MESSAGES ▲ : 17 DATE D'INSCRIPTION ▲ : 10/02/2015 AVATAR ▲ : random rousses DIT ▲ : poppy FICHE RS ▲ : i guess none of us are
Sujet: sweet taste ▴ rupture Ven 13 Mar - 22:34
do not try to be pretty
Il y avait des jours que l'on dévorait sans compter. Des après-midi qui passaient pour une heure ou deux, oh des moments un peu étranges qui ne s'attardaient pas ; ils filaient filaient filaient toujours plus loin. Peut-être ne voulaient-ils ne pas être rattrapés. Il y avait des semaines lentes à en mourir, des secondes qui criaient qu'elles voulaient rester rester encore un peu avec vous ; oh, amoureuses transies. Oh, amoureuses déçues. Tu n'avais jamais vraiment pensé aux secondes avant, Hyacinthe. Oh, de toutes manières, tu ne penses jamais à grand chose -et quand tu le faisais, il y avait ta mémoire qui se jouait de toi et qui te faisait oublier oublier oublier. Tu oublies toujours tout, Hyacinthe -mais tu te dis que ça peut être un mal pour un bien. Au moins, comme ça, les chagrins ne durent pas trop longtemps. Au moins, comme ça, il y avait de la surprise à chaque fois. Au moins, comme ça, tu ne mentais pas. C'est si laid de mentir, Hyacinthe. Si laid que tu t'étais juré de ne jamais laisser ces si horribles choses passer tes lèvres ; et tu voyais les autres te dire que si tu voulais pleurer, leurs épaules étaient là -mais tu ne comprenais pas tu ne comprenais pas, et quand tu refusais, on te disait qu'il n'y avait pas besoin de faire la brave. Oh, Hyacinthe ; ça te faisait tellement mal quand on disait que tu mentais. Mais non, non, tu ne verses pas de larmes quand un nom s'ajoute à ta liste -pourquoi être triste quand c'est une si bonne nouvelle ? Ah, parce que tu sais, Hyacinthe, que quand on ne te parle plus comme avant, quand on en préfère un autre, quand on te met de côté, quand on te fait mal sans le savoir -tu sais tu sais tu sais que ça veut dire qu'on a plus besoin de toi, béquille de verre aussi fragile que les ailes d'un papillon. C'était beau, les papillons -et tu oubliais déjà les quelques sujets qui laissaient un trou béant dans ton coeur jamais rempli suffisamment, oh ça te faisait tellement étrange de ne pas pouvoir le gaver l'inonder le gorger de ces petits mots et de ces contacts pourtant si équivoques. Et puis il y avait les souvenirs, encore -mais les souvenirs, on n'en parle pas. On n'en parle plus ; pas alors qu'il y en avait un autre qui s'annonçait, pas alors que dans ta tête il n'y a qu'une chevelure qui s'imprime tout en couleur. Pas alors que tu attendais un signe quelconque, pas alors que, le soleil dans tes cheveux, le sourire dans l'éclat de tes yeux, il y avait de l'espoir au coin des lèvres, oh pas quand tes pensées s'accaparaient chaque parcelle de peau que tu avais pu apercevoir, quand tes paupières clignaient encore de tout ce que tu avais vu oh de toutes ces étincelles aux creux de ses sourires. Ils avaient tous l'air de princes charmants, de déesses éternelles, de flocons éphémères et de sourires en dentelle. Oh, ils étaient tous si parfaits. Et tu divaguais encore, assise sur un trottoir, ta guitare sur les genoux. Tu voulais jouer, au début ; tu voulais ajouter un peu de douceur dans leurs mondes s'ils en avaient besoin, tu voulais rendre une pensée un peu plus positive oh. Oh, et puis tu t'es rendu compte qu'ils sont tout aussi bien sans toi pour les déranger, alors tu as arrêté et tu les as regardé -ils sont tellement intéressants. Et puis si tu le pouvais, Hyacinthe, peut-être tomberais-tu aussi amoureuse du monde.
Sujet: Re: sweet taste ▴ rupture Dim 15 Mar - 11:54
Il était en retard pour son tour de garde. Il le savait, mais il ne se pressait pour autant. Rupture avait de nombreux défauts, et l'un d'entre eux était notamment son manque de professionnalisme. Pourquoi s'embêter à exercer un emploi qui ne l'intéressait que pour le statut qu'il pouvait en retirer ? Du moment qu'il n'y avait pas de problèmes majeurs, personne ne viendrait l'embêter. De temps en temps, il arrêtait quelque personnage qui faisait quelque louche et cela n'allait pas plus loin. De toute façon, Eraclae n'était pas Libra, il y avait beaucoup moins de monde et beaucoup moins de problèmes. Ce qui lui laissait beaucoup plus de temps pour arranger son apparence. Ce qui lui prenait le plus de temps, c'étaient ses cheveux. Il devait les coiffer presque mèche par mèche pour obtenir le résultat qu'il désirait, et il y mettait un soin fou. Si la mèche penchait un peu trop en avant ou en arrière, il recommençait. Rupture faisait preuve de beaucoup de sérieux quand il s'agissait de faire beau. Quel dommage qu'il ne s'appliquait pas autant pour son propre emploi. Il aurait été un excellent garde.
Ayant fini d'ajuster son uniforme, Rupture commença à arpenter les rues d'Eraclae, donnant parfois des coups de fourreau aux personnes qui ne se tenaient pas suffisamment correctement à son goût - et, pour quelqu'un d'aussi superficiel que lui, c'était un véritable délit, qui suffisait à les constituer en criminel. Heureusement pour ses pauvres victimes, il ne regardait pas trop leur visage, de sorte qu'il ne se souviendrait pas d'eux. Il n'était nullement conscient non plus de certains regards que l'on lui jetait. Comme s'il avait envie de voir le visage de ces honnêtes déformé par de violentes émotions. Rupture préférait penser que tout le monde en valait la peine, tant qu'il n'avait pas émis de jugement sur leur apparence.
Et puis, au détour d'une rue. Elle était là.
Elle lui avait plu au premier regard. Cette jeune femme qui avait l'air si douce, si gentille. Ce qui avait en premier lieu capté le regard de Rupture, c'était sa chevelure de feu. De longs cheveux roux, soyeux, semblables à une cascade de lave lui descendant le long du dos. Rien qu'en les voyant, le jeune homme sut qu'il pourrait l'aimer. Elle avait un ai sensible qui lui plaisait bien. Elle était toujours aussi belle, ce jour-là. Peut-être plus encore. Elle était assise sur un trottoir, un peu comme une mendiante, une guitare sur les genoux. Si elle avait été quelqu'un d'autre, il l'en aurait chassé, arguant que ce n'était pas le lieu de faire de la mendicité, et que si elle avait des problèmes d'argent, ce n'était certainement pas de la faute à l'AIAD qui avait très certainement fait son travail. Il l'aurait menacée de son épée et, si elle n'avait pas bougé, il l'aurait prise par le bras, l'aurait entraînée au loin avant de lui confisquer son instrument de musique. Fin de l'histoire. Mais elle était trop belle pour cela. S'accroupissant face à elle, le blond resta un instant silencieux, à contempler son visage fin et pâle, parsemé de quelques tâches de rousseur qu'il trouvait parfaitement charmantes. Il se sentait tout drôle. Il avait l'impression de perdre un peu de sa répartie, en la voyant. Comme sa vision était puissante.
Puis il se releva, et le fait de s'éloigner un peu d'elle lui redonna un peu de confiance en lui. Il s'étira joyeusement, avant de soigneusement réajuster son uniforme afin que celui-ci lui tombât parfaitement sur le corps. « Oh, comme on se retrouve. Si j'avais pensé te revoir en de telles circonstances... tu ne veux pas jouer ? » Dire qu'à toute autre personne, il aurait interdit de le faire, juste parce que cela le dérangeait d'entendre du bruit pendant qu'il faisait sa ronde. Si cela se trouvait, elle ne savait pas jouer, ou alors très mal. Mais il avait envie de voir ce qu'elle pouvait faire. Son visage lui disait qu'elle était plus talentueuse que tous les artistes de rue que Rupture avait pu croiser. Et même s'il avait tendance à déloger les musiciens, il aimait écouter de la musique - tout ce qui touchait à l'art l'émouvait. « Je suis bon public, tu sais. » : ajouta-t-il avec un sourire. Non pas un sourire charmeur, comme les hommes savaient si bien en faire ; non, plutôt cet éclat spontané qui vous vient aux lèvres quand la joie frappe à votre porte. Il avait l'air d'un soleil en cet instant, avec ses mèches blondes formant une auréole autour de son visage, et il agissait comme s'il n'en avait pas conscience. Uniquement pour pouvoir l'écouter, elle.
