S'il y avait bien une chose qu'on ne pouvait pas dire d'Alphonse, c'était qu'il n'avait pas eu la vie facile. Parce que c'était absolument faux. S'il ne vécut pas longtemps, il eût néanmoins la chance de bien vivre. Il faut dire que ses parents y étaient pour quelque chose, ou du moins leur salaire.

Bien qu'elles n'aient pas été les personnes les plus protectrices ou attentionnées du monde, le peu d'affection qu'ils lui donnaient suffisait à Alphonse. Et leur argent faisait le reste. Un bon gros reste.

Alors le petit garçon, il vivait la belle vie dans sa grande maison en plein centre-ville. Tout était à sa proximité et il pouvait ainsi consacrer tout son temps à ses fans. Parce qu'il en avait. Et il suivait un ordre très précis pour leur parler : Facebook, Twitter, Vine, Snapchat, Youtube, Instagram, Google Plus, Tumblr. Bien sûr, il mêlait à tout ça : sorties en ville et rendez-vous professionnels, interviews des plus grands magazines, sans oublier de nombreuses arrivées fracassantes sur les plateaux des plus grandes émissions de télé. Evidemment, il ne fallait pas omettre la possibilité que le petit Alphonse aimait beaucoup enjoliver les choses, et que sans doute, tout ceci était un petit peu exagéré.

Mais le petit garçon se plaisait tellement à amplifier tout ce qu'il faisait, que les psys mettaient cela sur le compte du manque d'attention de ses parents. Alphonse, lui, il savait pas trop. Mais ce qu'il savait, c'était que parfois, tout au fond de lui, il aurait bien aimé que son papa et sa maman s'intéressent un peu plus à tout ce qu'il faisait. Parce qu'Alphonse était seul et avait toujours été seul. Enfant unique entouré de strass et d'amis virtuels, il se sentait souvent bien triste derrière son beau sourire de cristal. Cependant, Ô grand jamais il ne l'aurait avoué.

Parce que c'est douloureux d'admettre que même avec des milliers de personnes qui vous suivent, on ne sait pas trop à qui se raccrocher pour continuer d'avancer.


Parce qu'Alphonse il était pas pour à la base. Ses oreilles, c'étaient sa plus grande fierté, et c'étaient peut-être la raison même de sa renommée sur le web. Sans elles, il n'aurait sans doute pas attirer autant de rageux autour de lui. Car c'est bien connu : « ce sont les rageux qui nous font grandir et avancer » comme le disait si bien un célèbre philosophe.

Mais les parents d'Alphonse, ils devaient sûrement pas le connaître. Et il était absolument hors de question que leur fils, le sang de leur sang, soit atteint d'une si horrible malformation. Alors un Jeudi, (en vrai il ne se rappelait plus vraiment quel jour c'était, mais dans les films ça commence toujours par "Alors un Jeudi") Alphonse il s'était rendu à un petit hôpital de San Francisco pour rétablir tout ça. Une madame à la peau grasse lui avait fait sentir son drôle de parfum à la fraise tandis qu'il fermait les yeux, en lui précisant tout de même pour le rassurer que lorsqu'il ne sentirait plus rien, il pourrait de nouveau les rouvrir. Alors il avait attendu. Ou du moins, il avait rêvé quelque chose qui y ressemblait vachement. Mais lorsqu'il eut soudainement l'intime conviction de pouvoir s'éveiller, il ne vit que du blanc. Du blanc et une balance, avec une nouvelle madame devant lui.

Celle-ci, elle avait quand même la peau un peu moins grasse. Et elle paraissait un peu plus gentille aussi. Il voulait sortir son iphone et lancer twitter pour la follow quand il ne trouva que du vide dans sa poche. D'ailleurs, il ne trouva que du vide dans sa tête aussi. Un gros bordel de vide. Et il n'eût même pas le temps de se poser de questions, que la balance s'agitait déjà devant ses yeux.

▬ wtf. Anecdote Ϟ Le petit garçon, il a un gros problème depuis tout petit. Bien sûr, il ne se rappelle pas que cela remonte depuis bien avant son arrivée sur Libra, mais il n'était encore qu'un bambin quand cela est survenu. Alors âgé de seulement quelques mois, sa mère désinvolte et bien trop insouciante lui avait marché dessus après l'avoir déposé au sol pour répondre à son amant au téléphone. Heureusement et par miracle, il n'en avait gardé aucune séquelle si ce n'est la peur incontrôlée des pieds nus. C'est simple, pire qu'une phobie, Icare se met dans tous ses états et commence à trembler à la simple vue de pieds dénudés autre que les siens. #seum