Nerv, il est grand, il est gentil, il est beau, un peu brute parfois mais... C'est Nerv. Nerv et Fétide sont comme un frère et une sœur, un drôle de duo sortant de l'ordinaire. Fétide aime beaucoup Nerv, parce que c'est l'une des rares personnes à s'intéresser à elle pour ce qu'elle est et à l'accepter. Fétide aime beaucoup regarder ses dessins et discuter avec lui. Nerv, c'est ce dont elle a toujours rêvé : un véritable ami.

C'est un bien triste lien qui unit les deux vagabondes : leurs naissances. L'une est la Pourriture, l'autre est la Douleur. L'une est malade et cadavérique, l'autre est aveugle et souffre inexorablement. C'est sans doute ce qui les aura rapproché. Parfois, Opium et Fétide se retrouvent et se racontent tout, histoire de s'alléger le cœur. Fétide fait de son mieux pour protéger Opium, elle a l'air si fragile... Mais en même temps, Fétide est un peu jalouse. Parce qu'il y aura toujours des personnes, même inconnues, pour prendre la petite vagabonde en pitié et la protéger... ce qui n'est pas souvent le cas pour elle.

Isaac et son sourire dément, Isaac et ses mots tranchants, Isaac et son avidité. Isaac, c'est la terreur de Fétide. La personne contre qui elle ne peut rien - même si elle aimerait. Oh oui, elle aimerait tordre le cou aux serpents qui semblent sortir de la bouche du damné lorsqu'il lui parle, lorsqu'il la trouve. Mais, à chaque fois, les mots restent coincés à l'intérieur de sa gorge. Et elle le fuit. Toujours, lorsque Fétide sort de chez elle, elle a ce nœud au ventre. Même toute petite, la crainte de le croiser persiste. Parce que la vagabonde sait, à chaque fois, comment cela se termine lorsqu'elle a le malheur de l'apercevoir. Jamais il ne se lassera de la suivre. Jamais il ne se lassera de la torturer. Jamais il ne se lassera de la briser.

Auxine a toujours été gentil avec Fétide. Pourtant, elle se dit qu'il devrait la détester. Auxine, c'est un gentil marchand de fleurs, toujours imprégné de leur douce senteur, toujours entouré de leur beauté. Mais Fétide n'a rien d'une jolie fleur - du moins, c'est ce qu'elle pense. Elle se dit qu'elle ne mérite pas tous ces cadeaux, tous ces beaux bouquets qu'Auxine lui offre gratuitement. Mais elle les accepte, parce qu'elles sont quand même vraiment belles, les fleurs d'Auxine, et parce qu'il est vraiment beau, Auxine, quand il sourit. Et parce qu'Auxine est quelqu'un de très précieux pour elle, en fin de compte.

Un jour, les deux vagabonds se rencontrèrent. Et ce jour-là, Fétide tira le pique. Bien sûr, elle ne savait pas quelles conséquences son geste entraînerait, elle avait juste pigé comme ça, naïvement, comme à son habitude. Depuis, Nemesis est... quelqu'un qu'il vaudrait mieux éviter, sans doute. Fétide n'arrive pas à comprendre ses réactions, ni à le cerner. Elle ne comprend pas pourquoi il s'acharne ainsi sur elle, aussi méchamment, presque obstinément, alors qu'il y a toujours cette lueur de fascination morbide dans ses yeux. Fétide comprend sa haine, bien entendu - elle est la Pourriture après tout. Mais l'autre face de cette relation la met terriblement mal-à-l'aise. Car elle n'arrive pas à savoir s'il la déteste ou non.

