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 Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]

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conscience vouée à l'errance
Bermuda
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conscience vouée à l'errance


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MessageSujet: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaLun 23 Fév - 2:17

Je marche silencieux, dans le quartier d'albâtre. Je passe devant les boutiques fermées. Du coin de l'oeil j'aperçois une certaine échoppe. Je ralentis l'allure. Je me permets quelques secondes d'égarement. Je fixe les rideaux de fer qui masquent les belles vitrines. Les pierres précieuses et les milles délices. J'ai l'envie subite de faire un malheur dans ce commerce. À l'abri des regards. Mais il serait dommage, vraiment dommage de repousser l'échéance et d'offrir un sursis non mérité. Je m'écarte finalement et reprends ma route. Je connais le chemin pour l'avoir déjà arpenter de nombreuses fois. Habillé de mille manières différentes pour observer par la fenêtre le foyer vide. Désespérément. Froid et éteint. Dans l'attente de son propriétaire. Moi aussi j'ai attendu. Des nuits. Des jours. Sept pour être exacte. Mais depuis l'incident j'avais compté quatorze aurores. J'avais fait semblant d'ignorer durant ce temps. Pour accorder un peu d'espoir. Faire croire que je pardonnais. Que le souvenir de baisers brûlants et d'étreintes doucereuses aurait suffit à me faire... Oublier.

Hélas. Hélas. Hélas. Trois fois hélas. Je n'étais pas un être si clément. Et sur ma bouche se profilait mille menaces. Et mes doigts frémissaient d'étrangler un certain cou d'albâtre. Méthodiquement. J'avais abandonné mon navire à quai. Ceux de Canaan. J'avais laissé mes frusques de pirate. Avais abandonné mon tricorne. Mes jolies bottes. Troqué ces vêtements, une semaine durant pour pouvoir me fondre dans la masse grouillante de Libra. J'avais, pour l'occasion modernisé mon apparence. Je n'avais pas voulu attirer l'attention. J'avais tant espéré et redouté cette nuit.

Sept jours durant j'avais surveillé. Guetté. Et enfin. J'avais fini par te dénicher. Je me demande ce que tu faisais. Où tu t'étais caché. Si, tu t'y étais bien amusé. Parce que moi j'ai ressassé. Parce que moi je n'avais cessé de penser à toi et à cette langue que j'allais pouvoir arracher. Et. Je crois même que mon courroux est tel que je pourrai directement porter un coup fatal sur cette chose que J'ai si souvent entendu battre. Que la nuit m'en soit témoin. Que tous les astres aussi. Car je sais que l'aurore pleurera mes actes et souffrira ma violence.

Arrivé près de la résidence j'escalade le mur qui protège (vraiment très mal soit dit en passant) les habitants du bâtiment. Je saute habillement sur le sol, après quelques secondes, ou, perché sur le mur j'avisais la fenêtre  par laquelle je comptais entrer. Elle étais restée ouverte. La lumière était allumée. Je supposais donc que tu étais déjà rentré. À moins que. Par inadvertance tu sois sorti en oubliant d'éteindre. Peu m'importe. J'étais décidé à entrer. Quoi qu'il en soit. Je savais me faire patient. Et peut-être aurait-il mieux fallut pour toi que tu ne dormes. Si j'avais cueilli dans ton sommeil ta douleur peut-être aurais-tu moins souffert ma dague. Qu'importe la pitié. Il n'y avait pas de place pour elle entre nous. Et entre ta chair et ma lame.
***

Je m'engouffrais à l'intérieur, aussi silencieux que je pouvais l'être. Je retombais sur le sol. Beige. Sommaire. Dans, ce qui me semblait être une cuisine. Après quelques secondes, accroupi sur le sol, je me relevais. Certain d'être au bon endroit. De toute façon. Je marchais tranquillement à présent. Sans faire l'effort de masquer le bruit de mes pas.

- Sucre. Je suis venu récupérer ta langue.

