«  Vas-y, lui murmure son subconscient. Qu’as-tu donc ? Vas-y et finissons-en ! » Qu’elle est énervante, cette petite voix dans votre tête qui vous incite à faire un choix alors que vous doutez. Passant une main dans ses fins cheveux vert péridot, elle finit par reculer et rebrousser chemin jusqu’à chez elle, dans un cas comme le sien, mieux vaut ne pas partir se plaindre à la police. Surtout quand on se plaind pour soit-même.

Arrivée devant sa maison, la jeune fille s’arrête et fixe intensément la porte avant de l’ouvrir à l’aide de ses clés. La maison est vide, pas un seul bruit, pas de trace de vie à part celle de la verte. Cynthia retire lentement ses chaussures de ville et met d’épaisses chaussures de randonnées, comme chaque jour elle se lève et se dirige d’un pas trainant vers la tombe de ses parents dans le cimetière, à quelques mètres de sa maison.

«  Tu aurais dû te décider à y aller, à te dénoncer, dit la petite voix dans sa tête. » Ladite Cynthia grogne à cette remarque puis s’abaisse vers la tompe de ceux qui la mirent au monde. Son sourire s’élargit pendant que sa main blanche caresse la pierre tombale en forme de cruxifice.

-   Père, mère... Pardonnez-moi... J’aurais voulu que vous ne découvriez pas cela...  

Un rire jaune quitte ses douces lèvres charnues alors que les larmes coulent le long de ses joues rebondient. Quel destin cruel, que celui de ne savoir se contrôler. Posant au sol le bouquet de fleurs, la jeune fille ramène ses genoux contre sa poitrine et maudit encore et encore son affreuse maladie, son problème qui l’empèche de vivre par moment, ce problème est apparu il y a environ quelques mois, non loin de son anniversaire le jour de ses dix-sept ans.

C’était un mois de décembre comme tant d’autre. La poudreuse qui jonchait le sol de toute part rendait les enfants joyeux et çà et là on les voyait se lançaient des boules de neige entre deux trois rire et quelques légères menacent enfantines à ne pas prendre au sérieux. Alors qu’elle marchait vers la forêt retrouver son petit-ami, elle s’arrêta à bout de souffle contre un grand chêne qui semblait bien plus grand que les autres. Se posant à ses pieds, elle ferma les yeux et fut plongée dans un profond sommeil. Souvent, on lui disait : « Ne dort pas dans la forêt ! Ne sort pas seule ! Ne soit pas imprudente ! » Tout cela à cause d’un tueur en série qui se promenait dans le quartier. Mais elle n’avait pas peur. En fait, elle voulait rencontrer ce fou, elle voulait le rencontrer et le détruire, tout comme il avait détruit sa vie en tuant sa meilleure amie, la seule personne qui l'appréciait en plus de son copain, malgré son côté enfantin et rêveur.

Ce jour-là, en ouvrant les yeux après un terrifiant cauchemar dans lequel elle poursuivait des enfants et les égorgés en riant à gorge déployée, Cynthia se retrouvait au milieu d’une multitude de cadavres. Parmi eux, elle reconnu les enfants qu’elle avait vu plus tôt jouer au ballon. Une boule naquit dans son ventre, et tout devint flou autour d’elle. L’odeur infecte du sang encore frais et des cadavres lui donnèrent la nausée et elle dûe partir en courant pour pouvoir vomir plus loin avant de ne prévenir la police.

- Vous n’avez pas vu qui c’était ? Lui avait demandé un policier.
-   N- non... mentit la fille aux cheveux verts.  

Comment faire ? Comment dire à quelqu’un que vous êtes responsable de la mort de ceux que vous aimiez ? Se mordillant la lèvre inférieure, elle décida de faire de son mieux pour stopper tout cela.

- Je suis là mon coeur, tu n’es pas seule. On va résoudre ton problème à deux.

L’adolescente sursaute d’un coup et se retourne, oubliant un court instant ses parents. Là, devant ses yeux se trouve un blond aux yeux océan. Qu’il est beau, son copain. Posant une main sur sa tête et lui ébouriffant les cheveux, il éclate de rire.