Hyacinthe
conscience vouée à l'errance
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Sujet: Re: sweet taste ▴ rupture Dim 15 Mar - 22:01
you weren't made to be pretty
Tu trouvais ça drôle, le hasard. Il avait une sorte de légèreté que tu enviais et que pourtant tu avais sans le savoir -une sorte de rafraîchissement, un courant d'air agréable la plupart du temps, mais oh tu savais aussi qu'il pouvait apporter nombre de malheurs. Tu n'aimais pas parler des malheurs, Hyacinthe, parce qu'ils venaient et qu'ils repartaient comme tout le reste -rien ne reste jamais en place. Jamais, et pourtant c'était presque tout ce qu'on retenait. C'était si triste, quand tu y pensais -et bien vite tu balayais ça en remettant ta frange folle en place. Peut-être que c'était bien mieux d'être éphémère. On avait au moins l'excuse du temps qui passe, on avait au moins ces pensées crédules de ceux qui ne savaient pas ne savaient pas ne savaient plus. Certains te pensaient stupide. Peut-être avaient-ils raison. Mais peut-être avaient-ils tord ; et quand tu oubliais leurs faces solaires oh tu n'oubliais jamais cette chaleur au creux du coeur -et alors tu te demandais si, finalement, le reste avait de l'importance. Tu avais des noms sur un papier, et dans ta tête des milliers de feux d'artifice -oh ils étaient tous différents. Et c'était aussi peut-être pour ça que tu aimais les souvenirs, que tu les gardais tous dans le fond de ta poche dans un coin de ta tête. On pouvait te dire chasseresse cruelle, on pouvait te détruire à coup de langues de vipères on pouvait t'enterrer sous des mètres de boue -tu as essayé. Vraiment. Mais il faut toujours que tu partes -oh, sans y avoir pensé une seconde. Peut-être était-ce juste l'espoir qui faisait mouiller tes yeux -mais qu'importe qu'importe. Tu as essayé et ça vaut tout l'or du monde. Et puis derrière tes pupilles vitreuses il y eut du mouvement -oh c'était brillant c'était lumineux et décadent, mais chut chut chut Hyacinthe. Écoutes le silence quand sur tes lèvres s'étire un sourire, écoutes ce calme plat de ta tête trop émerveillée -tu es contente, tu crois, et c'est ce que tout le monde dirait en te voyant. Rupture. Il avait un nom un peu râpeux oh un peu violent, tu trouvais, il avait une mélodie un peu brusque un peu triste, elle aussi. Peut-être bien que tout semblait triste, ici. Tu ne sais plus ; tu ne te rappelles plus de ces choses-là -mais il s'étire comme un chat et ça lui va bien. Un chat solaire ; oh antique Rê retourné à ses origines. Tu l'écoutes et tu souris encore -tu souris toujours, Hyacinthe. Il y a tes doigts accrochés aux cordes tirées et tu veux bien jouer jouer jouer mais tu ne sais jamais quoi choisir jamais quoi commencer. Tu aimes pourtant tellement chanter pour les gens -oh tu fais attention, tu leur choisis leurs chansons rien qu'à eux mais tu as peur peur peur de les blesser parce que toi Hyacinthe tu ne blesses que quand tu es sûre qu'on peut se relever. Tu tapotes le bout de trottoir à côté de toi comme une invitation à ce qu'il te rejoigne, tu ne te sens pas d'humeur à parler alors tu te contentes d'accorder ta guitare une énième fois et de réfléchir. Réfléchir. Oh, mais c'est dur de réfléchir ; et même si tu sais que Rupture te jugera, tu grattes tes cordes du bout de tes ongles rongés et après quelques secondes, ça sort. « Well, maybe I'm a crook for stealing your heart away, yeah, maybe I'm a crook for not caring for it. » Elle est douce cette mélodie ; elle est un peu cassée ta voix aiguë qui ne parle pas très fort. « Yeah, maybe I'm a bad, bad, bad, bad person ; well, baby, I know. » Il y a quelques mèches de cheveux qui volent et tes dents blanches qui brillent au soleil quand tu rouvres encore la bouche. « And these fingertips will never run through your skin. » Ton rythme est tout aussi lent que celui de l'original ; tu préfères quand c'est lent et que les émotions ne se bousculent pas -c'est trop compliqué, sinon. « And those bright blue eyes can only meet mine across the room filled with people that are less important than you. » Et tu t'arrêtes. Il y a quelques notes qui subsistent dans l'air ; elles éclatent comme des bulles de savon -tu n'aimes pas te dire qu'elles meurent. C'est trop dur pour quelque chose d'aussi doux. « Oh, peut-être que tu voulais autre chose ? » Oh Hyacinthe, tu n'es pas très habile avec les mots, parfois ils glissent hors de ta bouche sans faire attention et tu rougis bien trop vite après coup -mais c'est Rupture Rupture Rupture, il ne s'offusquera pas et peut-être même trouvera-t-il ça joli. Il a bon goût, Rupture, alors ça ne te dérange pas qu'il choisisse pour toi -pas tant qu'il reste encore un peu à tes côtés.
Sujet: Re: sweet taste ▴ rupture Ven 20 Mar - 13:16
Après l'avoir vue, après l'avoir imaginée en train de jouer, il ne pouvait plus reculer. Son attention vacillante s'était reportée sur elle, uniquement elle ; et le reste ne comptait plus.
Elle lui donnait envie de sourire. Il ne la connaissait presque pas mais, déjà, elle l'avait hypnotisé. Il ne détachait pas son regard d'elle. Se montrait encore moins soucieux de l'exercice de son poste que d'habitude. Hyacinthe - un nom de fleur, jacinthe. Un nom délicat, qui plaisait beaucoup à Rupture - ce "h" aspiré que personne, pourtant, ne prononçait ; cet juxtaposition de deux voyelles, et surtout cette fin brusque, d'autant plus brusque que le "e" final est muet ; sans comprendre pourquoi elle s'appelait Hyacinthe, et sans chercher à le comprendre, il aimait cet enchevêtrement de sons tout autant que la rousse ardeur de sa chevelure. Une attraction magnétique, qu'il ne voulait pas concevoir. Elle ne brisa pas le silence. Elle le prolongea, comme pour accroître le besoin que ressent Rupture d'entendre sa voix. Telle une sorcière consciente du pouvoir de sa voix, effrayée peut-être par ce talent, cherchant à l'attirer près d'elle par un simple geste. Et Rupture ne luttait pas contre cette fascination qui, progressivement, l'attachait à elle. Il s'assit à ses côtés, parvenant à s'installer avec élégance tout en donnant l'impression de se laisser tomber - des heures d'entraînement pour parvenir à un tel résultat ; des heures qu'il aurait pu consacrer à exercer ses talents de bretteur, s'il avait été un minimum sérieux.
Superficiel, peut-être, mais Hyacinthe revêtait une importance primordiale à ses yeux. Il ne la lâchait pas du regard. C'était drôle ; il avait l'impression que la cadence de son cœur s'était légèrement accélérée. Il le sentait cogner dans sa poitrine ; c'était presque douloureux, mais pas désagréable. C'était une émotion qui lui était familière - elle n'était pas la première, elle ne serait sans doute pas la dernière. Mais elle était la seule qui importait, en cet instant. Rien ne comptait plus que ses doigts aux ongles d'une longueur affreuse - jamais il ne l'aurait aimée pour ses ongles -, mais gracieux et élégants, posées sur les cordes de l'instrument. Rien ne comptait plus que cet air fragile, un peu blessé, qui illuminait son visage.
Rien ne comptait plus que cette voix un peu enrouée, brisée, qui s'échappa de sa gorge quand elle se mit à chanter. Une voix douce, haute, mais qui ne semble pas exploiter toute sa puissance - Rupture sentait comme une retenue, c'était charmant. Mais c'était lent, fichtrement lent. Au point que son rythme cardiaque s'accélérait davantage. Et soudain, le silence, à nouveau. Il ne le remarqua pas tout de suite ; ce ne fut que lorsqu'elle lui demanda s'il voulait autre chose qu'il constata qu'elle avait arrêté de chanter.
Un vague sentiment de manque, qu'il refoula. Il secoua légèrement sa tête blonde, observant avec curiosité la jolie teinte rosée qu'avait pris son visage à elle. Il ne comprenait pas pourquoi les gens rougissaient, cela ne lui était jamais arrivé ; sa peau ne devenait rouge que sous le coup de l'effort, et peut-être de la colère. Pas dans d'autres circonstances. Elle n'était ni fatiguée, ni énervée. Elle était dans un autre état, un état qui lui échappait. Mais c'était mignon. Il hésita, un peu, avant de se décider à lever la main, laissant ses doigts effleurer son épaule, sa chevelure, avant de se refermer sur l'autre épaule, la serrant légèrement, avec incertitude. Il avait presque peur qu'elle le rejette. Qu'elle le trouve trop insistant. Trop envahissant. Mais c'était une étreinte amicale, rien de plus. Et Rupture se mit à rire. « Ne demande pas cela au pauvre fou que je suis. C'est toi l'artiste. » En vérité, il ne voulait vraiment rien de particulier, juste l'entendre. Il ne pouvait pas exiger quelque chose en particulier, cela lui aurait demandé de réfléchir trop profondément - et il n'y avait rien qu'il ne détestât plus qu'être plongé dans la perplexité. « Tu chantes bien. » : ajouta-t-il en toute sincérité. Il aimait les personnes qui chantaient. Beaucoup de choses passaient par la façon dont elles posaient leur voie. Et s'il n'était pas assez doué pour percevoir toutes les nuances, il était touché de savoir qu'elles existaient. Il relâcha Hyacinthe, mais ses yeux améthyste ne la quittèrent pas un seul instant. Ses lèvres tremblèrent. « Pourquoi rougis-tu, Hyacinthe ? » Cela ne lui ressemble pas trop de chercher des raisons à un tel acte, et il ne faut pas s'y tromper : la superficialité n'y attache pas vraiment d'importance. La seule chose qu'il cherche à savoir, c'est s'il y a une raison ou non. Car s'il y en a une, alors cela veut dire qu'il s'agit là d'une autre de ces informations qui passent par l'apparence. Il trouvait l'idée parfaitement charmante. Et si ce n'était rien - si ce n'était qu'une posture... Cela ne changerait pas de ce que lui faisait.
