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 souillure aux effluves exquises » pan-pan

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conscience vouée à l'errance
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MessageSujet: souillure aux effluves exquises » pan-pan
souillure aux effluves exquises » pan-pan RxkgjUaVen 23 Jan - 1:00

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» souillure ft. pan-pan

De sombres gouttes froides s'abattaient sur le sol dans un bruit sinistre. Le ciel était parsemé de nuages sombres, que le soleil fuyait, et quelques éclairs zébraient la voûte céleste qui se dressait jusqu'à l'horizon. Le fracas assourdissant du tonnerre perçait le bruit de la pluie forte et violente. Dans le sillage d'un chemin la guidant vers un abri quelconque, se tenait une silhouette. La veste trempée et pour simple protection une ample capuche recouvrant sa tête, seules quelques mèches de sa chevelure autour de son visage s'échappaient. Son visage à la peau d'une blancheur maladive était seulement apparent, laissant entrevoir les deux trous béants qui remplaçaient ses yeux. Deux excavations sans fond et vides, lui donnant un air froid et une allure de macchabée. Son corps frêle et chétif aurait très bien pu appartenir à un mort, ou un cadavre. Si blessé, si souffrant, chacune de ses respirations était supplice, chacun de ses mouvements était tourment. Chacune de ses expirations teintait l'air d'une fumée blanche, âcre, répandant les effluves du tabac.

Maintenant à l'abri près d'un grand bâtiment imposant, blanc, il ne s'agissait ni plus ni moins que de l'édifice dédié au culte de Thémis. Quelle ironie. Elle s'abritait en dessous du temple de la création, crachant sa fumée, elle qui n'éprouvait qu'un profond dégoût, qu'une animosité envers cette déesse et qui ne cachait pas cette haine. Divinité impuissante, insignifiante. Elle balança son mégot négligemment, tandis qu'elle parcourait du regard les environs. Il y avait quelques passants, certains qui lui lançaient des regards indignés, probablement des personnes venues prier. Foutaises. Pensaient-il s'attirer les bonnes grâces de cette déesse en disgrâce incapable de maintenir son royaume ? Qu'ils aillent se faire démembrer et écorcher. Tous s'arrêtaient sur les cavités profondes qui constituaient ses yeux, un air profondément dégoûté. Elle était répugnante, créature née de la douleur, vouée à l'errance et entravée dans une prison immuable. Elle le leur rendait bien, avec son allure monstrueuse, son air froid et impérieux, son aura sombre entouré de ténèbres. Elle dardait son regard vide et mauvais sur tous ceux qu'elle croisait. Mais surtout, il y avait cette gamine au regard hagard. Elle resta silencieuse, tandis qu'elle planta ses yeux froids dans les siens, tout en plongeant sa main dans sa poche, à la recherche d'une nouvelle cigarette. Pas de paix pour ses pauvres poumons déjà oppressés par la souffrance, pas de répit pour ce pauvre petit corps. Elle ne trouvait presque pas de réconfort dans la nicotine, mais fumer était devenue une habitude. Elle jurait parmi le décor ambiant. La pureté ici était de mise. Tout n'était que d'une beauté indécente, à en devenir laide et immonde. Les couleurs étaient chatoyantes et vives. Heureusement que le ciel était gris et sombre, et qu'il faisait un temps horrible. Avec cet ambiance adéquat, la pénombre, elle ressemblait à un fantôme, une épave s'étant égarée sur la voie indécente du carnage, effrayant tous ceux qui croisaient son regard. Elle avait ce rictus mauvais sur le visage, celui qui semblait vouloir indiquer qu'elle était sur le point de sauter sur le premier qui passerait pour lui arracher le coeur et les tripes avec ses dents et ses griffes.

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MessageSujet: Re: souillure aux effluves exquises » pan-pan
souillure aux effluves exquises » pan-pan RxkgjUaMar 3 Fév - 22:18

Pan-Pan n'aime pas Thémis.
Non, elle ne l'aime pas du tout. Certes, Thémis est gentille d'avoir façonner ce joli univers afin qu'on puisse y vivre sereinement mais Thémis a mal fait son travail. Pour Pan-Pan, c'est bien sa faute si elle a fini par s'affaiblir, à cause des failles qu'elle a laissées passer. Maintenant, à travers les failles naissent des vagabonds de toutes sortes et on ne sait même plus qui est gentil et qui est méchant dans ce monde. De toute façon, pour Pan-Pan, tout le monde est méchant par défaut. Elle se méfie de quiconque et n'importe qui et ce n'est que par expérience avec telle personne qu'elle ajoute des petites nuances et apprend à la supporter. Par exemple, Eraclae héberge une gentille éleveuse qui accepte les services de Pan-Pan sans la brusquer et Pan-Pan aime lui parler et lui sourire.

