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 When my life will begin ? - Sarrasin

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MessageSujet: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaLun 16 Fév - 17:38

Dans votre boite à lettres, vous serez probablement étonnée d'y découvrir, plié, négligemment, un morceau de papier chiffonné avec une écriture douteuse écrite à la dérobée.  


MADEMOISELLE SARRASIN
JE VOU ECRI POUR VOU PREVENIR, JATENDRAI VOTRE ARRIVE A LA STASION DE DEMATERIALISACION.


ARIES.





Vous ouvrirez probablement vos yeux avec une sensation de picotement, tellement écarquillés et traumatisés par cette orthographe médiocre. Mais il faillait avouer que votre interlocuteur n'avait jamais eu un quelconque intérêt pour la connaissance de l'orthographe encore moins pour l'amour des mots dans leur généralité et leurs arcanes mystérieuses.

D'ailleurs hâtez-vous de sortir de chez vous, votre futur partenaire doit être en train de patienter à l'heure qu'il est.


***

Il y avait des cœurs éperdus sur Libra.
Il était un cri étouffé.

Il la reconnaît, l’irremplaçable recouverte des nuits savoureuses des été chauds. Elle s'est greffée à la surface de ses rêves. Il perçoit son rire, sa bouche close en guise de réponse, ses oreilles se braquent au son de sa voix chimérique, où chaque sensation se relève inoubliable, parce qu'il l'aura désiré. Son coeur retentit comme un canon, avant de s'écraser, de massacrer la conscience qui résiste. L'insignifiant prend des allures titanesques, s'écoule dans ses veines. Son regard torve et son expression naturelle, intimidée, ses yeux sont aspirés par un vague naissant , une rêverie alarmante.

Il était affreux et laid comme cela Syndrome. Un vagabond en quête de distraction.

Lui incandescent, lui qui se brûle à la lumière intense. Il ne pense jamais trop, pour ne pas souffrir de ses réflexions, des nuances des subtilités de langage. Il agonit de cette faiblesse physique qu'on méprise, qu'il renie. De cette horreur, capricieuse chose manifestée sur son visage. La mort tapageuse comme il l'a nommait, la fin propice dont il criait tant les œuvres infectes de décharges qui déchirent la nuit. Le silence crut bon de s'éterniser pour lui apprendre qu'il perdrait davantage, qu'il tomberait à nouveau au milieu des villes, des pavés désertés. Et puis, il avait un jour sentit des bras lui murmurer l'espoir, avant qu'il n'aille se jeter dans un gouffre plutôt que de s'acharner violemment le long d'une échine encore debout.

Il avait alimenté ses choix par trop d'audace aujourd'hui. Il l'ignorait. Son regard se perd sur les corps. Il s'immole par l'ennui.
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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaVen 20 Fév - 22:21

Sarrasin, imparfaite, prenait le temps de faire des détours dans sa deuxième vie.
Il existait des courbes et des dunes élémentaires qu'elle n'arrivait pas encore à gravir et dont l'ascension lui tirait une respiration essoufflée et humide. Elle passait sur son front son avant-bras encore chaud de soleil pour essuyer la sueur que lui avait extirpé l'exploit. Ses joues étaient brunes et rouges.

Il y avait aussi des petites choses infimes, et ridicules, et sommaires, et banales qui agitaient entre ses dix doigts l'excitation ensoleillée que seuls peuvent ressentir les gens innocents. Un de ces petits éblouissement qu'elle accomplissait avec beaucoup de sérieux était d'ouvrir, chaque matin en sautant le pas rocheux de sa porte crème, le battant rouge de sa boîte aux lettres.

Sarrasin ne connaissait ni les boîtes, ni les lettres, ni les courriers, ni les mots. Lors de cette première journée qu'elle avait passé à demi cloîtrée entre des murs hauts et tièdes, la douceur pâle de Sainteté lui avait expliqué les rudiments de la vie ordinaire.
Il y avait eut l'appartement donc elle avait serré, émue, la clé dans le creux de sa paume jusqu'à ce que le fer soit chaud.
Il y avait eut le monde dont elle avait écouté ses contes et ses mélodies en rêvant des embrassades sur soleil sur son ventre.
Il y avait eut le métier, glissé entre les phalanges tremblantes et excitées de sa toute nouvelle confiance.

Et puis il y avait eut la boîte aux lettres et on lui avait expliqué dans un rire léger que c'était là dedans, dans ce carré d'aluminium qu'elle recevrait du courrier important. Puisque c'était important, Sarrasin scrutait son ventre tout les matin sans jamais rien y dénicher.

Mais aujourd'hui, il y avait une petite boule de papier froissée comme le cœur d'un moineau.

― J'ai du courrier !

Aussi précieusement qu'elle aurait caressé la rondeur d'une joue, Sarrasin s'était emparée de son nouveau trésor et l'avait déplié avec beaucoup de douceur. Longtemps, droite comme une pousse, ses chevilles nues collées l'une à l'autre, elle avait plongé son nez dans l'onde zébrée du papier comme pour parvenir à le déchiffrer.

Puis, elle s'était rappelé que c'étaient des mots, et que les mots se lisaient, et qu'elle ne savait pas lire. Alors, gaie elle avait bondi vers un passant et l'avait harponné avec toute la force de sa candeur pour lui demander si il pouvait lire pour elle.


*


La dématérialisation, c'était aussi un mot compliqué pour sa bouche qui n'avait eu l'habitude que de scander des céréales et des prières.
Le passant qui avait lu pour elle, un homme grand avec un drap noir et la mâchoire glabre, l'avait aidée jusqu'à la conduire aux stations qui lui étaient inconnues. Elle savait qu'elle pouvait s'enfuir de la ville en en enjambant la frontière translucide, mais se dématérialiser ? La sonorité gutturale la faisait rire doucement en courbant ses cils.

Pourtant, elle l'avait fait, et dès que son deuxième mollet avait pénétré le rond coloré et lumineux, la blancheur aveuglante de la citadelle s'était éteinte.

La joie l'avait écrasée comme si elle mourrait encore.

L'horizon qui se nivelait sous son regard d'or lui piquait les joues d'extase. Sarrasin avait prit pour habitude de tomber amoureuse des belles choses et là c'était encore tout son cœur qui s'affolait, intenable, entre ses côtes trop petites. Debout dans un autre cercle, elle avait pressé dix de ses doigts contre ses lèvres en contemplant deux grands lacs aux couleurs ciel. Si ses yeux en étaient toujours capable, elle aurait probablement pleuré puisqu'elle n'était que sursauts d'émotion et de tendresse.

Mais très vite la crainte, qui fissurait chacun de ses os la plaqua au sol. Elle eut peur. Était-elle seule ? Où étaient les murs blancs, hauts, ivoire et émail, qui la rassuraient par leur encagement ? Elle était seule, là, elle ne pouvait pas l'être, avec ce rond sous la plante de ses pieds chaussés de sandales sable et l'immensité verte qui l'encerclait comme un marécage.

Sarrasin eut un tremblement qui meurtrit ses clavicules.

― Syndrome ? Syndrome, tu es là ?

C'est alors qu'elle l'aperçut, mat sombre au centre de mille herbes, et l'angoisse tentaculaire qui pressait son torse se délaça comme un corset. Elle dévala la colline qui la surlignait et courut aussitôt vers lui sans prendre l'émerveillement de se retourner. Une fois suffisamment proche, ses enjambées fébriles ralentirent et elle se lova contre sa poitrine, son nez d'orge pressé dans les plis de sa chemise. Elle l'enlaça brièvement, mais plusieurs longues secondes, puis s'écarta sans retirer ses mains.

― Merci tu es là. J'étais un peu effrayée, toute seule là-bas. Je suis si heureuse de te voir ! Comment vas-tu ? C'est si beau, ici ! Je n'étais jamais -

Son visage oscillait perpétuellement entre la vision des deux lacs translucides et les traits sombres et tièdes de son ami. Elle se perdit un peu, fronça la ligne mince de ses sourcils et replaça des cheveux derrière son oreille.

― C'est beau et ça me rappelle quelque chose, mais je ne me souviens plus, sourit-elle alors que les lacs afghans se dérobaient à ses efforts.

Brusquement, la proximité l'empourpra et elle recula d'un bas, les mains nouées dans le creux de ses reins. Un autre sourire fustige le ciel.

― Merci de m'avoir invitée ici.
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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaDim 1 Mar - 13:03


Les inclinaisons imaginaires, des gestes convenus. Les étreintes chimériques entonnées à la pensée versatile. Tout s'esquisse en tremblements, le rêve qui pollue la réalité de cette cage céleste. Il meurt et abdique au premier cri poussé, ingénu. L’innocence infernale massacre ses gardes, quelques brise-lames d'argile et le velours de ses intentions. Fragiles courbures inscrites sur ses lèvres muettes dévoreuses de beauté, de douceurs illicites.

Doux mouvement éphémère, tête recourbée par la gifle vivace du vent. Sous les sourires répandus, comme des semences distillées par la brise, ses houles invisibles capricieuses, la stature stoïque, émerge hors du côté rocailleux du paysage. En un point de pression, les digues submergées par le flot de pensées, la crue des réminiscences qui l'ont noyé.

Il n'était qu'un souvenir vivace, oppressant, lancinant. Sa douleur se ranime à mesure que ses veines se remémorent la fêlure des maigres barrages, des résistances écartées. Son corps hurle aux stigmates  et à la violence qui l'a étreint, d'une traîtrise infâme initiée par des joutes verbales l'ayant mis au monde. Quelle absence de courage, qui lui arrache la gentillesse de sa façade monstrueuse. Il manquait de cruauté, pantin à la carcasse  inhabitée, d'amour, de désir absolu de haine dévastatrice, à la teinte chaleureuse des flammes, au goût de la cendre, aux crissements des chairs trouées, à la mort dissoute par les caprices divins. Il voulait être amour, et rependait la désolation comme on sème les graines à chaque besogne printanière.