- Tu fais de tête étrange ! Il est passé où ton sourire de dix kilomètres ?

Les joues couperosées, l’enfant le regarde timidement avant de ne le serrer dans ses bras en souriant, il est le seul à connaître son côté psychotique et à continuer de la fréquenter. Elle aurait voulu naître différemment, avec un peu de chance, elle l’aurait rendu heureux en étant seulement joyeuse et non folle.




«  Tu aurais dû m’écouter et te dénoncer, tu n’aurais pas eu à faire ça. » Qu’elle est irritante ! Même quand vous souffrez, même quand vous souhaitez mourir, cette petite voix arrive encore à vous rabaisser ! N’a-t-elle donc aucune pitié ? Les larmes coulent. Elles coulent sans même demander l’avis de Cynthia. Assise sur son lit aux draps de Frozen, la jeune fille serre contre son coeur le corps sans vie de celui qu’elle souhaitait épouser à ses dix-huit ans. Il avait toujours été là pour elle, quand elle allait bien tout comme quand elle allait mal. Il savait la rassurer, il l’aimait. Et elle l’aimait aussi. Qu’avait-elle bien pu faire au Seigneur pour qu’il lui fasse ça ? Ce côté sanguinaire qu’elle ne sait pas contrôler ? Cette folle aux mains tâchées de sang, pourquoi fait-elle partie de la douce et gentille Cynthia ?

-   J’en peux plus...  

Couchant le corps inerte et glacé de son bien-aimé, elle part en titubant jusqu’à la cuisine.Une fois là-bas, il ne lui faut pas beaucoup de temps avant de ne prendre un couteau, plus loin elle entend les sirènes des voitures de police et il lui faut un moment avant de ne déglutir. La police a donc découvert la vérité sur elle. Partant dans sa chambre, elle se couche à côté du blond et tient fermement le couteau.

- Cynthia Love ! Vous êtes en état d’arrestation pour le meurtre de monsieur et madame Love ainsi que de plusieurs personnes des maisons voisines ! Veillez sortir avec les mains sur la tête ! Crit un policier qu mégaphone.

N’écoutant rien d’autre que son amour, elle lève le couteau et se le plante en plein coeur. Durant les quelques secondes de vie qui lui reste, elle prie en prenant la main de son petit ami. « Redonnez-moi une chance, donnez-moi une chance de changer. Je veux me faire pardonner... » murmure-t-elle dans sa tête alors que les vitres se brisent et la porte de casse laissant entrer tous les policiers.






Infinity lève les yeux vers le ciel azuré et le fixe sans un mot, sans rien dire. Comment a-t-elle atterri ici ? Balayant l'endroit de son regard améthyste, elle soupire en remarquant dans la paume de sa main un couteau couvert de sang. Apparemment, son "amie" s'était bien amusée ! Reposant le couteau sur le sol froid, il lui faut quelques minutes avant de ne comprendre qu'elle se trouve sur le haut d'un immeuble. Depuis son arrivée dans cet endroit étrange qu'est Libra, elle se retrouve sans cesse sur les toits. Comme quoi, son côté obscur aime les endroits en hauteur !

Ramenant ses mains ensanglantées vers son visage, elle se met à chouiner en cherchant une solution. Que faire ? Elle en a marre de souffrir en faisant souffrir les autres ! Puis, à ce moment, une citation qu'elle avait vue en se baladant près du temple de Libra il revient en tête ; pour devenir saint, il faut avoir goûté aux malheurs de la vie.

Des malheurs, elle en a goûté, elle commence même à être proche de l'overdose ! Se relevant d'un bond, elle sourit. Peut-être que la réponse est là ? Peut-être que maintenant, seul le Maître Suprême peut la libérer de ses problèmes. Peut-être que si elle prie... Non, il faut faire plus encore que simplement prier ! Il faut se donner corps et âme à celle qui la sauvée. Inspirant un grand coup, elle choque ouvertement sa seconde personnalité en décidant de devenir pure, en décidant de devenir nonne.