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 Des couleurs picorées. / Pv Sven

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corps éthéré de pureté
Odoshi
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corps éthéré de pureté


Masculin

MESSAGES ▲ : 18
DATE D'INSCRIPTION ▲ : 06/04/2015
DIT ▲ : Sasaki
ANECDOTE ▲ : C'est un ninja, qui porte constamment une grande écharpe.
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MessageSujet: Des couleurs picorées. / Pv Sven
Des couleurs picorées. / Pv Sven RxkgjUaJeu 9 Avr - 0:16




Il avait trouvé une écharpe bleue sur le sol, et celle-ci, tissée dans la stratosphère, lui avait hurlé le souvenir de ce qu'il avait perdu. Il ne se souvenait désormais plus de ce qu'il était, de ce qu'il avait été, et le monde se construisait sur la certitude de ne plus posséder de connaissance. L'écharpe était ce morceau de stratosphère qu'un autre lui aurait peut-être arraché des mains, pour la jeter dans le vent, et lui dire de la regarder s'envoler, en souriant. Peut-être que s'il avait eu le courage de relever les yeux pour affronter la réalité d'un jour de pluie, il se serait échappé, fuyant ce souvenir inconnu, inexistant. L'idée n'effleurait même pas son esprit, et ses prunelles noires, emplies d'une douceur dont il ignorait la provenance, caressaient le tissu abîmé du vêtement abandonné par quelqu'un, quelque part, comme un signe du destin. Y croyait-il ? Il ne se souvenait pas, et son cœur s'était affolé à cette pensée. Qu'y avait-il eu avant Thémis ? Cette question, si peu originale s'il avait sut le passé de ces humains qui l'entouraient, il l'aurait radié de son esprit. Mais dans le silence de sa solitude, assis à même le sol sur le trottoir battu par la pluie, il écoutait le tambourinement de son cœur contre sa propre poitrine. Qu'y avait-il, au delà de la conscience subjective et commune de ces âmes prisonnières des lieux ? La mémoire était un empire, et il avait perdu la guerre, projeté au sol pour mieux fuir. Qu'y avait-il eu avant tout cela, avant ce commencement flou dans son esprit amputé ? Il se souvenait ce prénom, unique indice qui le raccrochait à l'idée qu'il y ait eu un « avant ». Peut-être un prénom différent du sien, peut-être pas Odoshi. Une présence, sur le bout de sa langue, mais qui refusait de se voir embrassée. Qui avait-il été, avant ?

Des humains passent et repassent, et Odoshi laisse son regard glisser sur eux, assis sur le sol, silencieux.

Il y avait dans sa tête la trace disparue d'une mélodie qui flottait à ses oreilles, sans qu'il parvienne à tendre assez son esprit pour s'en saisir, et pour s'arracher à la surdité de l'instant. Des flottements, comme des doigts dans ses cheveux, lesquels auraient pu être plus longs, ses cils frappèrent ses yeux, et il se souvint alors de son prénom. Y parvint une miliseconde. Et puis ce ne fut plus rien, l'identité s'était envolée, encore. Ses sourcils se froncèrent en une expression colère, et tandis qu'il se relevait, il glissa l'écharpe autour de ses épaules, la nouant en ce masque de ses lèvres et de sa respiration, filtre de morceau de ciel, absorbant son souffle pour se tâcher de sa cognition. Un souvenir.

La journée s'étalait sur le mysticisme de son propre écoulement, et Odoshi remontait les rues et les places en marchant avec lenteur, découvrant pour la quatrième fois le même épanchement de la réalité depuis son passage face à Thémis. Il se souvenait comme il oubliait, et la mémoire était devenue cette ennemie qu'il cherchait à éperonner tout en la caressant. Douceur et violence assemblées en un combat qu'il menait contre lui-même, il accéléra son pas, se mettant à courir.


Première initiative. Son souffle change, il s'en rend compte, tout comme il se rend compte que ce corps au passé effacé lui offre les premières réponses.

Murmures de ses propres muscles, aveux de ses tendons, et conseils de son squelette, ce furent des discussions primaires qui s'opérèrent, et se figeant, découvrant, Odoshi perçut ainsi l'écoulement d'endomorphine qui soulignait la vitesse de charge de son organisme à s'adapter à l'effort. Ses prunelles s'étrécirent, temps d'arrêt qui se marque, et puis soudain, les rotules qui se plient, et les cuisses qui se durcissent. Les mouvement s'enchaînent, et.