Entre les herbes folles, fades et insipides, un bourgeon proteste et s'anime. Il est comme un arbre enraciné qui voit naître  les fleurs dont le parfum embaument ses cimes inatteignables ; il voudrait déjà toucher, effleurer la ramure sépale et la robe formée de ses pétales qui épousent les lueurs paresseuses d'un soleil aux matins sempiternels.  

Comme ses élans, ses mots dévalent la pente et s'éparpillent sur les vallons, les creux de sa carnation ternie . Tu es venue. Pendant un instant, il avait craint le pire, comme une absurde anticipation, des scénarios dramatiques, qu'un cœur déraisonnable s'imagine. Elle est venue. Pétrifié. C'est sidérant, la manière dont elle dérape sur sa peau. Elle l'écorche. Elle écorche de ses répliques, de sa candeur. Toute sa naissance estomaquée hurle dans les tréfonds de ses entrailles. Sa belle fierté mise à l'abandon.

Ce sont des instants qui se meurent, quand on voudrait les étreindre pour l'éternité.
Il essaye.
Il essaye de s'accrocher au tintement enfantin de sa voix, à la fontaine limpide de ses exclamations enjouées, où il s’envenime de cette brume sinueuse dans les excavations pleines. La tourmente richissime du silence, de son cerveau. Sarrasin. Il se raccroche à son visage, à ses yeux. La voix chaude comme les tirades dans lequelles on voudrait se loger. Il ne sait pas ce qu'est Sarrasin. Ces cris oisillons. Son teint floral. Il n'y a pas de limites, que des torrents passionnels versés malgré les barrières. Nippé de ses plus somptueuses révérences, il sourit, écrasant quelques filaments moroses. Heureux des remerciements qui lui froissent la pupille.  


Vrai...ment ?

Quelle tristesse que l'oubli. Et les réclamations manquantes, pour les exprimer.

Je suis né près d'ici...c'est le peu que je puisse faire...

Des joues aux pommettes pourpres au contraste saisissant de sa chevelure, son sourire contagieux, tout n'est qu'attention pure chez lui. Il décerne ses doigts en guise de guide rassurant, lui qui ne souhaite effrayer personne.

Viens, je vais te montrer quelque chose.

Au loin, on apercevrait les silhouettes cotonneuses concentrées près des lacs jumeaux.
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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaMar 3 Mar - 0:43

Le corps grêle de Sarrasin se trémoussait au milieu des près tendres comme un roseau au bord d'une mare. Ses sourires, qui se rassemblaient par milliers sur ses lèvres brunes, se suivaient les uns les autres sans jamais s’affadir. Elle était bien trop heureuse de revoir Syndrome avec ses allures hommes, ses deux grandes cornes d'or empalées sur son front et la mosaïque de sa peau. Elle se perdait encore, au bout de cette douze, peut-être treizième rencontre dans le vitrail monochrome de sa carnation.

Sa petite silhouette bougeait alors que sa main revenait en prise de sa chemise sombre comme le sésame. Elle se balançait d'avant en arrière, faisant grincer ses chevilles comme le roulis d'un navire arrimé à un quai, et parfois elle se déséquilibrait et était obligée de replacer ses talons droits.
Sarrasin parvenait rarement à rester immobile ; entre ses élans tendres, merveilleux et affolés, elle était en constante métamorphose.

On espérait vraiment qu'il n'en résulterait qu'une grande lumière jaune.

Ses yeux ingénus tressautaient en une cabriole incessante entre : le visage fascinant de Syndrome, les deux lacs binaires, les touffes d'herbes qu'elle sentait au bout de ses orteils, le ciel et ses crevures de nuages, le sourire de Syndrome qui accentuait le sien, le bras de Syndrome qu'elle touchait d'une paume tiède, la grandeur de Syndrome qui la surplombait avec bienveillance, les cornes de Syndrome dont elle s'était si souvent inquiétée qu'elles ne le blessent, etc.

Dans ces mimiques juvéniles et impatientes, elle perdit encore l'équilibre et se rattrapa d'un sourire.

― Vrai...ment ?
― Bien sûr ! J'ai l'impression que ça fait une éternité que nous ne nous sommes pas vus.

Les battements candides de son sourire se multiplièrent alors qu'elle se retenait de la pulsion infantile qu'elle éprouvait à vouloir encore l'étreindre dans ses bras. Elle préféra se concentrer sur la tessiture métallique de sa voix qui lui rappelait un instrument dont les cordes auraient été de cobalt.

― Oh, tu es né ici ? C'est magnifique, tu as dû être très heureux de grandir dans ce paysage. Tu sais, je crois que j'aurai aimé naître ici, moi aussi. Il n'y a que de jolies choses qui peuvent naître dans un endroit aussi beau.

Puis Syndrome a un geste protecteur et tendre auquel les folies craintives de Sarrasin ne peuvent résister. Il lui tend la main et elle s'empresse d'y cacher ses doigts. Elle essaie de les enrouler fermement autour de cette poigne qui est bien plus grande et bien plus imposante que la sienne et ce lien tactile lui laisse une effluve chaude dans la poitrine.
Elle regarde leurs deux poings enserrés puis elle relève ses cils bonheur vers lui.

― Ne lâche pas ma main, s'il te plaît, quémande-t-elle dans le plus grand dévouement solaire.

Et ils commencèrent à marcher ensemble, Sarrasin minuscule comme un colibri guidée par la grandeur excentrique de Syndrome.
Elle bondissait, le bonheur dans ses clavicules proéminentes et ne lâchait surtout pas cette large mains chaude. Elle demanda, intéressée :

― C'est quoi, ce que tu veux me montrer Syndrome ? Je suis curieuse, puisque – oh !

C'est alors qu'elle vit poindre sous ses yeux des boules crème de coton. Elle sursauta, jaillit au dessus du sol comme une enfant sans jamais lâcher le bras de son ami précieux. Elle pointa du doigt le champ duveteux.

― Regarde Syndrome, regarde ! Ce sont des moutons, je connais ça, je connais ces animaux. Comme c'est joli ! Tout est si beau par ici.

Elle était si excitée par l'horizon des bêtes dont elle imaginait la laine câline qu'elle commença à se précipiter vers eux. Au bout de quatre ou cinq enjambées, son enthousiasme s'éteignit. Comme une bête en faute, sa nuque flancha et elle rendra sa poitrine dans ses épaules. Elle se troubla.
Le lien de leur mains c'était cassé. C'était pour elle une sensation très déplaisante.

Elle leva vers Syndrome ses deux yeux clairs et confus puis revint sur ses pas. Là elle reprit sa main et entreprit, dans une témérité innocente, de le presser en avant en lui tirant le bras. Voilà, de nouveau près de lui, elle était capable de sourire à nouveau et de se fasciner pour les animaux blancs comme ses cheveux brûlés.

Elle tourna son visage vers lui alors qu'elle l'emportait de sa fougue candide.

― On n'est pas là pour les manger, j'espère ? Je sais que le mouton c'est bon, mais ce serait dommage de les faire cuire dans un endroit aussi paisible.


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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaVen 6 Mar - 1:16


Il est ce flot consentant, de pensées disparates.
Il savourait éveillé ses nuits solitaires, affecté par une sensation étrange que l'obscurité déposait de ses lèvres glacées. Un jardin d'hiver dans une galaxie effrontée. Sarrasin. Elle avait la pupille brillante, abritant des milliers d'étoiles sous le toit de ses paupières.

Et il se répugne lentement à perforer sa pureté. Délicieusement, il se tord de honte un brin dévoreur. De la chaleur humaine, de la chaleur qu'à la vie se cognant contre le blizzard aigu et viral de sa naissance. Son pitoyable cœur d'acier battait une symphonie à tout rompre. Beaucoup trop bruyant pour le calme de ses plaines paresseuses.

S'il oubliait, s'il oubliait l'instant où Sarrasin cesserait de piailler en gambadant avec son inconscience. Quand le charivari des acteurs aux villes attractives rendraient sourd face au vide des paysages, des montagnes jusqu'aux lacs endormis. Il aurait peur. Peur du silence qui s’immisce sous les couches de sa prospérité. Muet face aux claquements, tintements des voix incapables de l'entendre. Quelques mouvements agités qu'on ne remarquerait pas. Muet. Puis l'attente, l'attente insoutenable d'un élément extérieur qui surgit, vous entraîne dans ses danses endiablées. Un cycle infernal de choses mécaniques, perpétuelles.

Sa main se coucha dans la sienne et la douleur conquérante de son esprit s'envola. Les tours de sa détresse, aux meurtrières acérées s’effondrèrent. Plusieurs fois dans son éternité, ses résistances cédaient. Elles se fissuraient facilement, sans aucune opposition, ballottées par de torrentielles émotions.   Il se cramponna à cette étreinte délicate de toute la ferveur dont il était capable. Ne me lâche pas. Lorsque l'intime demande claqua, son étau se raffermit neutralisant toutes les formes de négligences susceptibles de rompre la muette promesse de leur accord. S'il est la contagion, la joie de Sarrasin est contagieuse, bienfaitrice.
Reste avec moi.

Il aurait aimé se rappeler leur première rencontre, les échanges du début, timide et intrigué. Elle ne lui en laissa pas le temps repartie dans de nouvelles exclamations. La surprise préparée épousa leur regard. Elle avait l'air comblée, un papillon qui se mue hors de sa chrysalide en terre inconnue. Il serait là pour veiller sur elle, tend qu'il ne trahirait pas leur alliance. Son esprit autant que ses croyances s'emballaient : ce qu'il croyait, stupidement.  

