans que ça ne dérange l’Australienne le moins du monde. Elle regarde d'un autre oeil chaque tiroir, chaque poignée d’armoire, et autres éléments qu’il a frôlé. Comme la pierre modifie la nature par des cercles à la surface du lac en tombant dans l’eau, l’empreinte de la présence de Yui modifie l’état de chaque objet qu’il a frôlé de ses doigts, de ses mains et jusqu’à ce parquet qu’il a foulé de ses pieds. C’est bien plus que de l’admiration, et moins que de la vénération. Toujours pieds nus, et sans se donner la peine de serrer le drap de bain clair contre elle, Cammy rejoint Yui jusqu’au coin cuisine. Sait-il faire le thé ? Probablement, puisqu’il compte ouvrir un salon. Elle le laisse faire sans intervenir et tique à la mention docteur/patiente. Finalement, elle réalisera véritablement la transparence indécente de son chemisier beige pour mieux se cacher dans le moletonné de sa serviette, un peu embarassée. Cammy ne fuira pas pour autant.
- Dans tous les cas, ça ne sera pas de sa faute, puisqu’il me refuse comme patiente, n'est-ce pas, Yui ?
Elle attrape sur une console murale guère haute, une grande boite à thé ancienne en fer un peu oxydé par endroits, sur lequel les mots “JASMINE TEA” sont gravés.
- Je n’ai plus que celui là.
Désobéissant à la dernière remarque de Yui, Cammy laisse tout simplement glisser son dos contre un mur non loin, jusqu’à atteindre le sol.
- Et si cette fois… je te demandais à mon tour de te joindre à moi ?
Elle a posé la question sans même y réfléchir. Juste un coup de tête. Décidément, elle ne se reconnait plus.
Valentine
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Sujet: Re: Outre-Monde Mar 28 Juil - 17:22
Il laisse le parfum briser la transparence de l'eau pour se défaire insidieusement de sa couleur au gré de la chaleur. Un aléatoire aussi bref que fascinant, avant que Valentine ne jette un coup d'œil en arrière, intrigué. Cammy est toujours là, à l'étudier de son regard comme si elle attendait une faille et soudain, cette question. Joins toi à moi. Quelques secondes filent mais Yui ne les laissera pas s'allonger davantage pour laisser vivre cette conversation éthérée.
-Hm?
Demain, son salon ouvrirait officiellement ses portes et il retrouverait Féa à son poste. Les entrées seraient timides mais s'étofferaient de jour en jour. Son concept s'installerait tranquillement, quelques patients choisiraient d'être servis par ce garçon aux yeux trop bleus, d'autres laisseraient à l'ancien psychologue, quelques tourments s'échapper de leur lèvres le temps d'un thé. Pour quelques larmes et quelques rires, Valentine observerait ce monde peint d'une étrange composition psychologique. Il servirait le thé, connaîtrait les parfums avant même que leur contenant soit déballé, poserait une identité au premier pas du client qui rentre. Il servirait le thé lorsque la cliente serait trop captivée par le discours diffus et métaphysique de Féa. Il servirait encore le thé dans cette ambiance tamisée et intime, masquant un sourire à chaque tasses cassées de Tanaka. Elle et ses maladresses acrobatiques face au calme plat de Zakuro, ses sourires face aux idioties intarissables d'un curieux félin blanc au nom d'Eloquence. Des poissons, un aquarium. Un morceau d'univers caché derrière les carillons discrets de l'entrée. Le jasmin embaume la pièce, Valentine cille.
Des tornades
Les tasses fument, le temps se fige progressivement dans un ralenti insupportable, tremplin nécessaire à Valentine pour rebondir dessus. Les tasses chauffent encore et alors qu'elles ne devraient pas tarder à être servies, Yui se détourne d'elles pour venir s'accroupir en face de Cammy.
-Que je me joigne. Aujourd'hui? Demain... ? demande-t'il en lui plantant sans détour le gris de son regard.
-Tu peux sous entendre et penser tout ce que tu veux, tant que tu parles à demi...
Elle remue le cours de ses pensées, tel le battement d'ailes à sa tornade. Or Valentine n'aime pas ces remous, davantage de désordre dans l'ordre naturel de son propre chaos. Elle lui fait prendre des virages là où il ne les voit pas, lui ouvre d'autres brèches qu'il pensait jusque là avoir refermées. Ce tumulte, à travers un regard trop naïf, beaucoup trop innocent. Ce chemisier rendu transparent, une fragilité provocante.
-Je vais vouloir te répondre à demi.
Par certains aspects, Cammy lui rappelle Elena; par d'autres, elle lui paraît encore plus fragile. Au final, pour découvrir une femme brisée par son passé.
Il dévisage Cammy comme si davantage était lisible sur ce visage puis se relève en l'invitant à le suivre.
Ce n'est pas du thé qu'il faut.
Turn The radio Off
Une veste posée sur les épaules de la jeune femme, un verre à pied entre ses mains, leur dialogue s'est encore effrité pour quelques banalités futiles et détournées. Ils savent lui comme elle, qu'ils ne sont pas de grands amateurs mais ils se retrouvent tout de même assis un étage plus bas, autour d'un tintement de verre. Cammy Logan a cette façon de parler, comme si elle redoutait quelque chose, ce manque de confiance permanent qui ne va cruellement pas avec son apparence gracile et, sans avoir à le manifester, agréable à regarder.
-Deux verres. Trois, pas plus.
Juste trois, parce Valentine aime à penser que lorsqu'un est consommé, il lui reste encore la satisfaction qu'il en reste deux autres. Trois, parce qu'il a été élevé avec ce chiffre, et que, même si l'un d'entre eux tombe, deux autres seront là pour l'en empêcher; au final, ça a toujours marché ainsi. Blanc, noir, gris -le gris de la transition.
Trois, c'est un équilibre pas trop mal.
-Et ensuite tu me diras à quoi tu penses.
Mais le temps est toujours là.
La télévision est en marche, les pensées de Valentine, au rebord de ce point de chute -exactement où Cammy se tenait la dernière fois dans sa robe pâle, transparente, et par dessus tout, dans cette apparence trop frêle pour pouvoir l'effleurer; on ne touche pas les ailes d'un papillon. Valentine a eu un maigre sourire. Derrière cette fenêtre, plus rien, mais c'est quand il y a justement du vide que ses pensées ont tendance à s'y précipiter.
-Alors à ta santé.
Et il laisse la saveur du vin se laisser apprécier par ses sens.
FIN d'Outre Monde sur BF
HRP: La suite de ce RP a été remis par Valentine et Psyché dans son contexte et forum de provenance.
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Outre-Monde
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