Sucre est quelqu'un de terriblement doux. De ses lèvres couleur de rose s'échappent à toute allure des mensonges édulcorés par son lourd tribut. Oh, bien sûr, tout cela, Fétide ne le sait pas. Oui, elle le croit quand il lui chante ses louanges alors qu'il veut l'étriper. Oui, elle le croit quand il lui sourit alors qu'il veut juste lui tordre le cou. Oui, elle le croit, et elle lui rend ses beaux sourires. Elle est comme ça, Fétide, plongée dans sa belle naïveté. Oh, bien sûr, cela la dérange quelque peu, quand il lui dit tout cela - tendre innocence. Mais elle l'aime beaucoup quand même, Sucre. Alors elle lui achète tous les bonbons qu'elle peut s'offrir pour elle-même ou pour ses amis, et n'est jamais avare de compliments pour le doux et gentil confiseur aux boucles dorées.

La reine des cheveux en chair et en os. Fétide admire Sahara, elle et ses longs cheveux d’or, elle et sa belle silhouette et son look parfait, elle et sa faculté de rendre n’importe quelle chevelure splendide. Alors, Fétide s’est mise en tête de lui demander conseil pour ses cheveux. Gras, trop longs, infestés d’insectes… Après avoir découvert la gentillesse de Fétide (et parce qu’elle lui amène à manger quand elle vient), Sahara a accepté de relever le défi et, à son grand dam, de découvrir que les cheveux de Fétide sont irrécupérables. Mais la vagabonde continue de s’acharner et sa congénère la laisse faire sans broncher. La naissance de Sahara et sa frustration quant à l’irrécupérable situation de Fétide la poussent néanmoins à avoir des propos blessants envers cette dernière. Cela entache quelque peu leurs relations, mais Fétide sait, de toute façon, que chaque mot blessant ne fait que la décrire de façon juste.

Un beau jour, l’excentrique vagabonde s’est jetée sur Fétide et lui a servi des éloges sur son physique. Comment pouvait-elle avoir l’air aussi effrayant ? Quel maquillage avait-elle utilisé ? Et les cheveux, quand même, c’était super réaliste ! Mais Fétide, terriblement gênée, a bien vite réglé le quiproquo – ce qui n’a fait qu’accentuer l’admiration qu’Amaranthe lui porte. Depuis, les deux vagabondes sont amies et elles ont même fondé une bande : un petit groupe qui accueille toutes les personnes trop laides ou trop faibles pour qu’elles se retrouvent et s’amusent ensemble. Un courant d’air frais pour Fétide qui ne manque pas d’apporter un soutien actif à sa présidente – qui n’est autre qu’Amaranthe – malgré sa grande discrétion. Le fait de se sentir appartenir à un groupe la rend plus forte et elle tient énormément à l’amitié de sa camarade survoltée !

Silver, Hermès, Hermès, Silver. Fétide ignore que ce prêtre qu’elle rencontre le jour et ce vagabond masqué qui la retrouve la nuit ne sont qu’une seule et même personne. Fétide n’aime pas Thémis. Elle s’en méfie et la considère comme unique responsable de sa misérable condition. Mais il lui arrive de venir au temple, parfois, pour s’occuper des fleurs du jardin avec Silver. La vagabonde en profite pour lui poser des questions, pour savoir s’il y a une chance pour elle de se débarrasser de son corps pourri et de son odeur putride. Mais elle sait, au fond d’elle-même, qu’elle est condamnée à vivre ainsi. Cette pensée se tait, tout au fond de son esprit, tandis qu’elle recherche un peu de compagnie auprès de Silver, ainsi que le moyen de se sentir utile. Ses relations avec Hermès sont tout à fait différentes. L’homme masqué semble vouloir protéger Fétide au premier abord, mais il n’a de cesse de la rabaisser plus bas que terre par de douces paroles. La vagabonde préfère l’éviter lorsqu’elle sort le soir, mais n’ose pas le repousser lorsqu’il se présente. Et elle a tort. Parce que, ce qu’elle ignore, c’est que le seul dessein de Silver à son égard est de la pourrir à l’intérieur.