Malgré l'envol que suscite l'engouement, ses yeux se posent sur le corps frêle de Sarrasin, le recouvre avec bienveillance. Elle casse leur lien et le ressoude aussi, recolle les brèches, amenuise le scandale de sa chair troublée. Sa propre étreinte l'enveloppa, signalant silencieusement qu'il pardonnait tout.

Le pâtre ne s'y attendit pas le moins du monde. Dévorer ses protégés. Il n'avait jamais goûté la chair animal en raison de superstitions trop tenaces. Les yeux écarquillés qui se plissent rieurs. Un son des profondeurs de ses entrailles recouvre les parois métalliques de sa gorge, secoue ses épaules, amusé, bienveillant. Le rire et l'argent de ses paroles retenues s'écaillent dans l'air :

« C'est horrible, Sarrasin ! »

L’éclaircissement de ses tendres exclamations, se mue en un mouvement délicat, un index accusateur pointé vers ses attributs douteux.

« C'est comme si je me mangeai moi-même ! Tu manges des animaux ?»

Était-ce seulement vrai. Il n'est ni suspicieux, ni moqueur. Curieux, simplement intrigué d'une perspective parmi tant d'autres. D'une banalité à juger, à effacer aussitôt dans leurs vies si opposées. Il s'esquiva avec affection, sans action brusque. Il prit la peine de s'accroupir, lui mimant le geste à reproduire, tendit les bras vers l'avant comme une offrande. Les herbivores restèrent stoïques devant eux. Il ne les effrayait pas, confiants. Ses mains rencontrèrent la laine qu'il palpa, épaisse et légèrement rêche. Il leva les yeux vers la chevelure de Sarrasin. Et son sourire se creusa perçant la froideur de ses expressions figées.

« Tu ressembles à un mouton. » 

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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaSam 7 Mar - 14:14


Syndrome éclata de rire.
C'était un rire porteur du même crissement ferreux que sa voix et qui ressemblait à un cliquetis, comme si ses poumons n'étaient pas complètement remplis d'air. Interloquée, Sarrasin figea ses mille petits battement d'ailes et hissa ses yeux maltés vers le visage composite de son ami. Elle ignorait si elle devait rire à son tour – c'était quelque chose qu'elle avait vite appris à faire -, ou si elle devait se sentir gênée et avoir les joues chaudes. Hésitante, elle choisit de se positionner à mi-chemin entre les deux réactions candides : elle se mit à rougir et baissa la pointe translucide de son nez, mais sans jamais laisser sa bouche lâcher son sourire.

Elle aimait entendre le rire de Syndrome.
Ses sourires, elle les voyait quelques fois mais les soubresauts de joie, eux, étaient plus rares. Ils devenaient des petites perles ocres qu'elle glissait aussi dans l'écrin des choses précieuses, à côté des mots affectueux, des mains qu'elle serre, des poitrines qu'elle enlace, etc.

Pensant avoir dit une bêtise, elle s’embarrassa et noua ses mains timides dans le creux de ses reins.

― C'est horrible, Sarrasin !
― Pardon, confessa-t-elle tout bas, la mine rose.

Elle ignorait réellement quel malheur elle avait prononcé hors de sa bouche, mais puisque c'était une bêtise qu'elle recommençait souvent, elle avait l'habitude de s'excuser. Sa bouche grenade s'ouvrit comme un astre lorsque Syndrome lui expliqua la raison de son rire et de son étonnement. Elle plaqua ses dix doigts bruns devant ses lèvres en secouant vivement la tête de droit à gauche.
Elle était brique.

― Oh, pardon ! Je ne voulais pas Syndrome, vraiment. Je ne savais pas que c'était mal de manger les animaux, et surtout les moutons ? Mais tu n'es pas un animal, non plus, je suis vraiment très embarrassée ! C'est que je trouve ça bon, parfois, dans certains plats, on m'a fait découvrir des choses, surtout le curry, j'aime beaucoup le curry... Est-ce que tu crois que je devrais arrêter de manger des animaux ? C'est vrai que je les aime beaucoup aussi !

Et pendant qu'elle soliloquait en se balançant d'un pied à l'autre et replaçant incessamment une plume blanche et sèche derrière son oreille, Syndrome se déplaçait en avant – ce qui la fit s'effrayer – et s'accroupissait près de bêtes.
Toujours palpitante de honte, Sarrasin hésita une, deux secondes avant de le rejoindre, mais elle céda vite puisqu'elle aimait se trouver à ses côtés. Très consciencieusement et avec beaucoup de dévotion, elle essaya de mimer chacun de ses mouvements. Avec une maladresse tendre, elle parvint à prendre une position exacte à la sienne, et elle espérait avoir eut la même lenteur et la même délicatesse que lui. Elle lui jetait des coup d’œil furtifs à la recherche de son approbation.

― Que fais-tu ? chuchota-t-elle comme une enfant en éveil.

Son ami aux grandes cornes auréolées d'or n'eut pas besoin de lui répondre. Ses mouvements, doux, suffirent à allumer un deuxième soleil dans le regard de Sarrasin. Elle observa ses belles mains bariolées s'affairer dans la fourrure duveteuse d'un mouton avec beaucoup de précaution. Son regard ne cessait de rebondir des caresses aux visage serein de Syndrome. Le détailler apaisait sa gêne.

Mais voilà, comme un animal craintif, il l'effarait encore. Sa comparaison avec le mouton lui tira une exclamation de surprise comme une lourde pierre que l'on jette sur la surface d'un lac. Elle reporta à nouveau ses doigts devant sa bouche ouverte.

― Mais ! Pourquoi ? Ça veut dire que je me suis mangée tout ce temps ?

Elle s'apercevait qu'elle le prenait peut-être trop au sérieux, et que sa crédulité lui collait aux joues, alors elle rit à son tour. Nerveusement, elle glissa ses cheveux derrière sa petite oreille.

― Pourquoi je ressemble à un mouton, Syndrome ? Ce sont mes cheveux ? Je me dis parfois que je n'aurais pas du faire ça, ils sont tout abîmés maintenant... Je peux ? demanda-t-elle en approchant son bras du mouton le plus proche.

Elle chercha encore son regard et aussi ses mots approbateurs. Sarrasin peinait à s'affirmer dans l'existence et parfois, il lui semblait qu'elle ne pouvait pas vivre sans qu'on ne lui tienne la main et qu'on la pousse avec des mots. Aussi, à cet instant, était-elle presque incapable d'agir contre la volonté de Syndrome, d'avancer sans Syndrome, de ne pas avoir la bienveillance de Syndrome, etc. Elle était aussi capable d'obéir à ses demandes, et s'il lui disait de ne plus manger de moutons, elle les bannirait de ses repas, et si il lui disait de changer la couleur de ses cheveux, elle essaierait d'obtenir la même nuit que les siens.
Sarrasin avait trop de dévotion dans les doigts qu'elle tendait. Ils finirent par rencontrer la laine. Un frisson de plaisir l'émoustilla jusqu'à ses joues qui dorèrent et elle dit à Syndrome :

― Oh, c'est si doux. C'est vraiment très doux. Est-ce que c'est doux comme ça aussi, tes cheveux ?

Prise d'envie, elle releva son autre main et l'approcha de la tête de son grand ami. Elle attrapa une mèche de cheveux cendre entre son pouce et son index et la caressa doucement. Entre ses doigts, sa chevelure crissait à peine. Son rire rebondit entre les bêtes cotonneuses.

― Oui, je crois bien ! Mais tu es très différent de eux – de toute façon, tu n'es pas un animal. Enfin, je ne pense pas ? Je ne sais pas, Syndrome, je crois qu'il y a pleins de choses que je ne connais pas, mais tu ne me donnes pas cette impression, du tout, hésita-t-elle en baissant le regard.

Puis elle balaya le paysage onirique d'un bref battement de cil et ajouta, peu sûre d'elle, en levant l'index vers un versant de colline.

― Moi si je ressemble à un mouton, toi tu ressembles un peu à celui là, là-bas, il a des cornes lui aussi. Mais les tiennes sont plus grandes, et je les trouve plus belles aussi.



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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaDim 15 Mar - 23:11

Il fournirait une pluie incomparable de comparaisons. Servies en prétexte. Il y a toujours prétexte à amoindrir les soupirs, enchâssés des sourires sur d'audacieuses expressions.
L’œil reluit méticuleux et la contagion code ce processus sévère dont ses gênes à la naissance ont été infectés. L'humanité. Syndrome creuse. Il fouille comme intéressé par la définition rigoureuse des concepts et notions humaines. Puis sous couvert d’oisiveté, elle avait bien ces exigences mortelles, la perfide brûlure martelant les corps, de morsures écarlates.

« Mais, non, ce n'est rien, ce n'est pas de ta faute... »

Chaque mot entonné est pénible, extorqué de force des entrailles métalliques, un tintement de gravillons et aux crissements de piaule, en un son aussi inaudible qu’irréel. Son regard s'échoue à cultiver les chimères des paysages, à la toile rayonnante de perfection ; autant que la douceur et la tendresse de Sarrasin. Chaque cellule du corps est fourvoyée  de déraison. Les défauts ; les choix. Il s'en moque Sarrasin. Elle lui décerne cette saine pureté, en rêve et étreinte, que ses bras agrippent, des mirages constants. Et cela lui suffit.  