Aujourd'hui, Pan-Pan veut parler à Thémis même si elle sait qu'elle ne pourra pas communiquer avec elle en personne. Elle souhaite lui cracher toute son amertume. Lui souligner à quel point la balance était une mauvaise idée de sa genèse à son détraquement. Lui asséner les arguments un par un avec logique. Conclure qu'elle était naïve, naïve et stupide. Et maintenant tant pis pour elle. Il paraît que quelqu'un s'est joué d'elle et l'a affaiblie. Tant pis pour elle. Bien fait pour elle. Et Pan-pan lui vomira mépris sur mépris, piétinera ses certitudes, anéantira ses espoirs. Elle a l'intention de lui faire le plus de mal possible.

Et le temps vient au rendez-vous, cette météo fabuleuse qui module les humeurs selon les goûts et les sensibilité. Le ciel est gris, terne, uni, sans la moindre saveur tout comme l'amertume qui régit le cœur de Pan-Pan dans son quotidien quand elle n'a pas peur. Mais une fois à la citadelle, le monochrome silencieux laisse place à une pluie diluvienne. Passée la nausée du voyage éclair, la fillette lève les yeux vers le ciel en plissant les paupières pour laisser passer le moins de gouttes possibles, celle-ci lui piquant les globes oculaires. Elle contemple ce ciel lourd, ces nuages bas, la foudre qui dans un flash s'abat dans un tonnerre tonitruant quelque part dans la périphérie. Une rafale de vent vient secouer les tresses déjà trempées de l'enfant et faire onduler les trombes de pluie encore et encore, comme une danse irrégulière. Elle lève un peu les bras et retient sa respiration en fermant les yeux, le sourire léger mais présent.
Tu entends, Thémis, tu entends la colère ?

Mais après le plaisir, l'agacement. Son chaperon claque dans le vent, sa capuche tout juste remontée veut s'échapper de sa tête, ses bas froids se collent à ses jambes, l'eau veut s'immiscer dans ses chaussures à la surface trempée. Un instant, elle souhaite s'engouffrer dans le premier asile venu et changer ses vêtements pour s'envelopper dans une douce couverture. Elle rêve brièvement de son lit, sa couette légère, ses draps gris et rouges qui respirent l'assouplissant, son matelas tendre et confortable car à Eraclae tout est prévu pour passer la nuit la plus agréable et reposante. Puis elle repousse les images et accélère le pas vers ce temple qui ne sert à rien, ce temple de fanatiques créé afin de pouvoir « remercier » Thémis. Pan-Pan trouve fous les prêtres qui s'y croient, les pratiquants qui se confessent entre ces murs, les imbéciles qui ne pourraient vivre sans ce bâtiment symbolique. Pan-Pan les trouve crétins, ce symbole stupide et absurde. Mais aujourd'hui, elle va saisir la médaille laide par son revers et cracher sur ce symbole, cracher sur Thémis.

Décidée, la voilà qui arrive devant le lieu de culte. D'un air dur et mécontent, elle le parcourt du regard, des toits à la grande porte devant laquelle elle se plante droite comme un poteau.
Thémis, je te hais, songe-t-elle avec force. Tu récoltes ce que tu as semé. Ton malêtre est mérité, et si tu meurs un jour de ta maladie, je n'en serai que satisfaite. Car, Thémis, tu es une erreur qui croit bien faire, une erreur stupide, une erreur pleine de paradoxes, une erreur avec une logique d'enfant de trois ans et la capacité d'apprentissage d'un adulte de cinquante, une erreur à barrer si on ne peut la corriger.
Thémis, je te-

Une cigarette fumante vient percuter ses pensées et finir sur le sol détrempés. Elle en sursaute tant la surprise et la frayeur se mêlent brusquement dans sa poitrine. Pan-Pan cherche le méchant qui l'a attaquée alors qu'elle ne faisait rien que penser très fort ses émotions et pose ses yeux sur l'abri juste à côté. Elle n'avait pas remarqué que quelqu'un s'y trouvait… Elle n'avait pas vu cette personne…
monstrueuse.