Hyacinthe
conscience vouée à l'errance
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Sujet: Re: sweet taste ▴ rupture Sam 21 Mar - 20:47
you could still be what you want to
Flottement -dans l'air dans tes yeux trop aqueux au bout de tes doigts si peu féminins ; il y a un souffle d'air qui te décoiffe encore et ça te distrait assez pour ne pas penser et après. Il y avait le et après qu'il se soit assis, le et après que tu ait commencé ta chanson, le et après, maintenant que tu l'as finie. Oh, il y avait d'autres strophes, d'autres notes toutes aussi douces les unes que les autres, mais même si ta gratte te démangeait, tu voulais lui laisser la place. Oh, il en impose, Rupture ; il est brillant il est beau aussi, impressionnant -tu crois que ça s'appelle comme ça, cette sensation. Tu ne sais pas ; qu'importe, parce qu'il se penche sur toi oh, il a la peau si douce Rupture, c'est comme une plume qui glisse dans l'air qui trace son chemin sinueux dans ton épiderme, ah il gardera cette empreinte comme un sceau mystique éternel. Comme pour se rappeler qu'un jour, ça a eu lieu. Il y avait du trouble dans tes yeux mais ils étaient bien trop rivés vers le sol pour qu'il le voit ; et quand il rit c'est si parfait si cristallin si rafraîchissant, il y a les questions de tes prunelles océans qui s'évaporent et qui forment un gaz un peu étrange au fond de ton cerveau. Tu te sens un peu chancelante ; ça doit être le soleil qui t'aveugle trop. Et ses mots sont tout aussi élégants que le reste, c'est presqu'injuste ; ses compliments te vont droit au coeur oh oui, ce n'est pas pour autant que tu les crois. Il y avait une sorte de paradoxe en toi, Hyacinthe, dans ta manière de pousser les autres à croire en eux-mêmes et en ton incapacité flagrante de faire de même -mais tu allais mieux, te disais-tu doucement, quand ces pensées effleuraient ta boîte crânienne. Peut-être que c'était juste pour les faire fuir. « Merci. » C'était honnête et étrange, parce que tu voulais vraiment lui faire comprendre que c'était important, ce genre de choses, mais en même temps, tu ne comprenais pas -généralement tu recommençais à titiller les cordes de ta guitare et tu repartais dans ton monde à toi. Ce n'était pas comme une fuite non, plutôt comme une mise entre parenthèses -tu ne te permettrai jamais de fuir oh de les laisser seuls, c'est si écoeurant de faire ça. Il se défait de toi et c'est comme si l'air devenait à nouveau respirable -est-ce que tu as retenu ton souffle, Hyacinthe ? Tu ne sais pas, et quand tu croises son regard il y a un sourire étincelant, comme si tu avais décroché les étoiles pour qu'il soit suffisamment illuminé jusqu'à la fin de ses jours. Rupture il parle beaucoup, Rupture il a de jolis mots au coin des lèvres, Rupture il donne l'impression de tout savoir oh il est si adulte si professionnel, tiré à quatre épingles, impeccable. Mais il te pose une question, Rupture, et c'est étrange tant c'est enfantin, tant c'est simple à demander et si dur à expliquer. « Je crois qu'on rougit quand on ne comprend pas. » Il y a des pincettes dans tes mots, oh tu ne veux pas lui mentir à Rupture ; tu ne fais que lui dire ce que tu penses mais est-ce assez ? Est-ce que tu peux vraiment te prétendre omnisciente ? Tu ne sais pas, Hyacinthe, mais il t'a demandé à toi et tu lui réponds comme tu le peux. « Mais je ne comprends pas plein de choses, pourtant je ne rougis pas tout le temps. C'est étrange, non ? » Tu es si enfantine Hyacinthe, et derrière tes lèvres rosées il y a des dents nerveuses qui tremblent tremblent. « Peut-être que j'ai rougi parce que je ne savais pas comment réagir. C'est sûrement ça, oui. » Il y a encore ton sourire accroché à tes pommettes, mais cette fois il y a un peu d'incertitude dans tes prunelles -est-ce que tu as suffisamment bien répondu, Hyacinthe ?
Sujet: Re: sweet taste ▴ rupture Jeu 26 Mar - 19:04
Car il y avait cet espèce de bonheur à être là, à ses côtés. Il n'en demandait pas plus. La simple présence était une chose qui comblait Rupture ; il n'avait pas besoin de plus. Pas besoin de savoir à qui il avait affaire, pas besoin de lier une vraie relation. Il ne demandait pas de preuves. La présence avait cette profondeur de la superficialité, cette profondeur seule que Rupture acceptait - celle qui n'en était pas vraiment une. Une surface plane où tout se trouvait. Bien sûr, Rupture se sentait toujours bien en compagnie d'une femme qui lui plaisait. Bien sûr, il ne faisait pas de discrimination, il les aimait toutes d'un amour sincère, avant de se désintéresser d'elles au même stade : quand il voyait bien qu'elles n'étaient pas celles qu'elles prétendaient être. Mais Hyacinthe... elle avait quelque chose d'unique. Le goût de la sincérité. Il pouvait le sentir, c'était comme un goût sucré sur les lèvres. Ou comme de respirer un air plus pur - il est plus vrai, plus authentique. Il le devinait déjà. Que Hyacinthe ne changerait pas à ses yeux. Il l'espérait pour toutes les femmes ; mais elle, il en était sûr. Elle était trop parfaite pour cela. Il n'aurait su dire ce qui l'attirait en elle. Bien sûr, on parle de Rupture ; c'était de sa beauté dont il tombait amoureux. De la courbure de son cou. De l'ombre que ses mèches jetaient sur son teint laiteux. De la délicatesse de ses yeux. De la finesse de ses poignets. On pourrait multiplier les exemples jusqu'à la nuit des temps. Mais au-delà de ce charme, Rupture lisait autre chose. Une retenue qui le touchait. Une grâce timide. Elle ne s'imposait pas, elle se fondait dans le décor. Elle ne semblait pas désirer qu'on la remarque, et chantait avec discrétion, comme une forme de concert intime. C'était cela qui charmait Rupture. Bientôt, son cœur flancherait. Il ne lui faudrait pas longtemps avant qu'il ne pût plus se passer d'elle. Qu'il ressente le besoin d'être en sa présence. Il la courtiserait. Mais tout cela, c'était aller trop loin, pour quelqu'un comme lui. Pour le moment, il se trouvait dans le plus agrément de sa compagnie, séduit par sa voix délicate. Sans doute était-ce pour cela qu'il avait posé une question. Rupture ne posait pas de question. L'interrogation lui était quasiment étrangère. Mais même lui n'y était pas totalement insensible. Même la surface pouvait être sujette à des doutes.
On rougit quand on ne comprend pas. Il y avait pourtant beaucoup de choses que Rupture ne comprenait pas, pourtant, le rouge ne lui montait pas facilement à la figure.Voire presque jamais. Et c'était tant mieux, car il trouvait cela disgracieux - même si, sur Hyacinthe, cela revêtait un charme fou. Il n'avait pas l'espoir d'entrer en compétition avec elle. S'il était beau, éblouissant, ce n'était que la poudre aux yeux ; une façon d'exister comme être supérieur, agissant sur le seul plan qu'il pouvait contrôler. Chez elle, tout était naturel. Aussi était-il normal, peut-être, qu'elle rougît, et non lui. Mais, si elle rougissait, n'était-ce pas de sa faute à lui ? Parce qu'elle pensait qu'il avait des attentes ? Un brin de culpabilité s'empara de Rupture. Cela n'aurait jamais été suffisant pour qu'il présentât de quelconques excuses. Ce n'était pas grave - même si, avec Rupture, rien n'était grave, sauf le fait de se prendre au sérieux. Il concevait que l'on pût penser qu'il avait plus d'attentes que cela, même s'il considérait cela comme un échec personnel. Il devait incarner la superficialité. Il n'avait pas le choix, c'était dans sa nature. Mais s'il la représentait mal ? S'il avait l'air de quelqu'un de profond ? L'idée le rendait malade. Il lui prit donc la main, et l'entraîna dans son sillage, les relevant tous les deux du trottoir où ils étaient tranquillement installés. « Ce n'est pas grave, de ne pas comprendre. Qui a besoin de comprendre, de toute façon ? On vit tellement mieux dans l'ignorance. » Sa voix se brisa légèrement sur le dernier mot ; on sentait même comme une forme d'agressivité latente dans le ton. Rupture, sur la défensive - détestant l'idée que l'on désire comprendre plus. Il n'y avait pas à comprendre. Il fallait voir et croire. Rupture aurait fait un si bon croyant. Tenant toujours la main de Hyacinthe dans la sienne - non sans se satisfaire du contact entre leur peau -, il lui fit signe de marcher avec lui - il ne se demanda pas une seule seconde ce qu'elle devait faire de sa guitare. « Viens. Je veux que tu voies dans quel monde, moi, je vis. » Elle avait partagé un peu de son univers, en lui faisant découvrir sa musique ; eh bien, c'était à son tour. Rupture se souvenait qu'il était censé être de garde. Visiblement, ce fait ne l'empêchait pas de considérer que l'on pouvait s'arrêter quand on le désirait, et transformer le devoir en agréable promenade courtoise. De sa main libre, il se mit à agiter son épée, s'amusant du bruit que celle-ci produisait lorsqu'elle déchirait l'air - à défaut de déchirer la chair. « Tu me rends triste, à rester ainsi assise, toute seule dans ton coin. »
Hyacinthe
conscience vouée à l'errance
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Sujet: Re: sweet taste ▴ rupture Ven 27 Mar - 22:20
what you said you were
Derrière tes phrasés élégants il y avait de l'incompétence oh ta stupidité environnante, celle trop innocente pour être sévère, celle trop légère pour être perçue comme une menace. Mais ta candeur, Hyacinthe, elle transpire par toutes les pores de ta peau -et pourtant tu ne te voiles pas la face non tu sais ce que tu fais ce que tu es mais tu ne trouves pas ça mal. Ca doit être ça -tu ne vois pas le mal. Nulle part. Parce que pour toi, il n'y a pas vraiment tant de concept de mal et de bien oh de gentils et de méchants ; c'est comme si la vie était un fouillis qui tirait parfois des fils noirs, parfois des fils blancs, parfois des fils gris. Et tu te disais que ça serait juste tant que l'on est honnête avec soi-même -mais oh, c'est tellement dur, d'être honnête. Surtout envers soi-même. Alors il y avait Rupture, et Rupture il ne mentait que sur les choses peu importantes, que sur les petits détails que sur la surface. Oh, tu ne savais pas vraiment s'il y avait quelque chose en dessous, tu ne savais pas si sous les reflets diamantés de ses chairs blanches il y avait bien quelques pensées cohérentes ; mais tu ne savais pas parce que tu ne t'es jamais posé la question. Non, non, non, c'est impossible d'être vide, et alors tu n'allais pas creuser non, tu attendais patiemment qu'on te laisse une ouverture une porte d'entrée oh juste une petite fêlure dans laquelle te glisser pour réparer réparer réparer à l'intérieur. Et puis, après, tu ressortais en silence et tu allais trouver d'autres intérêts, en te disant que tu ne pouvais qu'apporter le mauvais oeil sur des gens si peu cassé. Oh, Hyacinthe. Tu te laissais porter du bout des doigts. Oh, tu es d'accord ; on n'a pas besoin de toujours comprendre. On a pas besoin de tout savoir, de décortiquer l'âme de l'autre, on n'a pas besoin de milliers de mots ni même de vraiment le comprendre. Il y a juste les présences qui importent, les attentes silencieuses, les éclats dans les regards -oh fenêtres de l'âme. Tu n'aimais pas tout comprendre de suite, Hyacinthe. Le mystère ça avait quelque chose d'irrémédiablement attirant, le secret était fait pour être doucement déshabillé oh pour dévoiler des courbes de vérité acérée pour te permettre d'arrondir les angles mais jamais jamais jamais tu ne demandais à tout savoir. Jamais. Tu ne sais pas si c'était du respect de la réserve de la patience de l'amour, si ça vient d'une Iphigénie au fond qui attend attend attend avec la pureté au coin du coeur. Peut-être. Et tu le suis oh ; il t'emporte et tu plonge avec plaisir -son monde son monde il paraît si lointain, oh tu ne le connais que trop peu. Il y a sa belle épée étincelante dans l'air, quelques faisceaux de lumière reflétée qui t'aveuglent, et tu ris un peu. Tu ris, parce qu'il est si fier oh parce qu'il est si sûr de lui mais tu es sûre, toi, que finalement il y a autre chose que la belle façade en mosaïque. Et il parle encore, Rupture, mais il ne parle pas de lui, pas comme il l'avait dit. Ou peut-être se dévoilait-il à travers toi. « Être triste pour quelqu'un qui ne l'est pas, c'est assez contradictoire, tu ne penses pas ? » Oh, pourtant parfois Hyacinthe, tu es triste pour deux ; parfois tes silences se complaisent dans la plainte et parfois tu fermes tes volets pour ne pas laisser le soleil rentrer. Mais ils en ont besoin ; c'est si différent. « Et j'attends. Montres-moi. » Tu t'accroches à son bras libre et ton sourire éclaire encore ton visage -tu veux en apprendre plus oh, récolter ce qu'il peut semer à tes pieds.