Mais dans les méandres indescriptibles, subsiste toujours une statue aux traits arrogants que la bonté efface. Elle tisse sur ses ténèbres la placidité olympienne, et se pare des affections les plus sobres. Le marbre imposant de son piédestal ombrage la candeur ingénue. Elle l'empêche de voir clair, d'orienter ses intentions pour le moment, sur d'autres corps.

Je ne suis pas un homme.
Je ne suis pas une bête.
Je ne sais pas vraiment ce que je suis.
Une peur peinte enfouie dans des mémoires indisponibles, des songes écartelés de stupeur. Je suis l'irrévérence certaine, l'hégémonie qu'emprisonne la douleur.
Et quand il effleure les mondes qu’arpente celle qu'on nomme Grenade, il aimerait copier les intonations de sa voix, étouffé l’intarissable vague, ses déferlantes acharnées qui font crépiter ses pores ; d'une soif certaine de décadence.  Il voudrait l'inconscience de ses répliques, ses milliers de questions cousues à la commissure de ses lèvres. Il voudrait, il voudrait, comme on désire, comme on attend quelque chose.
Quelque chose de dérisoire.

Il aimait les cheveux de Sarrasin et le contraste de sa peau. La finesse de ses poignets, la vulnérabilité qu'inspirait son être écrasé sous sa posture de géant.
Un géant de papier.
Il aimait et c'était bien là ; son fléau.
Alors il se raccroche à ses interrogations fugaces que son silence avale résolu. Elle a l'air si irréelle. Et seul son toucher est véritable, comme l’innocence de ses piaillements gorgés de surprise.
Comme un enfant intimidé, qui se dissimule derrière ses sourires endiablés, sur ses lèvres striées. Les mots lui manquent, la confusion réduit ses initiatives et la brume inhérente recouvre ses répliques inachevées.

« Ah, désolé, je trouverai mieux la prochaine fois... »

Il étouffe les lèvres gondolées, incontrôlables à son tour, par la chaleur diffusée par ce minuscule corps déroutant, qui rayonne sans s'arrêter.

« Tes cheveux sont très bien comme ils sont...tu peux aussi manger ce que tu veux.. »

Il a essayé de compter, le nombre personne a avoir soufflé sur ses ténèbres, éparpillé ses cauchemars quand ses cils égarés manquent un battement et que la pupille reste arquée sur des ombres terrifiantes. Il veut juste les sourires rassurants, balayer les craintes soudaines qu'il entrevoit.
Et ses cornes, qu'il avait regrettées autrefois, ses difformités, comme le reste de cette apparence hideuse, maintenant symbole d'une vanité humaine, que l'animal brandit triomphant. Ce succès lui montait vite à la tête, comme les compliments.

« Je ne suis pas un animal. »

Il pousse un soupir amusé, et son regard plane sur sa chevelure décolorée.
Silence.

« Veux-tu voir les lacs ? »
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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaSam 21 Mar - 20:12


Elle demeurait immobile à enfouir ses doigts de terre cuite dans les entrelacs cotonneux des moutons. Elle attendait.
Sarrasin attendait beaucoup dans sa nouvelle vie et de sa nouvelle vie. Elle attendait que le soleil finisse par choir sur ses deux épaules de cuivre, que des mains l'emportent pour la plonger dans l'écume de l'océan brillant, que des rires lui embrasent son cœur trop petit pour toutes les rencontres qu'elle percutait de plein fouet.
Elle attendait aussi, souvent, que son interlocuteur exprime son plaisir à la côtoyer, qu'il dénie sa nuisance, qu'il approuve ses choix, qu'il lui autorise sa timide existence. Et pendant tous ces instants fébriles et silencieux, pareils aux campagnes désertiques où pousse le blé et l'orge, Sarrasin gardait ses yeux rivés sur le sol.

Ses dix orteils vernis dépassaient de ses sandales.
Puis, Syndrome parla – de cette voix d'acier qui caressait toujours ses oreilles à lui en faire vrombir les joues – et il lui autorisa deux de ses hésitations : la nourriture et les cheveux.

Si Sarrasin fut heureuse d'avoir le droit de manger ce qu'elle voulait – même si, désormais, elle éviterait les moutons car elle ne pourrait plus sentir leur viande sur sa langue sans rappeler à ses phalanges leur douceur –, elle dora en entendant Syndrome évoquer ses cheveux brûlés.
Elle replaça une autre mèche derrière sa petite oreille brune.
Sarrasin était entière ; s'il les trouvait très bien, ses cheveux, alors, elle avait très envie de les garder comme ça pour très longtemps.

Elle note aussi, les lèvres entrouvertes de dévotion, les yeux grandis d'admiration, que Syndrome n'est pas un animal. Elle espère qu'elle n'a pas poudré de gêne ou de peine sur la peau de son ami parce qu'elle préfère se perdre dans les pli de son sourire.
Quand ses lèvres s'arquent, sa peau désertique se mouchette d'un rose heureux. Elle se replace, rabat ses deux paumes chaudes sur ses deux genoux cagneux trop souvent cabossés. Un silence se prélasse entre leur deux sourires et elle cherche des paroles vives à prononcer – c'est très étrange, c'est si rare qu'elle ne trouve plus de paroles dans sa bouche !

Mais quand l'invitation tombe, son visage s'illumine comme une aube d'été.

― Veux-tu voir les lacs ?
― Oh oui ! Les lacs je me souviens ! Je suis passée devant lorsque je suis arrivée. J'adorerais. C'était si beau !

Ses exclamations se répètent et s'enlisent dans son émerveillement alors qu'elle bondit, intenable, sur ses deux cheville folles. Elle sautille en enfonçant la plante de ses pieds dans l'herbe piquante et ramène ses mains en prière devant sa bouche.
L'impatience la fait s'envoler dans un courant d'air chaud. Elle attrape avec beaucoup de douceur le poignet de son ami pour l'inviter à se lever, comme elle, pour qu'il parte avec elle, pour qu'il reste avec elle. Le laisser en arrière – même de trois pas – lui est trop coûteux. Elle ne pourrait plus en respirer.

― Viens Syndrome, on y va !

Comme une enfant elle tire le colosse qui l'emmitoufle de sa bienveillance. Ses élans intrépides se sentent bien, ses joues sont tièdes et ses membres impatients. Elle laisse frétiller sa bouche :

― C'est par là, n'est-ce pas ? C'était si joli, quand je suis arrivée, j'ai eu l'impression de les avoir déjà vus alors que je ne suis jamais sortie de la citadelle. Tu te rends compte, Syndrome ? Je n'étais jamais sortie de la citadelle avant ! C'est la toute première fois, je n'en reviens pas. Je suis si heureuse que tu m'aies invitée. Merci. J'ignorais qu'il existais des choses si belles en dehors de la ville, et ce que je ressens c'est grâce à toi.

Dans son monologue ravi et excité, elle arque sans cesse sa nuque pour revoir le visage émaillé de son ami. A chaque fois qu'elle croise ses yeux de tapisserie, elle lui sourit. Ils arrivent près des deux grands miroirs. Ses traits s'animent d'une soudaine euphorie lumineuse. Elle s'exclame :

― Oh ! Est-ce qu'on va pouvoir se baigner ? On va se baigner, Syndrome ?

L'idée l'emporte comme une bourrasque estivale. Elle rompt lien très précieux de leur main pour s'approcher de la rive immobile mais, elle se rassure en se disant qu'elle est à moins de deux pas de lui. Elle s'accroupit à nouveau comme si elle préférait toujours être à hauteur d'enfant. Malicieuse, elle plonge la pointe de son index de feu dans l'eau calme et l'agite d'une onde timide. Au bout d'une ou deux inspirations sifflantes d'espoir, elle lâche, assagie :

― Je crois que c'est un peu froid. Tu crois toi aussi, Syndrome ? Ce serait tellement dommage.



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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaVen 27 Mar - 23:40

Repartis dans une nouvelle danse, une cavalerie inconsciente. Ses petits doigts qui étreignaient tout son être. Le printemps fleurissait sur ses sourires. L'opacité de son bonheur ne pouvait être percé. Et Sarrasin, elle ne savait probablement pas, petite sauvée, si minuscule de sa démarche hésitante. Effrayée, comme attentive aux sermons. Il pouvait diriger d'une baguette invisible ses articulations porcelaines et s'encrer à son univers comme on nomme d'autres galaxies lointaines.

Il palpe encore leur étreinte éphémère qui se lie et se délie à chaque ritournelle de joie, la tiédeur de sa paume sur le métal qui couvre d'affection et de flânerie. Il embarrasse la majesté des lacs, jumeaux au sommeil paisible et sans torpeur. Un calme trop plat et ennuyeux où s'écrasent les jours, comme la pointe des conifères plongent à la source pure. Il doit plisser les yeux pour ne pas être aveuglé par les scintillement que projettent les rayons sur l'étendue endormie.

« Je n'ai jamais nagé dans ces lacs...je crois que je n'ai jamais appris à le faire...et, tu pourrais attraper du mal... »

Les mots répondent à ceux enchanteurs du rossignol. La placidité dirige en maître sans troubler ses propres eaux insondables. Le regard aveugle qui est le sien. Et il se rappelle les précédentes répliques. Celles de l'oiseau en cage, dont les barreaux se sont étirés aujourd'hui pour laisser sa silhouette étourdie se promener dans l'Eden. Ses lèvres dessinent un sourire désolé quand les envies de Sarrasin se noient.