Liberté.

Il court, et sait qu'il a toujours couru. Ce genre de course qui s'est mille fois, dix mille fois, cent mille fois répétées dans une vie, le genre de course qui taille le corps, qui race les muscles, et qui laisse une empreinte qui n'appartient qu'à l'existence même. Il sait, il redécouvre, la violence de ses mouvements devenus libres. Il court, et il sait que ça lui appartient.

Le ciel commence à s'ouvrir.

(…)

Depuis combien de temps, Odoshi ?

Les poumons dilatés, il a ouvert la bouche pour respirer à pleine gorge une oxygène raréfiée qui hurle la liberté de ses mouvements. Il se découvre, comme un ado qui testerait ses zones érogènes, sauf que lui, le plaisir est vibrant, palpable, partout. Une putain de masturbation, en somme. Il explose de rire, sans trop savoir pourquoi, si ce n'est que le bonheur est flagrant, et qu'il a mordu a pleines dents dedans. Il a les genoux en feu, les rotules explosées, les os sciées et on aurait pu lui enfoncer dans la gorge un tuyau d'arrosage pour respirer que la sensation de trachéotomie n'en serait différente. Il a le ventre frappé, la ceinture abdominale qui enserre les côtes s'est transformée en un monstre d'anneaux au corps mou et puissant qui le broie de l'intérieur, et qui le tue, il meurt. Mais bordel, putain de bordel, qu'est-ce qu'il se sent bien, qu'est-ce qu'il se sent vivant. Maintenant, il aime le monde. Il n'a jamais autant apprécié ce contact sous ses semelles, remparts désormais élevées et renforcés pour sa propre sécurité, et qui abritent maintenant le siège de sa volonté. Il ne veut plus tomber, le retour à la réalité est trop ancré dans ses veines pour qu'il souhaite le moindre retour en arrière. Il inspire. L'expiration est douloureuse, mais sacrée, vénérée. Il voudrait vivre cet instant pour l'éternité, mais s'octroie le droit de considérer l'immortaliser. Dans cette nouvelle mémoire, dans ce morceau encore vierge de ce qui lui reste d'esprit, il fixe à coup de martèlement de cœur la rage de sa redécouverte sur lui-même. Il devait être sportif. Il devait être quelque chose qui n'avait pas les ailes liées.
Ses bras s'ouvrent sur l'ampleur d'un constat qui le terrasse et qui le soulage. L'impression d'exister, la sensation d'éprouver la sincérité d'un fait de vie qui peut se prouver. Le vent vient frapper ses joues, comme un baiser à son essor recouvré, et Odoshi ferme les yeux, en une étreinte totale à l'élément.

Peut-on se noyer dans le vent ?

Il tira sur ses épaules, ramenant sa colonne en arrière, et le bassin arquant l'axe de son corps, il sauta. Sauta, sur place, comme ça, vers le haut. L'écharpe s'enroula sur elle même, comme un serpent qui vient chercher sa queue pour la mordre en ce cercle d'infinité, et puis ce fut la fin. Rétablissement souple, sur ses semelles, Odoshi se redressa totalement, les prunelles dilatées. Le salto avait été d'une facilité déconcertante, les sensations de maîtrise et d'équilibre lui hurlant son potention. Que pouvait-il, maintenant ?

Sourire.

(…)

La réhabilitation à son corps fut un pas en avant pour Odoshi.
Un pas en avant qui lui permit de trouver l'équilibre qui lui manquait en arrivant sur Libra. Maintenant, cela faisait presque une semaine.

L'écharpe glissant entre ses omoplate, aiguille du cap de ses déplacements, il était assis, corbeau aux effets noirs et hérissés, ses cheveux battus par le vent, et ses prunelles sombres glissant sur une ville qu'il découvrait de haut, un sourire tranquille étirant ses lèvres.