Sujet: Re: sweet taste ▴ rupture Sam 28 Mar - 18:46
Le monde était à eux, s'étalant droit devant eux, leur promettant mille merveilles. Ce chemin n'était pas inconnu. Rupture l'empruntait tous les jours. Il y avait même des moments où il ressentait parfois une forme de lassitude ; la surface avait tendance à être mouvante, plus que ne pouvait l'être le fond. Le monde ne changeait jamais, mais son apparence, si : les feuilles qui tombent en automne, les fleurs qui renaissent au printemps. Les choses sont les mêmes, mais se présentent sous un autre jour. L'alternance entre le jour et la nuit calmait toujours Rupture, car il avait l'impression d'être le seul à comprendre leur différence réelle. Non, ce n'était pas qu'une question de luminosité et de température ; il y avait un fossé entre ces deux univers. Il aurait pu le leur expliquer, à tous ces gens qui vivaient dans l'incompréhension parce qu'ils cherchaient trop loin. Il aurait pu leur révéler que la vérité se cachait sous leur nez. Que tout le mystère de l'existence tenait dans un simple assemblage de lumière et des couleurs. Mais qui écoutait Rupture, franchement ?
Avec elle, il ne se sentait pas réduit au silence. Aussi avait-il de l'espoir. Il pourrait lui montrer qu'il était, ce qu'il était. Ce n'était pas si compliqué, au demeurant - il suffisait de l'observer. Rupture était aussi futile qu'il en avait l'air, et toute sa générosité se tenait enfermée dans son regard lumineux. Il n'était rien de plus que ce qu'il prétendait être ; et c'est donc avec raison que les gens le qualifiaient de vide. Il n'était pas d'accord. Même si, sous la surface, c'était bien le néant que l'on rencontrait. Voilà ce qu'il voulait montrer à Hyacinthe. Un homme sans profondeur, mais pas sans saveur. Et puis qu'elle se saisissait ainsi de son bras, n'était-ce pas le signe qu'elle acceptait ce qu'il était ? Qu'elle lui demandait d'en montrer plus ? Avec Rupture, chaque mouvement avait sa propre signification. Surtout quand il s'agissait de le toucher. Rupture était dans le regard, avant tout ; mais on le trouvait aussi dans le contact physique - de façon plus intime. Même si toutes les femmes qui avaient eu l'occasion d'explorer sa peau - la surface de son être - n'avaient visiblement jamais compris ce qu'il y avait à comprendre. Une bande d'aveugles dont il s'était, heureusement pour lui, détourné dès qu'il s'était rendu compte de son erreur. Hyacinthe, il se le jura, n'en serait pas une.
Il fronça un sourcil quand elle lui avoua trouver étrange sa sollicitude pour quelqu'un qui n'était même pas triste. « Tu ne l'étais pas ? » : demanda-t-il, un air d'incompréhension sur le visage. Elle n'était pas triste. Certes, elle n'avait pas versé de larmes, et son teint de porcelaine n'avait pas rougi ; elle ne manifestait pas les signes les plus visibles du chagrin. Mais tout de même ? Le sentiment de solitude qu'elle dégageait quand il avait posé les yeux sur elle. Le rideau protecteur de ses cheveux, cherchant à la dissimuler aux regards. Ces mains statiques, immobiles, ayant presque peur de toucher aux cordes de son instrument. Pour Rupture, elle respirait le malaise et le malheur. Bien sûr, elle était resplendissante à ses yeux - même dans un tel état d'abattement, il se sentait ravi par sa présence. Mais ce n'était pas de la joie qu'il avait lue sur elle quand il l'avait aperçue. Ce n'était pas de la colère non plus. Ni de l'indifférence. Ni quoique ce soit d'autre. Peut-être du doute, à la rigueur. Mais ce comportement, Rupture l'associait à la tristesse. Et elle lui disait qu'elle ne l'était pas ? « Je ne comprends pas. » : lâcha-t-il, perdu, sans pour autant lui réclamer une explication. Il était certes véritablement dérangé par le fait qu'il y avait eu une distorsion entre son apparence et son moi réel - ou alors c'était une erreur d'interprétation de sa part, oui, cela devait être cela, elle ne pouvait pas être différente de ce qu'elle paraissait. Pas elle, par pitié. Toutefois, même si ce point le perturbait, il n'éprouvait pas le besoin d'approfondir la question. Il ressentait une vive douleur dans la poitrine, comme à chaque fois que le monde semblait lui jouer un mauvais tour - mais jamais il ne s'était dit qu'il devrait peut-être faire quelque chose pour prévenir. C'était bon pour les autres, de réfléchir pour des broutilles pareilles. Son regard se leva légèrement. Le rythme irrégulier des moulinets de son épée s'accentua, s'accéléra. Certains passants le regardaient avec inquiétude ; il avait une certaine réputation, à Eraclae, il était ce garde impartial qui n'était impartial. Ce travailleur qui n'accomplissait jamais son boulot, plus proche d'un danseur que d'un bretteur, pauvre fou dont il valait mieux éviter le chemin - car même s'il ne savait pas se servir correctement de sa lame, cela n'enlevait rien au constat que celle-ci était parfaitement aiguisée et donc potentiellement dangereuse. On comptait des cas de blessures infligées par Rupture, certes sans le moindre talent, mais aussi douloureuses que des plaies infligées par un véritable épéiste. Cet idiot arrivait à être dangereux alors que rien en lui ne le prédestinait à l'être - c'était là la force de la superficialité, rendre réel ce que son apparence affirmait. Il avait une épée, donc il pouvait faire du mal. Bien entendu, personne n'allait aussi loin dans ce raisonnement - et encore moins Rupture lui-même.
C'était de la douleur, qui transperçait sa voix. « Mais, Hyacinthe... » Il s'arrêta, de sorte qu'elle devait s'arrêter aussi ; il se dégagea doucement de sa prise, et lui tendit son épée avec une forme de révérence que la jeune femme devait très certainement trouver curieuse. « Si je te dis qu'elle (il agita légèrement son arme) est une part de moi, est-ce que tu me comprends ? Est-ce que tu comprends ce que je veux dire ? » Son cœur se serra. Il plongea les yeux dans le regard de Hyacinthe. Elle devait comprendre. Elle devait deviner que son arme était une part de lui, simplement parce qu'elle faisait partie de son apparence. Parce qu'elle lui appartenait et qu'il l'exhibait. Rien de plus. C'était comme un test, un nouveau. Peut-être qu'après tout, Rupture commençait à se méfier des demoiselles dont il croisait le chemin. Ou bien c'était elle qui avait éveillé sa méfiance.