Sans réfléchir et le cœur battant, elle sort son couteau d'un geste vif et sans effort et bondit sur cette horreur humanoïde qui la terrifie pour lui planter la lame dans le ventre et la retirer aussi sec pour s'écarter.
C'est une jeune femme, une jeune femme ?
Sûrement une vagabonde.
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MessageSujet: Re: souillure aux effluves exquises » pan-pan
souillure aux effluves exquises » pan-pan RxkgjUaDim 8 Fév - 3:02

» rien n'est immaculé_

Son regard plongea dans les prunelles sombres de l'enfant qui était apparu devant elle. Son visage froid demeura si impassible qu'il paraissait presque être un masque. Nulle grimace n'apparut sur ses traits fins, imperturbables, tandis que la lame du couteau mordait sa peau pour se planter dans son abdomen. Ni le froid mordant, ni la brûlure vive que lui procurait sa plaie ne lui arracha la moindre émotion apparente. Mesurant du regard la personne qui l'avait attaqué, dans un mouvement vif elle s'arracha à son immobilité. Elle attrapa le poignet de l'enfant qui tenait encore le couteau, le serrant si fort qu'elle lui fit lâcher son arme. Elle joua sur son poids pour la faire perdre l'équilibre et l'attira contre le mur pour la plaquer sur la pierre blanche froide, ne lui laissant aucun moyen de s'échapper. Ses yeux vides se posèrent sur l'enfant tandis qu'un doux rictus fleurit sur le visage d'opium, pas loin de sembler avoir quelques années de plus. Pauvres gosses perdues dans la rue, juste devant le temple de sa sainteté thémis, en recherche éperdu de rédemption. Conneries.
Laissant le silence reprendre ses doigts pendant plusieurs minutes, elle n'esquissa aucun mouvement tandis qu'elle l'empêchait de se battre et bloquait toute issue possible. Elle bloquait de ses deux mains ses bras, et de son genou ses jambes, forçant de toute sa force de vagabonde pour la compresser le plus possible sur le solide mur dur derrière elle. Imaginait-elle ses membres broyés, laissant une magnifique trace rougeâtre sur le blanc immaculé ? Ce serait mentir que de prétendre le contraire. Elle resserra ses prises qu'elle tenait de ses mains, ses griffes appuyées sur la peau délicate des poignets de la jeune prisonnière, menaçant de percer la chair avec délicatesse. Fort heureusement, elle n'était pas d'humeur à répandre le sang aujourd'hui. Ses pensées vagabondaient, sa douleur la taquinant avec vice. Elle ne se sentait pas davantage en vie au contact de cette humaine. La déchirer n'étoufferait pas sa haine intarissable, elle ne ferait que davantage l'entretenir. Après un long moment, elle finit par lâcher quelques mots de sa voix froide et calme, presque absente.

_ Opium. Et toi ?

Drôle de situation pour des présentations. Mais en présence des hommes, les codes sociaux, les manières et tout un tas d'immondices inutiles lui revenaient de manière mécanique. Elle avait si bien observé les hommes, elle s'était si bien mêlé avec eux qu'agir ainsi était maintenant spontané, ou presque. Elle finit par relâcher l'enfant, sans se préoccuper de s'écarter malgré les probabilités de se faire attaquer de nouveau. Ses yeux posés sur elle, elle ne vit que le reflet d'une fillette perdue, effrayée. Un petit rictus se dessina sur ses lèvres, déformées par un certain amusement. Les hommes étaient si inconstants, si imprévisibles et faibles. Ils étaient tous différents, et pourtant ils suivaient le même chemin pour la plupart, et fonctionnaient beaucoup de la même façon, à différente échelle cependant. La condition humaine, la noirceur et les facettes dissimulées, tout cela rendait la vie d'opium plus amusante. Spectatrice d'une pièce qui lui offrait de nombreuses surprises, elle se fondait dans la masse pour mieux pouvoir les appréhender.
Cette curiosité malsaine se fondait sur leur comportement, sur ce qu'ils clamaient et que pourtant ils ne respectaient pas. Elle aimait les voir évoluer, bien qu'elle ne les porte pas spécialement dans son cœur. Son cœur se penchait davantage pour le carnage, le chaos, la destruction. La douleur n'a pas de raison à avoir de toute façon. Elle s'insinuait sauvagement, répandant son mal tel un virus indolore et déposant les germes de la souffrance en leur sein. Ses jours fades et froids, vécus à travers un spectre de glace, elle les vivait sans réelle motivation. Les humains demeuraient cependant des objets fort intéressant à observer. Avec délectation, et même plaisir parfois, Opium les regardait s'auto-détruire.
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MessageSujet: Re: souillure aux effluves exquises » pan-pan
souillure aux effluves exquises » pan-pan RxkgjUaMar 31 Mar - 2:55