« J'aime beaucoup cet endroit...mais j'aime encore plus Libra. »

Quand sa naissance est apparue et que son premier souffle a effleuré ces terres. Il y avait eu tant de charivari autant que la foule éparse qui s'accumule de jour en jour dans les ruelles de la citadelle. Seulement Libra offrait d'autres visages, d'autres parfums à humer, là où le vide de Rhode par son inertie surplombait ses souvenirs. Malgré le calme, il restait accroché au bruit, seul assassin d'un silence qui s'éternise quand la solitude se déploie autour de son esprit. Il n'y avait jamais eu de mérite d'être né ici, où son cœur aurait dû cesser de battre. Si seulement la Balance n'avait pas chuté, trompé le paradis

« Je suis allé dans d'autres villes...mais je ne les aime pas. Je déteste Canaan et cette cité maritime à l'ouest de la citadelle. »

Ce fut drôle à dire, à avouer. D'entamer toutes ces comparaissons que son œil avait goûté par tant d'observations. Canaan avait pour couverture des champs fleuris, des habitations charmantes et un idylle à partager. Mais elle ressemblait trop à ce masque qui lui rongeait les os, elle était aussi pourrie et défectueuse de l'intérieure. Défaillante en raison de ses propres parasites gourmands et insatiables bien avant les dérèglements de l'horloge. Un soupir menu s'échappa, tandis qu'il prenait place dans les herbes folles pour rester devant les eaux jumelles. Il n'esquissa par le portrait d'Ethernite et de ses cris perpétuels ronflements incessants qui ne se taisaient ni de nuit, comme de jour.

« Un jour, tu les visiteras aussi ? Tu les aimeras peut-être. On m'a dit que loin dans le sud, on pouvait admirer une grande masse d'eau... la mer? Je crois qu'on peut s'y baigner...»

Elle avait de l'espoir Sarrasin. Davantage que lui. Une entaille dans sa pensée. La contagion qui se frottait aux corps sans cesse intriguée avant que la magie ne se craquelle puis s'envole. Un jour, il serait obligé de dire, d'avouer ce que son toucher provoque, promet en guise de fléau. Et les mots manquaient à l'appel. Et chez Sarrasin, fragile, au plumage volé aux colombes, il aurait voulu pénétrer plus loin derrière les couches de mystère, bien au-delà d'une simple chevelure abîmée par ses choix impulsifs ou ses sourires chaleureux. Des mots perdus qui se dispersèrent au gré du vent, des caprices gorgés d'audace où crèvent ses faux-semblants.

« Il y a sûrement quelque chose que tu aimes le plus au monde ? » 
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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaLun 30 Mar - 23:38


Sarrasin, penchée au dessus de la langueur translucide du lac aurait aimé qu'à côté de son reflet se trouble celui de Syndrome. Elle arrivait à poser ses yeux sur ses yeux, ses lèvres sur ses lèvres et durant trois battement de cil elle se saisit de son apparence qui crevait la mimique du ciel.
Nerveusement, elle replaça une de ses mèche de paille décolorée derrière son oreille.

Elle s'étonnait encore souvent de son apparence et laissait s'allonger sur ses paupières influençables le lourd poids chagrin de la culpabilité. Mais Syndrome lui avait dit que ses cheveux étaient bien et plus encore, il avait dit qu'ils étaient très bien ; ses joues en avait crépité. Attentionnée, elle agita ses petits doigts bavards près de son front pour recoiffer des fils insoumis.

Parfois, elle se disait qu'elle était jolie ; c'était une certitude qui lui venait du simple fait qu'elle exhibait à la face du monde la pointe en bronze de son nez. Il ne pouvait y avoir que de la beauté lorsque l'on portait un visage sans jamais le cacher dans des paumes craintives ou sous un voile cobalt.

Elle savait ses choses sans jamais en connaître la source, de la même manière que les deux immenses lacs lui étaient familiers où que la rougeur d'un regard courroucé la frappait en pleine poitrine.

Sarrasin regrettait vraiment que Syndrome ne soit pas plus près d'elle et qu'il ne laisse pas ses boucles qu'elle avait trouvée très douces s'imprimer sur le lac. Ses mains lovée sur ses genoux, elle contorsionna sa nuque vers lui pour l'inviter à la rejoindre. Mais il parla avant que sa bouche ne lâche des exclamations analphabètes.
Lorsque Syndrome parlait c'était le monde qui tombait de ses lèvres.

Elle puisait une grande quantité de chaleur dans la grandeur de colosse de Syndrome, le sourire griffé de Syndrome, les yeux tamisés comme le crépuscule de Syndrome, etc. Mais malgré le soleil bicolore avec lequel il enveloppait ses frêles épaules, elle ne pouvait retenir ses murmures tristes :

― Oh, c'est vrai qu'il faut savoir nager, pour se baigner...

Son rêve fana sur ses pommettes.
Il lui semblait qu'il se recroquevillait entre ses mains en coupe et que les lacs devenaient soudain très étroits. Elle était souvent cognée par l'étendue de son ignorance, de son incapacité et de sa maladresse au point qu'elle en avait mal au front.

Mais Sarrasin ne pouvait pas conserver peine et chagrin plus que quelques expirations courtes et ces tourments adolescents s'enfuyaient encore plus vite en présence de son grand ami. Quand il parlait, il la raccrochait à l'indolence tendre de cette réalité.
Il aurait pu se saisir de ses deux mains que sa captivité aurait été la même.

L'émerveillement d'un enfant que l'on projette dans le monde éclaira les joues, les yeux et la bouche ronde de Sarrasin. Syndrome piquait dans sa tête des images délicieuses et illicites d'un ailleurs dont elle n'avait jamais soupçonné la beauté crève-cœur. Elle bondit aussitôt sur ses genoux parce qu'elle avait l'impression, quand Syndrome s'adressait à elle, qu'elle est suffisamment grande pour griffer le ciel les bras tendus ; mais aussi parce qu'elle pensait qu'elle entendrait mieux les bruits des villes dont il parlait si était au plus près de lui. Elle vint se placer devant lui et hissa sans peine son regard ocre. Ses mains s'emparèrent des siennes.

― Syndrome ! Il existe vraiment d'autres villes ? C'est tellement palpitant quand tu en parles ! Même celles dont tu dis que tu ne les aimes pas, je voudrais tant les voir, et savoir pourquoi elles te plaisent si peu.

Le débit coule comme une cascade et elle frétille comme un oisillon. Son visage virevolte de son ami aux lacs, des lacs à son ami et parfois rebondit contre le ciel. Soudain, elle se calme et porte son index en bas de sa bouche :

― Libra...

Elle commence dans la légèreté de l'indolence. Elle répète avec beaucoup de minutie les cités qu'il a nommé comme si elle allait pouvoir les invoquer en retenant leur nom.

― Canaan...

Son regard accroche le sien.

― Une cité maritime ?

L'interrogation s'étiole comme un pollen alors qu'elle suit de ses yeux la grandeur de son ami qui s'affaisse. Aussitôt elle le rejoint et enfoui son bassin dans les herbes piquantes. Les brins drus chatouillent ses cuisses. Elle voudrait s'y prélasser comme sous sa couverture de laine. Elle poursuit, intouchable dans sa rêverie :

― Et la mer. La mer, c'est un si joli mot. J'aime beaucoup le prononcer et je crois que j'aimerai beaucoup la voir. Est-ce que l'on est obligés de savoir nager pour se baigner dans la mer, Syndrome ? demande-t-elle en orientant son visage par rapport au sien.

Deux enfants égaient la praire.

― Est-ce que tu viendras avec moi voir la mer, Syndrome ? On pourrait se baigner ensemble, même si on ne sait pas nager... Je ne sais pas comment on apprend, mais peut-être que nous pourrions apprendre, aussi. Est-ce qu'on attrape du mal seulement en se baignant dans les lacs, où les mers aussi sont dangereuses ? Je crois que je n'ai jamais attrapé mal encore.

Il devient le réceptacle de toutes ses interrogations qui bruissent par milliers sur ses yeux confus. Sarrasin laisse un soupir s'enrouler sur sa poitrine timide et hausse ses clavicules. Comme si sa tête était trop lourde de tant de joie et de fascination, elle bascule sur sa droite. Elle pose sa joue contre l'épaule chaude de Syndrome.

Mais Syndrome fait ricocher sur le lac une question très lourde pour Sarrasin qui s'effraie et redresse sa nuque. L'exclamation aiguise sa voix :

― Ce que j'aime le plus au monde ? C'est une question si difficile Syndrome !

Ses phalanges viennent se toucher les unes les autres. Elle rabat ses genoux contre sa poitrine, niche son nez entre ses deux rotules et enroule ses bras maigres autour de ses tibias. Elle se redresse un peu pour dégager son énonciation :

― C'est vraiment difficile... Est-ce que ça doit être un animal ? Est-ce que ça doit être de la nourriture ? Ou bien une couleur, je sais que l'on peut aimer les couleurs... Ou alors, ça doit être quelqu'un ? Je ne sais pas, je crois que j'aime beaucoup trop de choses, Syndrome.

Sarrasin s'effondre lorsqu'elle doute, incertaine, mais Syndrome est trop proche d'elle pour qu'elle ne bascule complètement en arrière. Elle se raccroche à cet horizon immense qu'il est pour elle qui lui taille les contours du monde. Son regard de blé oblique vers lui et est caressé par une douceur juvénile. Elle pose sa joue gauche sur son genou pour mieux le regarder :

― Mais et toi, Syndrome ? Tu sais tant de choses, je trouve, tu m'impressionnes beaucoup. Est-ce qu'il y a quelque chose que tu aimes le plus au monde ? J'aimerai que tu me racontes, s'il te plaît, si tu le veux bien. J'aimerai beaucoup que tu me racontes des choses parce que j'aime entendre tes mots.

Bien que très calme à ce moment là, elle bouge un peu, oscille sur elle même et inconsciemment se rapproche du titan de fer. Un rire heureux lui fait fermer les paupières et sourire ses lèvres. Elle redresse son visage qui migre toujours vers lui et lève son index à son sourire :

― Et ne sais pas si c'est ce que j'aime le plus au monde, mais je sais au moins que j'aime beaucoup ça.