Hyacinthe
conscience vouée à l'errance
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Tu n'es pas triste, Hyacinthe. Il y a quelque chose, dans ton essence, qui t'empêche d'être triste pour trop longtemps, quelque chose qui t'interdit te laisser des dépressions noyer ceux autour de toi -non, toi tu es amour, Hyacinthe, toi tu ne peux pas les laisser comme ça. Oh, et pourtant ça fait parfois si mal c'est ce qu'on te dit mais tu n'es pas d'accord, Hyacinthe. Tu n'es pas d'accord. Non, parce que toi, du bout des lèvres tu lâches des au revoir, parce que toi, tu crois que tu ressens de l'affection mais étrangement ça n'est jamais plus mais étrangement ça ne te troue pas le coeur de les laisser mais étrangement il y a même de la joie quand tu t'en vas. Quand tu laisses la place à d'autres, quand tu n'es plus nécessaire ; alors tu ne comprends pas vraiment la tristesse, tu crois. Tu n'es pas triste quand tu es seule, non plus oh non, parce que partout partout autour il y avait tant de choses à voir tant de vie tant de détails ; ça remplissait ta petite tête et ça t'embrouillait l'esprit -alors tu oubliais bien vite et tu remettais la phylosophie à demain. Toujours à demain. Sûrement parce qu'au fond tu n'as pas de réponses à donner, sûrement parce que tu es étrangement aussi légère que Rupture et en même temps aussi profonde que le noir des abysses. Peut-être que tout n'a pas besoin d'être logique, Hyacinthe. Peut-être que tout laisser de côté, c'est une bonne idée si ça fonctionne pour le moment. Oh, non, tu n'étais pas triste. La tristesse c'est une autre passion, pensais-tu ; et tu redresses le bout de tes lèvres quand il te demande encore, comme pour être certain que toi, tu étais sûre de tes sentiments -ça te fait rire, oui, qu'il te demande ça juste après avoir clamé que comprendre, ce n'est pas si important. Mais tu étais patiente, Hyacinthe, alors tu posais tes iris sur les siennes pendant un instant -oh tu détournais bien vite le regard- pour préférer un oiseau, ne fût-ce qu'un pigeon, face aux brasiers de ses prunelles. « Qu'est-ce que tu ne comprends pas, Rupture ? » C'était calme dans tes intonations et oh, dans ton coeur aussi -et tu voulais aussi qu'il sache que ce n'était pas important, s'il ne voulait pas t'expliquer, alors tu rajoutais « Enfin, ce n'est pas grave, de ne pas comprendre. » Tu recopies ses mots du bout des lèvres, sur lesquels se collent quelques mèches qui volent trop ; tu aimes bien le vent tu crois, ça souffle sur tes pensées ça les déroule et ça les éclaircit les tri et le chant des sirènes t'hypnotise, éloigne les Lamias qui planent sur la ville. C'est si calme, pourtant ; il y a le bruit de la ville des pas sur les pierres et ta chanson dans ta tête. Et puis il y a aussi ses mots, hésitants, vibrants, douloureux peut-être, mais tu n'étais pas sûre de bien pouvoir comprendre ses choses là -ce ne sont que des mots qui remontent, des mots tellement subjectifs. Tu le laisses faire, tu le laissera toujours faire, Rupture ; et son espèce de confiance t'étonne -ça se réchauffe un peu sur tes joues, derrière ton sourire. Tes mains se placent à côté des siennes, sur le plat de la lame, et tu crois que tu comprends, oui. Tu crois que tu comprends. « Je comprends que c'est important pour toi. » Tu penses comprendre qu'il s'accroche aux détails Rupture, tu crois savoir qu'il n'aime pas trop réfléchir oh user de belles lettres lâcher de belles syllabes des alexandrins merveilleux c'est ce qu'il préfère ; tu sais aussi qu'il parle beaucoup et que pour rien au monde tu ne l'arrêterai. Jamais. Pas quand de telles histoires prennent vie devant toi. « Alors je crois que je peux imaginer qu'elle est partie intégrante de cet ensemble qu'on peut appeler « toi » ; mais ce ne sont que des suppositions. » Oui Hyacinthe, tu n'aimais pas parler pour les autres oh imposer ton point de vue et les faire se taire non ; toi tu voulais comprendre apprendre leur dire que leurs avis comptaient qu'ils étaient aussi valables que les autres -oh, ces autres qu'il fallait aussi écouter écouter écouter. Tu crois que si le monde écoutait plus, il crierait moins. « Peut-être faudrait-il que tu m'expliques, pour que je sois sûre. » Et tu laisses la porte entrebâillée pour qu'il puisse s'y faufiler, tu laisses des petits cailloux blancs et tu ne sais pas s'il les récupérera. Il est si imprévisible, Rupture.
[HRP je m'excuse même pas pour la phylosophie luv]
Au fond, malgré toutes ses apparences brillantes, étincelantes, donnant l'image d'un jeune homme heureux et plein de vie, Rupture vivait dans l'angoisse. Il n'avait rien à quoi se raccrocher. Condamné à vivre à la surface des choses, il n'avait pas de prise sur elles. Il glissait sur elles, et s'il avait voulu s'arrêter pour mieux les observer, il en aurait été incapable. Il n'était rien d'autre qu'un dilettante. Cela ne lui épargnait pas cependant une certaine forme d'angoisse. Car les craintes se tiennent également à la surface des choses. Ce sont toutes ces peurs qui vous tordent l'estomac face à ce que vous preniez pour un monstre. Ce sont les battements insensés de votre cœur face à ce qui, pourtant, ne semblait pas vous effrayer. Rupture vivait dans la peur de la profondeur. Parce qu'elle n'aurait fait que souligner à quel point il pouvait être vide. Il y avait un manque en Rupture, un manque qui l'empêchait vraiment de comprendre dans quel monde il vivait. L'univers tel qu'il se le représentait n'était jamais qu'un doux rêve. Une illusion conçue pour se rassurer, pour pouvoir survivre dans un environnement qui lui était contraire. Rupture ne craignait pas les mensonges ; en tant qu'être vide, le mensonge lui était naturel. Toutefois, l'idée qu'il y avait toujours quelque chose derrière une apparence l'aurait rendu fou. Alors il la niait. C'était ce qu'il arrivait le mieux à faire.
Mais Hyacinthe le lui dit : ce n'était pas grave de ne pas comprendre. Peu importait au fond ce que Rupture percevait du monde. Elle ne lui demandait pas de tout savoir. Elle acceptait le fait qu'il n'avait pas la science infuse ; qu'il n'était pas l'homme le plus intelligent de Libra. Les mots vinrent à point nommer apaiser son âme, prête à sombrer dans le tourment ; et le cœur de Rupture se serra une nouvelle fois. Douce et compatissante - c'était ainsi qu'il la voyait, et c'était ainsi qu'elle était. Parfaite. Comme il avait envie de l'embrasser, tout à coup. Mais il se retint, car le moment n'était pas venu, car leur relation n'était pas assez mûre pour cela. Il n'arrivait pas à déterminer s'il y avait de l'amour en Hyacinthe rien qu'à la voir - sans doute n'y avait-il pas, pas encore. Lui, en tout cas, il ne se faisait pas d'illusions. Il était en train de tomber amoureux d'elle. D'oublier toutes les autres qui avaient un jour ravi son cœur pour ne plus penser qu'à elle. Même s'il ne la comprend pas ; même si ses mots sont trop durs à saisir pour lui.
Enfin, elle semblait bien partie. Sa réponse rassurait Rupture, qui ne put s'empêcher de pousser un profond soupir de soulagement. Elle ne comprenait peut-être pas tout, mais il ne pouvait lui en vouloir - lui-même était dans le même cas. Satisfait, il serra plus fort la main qu'il tenait, effleurant le dos de celle-ci de ses doigts longs et fins. « Il n'y a pas grand-chose à savoir, en fait. Je vis dans un monde à une dimension, et le fait de porter une épée me rend dangereux. Je ne suis que cela, et rien d'autre. » Un soupçon de tristesse transperçait sa voix, mais Rupture continuait de sourire. Ce fou qui ne savait pas reconnaître le drame de sa vie. Qui continuait de croire que son mode de vie était le meilleur. A ce moment précis, un passant s'écarta de leur chemin. Ses yeux reflétait un mélange de haine et de peur. Et Rupture se souvenait parfaitement de ce visage. Si le nom lui était inconnu, jamais il ne pourrait oublier une telle figure. Il le désigne donc de son épée à Hyacinthe. « Tu vois ce type ? » Le passant leur tournait le dos désormais, elle ne pourrait plus voir son visage. Mais elle pouvait apercevoir sa banale silhouette, ses vêtements éclatants - curieusement proches de ceux de Rupture -, sa chevelure sombre lui descendant jusqu'aux épaules. « Il me hait car je lui ai fait du mal. » Et bien sûr, il n'avait pas de raison particulière de le faire, sinon de montrer qu'il était le plus fort. Rupture n'était pas quelqu'un de méchant. Il s'était montré dur avec cet homme car cela faisait partie du processus visant à la création de son identité. Un garde qui ne savait pas faire son travail - pour le devenir, il devait effectivement s'en prendre à quelqu'un, et c'était tombé sur lui. « Et toi, à sa place, tu m'en voudrais ? »
Hyacinthe
conscience vouée à l'errance
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Il y a un soupir qui semble se mêler au vent -tu penses beaucoup au vent, Hyacinthe. Tu l'aimes bien, tu crois, avec sa manière de s'infiltrer dans tes cheveux de caresser ta peau comme un fantôme un amant maudit qui ne peut qu'être là du bout des doigts mais jamais plus jamais plus. Oh, comme si tu étais désirée pour l'éternité, comme si les zéphyrs hurlaient en ton nom, comme si les khamsins secouaient la terre entière pour te retrouver encore encore ; peut-être que tu aurais bien voulu capturer le vent, le mettre en bouteille pour le garder tout près de toi -mais tu sais, Hyacinthe, qu'il est sauvage et que c'est inatteignable qu'il est le plus beau. Sa caresse du bout des doigts, elle est aussi douce que celles hurlantes des alizés inexistants ici-bas, et tu souris encore encore des coins de tes lèvres -tu détailles ses mains ; des doigts de fées une habilité de pianiste et oh déjà tu l'imagines illuminé sur une scène avec pour seule femme du soir un piano à queue aussi mystérieux que ses pensées qui t'échappent. Ah, peut-être que c'est le vent qui les emporte. Mais tu l'écoutes et ses phrases aussi elles sont emportées par leur propre vide -tu sais que les mots sont creux mais lui lui tu refuses d'y croire, pourtant tu souris encore comme si tu acquiesçais, mais qu'il ne se méprenne guère : il y a dans tes prunelles la lueur farouche de celle qui n'y croit pas un instant. Non, Rupture, il est comme les autres oh Rupture il a des choses à dire des choses à clamer à défendre et dès cet instant dès qu'il aime qu'il déteste dès que les passions prennent place au creux de son âme il est plus qu'une simple enveloppe -est-ce que c'est si dur à comprendre, Rupture ? Est-ce qu'un jour tu arrêtera de courir pour fuir ton ombre, Rupture ? Est-ce qu'un jour, tu admettra que tu es contre-nature rien qu'en existant rien qu'en parlant avec sur le bout de la langue quelques gouttes sucrées ou acides qui viennent glacer les autres ? Et puis, Hyacinthe, tu le crois quand il dit qu'il est dangereux -oh tout Homme est dangereux, il y a dans leurs veines des choses étranges qui coupent le souffle à d'autres, des choses étranges et cachées dont on ne parle pas, des choses qui poussent certains jusqu'au derniers retranchements de leurs âmes et oh, il n'y a pas besoin d'épée pour ça. Il est dangereux, Rupture, rien qu'avec son sourire ses charmes son auréole au-dessus de la tête et son dos quand il s'en va d'un pas nonchalant en laissant à la dérive quelques demoiselles -peut-être que tu les récupéreras, que tu les aideras à sécher leurs larmes ; et alors tu vois, Hyacinthe, qu'à la fin vous êtes complémentaires, Rupture et toi. Ça te fait doucement sourire ; mais il se fane quand il avoue ses vices oh ces basses habitudes, mais au moins il est honnête et tu ne peux pas lui retirer ça, Hyacinthe. Tu ne sais pas vraiment si tu lui en veux ou non -toi aussi parfois tu es comme une lame de rasoir qui coupe quand mal utilisée, mais tu ne le fais jamais exprès oh non, tu le fais parce que tu sais que ce n'est pas très grave. Ca n'est jamais très grave quand tu pleures, Hyacinthe -et tu penses vraiment ne pas être triste, mais tout le monde autour sait que ce n'est qu'un gras mensonge dégoulinant qui se résorbe peu à peu pour ne plus exister ; parce que tu ne pleures qu'un temps, et puis tu repars tu repars et tu oublies, comme toujours. Comme toujours. Sa question te prend au dépourvu et sur ta face blanche on voit la surprise, la bouche entrouverte et tes yeux océans grands ouverts. Tu ne sais pas, Hyacinthe, parce que c'est si vague si vague si vague, et ça sonne si impossible dans ta tête que tu ris un peu après coup -pourtant ça n'est pas drôle, si ? « Ça dépend. Tu m'en ferai ? » C'est une bonne question pour commencer parce que oh Rupture tu ne peux jamais rien savoir de lui il est si mystérieux si lointain et proche en même temps -antithèse. « Pourquoi ? » Pourquoi est-ce que tu lui ferai du mal, Rupture ? Pourquoi est-ce que tu demandes, Rupture ? Pourquoi est-ce que ça sort si naturellement de ta bouche, Rupture ? Est-ce que tu y as déjà pensé, Rupture ? Et elle enchaîne : « Oh, et puis, on n'est pas obligé de le découvrir, non ? » Non non non Rupture s'il te plaît ne lui fait pas de mal jamais jamais jamais tu m'entends jamais, jamais.