Horreur et damnation.
Vivant paisiblement dans les terres d'Eraclae, pouponnant les quelques animaux d'élevages, les chiens, les ânes qui portent les pierres et métaux bruts tout juste minés, avec les gens parfois louches mais pas dangereux, le couvre-feu rassurant instauré par le gouverneur… Fuyant des femmes chaleureuses, se méfiants d'enfants rieurs, évitant les hommes mineurs et bourrus ; des vagabonds sans laideur, aux visages humains, aux mains humaines, aux voix humaines…
Et juste devant ses yeux, juste… cette… ce… monstre !
La terreur au lieu de la tétaniser sur place l'a faite bondir, couteau en main, et la lame s'est enfoncée dans la chair de la vagabonde.

Pousse-t-elle un hurlement de douleur ?
Se courbe-t-elle en avant, la main sur sa blessure ?
Laisse-t-elle échapper une grimace de souffrance ?
Que nenni !
Elle n'a nulle réaction vis-à-vis de la chair fraîchement déchirée comme si elle ne l'avait qu'à peine senti, comme si douleur était un étranger ; Pan-Pan veut faire un autre bond en arrière, plus grand, afin d'instaurer une distance de sécurité entre ce monstre et elle, elle songe même à se sauver après un dernier regard tant le danger lui semble grand. Ses tempes palpitent, l'adrénaline tout comme la peur lui provoquent de violents tremblement et elle veut fuir, fuir, fuir au plus vite.

Mais une main moite et froide se saisit de son poignet, et la vagabonde tire la fillette vers elle en serrant si fort que le couteau heurte le sol dans un son métallique. Couinant sa peur, Pan-Pan n'a qu'à peine le temps de songer à lutter, son cœur ratant un battement tandis qu'elle veut tirer dans l'autre sens. Dérisoire fut sa résistance tandis qu'elle est plaquée sans ménagement contre le mur, les poignets chacun menottés à la pierre froide par une prise ferme acéré de griffes menaçantes qui creusent son épiderme. Son corps formant presque une croix immobile attaché aussi efficacement qu'avec des clous, Pan-Pan couine encore, gémit, pousse un sanglot, et même l'emprise sévère de la vagabonde ne peut retenir les violents tremblements qui la secouent tandis que sa vision s'embue des premières larmes. Elle tourne la tête et ferme les yeux pour ne pas voir ses trous profonds en lieu et place des yeux de son assaillante. Ainsi sans défense, le lapin songe de toutes ses forces « ne me fais pas mal ne me fais pas mal ne me fais pas mal » en geignant tout bas d'une petite voix effrayée, et la terreur rebondit sur les parois internes de son crâne, file dans sa poitrine, se heurte à un cœur affolé qui la renvoie avec force contre sa cage thoracique, bute contre ses poumons qui peinent à respirer… Voilà, le lapin est possédé tout entier par l'horreur et ne parvient plus à aligner deux pensées, devenu une créature faible et misérable qui-

— Opium. Et toi ?

Opium Opium ce monstre a un nom, comme tous les autres, vagabonds souriants, beaux vagabonds, vagabonds généreux, gentils vagabonds – et les autres. Pan-Pan, elle, n'a pas vraiment de nom, juste un son répété, un vague souvenir luisant faiblement dans sa mémoire creuse, Pan-Pan, Pan-Pan, le premier souvenir qu'elle eut, une syllabe répétée, Pan-Pan ; si facile à prononcer
impossible à présent.
Relâchée soudainement, elle se laisse tomber par terre, songe à se recroqueviller mais la proximité avec la vagabonde l'avertit. Ses mains tremblantes s'appuient sur le sol et la traînent sur l'humidité, salissant sa robe et les pans de son chaperon dont la capuche trempée tombe pauvrement entre ses omoplates. Elle s'écarte un peu, et encore un peu, et encore un peu, en pleurant toujours, l'adrénaline se heurtant à la terreur qui l'empêche de se relever et prendre ses jambes à son cou. Presque sonnée par une telle montée d'angoisse qui ne veut pas redescendre, une boule dans la gorge qui menace d'exploser tandis qu'elle commence à suffoquer, même la fragile lueur de son couteau gisant un peu plus loin ne parvient pas à la rassurer.