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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaVen 3 Avr - 11:27

Thémis
C'était facile. De s'accoutumer aux mauvaises questions. D'entendre les rires s'envoler, le détachement s'inviter. Chaque jour est une attente, un déclic. Une décharge quelque part, fatale. Une envolée d'oiseaux, un corps qui s'affaisse. Rideau.

Les corps suspendus prisonniers du temps et de cette prison. Les limites inconnues, les frontières inatteignables. Et l'odeur d'ambre qui reste coincée dans les muqueuses. Sur sa peau reste inscrite les traces des altercations vagabondes. Il n'y avait jamais eu assez de légende surtout d'inconnus ou d'aventuriers qui auraient pu disparaître, ne jamais revenir. Il suffit de compter le nombre de personnes, d'habitations, de villes. A répétition, en répétition.

Elle prenait place attentive. Il avait curieusement la pupille sèche. Comme la gorge, l'esprit, la mémoire qui se devait d'être rafraîchie. Il avait l’amertume de quelqu'un d'autre sur le bout de la langue. De ces personnes qui avec minutie, décomptent, à rebours posément chaque déchéance. Elles effeuillent l'innocence, la candeur qui leur entaille la pensée acre. Car le temps est assassin, et ramène a lui de cruels grains ayant altérés sous son poids des puits de souvenirs.

La mer avait englouti un jour beaucoup d'espoir.

Sarrasin. Elle a tant de mots flatteurs, enchanteurs qui désarçonnent. Ces mots qui donnent envie de se couvrir de fierté. D'avoir des brides d'orgueil sur sa bannière. Des yeux pétillants de joie comme les siens, jumeaux heureux, semblables. Des joyaux, des rubis, des saphirs, pierres précieuses que des voleurs, pirates et scélérats voudraient arracher et conserver dans leur tombeau après leur mort. Il n'avait que faire de ces richesses impressionnantes, quand ce qu'il désirait se situait à l'intérieur de son hôte et paraissait si inatteignable.

Elle avait trop de mots qui engloutissent des réponses réfléchies, construites autrement que sur des îlots de fortunes, des vérités marécageuses.

Il s'était souvenu pourquoi il détestait la mer.
L'eau. L'ombre d'un corps glacé sous ses doigts.

Et dans les mares bigarrées comme le jaspe, empreintes d'un fléau passé, recouvertes d'oubli. Il lui fallait payer tel Icare, le prix de la vantardise et de la naïveté.

Les pattes de l'hirondelle lui caressent l'épaule, y déposent son poids plume, inconstant, qui pianote et repart dans sa ritournelle; provoquer le ciel, s'arrête : repart en arrière, puis parle d'antan.

Dans l'océan, elle ira plonger ses poissons multicolore, exotiques accrochés à la racine et l'ivoire de ses mains. Les tremper dans un bleu translucide. Répondre à la course paresseuse du soleil. Ce maudit soleil.

« Non, je ne sais rien... »

Les mécanismes de sa voix reprennent vie, un moment suspendu et figé dans l'écorce, la roche. Ses yeux ont fait tant de fois le chemin sur sa nuque de topaze, le crin platine, indiscipliné de ses cheveux, la courbe de son nez, le sirop douceâtre de ses joues. Dévoreur du moindre de ses mouvements ingénus.

Je n'étais pas un animal.
J'étais bien pire que cela.

Sans conteste, happé d'une curiosité violente, un sourire basalte irradiant qui se demande, réclame abrupte ; qui s'enflamme de savoir si son armature de chair et os a été confectionnée et soutenue volontairement à la cire. Qui fondrait aisément à l'empreinte incandescente de ses doigts.

Aimer.
Peu importe la chose, cible, objet des convoitises.

Ses bras immenses en forme d’équerre. Son coude appuyé contre sa vue, la clarté obstruée.
Mais ses expressions marbrées sont sages, moins incendiaires que ses envies qui s'opposent aux interdictions néfastes.

« Je ne sais pas. »

Guérir.

Il n'entendait plus les rires comme on entend la mer.
Mais comme les fleuves, les rivières, quelque chose suit son cours.
Quelque chose suit son cours.

« Je crois que j'aime dormir. »

Le geste suit la parole, quand l'ossature tombe  en cendre dans les herbes et s'aligne sur les rayons brûlants. Le voile de ses vêtements masquant ses traits. Aspiré par les sons nocturnes, enseveli par l'absence du sommeil. Irascible. Quand l’insomnie se déploie et soumet les dormeurs. Dormir, c'est la seule possibilité de combattre cette torture interne pour eux, d'endiguer leur fardeau, la violence de leurs plaintes ineffables.

« J'ai aimé trop de choses aussi. »

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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaMar 7 Avr - 0:11


Le vent s'était levé, tendre, et avait fripé la surface plane des deux lacs ronds comme des pièces de monnaie.
Sarrasin avait eu un frisson enroulé autour de ses épaules ; ses doigts, protecteurs, s'étaient recroquevillés autour de sa peau trop chaude qui aspirait un jour de recevoir mille et un baisers du soleil. Pour l'instant, elle se contentait de ses propres caresses et de ses timides tendresses.

Elle avait un peu froid sans avoir de piqûres sur sa peau d’airain ; peut-être était-ce à cause de la soudaine brise qui louvoyait entre les brins d'herbes disparates, mais peut-être tout simplement était-ce à cause des mots de Syndrome qu'elle écoutait, sage.
A deux reprises, il lui avait dit qu'il ne savait pas.
Sarrasin avait eu l'impression d'avoir posé sa cheville trop loin et enfilé ses mots trop rapidement. Elle brandissait tant de questions qu'elle allait finir par éveiller dans ses yeux d'escarboucles l'agacement, l'énervement, la colère.

Elle ne voulait pas devenir une plaie pour Syndrome ; alors, elle enroulait ses doigts autour de ses épaules comme pour renfoncer des échardes de tristesse sous sa peau. Sa nuque s'assoupit, bascula vers l'avant, mais à aucun instant ses cils ne se détachaient de la contemplation qu'elle avait pour le front de Syndrome, l'arête du nez de Syndrome, la mâchoire noire de Syndrome.

Elle suivit la course de son bras comme elle avait un jour poursuivit celle du soleil ; ses deux yeux d'orge regardèrent son coude pointer le ciel avec de grands airs accusateurs.
Elle se demandait bien ce que Syndrome pouvait avoir a reprocher au ciel. Il ne lui venait pas à l'idée que l'injustice puisse poindre dans les reins du rêves mais comme pour beaucoup de choses, Sarrasin trébuchait sur les erreurs.

Syndrome bascula en arrière pour s'allonger dans l'herbe.
Plus il tombait, son visage composite dissimulé derrière son grand bras, plus la poitrine de Sarrasin s'étiolait sous la pression de l'inquiétude. Il parlait soudain peu et elle, babillait trop ; le pourpre ne venait plus poudrer les joues de Sarrasin qui, plutôt que de se gorger de sang battu, pâlirent en s'évidant.

Sans cesse elle butait contre l'obsession qu'elle commettait des fautes.
Elle prenait sur elle la responsabilité du visage et du regard d'or qu'il lui cachait. Son œil tressauta et d'une façon très discrète sa lèvre inférieure s'enfonça dans son menton. Le coin de ses paupières s'était affaissé comme le sirocco qui s'achève.

Un fouillis désordonné d'interrogations lui étreignait les côtes mais Sarrasin, dans son courage dévoué qu'elle puise dans sa candeur, ne laissa rien paraître. Elle ne voulait pas gêner Syndrome plus qu'elle ne le gênait maintenant.

Comme toutes les adolescentes cassée, elle savait toujours comment s'y prendre pour se faire toute petite ; suffisamment petite pour s’immiscer entre les plis d'un sourire. Elle planta sa paume dans l'herbe piquante, imaginant déjà les arabesques qui y seraient imprimées et pencha l'avant de son corps vers Syndrome.

― Tu aimes dormir ? répéta-t-elle d'une voix douce qui ne voulait déranger personne.

Ses deux yeux tourmaline tombèrent sur le torse zébré de Syndrome qui se soulevait à chaque inspiration. Elle le regarda un instant avant de poursuivre sa docilité zélée. A son tour, elle laissa chuter ses reins et ses omoplates contre les herbes folles. Un rire minauda dans ses poumons :

― Ça chatouille !

Mais aussitôt elle se tut ; peut-être froissait-elle trop l'univers infini de Syndrome, comme le vent avait fripé la surface des lacs.

Embarrassé, les pommettes mordues de chaleur, elle se trémoussa sur le dos. Intenable, elle finit par basculer son corps sur le côté et s'allongea sur son flanc, un bras rabattu sous sa tête. De là, au pied du monde, il lui semblait que Syndrome était plus colossal encore ; sa silhouette faussement endormie lui donnait des airs imaginaires. Elle proposa, la gorge tiède, les lèvres hésitantes :

― Je trouve que c'est bien de dormir... Tu sais, si tu as envie de dormir maintenant, tu le peux. Ça ne me dérange pas du tout, au contraire. Je me reposerai à côté de toi, si tu veux. Ou alors, je pourrais aussi veiller sur ton sommeil ? Il me semble que c'est quelque chose donc je suis capable...

Les mots s’égrainèrent sur sa langue timide et elle eut envie d'enfouir son visage quelque part pour le cacher, comme lui. Mais comme il n'y avait en face d'elle que l'épaule large de Syndrome, Sarrasin se retint ; elle plissa les yeux un instant avant de se reprendre, les nerfs craintifs.