Je m'enfonce plus avant dans l'appartement, notant au passage qu'il n'y avait aucune richesse. Aucune décoration notable. Rien qui, à l'évidence, méritait que je m'y attarde. Dommage. Cela aurait peut-être pu apaiser mes passions. J'avisais le salon. En quelques amples enjambées j'arrivais au centre de la pièce. Je m'installais à mon aise dans le fauteuil car je n'avais pas envie de jouer à cache-cache. En tailleur.  Je retire ma dague et tapote ma cuisse avec l'impatience infantile qui me caractérise. Et. Alors que tu apparais. Je ne peux retenir un sourire. J'étais vraiment heureux de te voir. Vraiment.

- Et je peux t'assurer que cela ne cache rien de tendancieux.

Vraiment très heureux.


HRP: VOILÀ. Mon titre est nul. Je?!
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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaLun 23 Fév - 18:07

J'avais été stupéfait d'ennui.
Je ne voyais pas d'autre explication à ma soudaine dérobade, là bas, dans le palais lointain de Canaan. Honnêtement, je n'avais pas été mal traité. Les visages étaient beaux, les effluves délicieuses, les mets que l'on me glissait sur la langue en gloussant étaient trop sucrés, certes – tout l'est toujours trop – mais j'avais l'oisiveté des princesses d'Arabie pour quatre heures.

Juste quatre petites heures – que je n'avais pas été fichu de tenir.
Au bout de cent quatre-vingt minutes a éventer une gorge que je n'avais même pas envie de dégrafer, j'avais levé un œil distrait vers le plafond marbré de dorures et avait plissé mes lèvres en une ligne fine comme la mer de l'aube.

J'avais eu envie de me casser.
Et je l'avais fait – ça n'avait pas été très difficile, puisque j'avais été charmant, la main lourde de caresses et de mignardises, confectionnant devant des yeux gourmands des guimauves qui allaient se désagréger sur leurs molaires. J'ai prétexté devoir soulager ma vessie – dit plus joliment, sinon, j'aurai recouvert des joues de pourpres et, au lieu d'avoir envie de les embrasser, j'aurais ardemment désiré les baffer – et je me suis égaré dans un couloir, puis un autre, jusqu'à ce qu'un échappatoire se taille dans ma vision.

J'ai trouvé un balcon ; j'ai sauté, dans les beaux habits de soie que l'on m'avait fait porté et j'ai disparu comme un voleur.

Je ne suis pas brigand mais, à la réflexion, j'aurais dû subtiliser quelques biens dans le fond de mes poches. Mais mon plus grand regret était de n'avoir pas récupérer mes fripes, certes sales, mais encore empreintes de son odeur de sel.



*



Bien sûr, je n'étais pas imbécile et je compris très vite le putain de bordel dans lequel je m'étais fourré.
Combien de temps avais-je tenu ? Combien de minutes s'étaient égrenées sur le contrat déchiré ? Rien du tout, je pensais, à peine une quinzaine, juste quinze minutes de plus et j'aurai tenu mes engagements.

Je songeais à cette bataille que nous avions eu, à deux reprise, pour que je puisse enfin glisser de mon index la plume sur le bas de son parchemin épais. Je songeais à toutes ces clauses – aux sourires entendus, aux regards coupants, à ces mains exploratrices et et ses soupirs tissés. Ma bêtise m’assommait.

Je repensais à ces trois autres jours dans lesquels j'aurais pu m’assouvir si jamais j'étais resté juste quinze autres minutes – ou peut-être quatorze ?
Debout dans le coin d'une rue esseulée de Canaan, mes poings engoncés dans les poches de ce pantalon qui m’allait trop élégamment, j'ai pesté. J'ai juré aussi, quelques aberrations insensées, la colère me piquant l'épiderme et, je suis allé, chamboulé de rancœur, vider mes idées grises.

Seul et sans argent dans cette ville que je connaissais à peine pour y avoir fait quelques heures de tourisme, j'ai fait ce que mon corps accomplissait quelques heures plutôt. J'ai continué à vendre mes séductions et mes sourires. J'ai trouvé des bras chauds et blancs ourlés de draps colorés qui sentaient la lessive et la sueur. J'y suis resté la nuit, puis le matin, j'ai taxé de la bouffe, un petit peu de fric, on m'a mis à la porte, j'ai ri, j'ai trouvé d'autres bras, à l'infini, trois semaines durant.