Faible sanglot, reniflement, la tête qui se frotte contre l'épaule et voudrait s'y enfoncer, disparaître, alors qu'il suffirait de se relever et courir.
Enfin résonne une pensée intelligible : comment Thémis a-t-elle pu laisser une telle créature apparaître dans ce monde ?
Comme un électrochoc, cette réflexion lui donne un brin de courage, un minuscule filament menaçant de se rompre mais qui pour l'instant lui permet de lever ses yeux rougis et les plonger au fin fond des orbites creuses de la vagabonde qui semble pourtant dotée de la vue.
— P-Pan… Pan-Pan.
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MessageSujet: Re: souillure aux effluves exquises » pan-pan
souillure aux effluves exquises » pan-pan RxkgjUaMar 28 Avr - 22:24

» rien n'est_

Opium accordait volontiers que les humains pouvaient être intéressants, et qu'elle les aimait pour cela mais dieu ce qu'ils la dégoûtaient. Ô ciel, de ses yeux éteints elle contemplait cette jeune créature inconstante, fébrile, fragile... répugnante. Que de faiblesse dans ce monde ici bas ou sans raison un individu pouvait se mettre à vous attaquer, ou sans réelle justification les larmes pouvaient commencer à tomber. Que de plaintes, que de malheurs, que de maux dans cette humanité biaisée et suffocante. Lui avait-on demandé si elle souhaitait exister, si elle voulait naître monstre, si elle avait le désir d'un châtiment éternel? Ni le monde, ni les dieux ne posaient de questions. Les choses sont, et elles le seront. Il existait des choses immuables, d'autres éphémères. Mais cette dernière notion lui semblait presque irréelle, après tout, tout ici dans cet éden étouffant de pureté, tout était éternel.

_ P-Pan… Pan-Pan.

Elle ne connaissait ni l'empathie, ni la gentillesse, même si elle arrivait à effleurer l'essence de ces idées, ou du moins leurs définitions. Nulle tendresse, nul éclat de bonté ne pouvait briser son masque de froideur. Alors ses lèvres se fendirent en un méchant demi-sourire. Espérait-on qu'elle lui complimenterait son nom en répartissant quelque éloge ? Ou qu'elle aspirerait à lui en demander l'origine, ou la signification ? Sombres chimères. Chacun de ses mouvements lents, mesurés, presque calculés, chacune de ses expirations en un souffle froid, chacun de ses gestes rappelait aux autres qu'elle n'était pas humaine. Et les autres le lui rappelaient à leur tour.
Ses agissements étaient ceux d'une créature ne venant pas de ce monde. Jamais elle n'avait cherché à agir selon les codes de la société, selon les mœurs ou coutumes, ou bien pour une quelconque politesse qui serait, de toute façon, vides et dénués de substance. Alors elle resta immobile et silencieuse, aussi froide que le marbre du temple qui se tenait derrière elle. Ses yeux étaient vides, aucune lueur n'éclairait son visage ni ses traits tandis qu'elle observait la scène sans vraiment regarder l'individu qui était devant elle.

Tout était vide. Tout était sombre et froid. Le silence était roi, et régnait en maître. La pluie s'abattait déraisonnablement autour d'elles, devenant un bruit de fond sourd presque inaudible. La plaie béante à son ventre n'était plus qu'un souvenir qu'elle avait oublié. Qu'est-ce qu'était une piqûre de moustique à une personnification de la douleur ? Elle était presque salvation. Elle l'aurait été si cela avait suffit à sentir cette brûlure douce et tendre se propager en elle, si elle lui avait rappelé son existence, si elle avait été si poignante qu'elle aurait pu effleurer du doigt cette peine avec son âme. Or elle avait juste agrandit ce vide immense, là où rien n'était, rien ne subsistait ou  n'existait.
Elle se saisit de son paquet qui était dans la poche de sa veste, s'empara de son briquet et sortit deux cigarettes.

_ Tu veux fumer ?

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