Elle avait la tristesse semée dans son regard. Toujours vive, elle se redressa sur son coude et tressauta pour se rapprocher de lui. Sa bouche s'ouvrit mais demeura silencieuse le temps qu'elle trouve ses mots – ou plutôt, le temps qu'elle ose les formuler.

Ses doigts d'argile se levèrent au dessus de lui mais elle ne les posa nulle part.

― Est-ce que ça va ?

Ils trouvèrent leur place sur l'avant-bras de Syndrome et y laissèrent une empreinte d'Arabie.

― Est-ce que ça va, Syndrome ? Tu as l'air...

Ses lèvres se pincèrent et son regard vira à l'ouest.

― Tu as l'air fatigué.

Et elle en avait la certitude qu'on les cœurs faibles, que son grand ami était fatigué par un mal dont elle ignorait tout. Elle espérait juste ne pas avoir exacerbé son harassement avec les pépiement de sa bouche.

― Est-ce que j'ai fait -

Elle se tut aussitôt ; elle avait toujours cette vilaine habitude de ne pas exister. S'exhiber dans une inquiétude lui vaudrait encore plus de colère, elle en était certaine.
A la place, Sarrasin se hissa sur son bras, toujours trop petite, et vint déposer un baiser tendre sur le coude de Syndrome.
Sarrasin savait au moins compter jusqu'à deux, et ce fut un baiser qui dura deux secondes. Elle ramena sa main brûlante contre sa poitrine et demeura au dessus de lui comme un astre bienveillant. Sa voix se mélangeait, basse, à la brise :

― Tu veux dormir, Syndrome ? Je me demande aussi quelles sont toutes ces choses que tu as aimé. J'aimerai bien aussi, aimer de cette façon, et apprendre à aimer toutes ces choses...

Frappée d'une indolence soudaine, sa tête dodeline au dessus du colosse. C'est la faute du vent qui glisse derrière ses oreilles, de l'herbe qui ondoie entre ses jambes étendues, de la respiration de Syndrome qui bat lentement le temps, de l'immobilité de Syndrome qui fige son univers, etc.
Elle se rallonge à côté de lui, son bras tendu sous sa joue. Ses paupières de sable se ferment ; elle soupire un murmure qui sonne comme une prière inachevée :

― Oui, j'aimerai beaucoup savoir...




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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaMar 14 Avr - 23:07

L'éternité bien acérée perforait les mémoires. Elle ne laissait pas les crânes s'évider de leur substance onirique. Loin de là. Elle remplissait chaque morcellement de doute, voire de peur inconsciente.

Il suffisait de mentir. De s'adonner, se perdre dans ses pseudos vérités. C'était une expérience facile lorsque sa vie entière se résumait à un simulacre. Une imitation.
Contrefaçon.

« Sarrasin. »

Il aimait à répéter son nom, le tintement des trois syllabes détachées qui rebondissaient le long de ses incisives, puis qui caressaient son palais. Des parfums orientaux que sa peau exhalait quand elle se rapprochait de son corps étendu dans les plaines gigantesques de Libra entre lacs et montagnes désertiques.

Même si son visage dissimulé pouvait trahir des émotions, malgré l'absence d'iris, de ressemblance dans ses traits difformes,  il n'affichait rien de similaire, d'assez révélateur pour se livrer lui-même. Mais les seuls piaillements de sa voix synonyme de vie, suffisaient à apaiser ses maux, rompre cette bile acre qui coulait dans sa gorge et la colère qui se mélangeait aux crissements sourds de ses entrailles. C'était juste sa propre faiblesse qui se manifestait, pénible, à travers ses membres, son corps capricieux.

« On ira voir la mer... »

Il était si facile de tout lui céder, concéder. Au nom de la douceur qui se dégageait d'un corps frêle, menu. Le bout de ses lèvres, la présence chaleureuse, comme si rien d'extérieur ne pouvait entacher ce moment. Pas même ses maussades pensées. Malgré la brume qui l'assaillit, le rendant sec et nerveux derrière ses expressions impassibles, et les mots qui se noient et s’enlisent dans ses réflexions lasses et incertaines.

« On pourra s'y baigner si tu veux. »

Il n'aimait pas les promesses. Il n'en avait jamais assez enlacé dans le creux de ses mains, serrer si fort pour prétendre les maintenir. Pas en vain, jamais pour des palabres ridicules et mensongères. Dans ses mystères bien orchestrés, il ne pouvait prétendre revêtir éternellement la peau d'un nouveau né. D'un âme vierge progressant avec émerveillement et fascination dans l'Eden. Il ne supportait de voir une marque d’inquiétude ou de douleur enrayer son chant d'oiseau.

Son bras retomba prêt de son corps, les rayons plongèrent pour reluire sur la membrane lisse de ses yeux. Il pencha la tête de côté, laissant les pliures de son visage creusé des rides timides à peine mûres sur le front et au sommet de son nez. Ses immenses ovales inspectent le visage de Sarrasin, avant qu'une expression bienveillante n'y trouve refuge, jusqu'à couvrir d'un regard protecteur le petit corps fragile.

« Il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit...tu sais, ce n'est pas ta faute. Mais parfois, il m'arrive de m'endormir, comme ça n'importe où, alors je dors. Je ne sais pas résister. Je dors longtemps, jusqu'à ce que je n'ai plus envie de dormir. Ce n'est pas toujours amusant, mais ce n'est pas grave non plus. »

Il aime la perspective d'avoir un gardien pour veiller sur ses songes, qui se tient à ses côtés.

« Mais, je sais que si tu veilles sur mon sommeil, alors tout ira bien. Je pourrais compter sur toi. »

Soudainement, il y a comme un sourire qui lui élargit la commissure des lèvres comme pour soulager un cœur trop lourd de porter un poids désagréable sur ses épaules éreintées. C'est tout son épiderme qui réagit aux sollicitations à la candeur de l'enfant Grenade et même s'il lui manque la grâce et la volupté des plus habiles, il sait qu'elle arrivera, qu'elle essayera de saisir et de boire la plus petite de ses intonations, la plus vulnérable de ses paroles. Telle une alliance invisible.

« Et je te raconterai, encore, on aura tout le temps... »

Le son de sa voix diminue, presque éteinte. Ses paupières se referment comme scellés. Il sent juste la brise le bercer et la présence de Sarrasin à ses côtés, le vagabond endormi.

***

Les nerfs de ses doigts crépitent jusqu'à l'intersection de ses épaules. Ses paupières battent l'air. Une sensation désagréable de déshydratation lui lacère la gorge asséchée, tandis que du bout de la langue  il palpe la sécheresse inscrite sur ses lèvres.
Il entend sa poitrine se soulever paisible et les bruissements du vent en discontinu qui court dans ses cheveux, les laissant s'agiter comme des filaments sauvages.
Le soleil a poursuivit indifférent sa course et semble déjà aller se blottir derrière les branches luxuriantes des arbres et épouser de ses rayons les pentes rocailleuses qu'il observe au loin.
Le crépuscule qui s'annonce, la fin du jour annoncé. Il a l'impression d'avoir dormi sans aucun songe troublant depuis une éternité.
Sa voix perce alors le silence, déraille légèrement, dans l'attente d'une réponse à son écho perdu dans cette nature inébranlable et à jamais sereine.

« Sa...sarrasin ? »
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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaSam 2 Mai - 21:05


Sarrasin avait peu d'amour pour son prénom.
Elle lui trouvait des sonorités sinueuses et gutturales qui ne s'harmonisaient par avec la chaleur qu'elle souhait propager en lançant ses sourires aux versants des montagnes. Mais lorsqu'il était dit par Syndrome, c'était comme s'il happait toutes les écorchures de son prénom pour y tisser des entrelacs de douceur.

Elle releva deux yeux maltés vers son profil et se perdit dans une boucle noire. Un petit sourire, timide comme la saison des pluies, s'étiola sur ses lèvres.
Quand c'était Syndrome qui l'appelait, puisqu'elle voulait lui être agréable, toute son attention pétillait comme des éclaboussures d'eau tiède.

La gentillesse touchait beaucoup Sarrasin.
Elle la touchait comme si elle avait dix doigts, comme les siens, et qu'ils venaient se planter entre les côtes de sa cage thoracique pour y déposer des contes merveilleux. Pour Sarrasin, tout le monde, sans presque aucune exception, était nimbé par la gentille ; tous les visages, même les plus austères, avaient dans le granit de leurs plis froissés une pulvérulence de bonté.

Sur le visage monochrome de Syndrome, elle voyait dans sa nuit et dans son jour des poignes et des poignes de gentillesse. Alors, quand il lui dit qu'ils iraient voir la mer et plus encore, qu'ils pourraient même s'y baigner, Sarrasin eut beaucoup de difficulté à contenir le tintement bruyant de son bonheur.

Ses mains bougèrent, montèrent à ses lèvres brunes, revinrent se blottir sur son plexus. Ses chevilles battirent l'air et les pointes piquantes de l'herbe sauvage et comme une enfant, elle s'exclama sur le lexique de l'été :

― Vraiment ? Vraiment ? Ce serait si bien ! Oh vraiment, ce serait si bien.

Elle déplaça, sur le sol à l'odeur de terre, sa nuque pour cacher maladroitement un pan de son visage euphorique. Mais intenable et désordonné, il fut attiré par les mouvements de Syndrome. Son bras tomba loin plus loin de son visage et se rangea, docile, le long de son grand flanc. Sarrasin pouvait à nouveau percevoir dans le monochrome de son visage tous les minuscules pigments de gentillesse.