Je savais que j'aurais pu rentrer, qu'avec le claquement sec de la dématérialisation, il me suffirait d'à peine une expiration pour me retrouver devant la porte close de ma boutique de guimauve.

Je n'en avais pas envie, j'étais amer.
Je restais amer lorsque je quittai Canaan pour Ethernite, Eraclae et même Rhode fut incapable d'épuiser l'aigreur corrosive qui perforait de petits trous insensibles ma poitrine.



*



Mais il me fallait bien rentrer.
Je ne pouvais continuer de vivre de mes charmes parasitaires pour le restant de mon éternité. Il me faudrait affronter le rideau de fer de ma boutique, les pavés multicolores de la citadelle blanche, les passants bariolés et le brouhaha d'une mort qui se prélasse tendrement au soleil.

J'avais, bien évidemment, peur de le rencontrer.
Mes premiers pas dans l'enceinte de Libra se firent le dos rasant les hauts murs des commerce et la nuque tendue. Mais ça ne dura qu'un très, très court temps – quelques minutes à peine – avant que je retrouve sur mes bras la nonchalance de mon ennui.

J'avais peur mais j'avais plus envie, peut-être, qu'il me retrouve enfin.
Et je savais, en souriant au rond pâle qui éventrait l'azur de sa fausseté, qu'il finirait rattraper mes rires avec la lame d'acier d'une dague pressée contre ma trachée.



*



Lorsque ses menacent glissèrent sur le paquet de l'appartement, je me redressai d'un coup, le visage encore dégoulinant d'eau froide.
Un sourire fustigea mes lèvres. Il me semblait que cela faisait trois morts qu'elles ne s'étaient pas courbées ainsi.

Je notai, essuyant paresseusement mes mains humides dans une serviette qui traînait là, qu'il avait été rapide. Je n'étais arrivé à Libra qu'aujourd'hui, écumant quelques bars, cabarets et étreintes, et mon appartement ne m'avait renvoyé son odeur familière de bois et de sève seulement quelques minutes plus tôt.

Feignant l'indolence – alors que j'avais ma poitrine palpitante et mes muscles étouffé dans une tension familière – je sortis de ma cachette aquatique en remontant soigneusement les manches de ma chemise sur mon coude.

― Tu m'as débusqué, dis-je, affectant de l'ignorer.

Puis, planté au milieu du salon souillé d'un intrus, je reproduisis la même erreur que j'avais tant de fois commise, le sourire pendu à mes lèvres ; je le regardai.
Je ne pus que sourire davantage en penchant de quelques degrés l'angle de mon visage.

Toujours aussi superbe.
J'avisai, l’œil minutieux, ses épaules dévêtues de son lourd manteau de capitaine. Adieu, tricorne, tunique fouettée d'écume, fragrance d'océan tempétueux et sans caillé. Bermuda se présentait désinvolte, fiché dans un de mes fauteuils, dans la splendide parure de la normalité.

J'avais, bien sûr, rehaussé d'un œil malicieux la dague qui trépignait sur sa cuisse. Je l'ignorai.
Traînant mes pas vers la cuisine, je lançai en ouvrant la porte laquée du réfrigérateur :

― Désolé Bermuda mais je ne vais pas pouvoir te contenter ce soir. Je suis mort de fatigue !

Puis je repassai devant lui, une bière décapsulée à la main. Je la levai dans sa direction.

― Fais comme chez toi, surtout – par contre, je doute que tu trouves du rhum ici. Qu'est-il arrivé à ton attirail de pirate ?

L'épuisement de mes pérégrinations excentriques me revenait à la face depuis mon retour dans la citadelle. Je clignai une fois, deux fois mes paupières lourdes, baillai puis m'étirai dans tout le flegme de mon insouciance. J'avais déjà bu, ce soir, et quand je levai le bras pour renifler ma chemise noire je grimaçai.
J'empestais le parfum de femme.

Je déposai ma bière à peine entamée sur la table du salon et, sans prendre plus garde au pirate sous couverture qui s'amusait d'une lame dans mon fauteuil – mon préféré, en plus – je le dépassai et j'allais m'affaler à plat ventre à demi dans mon lit en poussant un grognement de satisfaction. Ma bouche était étouffée dans les couvertures.