Rupture, c'était cet homme qui faisait du mal autour de lui sans le vouloir. Trop léger pour mesurer la conséquence de ses actes, mais parfaitement capable de comprendre quand on le haïssait. Même si la raison lui échappait, et qu'au final, il s'y intéressait assez peu. Il prenait le monde comme il lui venait, acceptant qu'il y eût des gens qui ne l'aimaient pas. Cela ne le faisait pas vraiment souffrir. Lui-même était un haineux, il avait tendance à détester beaucoup de gens ; rien d'étonnant, donc, à ce qu'il ne sentît pas ému de voir quelqu'un le haïr. En général, quand c'était le cas, Rupture ne ressentait pas de sentiments positifs pour cette personne. En effet, un visage déformé par la haine ou le ressentiment était fort laid, selon ses critères. Les traits se tiraient de façon peu harmonieuse, le regard se faisait froid. Pour Rupture, une personne qui détestait était laide. C'était pourquoi, même quand il détestait quelqu'un, il s'efforçait de garder le sourire et de conserver son air affable. Rupture désirait être beau. Il le désirait à en crever, c'était une des choses les plus importantes de son existence. Si jamais il était laid un jour, il ne s'en remettrait jamais.
Mais qu'en était-il des personnes qu'il aimait ? A quoi pouvait-il bien ressembler quand il regardait Hyacinthe ? Est-ce que ses yeux violets comme un hématome frais s'adoucissaient ? Est-ce qu'il avait un air ému au visage ? Comment se tordaient ses lèvres ? Rupture était insatisfait de savoir qu'il ne pouvait pas contrôler totalement son apparence. Pourtant, c'était vital. Il ne pouvait pas se permettre de ne pas maîtriser la surface de son être ; car celle-ci représentait tout ce qu'il pouvait être, et rien d'autre. S'il ne maîtrisait pas son apparence, alors il ne se maîtriserait pas du tout, et il ferait n'importe quoi. C'était comme ça qu'il fonctionnait, Rupture. Comme un homme qui ne vivait que pour des illusions. Illusions qu'il entretenait avec ferveur. Craignant de se perdre, il se raccrochait à cette image d'homme joyeux, dynamique, et un peu bête - et c'était bien ce qu'il était devenu. Ses pensées tournaient à vide. Elles ne lui servaient qu'à une seule chose : servir ce faux Rupture, qui se présentait aux autres comme un être complet sans l'être. Qu'il était facile de le détester, par conséquent. Combien de gens se sont détournés de lui, lorsqu'ils ont appris qui il était vraiment ? Rupture est le vide.
Hyacinthe, elle, est trop douce pour comprendre comment on peut faire du mal à quelqu'un. Quand elle lui demanda si lui, il lui ferait du mal, Rupture comprit qu'elle avait peur de lui. Il ne pouvait pas penser plus loin, si elle lui posait la question, c'est qu'elle pensait que c'était légitime de la penser. Ça faisait mal. Rupture baissa la tête, presque penaud. « Mais je ne suis pas méchant. J'ai simplement été moi-même. Les gens se blessent pour un rien. » Il le pensait sincèrement. Il ne voyait pas pourquoi cet homme s'offusquait autant de son attitude. Il pouvait très bien voir que ce n'était qu'un aspect de sa personnalité, vu que Rupture agissait différemment la plupart du temps. Donc, qu'il était différent la plupart du temps. Était-ce si difficile à comprendre ? Il ne comprenait pas trop pourquoi elle lui demandait « pourquoi », ça ne voulait rien dire comme ça, et Rupture ne savait pas réfléchir à cela. Et découvrir quoi ? « Je ne te comprends plus, Hyacinthe, avoua-t-il, tout triste. Tu es trop compliquée pour moi, j'ai besoin de plus de précisions. » Il n'aimait guère faire cet aveu, qui correspondait souvent à une façon d'avouer à quel point il pouvait être limité intellectuellement. Rupture n'avait jamais compris comment paraître intelligent ; il y avait bien le port des lunettes, mais il trouvait que cela ne lui allait pas trop, alors il avait vite laissé cette possibilité de côté. Et puis, il y avait des gens intelligents qui n'en portaient pas, et d'autres très bêtes qui en portaient. A part cela, Rupture ne voyait pas trop ce qu'il était censé faire pour paraître intelligent. De sorte qu'il ne l'était. « Mais je ne te ferai jamais de mal. Jamais. » Il ne pouvait pas tenir cette promesse, et il le savait. Toutefois, il savait aussi qu'il ne ferait jamais rien contre elle volontairement, alors il pouvait le lui promettre. Parce qu'il ne voulait pas qu'elle le haït pour si peu.
Hyacinthe
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Tu ne sais pas vraiment si tu connaissais la peur, Hyacinthe. Il y avait eu, quelques fois, des maux de ventres à n'en plus finir, des regards angoissés qui happaient le vide et ces ongles portés à la bouche trop vite oh il y avait cette petite pique à chaque battement de coeur cette sensation de brasser du vide du vide du néant -comme si l'on expirait du chaos et qu'on inspirait de plus en plus vite pour le ramener à l'intérieur, oh là il ne pourrait rien faire de mal. Tu ne sais pas, Hyacinthe -ça te semble si fort, quand les autres en parlent, alors que toi ça te paraît si anodin. Tu t'inquiètes, ça oui, mais ça n'a rien à voir. Ça n'a rien à voir ; parce qu'il n'y a pas quelques démons qui dévorent tes entrailles et ta bouche qui vomit quand tu penses quand tu vois quand tu soupires quand les mots dégoulinent avec ces souillures étranges. Tu es trop heureuse pour avoir peur, sûrement. Tu écoutes ses excuses ah ses repentirs ; il a toujours cet air de gosse perdu, Rupture. Et tu le crois, aussi, parce que tu crois beaucoup trop souvent mais aussi parce qu'il n'a pas de raison de mentir, Rupture. Il dit la vérité à sa manière, et tu n'aimes pas appeler ça du mensonge. Ça sonne trop dur, comme si c'était prémédité, comme si la personne elle-même en était consciente -et tu savais, Hyacinthe, que la plupart du temps, les menteurs sont les plus ignorants. Tu aurais bien aimé inventer un mot pour ça, puisque tu n'en connaissais pas, mais ah ça te paraissait bien trop orgueilleux pour que tu le fasses. Alors tu hoches la tête et tu acceptes sa version des choses ; et si tu sais aussi que Rupture est toujours lui-même, tu sais aussi qu'il ne plaît pas à tout le monde. C'est si triste, tu penses. Et il ne te comprend pas -tu crois que tu ne peux qu'être d'accord avec lui. Parfois il y a des pensées sans fondements qui sortent de ta tête, parfois il y a des idioties impossibles oh et d'autres fois des idées de génies ; tu crois que tu ne peux pas te comprendre toi-même, Hyacinthe. Mais ça ce n'est pas triste, parce que tu ne sais même pas si tu veux comprendre -le mystère de l'esprit, tu veux le garder, tu crois. Oh, et ça paraît si compliqué tout ça, tu n'en veux pas ; tu dis ce qui te traverse l'esprit et tu dois avouer que ça te convient bien assez. Peut-être qu'il ne comprend pas parce qu'il n'y a rien à comprendre. « Je ne sais même pas ce que je voulais dire par là. Est-ce que c'est si grave ? » Tu hausses des épaules, tes paupières plissées par un sourire presqu'angélique. « Dis-moi plutôt à quoi tu a pensé, quand je t'ai dis ça. Peut-être que ce sera la bonne chose. » Et ton ordre paraît si doux qu'on dirait plutôt une prière ; il y a dans ta voix de rondes caresses et cette affection étrange. Il y a aussi sa promesse, lancée en l'air ; tu crois qu'il y croit vraiment. Vraiment. Mais tu l'as déjà dis, ces menteurs ne savent jamais qu'ils mentent. « Je te fais confiance, alors. » Oh, tu crois que vous ne vous comprendrez jamais. Tu crois aussi que ça n'a pas beaucoup d'importance.