Syndrome est un être comme les autres. Dans ses yeux dorés, se reflète cette lueur de peur mêlée de mépris que Fétide ne connait que trop bien. Un regard glaçant, perçant. Pourtant, Syndrome n’est pas un être comme les autres. Il a une apparence vraiment étrange, atypique. Toujours seul, du moins, souvent. Alors Fétide a, dans un premier temps, essayé de s’en rapprocher. Mais elle fut bien vite ramenée à la réalité. Toujours ce sentiment de malaise. Toujours cette gêne quand elle approche. Elle essaie de se faire pardonner, bien sûr. Mais ça ne fonctionne pas, non. Syndrome semble bien décidé à ne pas changer d’avis. Et pourtant. Pourtant, quelquefois, Fétide reçoit des lettres venant de lui, pas forcément méchantes, pas forcément mauvaises. Et elle lui répond bien volontiers, avec sa candeur habituelle. Mais, ce que Fétide ignore, c’est la naissance de Syndrome, cette contagion qui causerait leur perte à tous les deux. Ce pourquoi il l’évite à tout prix. Et c’est peut-être mieux ainsi.

Une échoppe aux doux effluves sucrés ; là est l’un des endroits favoris de Fétide. Son chocolatier, Camélia, la laisse volontiers entrer, pour peu qu’il ait généreusement parfumé son magasin avant – mais Fétide l’ignore. Cliente régulière et fidèle, la jeune vagabonde va jusqu’à se proposer de goûter les nouvelles créations du chocolatier pour le remercier de sa gentillesse. Néanmoins, elle se garde d’entrer dans son échoppe alors qu’il y a du monde, de peur de lui faire perdre des clients.

Il est étrange, Bermuda. Il ne comprend pas pourquoi diable Fétide peut ainsi se dénigrer. Au contraire, selon lui, elle devrait être fière d’être ce qu’elle est, fière d’être différente, fière d’être vagabonde, fière d’avoir une si grande bonté d’âme. Mais Fétide ne comprend pas non plus. Elle ne comprend pas les compliments qu’il lui fait, elle ne comprend pas pourquoi il l’approche, pourquoi il lui parle, alors que lui il est si beau, si parfait, rayonnant comme un soleil. Bien sûr, elle n’a aucune idée de quoi sont faits les agissements de Bermuda. Alors, elle fuit. Quand les compliments deviennent trop grands, trop beaux, elle fuit, elle court sans but, loin de Bermuda et de ses doux mots de miel. En vérité, ils lui vont droit au cœur – mais elle ne peut se permettre de penser ainsi.

Et pourtant, elle se permettait encore d’espérer. Espérer que ses mots doux, sa jolie voix et ses bonnes manières parviendront à changer son apparence morbide. Alors elle passait son temps à s’excuser, Fétide est désolée, Fétide comprend, oui, Fétide sait qu’elle fait peur, pardon, excusez Fétide s’il vous plaît, voulez-vous que Fétide vous aide, non, vous ne voulez pas, Fétide comprend, pardon. Mais elle continuait, encore et encore. Fétide ne pourra jamais être aimée, mais elle ne pourra jamais s’empêcher d’aimer et de comprendre. Même si tout cela était triste. Même si tout cela était injuste. Fétide continuera toujours d’espérer.

Et pourtant, elle se permettait encore d’espérer. Espérer que ses mots doux, sa jolie voix et ses bonnes manières parviendront à  changer son apparence morbide. Alors elle passait son temps à s’excuser, Fétide est désolée, Fétide comprend, oui, Fétide sait qu’elle fait peur, pardon, excusez Fétide s’il vous plaît, voulez-vous que Fétide vous aide, non, vous ne voulez pas, Fétide comprend, pardon. Mais elle continuait, encore et encore. Fétide ne pourra jamais être aimée, mais elle ne pourra jamais s’empêcher d’aimer et de comprendre. Même si tout cela était triste. Même si tout cela était injuste. Fétide continuera toujours d’espérer.

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