― Tu veux pas repasser demain, plutôt ? Je te promets que je m'occuperai de toi à ce moment là.
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] Empty
MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaLun 23 Fév - 20:31

Il me semble que, durant ces trois semaines j'ai imaginé cet instant. J'ai pensé aux milles choses que je voulais te dire. À celles que je voulais faire. J'avais imaginé mille fois tes mots. Tes gestes. Les miens. J'avais imaginé comment, après quelques sourires je me serai approché pour obtenir ta chair de ma lame affutée. J'ai pensé. Ressassé. Des millions de gestes. Du plus raisonnable au moins raisonnable. Des esquisses parfois tendres. Parfois cruelles. Souvent teintées d'écarlates. À tord et à travers. J'ai imaginé mille fois ton visage. Tes yeux bleus précieux. Redessiné la pointe de ton menton et celle de ton nez. Ta barbe qui a si souvent effleuré ma peau. J'ai imaginé milles sourires car ils n'exprimaient jamais les mêmes choses. Je m'étais même demandé, si, en face de moi tu aurais eu l'audace de me présenter un peu de ton sourire. Un peu de ton arrogance. J'ai imaginé aussi comment je devrais y répondre . J'ai vraiment abîmé des nuits pour construire. Me représenter ces milles scénarios. Avec l'obsession répugnante d'un homme ou d'une femme trompée.

Et. Pourtant. Maintenant que nous étions face-à-face. Je devais avouer que plus rien ne me revenais. Il y a le souvenir. Celui niché dans mon esprit. Et la réalité. À savoir. Moi dans ton salon. Toi, dans ton salon aussi. Mon sourire et le tiens. Les étranges picotement dans ma poitrine et mon ventre. Juste le temps d'une seconde une seule. Je reste immobile et, finalement tu t'en vas. Je ne peux que te suivre du regard. Je t'imagine dans ton quotidien. Effectuer les mêmes gestes. Solitaires. J'enviais la quiétude de ta maison. L'insouciance dont tu faisais preuve.
- Je ne suis pas là pour cela. Déclarais-je, sans attendre, légèrement agacé.
Et quand tu reviens, une bouteille à la main je m'étonne même que tu ne fasses pas plus attention que cela à ma présence. Comme si c'était ce comportement qui m'outrageait le plus. Je n'arrivais pas à me comprendre moi-même. Je ponctue ta déclaration suivante d'un petit rire.

- Laissés. À Canaan. Comme tout le reste.

J'enlevais la veste que je déposais sur l'accoudoir. Pour me mettre à l'aise cependant. Je n'imaginais pas un instant que tu te montres coopératif. Je te laisse boire. Faire ce que tu veux faire. Je me demande encore comment aborder le sujet sans éclater trop fort de colère. J'ai quelques nouvelles indignations qui viennent se mêler aux anciennes si bien qu'il me faut encore quelques instants et quelques expirations pour calmer ces passions étranges et malvenues qui palpitaient si fort dans mes temps. Dans mes veines. Qui cognent trop fort. Rien ne semblait s'accorder à ce que je m'étais évertué à anticiper. Même mon corps répondait étrangement.

Je finis par me lever. Ta nouvelle remarque m'arrache une grimace. Je savais que tu n'étais pas bête au point d'ignorer la menace d'un dague. Je passe devant la table et ignore la bière avec dédain. Tu n'avais décidément pas le goût très sûr en matière d'alcool. Je m'approche du lit.

- Ne t'inquiètes pas. Je ne serai pas très long.
Je m'installe dessus, sans gêne. Je pose le dos contre le mur et je fixe avec obstination ce qui te servait de pied-à-terre. J'installe avec prudence de la distance entre toi et moi. - Je n'ai même pas besoin de ton concours. Laisse-moi juste mettre mes doigts dans ta bouche pour saisir l'extrémité de ta langue. Je susurre doucement dans un sourire doux. Du reste. Je ne l'étais pas. Doux. Et calme. Les odeurs que j'avais senti, à peine quelques instant en voulant m'installer sur ton lit m'irritait tout entier. Je plissais les lèvres. Qu'importe le vin et les femmes. Je me concentrais, férocement sur les raisons de ma venue.

