MESSAGES ▲ : 263 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 24/03/2015 AVATAR ▲ : Hungary - APH DIT ▲ : A vous de le trouver ♥ FICHE RS ▲ : Chronocentrisme
Sujet: Avant que l'ombre... [Curtis] Lun 18 Mai - 19:38
Une petite âme égarée, tout un village mobilisé, Psychê s'engouffre dans la forêt. Elle les connait, la forêt tout comme la petite évadée.
Suis-je coupable ?
La lumière se raréfie, les provisions s'amenuisent. La douce sylphide se sent coupable d'avoir conté à cette âme juvénile l'existence de présences démoniaques, d'extincteurs des sens, du croquemitaine invisible. Le but était de sensibiliser les innocents, pas d'éveiller leur curiosité. Jusqu'à présent, ça avait été un franc succés. Sans les effrayer, ils se tenaient éloignés de l'éternité de la Forêt. Celle-ci n'est pas un danger. Tout ce que désirait Psychê, c'était de garder les petits à portée, avec les autres habitants, paysans, marchands ambulants. La culpabilité la ronge, et la voilà qu'elle s'enfonce plus loin encore. Ce qu'elle ignore, c'est que la petite a retrouvé son chemin. Psychê, elle, l'a perdu.
AVANT QUE L'OMBRE ne s'abatte à mes pieds
A l'instant où elle aperçoit la brume, elle appréhende. Dès son arrivée sur Libra, elle a étudié dans un ouvrage ce qui semblait être une légende, là au coeur de la Forêt Eternelle. Le labyrinthe de brume s'étend et avale des pieds. Elle ne voit plus que le haut du laçage de ses sandales enroulant ses mollets. La température a chu, prenant la demoiselle au dépourvu. La toge asymétrique dévoilant complètement son épaule droite ne lui profite d'aucune façon. Elle aurait été nue que ç'aurait été pareil. Dans ce milieu attentatoire où quasiment aucun rayon ne semble cheminer, la seule chaleur visible ne se définit que de cette oriflamme remontée en un chignon désormais désordonné, signe distinctif immuable de l'entité féminine foulant le sol dérobé des tréfonds boisés.
Elle croise les bras, frissonnant et tente de faire demi-tour. Faisant volte face, elle déchante. Chaque tronc, chaque souche haute, chaque noeud se ressemble. Il n'y a pas âme qui vive, le seul son provient du craquement de feuillage indiscernable à sa vue, en deçà de cette nuée grisâtre qui engloutit son être à chaque instant. Psychê réalise alors que la brume s'est élevée plus encore ; elle flotte autour de sa taille si opaque, si légère qu'elle ne sent pas sa mâchoire s'abbattre sur elle. Psychê lève la tête, gardant l'espoir qu'un signe, quelqu'il soit, ne se présente à elle.
Un instinct, un réflexe. Elle tourne lentement ses orbes oculaires jusqu'à cet espace où ses paupières supérieures et inférieures se rejoignent. L'angle Mort. Elle ne bouge pas la tête dans un premier temps, guettant ce qui ne viendra peut-être pas. Puis vient l'amorce du pivot, infime instant figé dans ce temps qui n'a pas été, ni n'est, ni jamais ne sera. Un point fixe, et c'est ainsi.
Elle n'était pas là, cette courbe blanche. Psychê expire, relâche un instant son attention. La courbe se dessinait en un coutour sinistre, obscur. Une inquiétude.
Tout est identique. La forme qu'elle a du imaginer était son unique planche de salut. Désormais, elle n'est plus. La nymphe laisse échapper un sanglot mais ravale ses larmes avant qu'elles ne se libèrent de leur prison noisette. Psychê approche l'arbre le plus proche de son espérance envolée, y pose le plat de sa délicate main.
- S'il vous plait... Ne partez pas.
Elle en a eu peur, c'est vrai. Mais elle préfère choisir la peur à l'angoisse. L'angoisse de n'avoir qu'imaginé une présence, même menaçante. Psychê aime la solitude du cocon, mais la brume n'en est pas un.
- Ne soyez pas une chimère. Ne la laissez pas me dévorer.
Ce qu'elle ignore, c'est que la nuée glacée n'a pas quitté ses chevilles ; elle remplit simplement de façon éperdue son office perturbatrice.