nuisance et entêtement

                            ft. Thresh

Tu t'ennuies à crever aujourd'hui Adria. Tout te semble dénué t'intérêt. Le soleil, l'azur du ciel, la beauté et l'unicité des étrangers dans les rues, rien ne te distrait. Alors tu t'es décidée à sortir.
T'as pas envie de te confronter à toi-même aujourd'hui, tu veux pas être seule, tu veux pas t'ennuyer chez toi. Tu te noies dans la foule, tu t'éloignes de tes pensées, tu te divertis. T'avais lu ça un jour, que les Hommes usaient de distraction pour pas se réfléchir. Et toi aujourd'hui, tu plonges, te recouvres de superflus si ça peut te permettre de ne pas penser. Tu sais pas trop pourquoi, mais c'est un jour sans. Un jour où les réflexions te contraignent trop à la laideur des larmes. T'as envie d'abandonner le mélodrame, de profiter de la naïveté, d'étirer l'innocence pour t'en accabler.

Les rues de Libra, la grotesque beauté de la pureté de ces couloirs. C'est un endroit parfait pour quiconque veut se perdre. C'est pas qu'aujourd'hui que t'es comme ça en réalité Adria, non c'est depuis avant-hier. T'avais sorti ton carnet, comme d'habitude, et t'y arrivais pas. T'as pas été foutue de tracer une ligne, aucun semblant de croquis, pas un trait ne serait-ce qu'hésitant. L'angoisse de la page blanche, quelles foutaises. C'était jamais arrivé. C'est pas franchement qu'elle t'effraie cette page, c'est plus une question de fond. Ton dessin tu t'en fous, il est juste pour toi, tu vas le conserver, le jeter, qu'est-ce que ça peut bien faire. Non en fait, dernièrement, t'as plus de désir. T'es paralysée par le manque d'action, d'imagination.
Ta vie est devenue monotone, ennuyante. Alors y a pas une source d'inventivité, rien qui te pousse à la rêverie. Tu t'ennuies tellement Adria.

Alors t'es sortie, tu sais pas trop où tu vas, ce que tu comptes y faire. T'aimerais bien qu'une idée te vienne. Tu verras bien, peut-être que tu finiras dans un bar, l'alcool résout parfois certaines choses. En tout cas, l'alcool t'as souvent stimulé, tu deviens vite plus vivante quand tu bois. Avec un peu de chance, te réveiller dans un lit inconnu avec une bonne gueule de bois devrais te remettre l'imagination en place.
Quelle théorie minable.

On pose une main glacée au creux de tes reins. T'es peu couverte avec ta longue robe blanche dos nue. Mais habituellement à Libra, personne n'est assez stupide pour foutre sa main n'importe où dans la rue. On tue facilement dans le coin.
Tu te retournes pour faire face à Thresh. Evidemment.

― Tu peux m'expliquer ce que t'es entrain de faire là ?

coulis d'hypocrisie

                            ft. Thresh

Et bla. Il déblatère et déblatère son sirop dans une incomparable vulgarité sous-jacente. Ses manies de rustre te font frémir, une lassitude étendue à ton corps tout entier. Il s'amuse de ton corps, de tes réactions. Il doit y avoir une part de masochisme dans la luxure pour qu'il s'intéresse autant à toi.

― Y a pas des pigeons plus intéressés dans les environs ?

Tu te défends pas vraiment, la virulence d'un pachyderme. Tu dégages sa main de ton dos. Approchant ta main décidée, tu colles tes doigts aux extrémités de sa bouche, baissant son sourire provocateur, ou tentant.
Il t'agace, c'est dingue ce qu'il t'agace. Et puis tu trembles quand même, parce que intérieurement, cette attention déplacée, cet intérêt écœurant t'excites. T'es une femme Adria, et jamais tu l'admettras mais tout ça, ces sourires en coin, ces perfidies ça te révulses et t'entraînes dans le désir à la fois. Mais t'es de ces enfants têtues qui démordent pas. Avouer que sa main te fait l'effet d'une caresse, très peu pour toi. Tu gardes ta stature stoïque d’asexuée, c'est à se demander si t'aurais pas oublier un balai quelque part.    

― Tu sais, si je voulais vraiment t'attirer je n'avais qu'à être nue. J'imagines que les subterfuges et autres mystères sont des plaies bien inutiles pour séduire un homme aussi affamé.

Le chaton devient tigre. Tu tentes de le provoquer, sans vraiment savoir pourquoi. Il t'amuses dans l'exaspération. Finalement, une fois dans ses filets t'es devenue la proie de distraction. T'en as oublié l'ambiante misère de l'ennui, t'es là à cracher ton mépris dans le doux fracas de la tentation. C'était peut-être un divertissement de ce type que tu cherchais. Une altercation avec un décérébré sensuel. Ou bien tu cherchais plus de frisson. Dans les deux cas, Thresh pourrait t'apporter satisfaction. Il en fallait peu pour combler une frêle ignorante à la peau claire.

D'où tu pouvais bien le connaître ce vagabond d'ailleurs. Tu te souvenais plus vraiment, certainement un truc sordide, une histoire pas bien intéressante. Ta curiosité avait du t'entraîner et de paire avec ta naïveté t'avais du trop traîner avant de comprendre quel genre de mec c'était. Faut dire, côté double sens t'es pas bien éveillée Adria. T'es à la limite de la prude. En fait, c'est juste que t'aimes pas en parler, à Libra, les gens sont trop brusques pour toi. T'as beau t'en accommoder, la plupart du temps t'en évites les sous entendus, tu fais celle qui comprend pas. Puis y a les autres jours, les humeurs qui divergent. Un peu comme aujourd'hui, les jours où t'oses, où t'as envie. Tu passes ton doigt au-dessus de la flamme, et tu t'y attardes. Élusive et tout en contournant. T'es bien plus à l'aise pour rembarrer que pour succomber Adri.
Tu chasses ces pensées et tu réagis, c'est quand même Thresh en face de toi, et c'est pas franchement la bonne personne pour se laisser aller. C'est ton opposé sur le sujet, ça en est carrément la personnification. Après ça, t'irais certainement voir Satyre, sans un détour, tu t'allongerais et tu te débarrasserais de ta chaleur dans un soupir.

― Et puis tu fou quoi ici, seul et pathétique à mater les passants ?