Quand il orienta son visage vers le sien, Sarrasin ne bougea pas. Très timidement, ses paupières osèrent ciller ; encore plus timidement, ses narines volèrent un peu d'air qu'elle n'assumait pas de voler près de lui. Elle avait de petits yeux joyaux, Sarrasin, mais l’immense de leur curiosité était un univers.
Ils étaient une pouponnière à la découverte ; elle ne se lassait de rien.

Quand il lui explique ses coups de sommeil, Sarrasin récupère ses paroles comme une religion. Elle hoche fermement la tête, les lèvres pincées, pour lui signifier sa compréhension. Quand il termine, elle s'autorise à les ouvrir pour murmurer, drapée dans la dévotion :

― Je veillerai sur ton sommeil Syndrome. Tu peux compter sur moi.

Sarrasin se sent investie d'une mission importante du même ordre que si elle devait veiller sur le soleil pour être certaine qu'il se lève à chaque aube. Et quand elle voit Syndrome sourire, Sarrasin pense que sa mission précieuse n'en est pas très loin. Elle se redresse sur son coude et tire sur ses muscles pour maintenir son visage surélevé au dessus de lui.
Elle le voit mieux, quand elle est un peu plus en hauteur et elle se demande quelle beauté il propagerait si elle l'observait depuis le sommet d'un mont.

Elle lui sourit à son tour ; observe la lutte vaincue de ses paupières ; penche son visage sur la gauche. Quand son souffle devient une brise régulière de printemps, Sarrasin comprend qu'il s'est endormi.
Prise d'un élan d'ailleurs, elle se fait la réflexion qu'elle aurait peut-être dû lui chanter une berceuse.

Au début, Sarrasin a veillé sur Syndrome dans une dévotion mystique. Elle passait son regard sur le gonflement de sa poitrine et sursautait à chaque fois qu'une petite pincée de sa peau se mettait à frémir. Elle a tenu sa position jusqu'à en avoir des élancements brûlants et douloureux dans la nuque, puis elle s'est replacée comme avant : un bras sous son visage, le nez orienté vers l'épaule de Syndrome.

Comme elle était trop basse, elle ne voyait plus très bien la poitrine de Syndrome qui se gonflait. Elle s'est concentrée sur la mélodie de sa respiration et, à son tour, le sommeil est venu déposer un baiser sur chaque paupière de sable.

Elle s'est réveillée avant lui.
Ses yeux se sont ouverts comme ceux d'un premier-né. Elle n'était pas fatiguée ; juste stupéfaite. Son regard retombait encore sur l'épaule de Syndrome et son souffle était toujours cette même brise.  Au bout de beaucoup de temps, Sarrasin a accepté de bouger. Il était très dur pour elle de se pétrifier dans l'immobilisme, mais si c'était pour veiller sur le sommeil se Syndrome, elle rassemblait tous les efforts de ses deux petites mains.

Elle s'est levée et s'est éloigné de quelques pas. Là, elle a retiré ses sandales pour éprouver les minuscules étreintes de l'herbe sur la plante de ses pieds. Elle a marché, tourné le dos à son ami – mais toujours, toujours elle virevoltait pour savoir s'il n'allait pas disparaître.
Comme un rêve sans couleurs.

Elle a passé beaucoup de temps à graviter autour de lui, le gazon près des chevilles, toujours avec le désir de vagabonder mais sans oser quitter son repère. Elle était près du lac, à observer ses orteils mordre l'eau translucide presque comme le ciel lorsque cet appel cogna ses omoplates :

― Sarrasin ?

Un tambour roula dans son cœur.
Aussitôt, sa nuque s'arqua vers son ami à en faire craquer ses reins. Elle ne se contorsionna pas longtemps. Son visage se creva d'un sourire très heureux et, comme si le soleil avait accepter d'éclairer un autre jour, elle se précipita à sa rencontre, quelques mètres plus hauts.

Elle était essoufflée et les genoux tremblants lorsqu'elle freina devant l'immense silhouette de Syndrome. L'air culbutait ses lèvres rosies. Elle se positionna sur ses genoux pour se mettre à sa hauteur, et même si elle avait apprécié l'instant où elle l'avait vu depuis le sommet de sa petite taille, elle ne s'en jugeait pas suffisamment digne.

La politesse gagna sa bouche.

― Est-ce que tu t'es bien reposé ? Est-ce que tu as aimé dormir ?

Puis elle se rendit compte qu'elle pépiait trop brusquement et inspira pas le nez pour s'apaiser. Elle avait des bourrasques et des bourrasques de sourires – c'était dur à contenir ! Comment faisaient les autres pour retenir les frémissements de la joie.

Par instinct, elle se saisit de sa main, posa sa paume chaude juste au dessus. Elle laissa s'étirer le silence avant de poursuivre :

― J'ai bien veillé sur toi, tu sais. Mais, précisa-t-elle en désigna le lac, j'ai été attiré par le lac, il est très beau, j'avais envie de sentir l'eau sur mes orteils, et je me suis demandé comment ce serait, de nager. Mais je n'avais pas vu que le soleil s'était couché et qu'il commençait à faire froid.

Son index s'enroule autour du bout de son nez devenu froid. Elle a un rire d'or, puis reprend :

― Mais j'ai beaucoup aimé veiller sur toi Syndrome. Tu sais tu me demandais si il y avait quelque chose que j'aimais, et bien, ça j'aime beaucoup.

Elle se replace un peu, incertaine de sa position et se rend compte qu'elle jette trop de mots contre le sommeil de Syndrome. Elle baisse alors ses yeux de crainte, presse sa main plus fort. Elle étouffe un sourire sur ses lèvres en les pinçant maladroitement.

Sa présence vivante lui avait manqué.

Mais elle ose, elle ose une infamie, une spontanéité qui lui coupera la bouche quand elle s'apercevra de ce qu'elle confesse, la mine heureuse, les cils attendris :

― J'ai beaucoup aimé, je me suis sentie... importante ?




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MessageSujet: Re: When my life will begin ? - Sarrasin
When my life will begin ? - Sarrasin RxkgjUaVen 8 Mai - 15:29

Sarrasin, comme on mourrait d'envie de prendre dans sa main ses petits doigts, ses rires de mésanges. D'attraper le tout puis de l'enfermer dans une cage près de soi. Pour être l'unique détenteur de la joie qui émane de son âme si douce aux sourires si enjôleurs.  Mais c'était d'un égoïsme profond résultant d'un esprit trop jaloux de partager un tel trésor. Il le savait éperdument, chaque fois que l'étreinte se diluait dans l'espace, que sa prise se raffermissait sur du vide. Même dans sa folie, il n'était pas assez égoïste pour dérober cette liberté nouvellement acquise, imposer sa tyrannie fille d'une possessivité excessive sur de des épaules frémissantes au contact d'étaux glacés.

Lui-même il doutait, comme ceux qui éprouvent un sentiment d'illégitimité à exister en ce monde. Sarrasin était si paradoxale. Personne ne lui avait jamais dit qu'elle y avait toujours eu sa place. Quant à lui, un mensonge ne serait pas assez fort pour prétendre le contraire. Il lui restait plus qu'à déverser les affections et les tourments qui l'assaillaient en tornade d'affliction, sur les corps passants. Et c'était déjà un interdit de trop, qu'il bafouait sans cesse. Maudite contagion.

Il avait un de ses sourires qu'on arrache au plumage des anges chérubins, le menton enfoncé rieur, piquant vers le sol. Il voyait toute la joie rependue de Sarrasin courir d'une frénésie incontrôlable. Sa main posée sur la sienne, le sommeil chassé de ses paupières, parfaitement réveillé.

« J'ai l'impression que...ah ! oui...- Son sourire prenait trop de place sensible au sien, à ses répliques inconscientes, libres comme l'air- merci Sarrasin... »

Ses yeux se portèrent sur l'astre faiblissant, ses couleurs atténuées dans sa descente, il comprenait qu'il était déjà l'heure des adieux, du moins pour que Sarrasin puisse regagner son chez elle, tandis qu'il aurait à veiller sur les créatures dont il avait la charge depuis son arrivée à Libra.

« Importante ? »

L'étonnement lui barre le front, et ses orbites opaques, figées dans une brume duveteuse, s'agrandissent tels deux soleils aux heures d'été. Bridé dans une armure d'acier, le corps parcourut de faisceaux électriques, des frisons de quiétude qui enrayent les peurs, dynamitent ses retenues. Les mots n'ont jamais été autre chose qu'un fardeau troublant, une lame peu maniable sur un organe bouffé par l'absence d'éloquence. Ses longues griffes au toucher de velours lui agrippent les épaules et enfin l’étreignent, sa peau touchant la sienne pour s'imprégner de sa chaleur diffuse.

« Tu es si petite Sarrasin. »

Un oisillon qu'un simple froissement d'une bourrasque irascible pouvait briser. Il eût un silence dans leur échange, puis résigné, il s'en détacha délicatement, effleura ses cheveux,  malmenés, caressant son crâne inoffensif comme pour la consoler du plein d'incertitude qui franchissait ses paroles bigarrées, rendant son courage en proie à la vulnérabilité.  

« Bien sûr que tu l'es ! »

Il se releva, offrant ses mains titanesques à l'enfant rieuse pour la soutenir. Son timbre volant au soleil ses rayons chaleureux. Sa maladresse s'endiguait derrière ses mots qui se voulaient remplis d'encouragements à déverser sur ses épaules chatoyantes de bonheur.

« Même si je me suis endormi, moi aussi, j'ai aimé te montrer cet endroit, c'est si beau… j'espère qu'on pourra aller voir les plages, la mer... »

Cela serait difficile de noyer son allégresse, si contagieuse désormais.

« Et si on rentrait ? On a pas vraiment de quoi passer la nuit ici ! »
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