Et puis, un claquement dans sa conscience quand ses yeux récupèrent le détail d'une chevelure écarlate, quelques mètres plus bas, sur le chemin de ronde de ces ramparts qu'il a escaladé. L'un des gardes lève les yeux, -pas celui qu'il avait espéré-, et pousse brusquement un cri d'alerte. Il est vu, et apparemment, n'a pas à être là. Catastrophe. Il se jette sur le côté, pour disparaître.
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coeur souillé de noirceur
Sven
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ANECDOTE ▲ : A peur des vagabonds
FICHE RS ▲ : II

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MessageSujet: Re: Des couleurs picorées. / Pv Sven
Des couleurs picorées. / Pv Sven RxkgjUaSam 11 Avr - 20:13

» des couleurs picorées ;



Pour voir la vie en noir, ce n'est pas compliqué. Toujours se lever du pied gauche, prendre la vie du mauvais côté, généralement le gauche — ça lui semble une bonne direction — et se débrouiller pour marcher dans les merdes de chien. Du pied droit, sinon tout est à refaire. Faut pas hésiter à râler quand le pain est trop cuit ou pas assez, jeter des regards dédaigneux aux plus aisés parce qu'à pas grand chose près on serait comme eux. Être Damné est un bon moteur aussi. Prenez un petit tribut bien contraignant, du style ne pouvoir déchiffrer aucun panneau parce que vous ne savez pas lire et saupoudrez le tout de marmonnement agacés et inaudibles : vous avez le faciès du type qui a hâte que sa journée se finisse.

Il détestait ça, les armures. Il se sentait à l'étroit et pataud. Certes, ça lui donnait une certaine prestance, plus proche du soldat mal luné que celle du fier général nécessaire à son poste d'adjudant. Une prestance tout de même bien supérieure à ce à quoi il avait pu ressembler dans une autre vie. Mais il ignorait ça. Bien sûr.
On voyait les remparts de la ville, d'ici. Le soleil tapait dessus et leur donnait un aspect divin, éblouissant. Il se sentait encore plus minuscule au pied de ces murs immenses. Insignifiant. Voilà un endroit qui existait fièrement, qui était apparu comme ça, d'un coup, parce qu'il avait décrété qu'il le valait bien.
Sven n'arrivait pas à nourrir cette prétention.
Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir derrière les murs ? Il n'était jamais allé derrière. Il n'était jamais sorti de la ville. N'avait jamais eu envie, parce qu'il était en sécurité ici et ne connaissait rien de la nature, de Libra, du monde.

Le cri de son collègue l'alerta assez pour qu'il puisse voir l'ombre se jeter sur le côté, derrière les remparts.
Remonter ne lui prit pas beaucoup de temps, appréhender l'inconnu encore moins. La hâte que celui-ci avait eu à se mettre à couvert jouait en sa défaveur. « À votre place, j'éviterais de flâner ici. Cette zone de la ville est hors-limites. » Son regard obtus fixé sur le malheureux, Sven fit un signe au garde derrière pour lui signifier que ce n'était rien. L'homme était un civil inoffensif, comme la majorité des personnes qu'il emmerdait à longueur de journée pour des histoires comme celle-ci. À savoir que la règle qui empêchait les habitants de s'aventurer sur les remparts n'était respectée que par une maigre poignée de braves citoyens : le reste attendait la nuit tombée pour s'y promener joyeusement, rejoindre un amant ou profiter de l'ombre immense qu'ils projetaient pour conclure un quelconque business douteux, à l'abri des regards. Le reste n'était simplement pas au courant.
« On pourrait vous confondre avec quelqu'un de suspect, comprenez. »
Alors, petite balade sur les remparts ou type suspect espionnant la ronde des gardes ? Ou peut-être était-ce une nouvelle âme, l'un de ces (Thémis le garde) vagabonds.
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MESSAGES ▲ : 18
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MessageSujet: Re: Des couleurs picorées. / Pv Sven
Des couleurs picorées. / Pv Sven RxkgjUaSam 11 Avr - 23:29