Sujet: Re: sweet taste ▴ rupture Ven 1 Mai - 14:06
Rupture souffrait parfois de sa condition. L'inconvénient d'être quelqu'un d'aussi superficiel, c'est qu'il est bien difficile de déterminer quelle était sa véritable personnalité - ou même s'il en avait une. Il se présentait aux autres comme une personne ouverte, agréable, quelqu'un qui ne posait de problèmes avec personne ; mais le problème, c'est que justement, il en causait. Il y avait des gens pour le détester, et pas uniquement parce qu'ils le trouvaient vain, excuse qui l'aurait dédouané vu que le vagabond n'avait pas choisi sa naissance et ne pouvait lutter contre elle ; ils le détestaient parce qu'il leur avait fait du mal. Non que Rupture s'en souciât véritablement ; il considérait qu'ils haïssaient une des images qu'il renvoyait de lui, et jamais sa propre personne. A dire vrai, il pensait souvent que sa vraie personne était instable et mouvante - si jamais il y avait un vagabond de l'instabilité, ils s'entendraient très certainement comme larrons en foire. De sorte que cela ne le dérangeait pas tant que cela, même si cela ne le protégeait guère de la honte. Il ne voulait pas de cela, avec Hyacinthe. Il voulait qu'elle l'aime pour celui qu'il était vraiment - cet homme la plupart du temps radieux comme le soleil, mais parfois plus sombre, parfois plus cruel. Il voulait qu'elle acceptât son côté fluctuant, ses sautes d'humeur et son impossibilité à être autre chose que ce qu'il pensait qu'on attendait de lui. C'était très important ; il se souvenait encore de la façon dont cela s'était terminé, entre Angélique et lui. Il en souffrait encore. Il s'agissait là d'une blessure qui ne guérirait jamais, car ses mots avaient remué son être tout entier, remettant en question sa façon de vivre, son essence même. Pas étonnant à ce que Rupture refusât de la voir ; et pourtant, il n'était pas méfiant. Rupture était toujours aussi désespérément confiant, comme un enfant qui se borne à l'optimisme, par déni de l'existence du mal. Tant qu'il la considérait comme une exception, cette Angélique qui n'avait rien d'un ange, Rupture pouvait survivre. Comme il espérait que tout irait bien avec Hyacinthe. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir peur ; sans doute était-ce pour cela qu'il affichait une assurance insolente, afin de réduire ses doutes à néant. S'il n'avait pas l'air effrayé, il ne l'était pas. S'il avait l'air heureux, il l'était. Il n'y avait rien de bien compliqué dans cette façon de fonctionner. Si elle pouvait seulement l'accepter...
Elle n'était pas trop exigeante avec lui, au demeurant. Elle semblait accepter le fait qu'il n'était peut-être pas totalement à l'aise avec sa façon de parler, ou bien qu'il était discret ; en tout cas, elle ne semblait pas lui reprocher son incompréhension. Cela faisait du bien au vagabond ; il n'aimait guère quand on le prenait de haut et qu'on le qualifiait d'homme stupide et fat. Et quand bien même nombreuses étaient les personnes à le trouver idiot - à raison -, lui-même ne pensait pas que c'était le cas. Pas alors qu'il était le détenteur d'une vérité unique, secrète, une vérité capable de changer la face du monde si elle était révélée. « Je n'ai pensé à rien. » Mais il l'avait dit sur un ton joyeux, soudain content de la façon dont elle lui parlait. Si c'était bien à cela à quoi elle pensait - à rien - quand elle lui avait posé cet étrange pourquoi, alors il pouvait comprendre. Cela voulait dit qu'il n'y avait aucune arrière-pensée, aucun sous-entendu. Juste deux syllabes prononcées sans le moindre fondement - pour l'agrément, dirait-on. C'était tout à fait le genre d'attitude qu'adorait Rupture. Lui-même aimait beaucoup s'entendre parler. Le son de sa propre voix le distrayait. Il trouvait qu'il avait une jolie voix, aux inflexions délicates, et que sa façon de parler était à la fois délicate et posée - proche de la perfection selon les critères du jeune homme. Tout comme il aimait le voix de Hyacinthe ; quelques notes sorties de sa gorge, quelque chant échappé de ses lèvres et son cœur était comme conquis. Comme. La beauté de la jeune rousse faisait le reste.
Il n'en pouvait plus Rupture, il avait l'impression d'exploser de bonheur - d'exploser littéralement, comme si tout son être était déchiré par la joie. C'était une bien curieuse sensation, d'ailleurs ; il n'avait jamais songé que la joie pouvait être douloureuse à ce point. Sans doute parce qu'il se mentait à lui-même, d'une certaine façon ; qu'il essayait de taire ce désespoir qui sourdait au fond de lui, cette peur que le monde ne tournât pas comme lui le désirait. Cette peur que Hyacinthe ne fût pas la ravissante demoiselle qu'elle paraissait être. Alors il la prit dans ses bras, et la serra fort. Il murmura dans son oreille. « J'aimerais t'inviter à dîner, une fois. »
Hyacinthe
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Sujet: Re: sweet taste ▴ rupture Ven 8 Mai - 20:09
and start again
Tu attendais toujours voir les autres éclore, Hyacinthe. Tu leur laissais leurs temps, que ce soit un clignement d'oeil ou des millénaires ; tu les laissais venir à toi, pour qu'eux aussi se laissent capturer oh pour qu'ils te montrent leurs couleurs -parfois tu pensais que les Hommes étaient des perroquets aux milles couleurs, changeantes comme celles d'un caméléon aérien, prêt à fuir à la première menace. Tu voulais leur lisser les plumes, les lustrer pour qu'on les voit de plus loin oh pour qu'on soit intrigué et pour que les autres veuillent aller voir ces quelques énergumènes étranges, une béquille de verre à la main. Oh, tu pensais aussi que tout le monde avait besoin d'aide un jour ou l'autre. Socialement, physiquement, qu'importe -et même si ce n'était pas le cas, tu crois que tu préférerai être supportée mille fois. C'était un si joli sentiment, que de se sentir supplée, d'avoir dans ton dos des mains rassurantes qui t'empêcheraient de tomber de toutes manières. La confiance, ça s’appelait, tu crois ; et que tu la reçoive ou que tu la donne, ça te semblait toujours aussi beau -et parfois tu pensais vraiment voir la vie trop rose, mais tu balayais encore ces choses trop lourdes de ton esprit. C'était tellement mieux d'être légère légère et de ne plus s'en faire ; tu es la première à dire de ne plus se cacher et que fais-tu ? Tu te renies à moitié, et quand tu ne le fais pas, tu te terres dans ton coin -t'as-t-on déjà dit que tu n'étais pas toujours très logique, Hyacinthe ? Il a l'air tellement heureux Rupture ; sa bonne humeur t'envahit comme un parasite bienveillant et tu souris souris souris comme toujours, comme tu sais si bien le faire -on dirait presque une comptine sur le bout de tes dents, sur le retroussement de tes lèvres, elle est douce et lente et joyeuse et simple et rafraîchissante et longue longue longue, tu crois que tu n'en as jamais vu la fin. Et encore, tu ne pensais à rien -étrangement, tu te rends compte que ça t'arrives plus souvent que tu ne le pensais, et tu te dis que ce n'est pas si mal : peut-être que c'est comme une fenêtre ouverte, que ça chasse les mauvaises choses et que ça laisse place à l'air frais à des filaments plus doux à des questions moins importantes. Il y a tes pensées coupées par ses bras et sa proximité, il y a dans tes poumons son odeur délicate et ses angoisses passées, il y a sur ta tête son menton et ses mains ses mains ses mains dans ton dos -tu fourmilles ; c'est tellement soudain que tu hoquettes presque de surprise. Il y a de la force dans son étreinte, mais oh elle n'est pas étouffante ; tu te sens bien, tu crois. Et puis il y a son murmure, comme des mots qui ne vous appartiennent qu'à vous, comme des secrets partagés entre deux autres, comme des confidences inavouables et pourtant tellement tentantes. Tu caches ton visage dans son cou -comment pourrais-tu le lui dire en face- et tu lâches tes lettres liées, avec une petite voix pas très assurée, mais pourtant qu'est-ce que tu es certaine de ce que tu veux. « Je crois que j'aimerais bien accepter l'invitation. » Il y a des papillons dans ta gorge -oh, ils t'étouffent presque.
Elle le rendait fou. Il n'y avait pas d'autres mots pour décrire cette sensation d'ivresse. Cette impression de ne plus être tout à fait lui-même, cette impression d'être sur un petit nuage. Comme si quelque chose était venu apaiser le feu qui rongeait ses entrailles ; l'étincelant Rupture était plus posé, plus calme. Et il aspirait à cette tranquillité, qu'il associait à des sentiments forts à l'égard d'une jeune femme. Cette jeune femme, c'était Hyacinthe. Il crevait si elle refusait son invitation. Et elle lui dit oui, le visage enfoui dans son cou.
Il sentit son souffle se ralentir, son cœur se calmer. D'une certaine façon, c'était une manière pour eux d'officialiser quelque chose. Officialiser quoi ? Il était trop tôt pour dire qu'ils commençaient à se courtiser, et trop tard pour affirmer qu'ils commençaient à flirter. C'était entre les deux, un entre deux qui plaisait beaucoup au vagabond, qui lui donnait des ailes, et il se mit à serrer Hyacinthe contre lui. Elle avait eu l'air d'avoir peur de lui répondre ; il en était de même pour lui. Il avait attendu sa réponse avec angoisse, et ses paroles avaient libéré son cœur. « Je. Merci. » Sa voix s'était serrée, il ne valait pas mieux qu'elle. Rupture, toujours si brillant, toujours si assuré - le voilà indécis, incertain. C'était la preuve qu'il tenait déjà beaucoup à elle. Qu'il avait peur de ses réactions, qu'il ne voulait pas qu'elle le rejetât. Pas comme Angélique. Il voulait que Hyacinthe ne se détournât jamais d'elle. Il voulait qu'elle ne fût jamais que ce qu'elle paraissait. « Si tu as une préférence... dis-le moi. Je suis piètre cuisinier mais je saurais faire quelque chose... » Il se mit à lui caresser les cheveux, doucement. Il savait très bien qu'il ne faisait pas des choses extraordinaires, il se focalisait tellement sur l'apparence des choses qu'il ne s'attachait que secondairement au goût. Toutefois, le goût aussi était important, cela relevait aussi de la surface - sauf qu'il pensait d'abord au plaisir visuel. Mais de toute façon, cela n'avait guère d'importance. Ce qui comptait, surtout, c'était l'idée d'un dîner avec sa belle. Plus que les plats, c'était sa présence à la lueur de chandelles et au dessus d'une assiette en argent - car tel était son fantasme - qu'il imaginait se gorger. Il se satisfaisait plus de la vue de Hyacinthe que de quoique ce fut d'autre. C'était là le pouvoir de l'amour, le pouvoir de l'apparence. Ce besoin de se saouler d'une personne dans tout son paraître, comme une façon d'attraper son essence, de la comprendre à force de l'observer. Il relâcha un peu son étreinte sans pour autant la laisser partir. Il aimait bien la sentir là, contre lui, cela l'apaisait, d'une certaine façon. Il n'avait pas besoin de plus ; la superficialité se satisfaisait des apparences, et la proximité physique à elle seule suffisait à créer la proximité mentale. Les liens se nouaient aussi simplement que cela, avec Rupture ; il suffisait d'un contact pour tout changer. « J'aimerais connaître tes désirs, Hyacinthe. » Parce qu'il ne pouvait que deviner leur existence, sans pour autant les déchiffrer.