    Peut-être pas assez rapide, encore. Un sourire effleure les lèvres d'Odoshi quand il se rend compte que l'on monte jusqu'à vers lui. Tant pis. Au moindre mouvement brusque, il sortira les crocs. L'effet de la mort l'effraie maintenant un peu trop pour qu'il veuille s'en réapprocher immédiatement. Il sait qu'il pourrait fuir, néanmoins. Son corps est peut-être en redécouverte de lui-même ; mais il a la certitude de posséder des potentiels physiques en mesure de réagir à ses demandes au delà de ce qui se classifierait dans la « norme ». Sa mémoire est son seul obstacle. Le prénom « Joshua » le cloue sur place. Un jour, est-ce qu'il trouvera ? Il ne veut pas en douter, et comme un baume sur son cœur, tandis que les gardes apparaissent en face de lui, le prénom aux trois syllabes à calmé sa férocité, pour laisser place à cette attitude sereine de ceux qui ont quelque chose à se reprocher. En l'occurence, le lieu n'était peut-être pas autorisé. Tant pis. La prochaine fois, il lirait le règlement, et le respecterait, assurément. Cette idée de s'incliner sous la loi fait glisser sur sa peau un frisson oublié, et Odoshi relève un peu les yeux, juste assez pour se souvenir qu'il se tient en face d'homme dont la légitimité pourrait être de lui trouer la peau. Il se souvient immédiatement du vide, à côté de lui, dans lequel il pourrait sauter. Une prise, un relief sur la façade, un instant de déconcentration, et il pourrait fuir, au moindre mouvement brusque. Il se sent idiot de s'être laissé voir. Un peu plus, et on l'aurait laissé tranquille, tout simplement. Un soupire glisse entre ses lèvres, et il se souvient du goût des bonbons qu'il a acheté, récemment, chez l'un des confiseurs de cet endroit. Une prochaine fois, pense t-il, il en emportera, pour en offrir à ceux qu'ils croisera. Un sourire tendre étire maintenant ses lèvres, et c'est sur une attitude polie qu'il dévisage maintenant les gardes qui lui font face.

    « À votre place, j'éviterais de flâner ici. Cette zone de la ville est hors-limites. »

    Il avait deviné, et un hochement de tête vient acquiescer les paroles de l'homme. Les cheveux rouge de celui-ci ont étrangement fait place à toute idée de simple confrontation visuelle. Maintenant, il contemple, sans vraiment écouter, sans vraiment montrer qu'il a compris. Les mèches carmines se bousculent devant sa rétine, et Odoshi relève légèrement la main, en changant ses appuis, intéressé par l'idée qu'il pourrait se rapprocher, et peut-être même toucher. L'idée d'intimité et de proximités ne sont plus vraiment des possibilités abordées. Qui était-ce ? Ce n'était pas cet homme, mais ces cheveux-là lui étaient connus. Le même genre de rouge, un peu irréel, pas vraiment possible, mais qu'il avait déjà effleuré des yeux, peut-être sans jamais les toucher ? Un éclair de blanc foudroie sa mémoire, mais il n'a même pas le temps d'y songer que cela à déjà disparu.

    « On pourrait vous confondre avec quelqu'un de suspect, comprenez. »

    Les sous-entendus ne l'atteignent pas. Ses prunelles restent concentrées sur la mèche folle qui zèbre la tempe de l'homme, et il la fixe, sans vraiment considérer qu'il fixe aussi l'homme. L'idée dans l'instant est simplement de s'abreuver au maximum de ce rouge des mèches éparses qui engorge sa mémoire, et gonfle un quelque chose qui n'existe plus qu'ailleurs dans sa tête. Où était-ce, déjà ?

    « Vous pouvez, vous pourriez. »

    Il a souri, murmuré à moitié.

    « Me considérer comme suspect. Je m'ennuie assez, et je ne sais pas trop comment m'habiter à cet endroit. Alors je suppose que ce serait une première approche. »

    Odoshi s'est totalement relevé, et s'il ne maîtrise pas l'homme par sa taille, il jette sur lui son regard, son sourire, et son assurance tranquille de l'être qui s'est déjà pris trop de coup dans la face pour ne plus savoir encaissé. Une discussion à la cordialité évidente. Il n'est pas pressé, et ne se sent pas de s'enfuir, comme ça. L'homme à les cheveux rouge, et l'attire, indéniablement, dans un arrière qui ne lui est plus permis. Il en hurlerait presque. Où, quand, comment ? Qui s'est permis de fermer à double clés les battants de sa mémoire ? Qui est-ce qui a bien pu lui arracher les clés de son propre esprit ? Odoshi s'avance, d'un pas, fasciné, mais sans vraiment le montrer.

    « En général, je respecte les règles. »

    Un autre pas, les yeux plissés.

    « Là, je ne savais pas qu'il y en avait. »

    Et il sourit, sans le savoir, sans le vouloir.

    « Est-ce que ça fait de moi un suspect ? »
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