Hyacinthe
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Sujet: Re: sweet taste ▴ rupture Ven 22 Mai - 19:32
we don't need anything
Peut-être que tous les papillons n'avaient pas encore éclos ; peut-être qu'il était encore trop tôt, un printemps un peu trop vert, peut-être que ceux qui s'étaient échappées à travers tes lippes étaient quelques fougueux aventuriers, peut-être qu'ils n'étaient que des fragments d'âme que tu lançais au loin pour qu'il les avale les dévore les capture les fasse sien. Peut-être. Et peut-être que les papillons n'étaient pas fait pour être capturés oh non jamais, plutôt épinglés que vivants ; et parfois tu crois que c'est un bien triste philosophie. Tu sais que tout est éternel sur Libra ; ça te console un peu, de te dire que tous ces cadavres étranges qui souillent les rues ne sont que des enveloppes vides -tu aimes croire que les âmes se réincarnent. Tu aimes croire que les arbres regardent le monde de tout en haut, tu aimes croire que le vent murmure vraiment, tu aimes croire que tu ne te trompes pas et tu aimes croire, tout simplement. Tu aimais croire que tout était possible oh que les barrières n'existaient que dans les têtes ; tu crois que tu aurais détesté la Terre -et pourtant, Hyacinthe, regardes-toi, tellement humaine, tellement fragile. Tu ne sais pas si tu aurais duré assez longtemps pour être en paix avec le monde d'en-bas -ils te racontent leurs souvenirs, les autres, et tu ne sais pas si tu les envies ou non. Ils ont une histoire, des racines ; quelque chose à quoi se raccrocher, se dire je suis moi. Mais toi, toi Hyacinthe ? Ils sont toi, mais oh tu n'es pas eux ; il y a cette implication simple qui fait mal au fond du coeur, cette manière de dire que tu n'es que poussière mais que cette fois-ci, cette fois-ci, ces cendres d'étoile peuvent être inutiles. Inutilisables ; déchets périmés qui seront acceptés par un carré de terre ou emmenés dans une asthénosphère perturbée -gaspillage. Mais il y a ses remerciements dans l'air ; tu ne sais pas s'il te dit merci d'exister ou merci de répondre -peut-être merci d'avoir pitié, et pourtant ça n'est tellement pas le cas. Tu crois qu'il n'a pas le droit de dire merci, là, juste là ; mais tu as bien trop de rouge sur les joues pour laisser ta voix traverser les fils dans ta gorge. Et encore dans ses mots, dans sa manière de se confier, cette innocence enfantine, ce gamin un peu perdu qui demande le chemin ; et toi Hyacinthe tu crois que tu pourrais lui montrer la carte pour un petit moment, tu crois que tu as bien fait d'accepter. Tu crois. Tu crois, tu crois toujours. Ses mains douces sur tes cheveux ardents, elles sont pourtant bien masculines oh il y a dans sa manière de te traiter tant de rudesse et de gentillesse ; parfois tu crois que tu t'y perds et parfois tu sais que tu n'y fais pas attention de toutes manières. Quand il y a un peu d'espace entre vous deux, tu recules ta tête pour dégager ton sourire -oh, parce que tu es heureuse, Hyacinthe, aussi simplement que ça. « Tu sais, tu n'as pas à tout faire. On aura qu'à cuisiner à deux ; peut-être que ça n'en sera que mieux. » Tu ne sais pas si ça répond à ses attentes ; tu ne sais jamais les attentes des gens -tu essaies de deviner mais ah ton manque de confiance fait crier tes neurones et tu te dis non non non. Un non définitif, brut -mais chut Hyacinthe, c'est de toi qu'on parle, là. « Je crois que je ne suis pas très originale en disant vouloir être surprise, mais j'imagine que c'est un bon début, non ? » Oh, tu voudrais aussi qu'il soit plus stable Rupture ; que ses fêlures arrêtent de crisser et que sa peau sous tes doigts reste aussi douce -tu n'as pas fait attention mais tu lui tiens le cou du bouts de tes empreintes, et tu crois que tu aimes bien ça, aussi.
Sujet: Re: sweet taste ▴ rupture Dim 24 Mai - 18:15
Elle était toujours dangereusement proche, Hyacinthe - trop proche de lui, trop proche de son cœur, de ses pensées. C'était assez pour que le monde de Rupture se réduisît à elle, qu'il ne songeât plus qu'à elle désormais. Le monde disparaissait si vite, à ses yeux ; dès lors qu'il détournait le regard, c'est comme si celui-ci n'existait plus. C'est cela, de vivre dans le monde de la surface : celle-ci n'existe que lorsqu'on la contemple. Rupture est capable d'oublier quelque chose qui se trouve à côté de lui, s'il n'est pas conscient de sa présence. Tout est question d'intuition. Et en cet instant précis, Rupture perdait pied. Sa réalité se réduisait à Hyacinthe, à sa peau de lait, à sa chevelure de feu qu'il avait caressée doucement. Il n'avait rien besoin de plus, juste de savoir qu'elle existait - et il était heureux. Le bonheur de Rupture pouvait être si simple, et cet instant, il irradiait la béatitude. Il connaissait ce sentiment extatique : c'était ce qu'il ressentait quand les choses étaient en parfaite adéquation avec ce qu'elles semblaient d'être. Et il connaissait ce bonheur dans les bras de Hyacinthe. C'était suffisant pour le faire tomber amoureux. Son sourire lui donne l'impression de s'enfoncer un peu plus. Comme si quelque chose s'accrochait à lui, le tirait vers le bas, vers le plus profond de sa superficielle nature. Comme il était idiot de sa part, d'aimer quelqu'un pour son sourire ; et pourtant, Rupture n'aurait pas pu concevoir chose plus désirable. Il ne voulait pas qu'elle soit complexe ou difficile, il voulait simplement qu'elle eût l'air heureuse et épanouie. Voilà ce que racontait la beauté féminine. Rupture, ce tombeur, aurait pu écrire un livre expliquant ce qu'il voyait dans la splendeur d'une femme ; il voyait peut-être même des choses qui n'existaient pas, si on songe au nombre de fois où Rupture a laissé tomber sa conquête après s'être rendu compte qu'elle n'était pas comme il se l'était représentée. Il espérait que cette fois, ce ne serait pas le cas. Mais il y croyait. Hyacinthe ne pouvait pas être autrement.
Il aimait la voir ainsi, lui proposer de faire les choses à deux, cela l'émouvait au delà du raisonnable. Pour Rupture, c'était la façon qu'elle avait de lui montrer qu'elle l'acceptait, et l'espace d'un instant, il n'eut qu'une seule envie : l'embrasser. Mais il se retint, sentant que l'heure n'était pas encore venue. En amour, les choses devaient se faire dans un ordre précis, c'était une règle incontournable. Non que Rupture appliquât la même méthode pour toutes les femmes, il savait improviser et s'adapter. Cependant, il y avait des étapes à franchir. Un sourire. Un rire. Puis une main qui effleure la vôtre, un cœur qui bat à votre rythme. Des yeux qui brillent, emplis d'étincelles. Et puis, enfin. Le baiser. Des étapes qui paraissaient indispensables à Rupture car pour lui, chacune d'entre elles revêtaient une véritable signification. Elle était là, sa superficialité, dans sa volonté de transmettre un message par une apparence de bonheur. L'amour ne pouvait se faire comprendre que dans les gestes que l'on effectuait, ou la beauté de sa déclaration. En cela, Rupture s'opposait à tout ceux qui voulaient y voir une quelconque réaction chimique, avec des hormones et d'autres mots complexes dans le genre - il ne savait pas, de toute façon, il ne comprenait pas grand-chose à ces théories. Elles avaient l'air ennuyeuses - donc elles l'étaient. Et même s'il avait eu le courage de s'y intéresser, Rupture n'aurait pas eu l'intelligence nécessaire pour les comprendre. « Ce n'est pas grave, Hyacinthe, l'originalité n'est pas toujours bonne à prendre. » Tout dépendait d'où l'originalité se situait, dans l'apparence ou la profondeur... ? Ah, mais c'était une question beaucoup trop compliquée pour lui, et peut-être un air de confusion apparut sur son visage à ce moment-là. « Dans ce cas, je t'invite demain soir. On ira ensemble faire notre marché et ensuite on préparera tout ensemble, qu'en dis-tu ? » Rupture ne se demanda même pas si elle était disponible ou si elle savait où il habitait. Il désirait simplement savoir si elle était d'accord, ce qui était une chose très différente. C'était un rendez-vous. Et si elle acceptait, alors Rupture se sentirait libre avec elle. Même si ce n'était pas son genre de séduire les femmes. D'ordinaire, il se contentait de briller, et cela suffisait. Peut-être Hyacinthe serait-elle différente. Cela dit, il ne l'espérait pas, car cela le forcerait à réfléchir, et il n'était pas sûr d'en être véritablement capable...