- Je me demande si tu te souviens de notre petit accord. Je ne doutais, du reste que tu t'en souvienne. J'avais simplement besoin de remettre les choses dans leur contexte. Je m'acharnais de la pointe de ma lame sur tes draps. L'oeil fermé. - Et je me demande aussi ce qui t'as pris, quand tu t'es enfuis. Quinze minutes avant d'avoir même pu honoré l'entièreté de ton contrat. Je m'acharne plus férocement encore sur les draps, car ce que je ressasse ne m'est pas très agréable. Mes lèvres frémissent, alors que je tente de ne pas fissurer la sérénité apparente de mes traits. - Je me demande aussi, pourquoi tu ne t'es pas esquivé avant que je te vende. Car cela m'aurait épargné plus de peine. J'aurai simplement troqué la marchandise par une autre. Je serai certes venu obtenir réparation. - Sais-tu ce que j'ai dû faire pour calmer l'indignation de mes clients. Le nombre de courbette que j'ai dû effectuer. Ce que j'ai dû troquer, céder, donner, remboursé?! Et. Une fois tous ces mots crachés comme s'ils m'avaient écorché la bouche, les lèvres, le corps. Tout entier. Je finis par enfoncer ma dague dans le matelas, une main solidement ancrée sur la garde. Je me penche pour enfouir ma main dans tes cheveux. - Et pendant ce temps là, à quoi t'amusais-tu? Mh? Rien qu'à l'odeur je devine que ces dernières trois semaines tu les as occupé activement. Je continue de caresser l'arrière de ta tête, pensif. Puis. J'y emmêle mes doigts, sans aucune délicatesse. - Et pourtant. Je t'avais prévenu. Sucre. Et. Je n'ai pas l'habitude de plaisanter. Je ne suis pas venu m'amuser. Et. je doute fort d'être, un jour, de nouveau d'humeur à partager tes nuits. Je raffermie ma poigne pour soulever ta tête sans ménagement et j'ose noyer mon regard dans le tiens, sans plus rien de tendre dans mes traits, malgré le mince sourire qui orne mes lèvres. - Ta langue je te prie. Cela ne dura que quelques secondes. Je n'avais pas l'intention de m'attarder.
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaMar 24 Fév - 0:16

Toutes mes respirations nichées dans les plis laineux de la couverture, j'esquisse un faux sommeil, une reddition à peine trahie par le grésillement capiteux de mon tympan.

J'écoute le silence et dans ses ourlets, je perçois le lent gonflement de sa respiration. J’aurais pu être ravi – excité – dans d'autres circonstances à savoir que le pirate humait l'air de ma tanière, se prélassait dans mes meubles, avait le corps si près, si près de mes draps défaits.

Quelles belles choses nous pourrions faire ici – comme les belles choses que nous avions entamées sur un matelas de paille, un siège percé de velours, un secrétaire en bois ciré, un lit badigeonné de satins et de préciosités.

Je repensais à ses fers qui ne m'avaient jamais vraiment quittés. Il me semblait que je pouvais attraper le silence dans mes paumes sèches et qu'il était alourdi par l'absence de ses mots. Je devinais, dans les pas que ses chevilles portèrent près de moi, l'ampleur dévastatrice de son courroux. Alors que sa silhouette surplombait mon cadavre alangui, chacun de mes muscles, de mes tendons et de mes nerfs se crispa imperceptiblement, comme la bête craignant le coup.

J'étais prêt à le frapper, s'il le fallait.
J'avais un goût de rouille et de mer dans la bouche, et le sommeil en costume d'apparat, heureux qu'il ne puisse percevoir les chocs répétitifs de mon cœur contre mes côtes.

Un soulagement fouilla son chemin dans mes veines lorsqu'il se contenta, dans sa mansuétude de corsaire, à investir mon lit. Des idées commencèrent à chauffer ma nuque mais je les tuai violemment ; il se jouait ici une bataille qui n'avait plus rien à voir avec ses élans tendres. Il allait nous falloir redoubler d'artifices et de baroque pour s'en sortir vivant, ce soir.

Même si la mort était probablement une alternative alléchante que ce qu'il pourrait façonner de ses doigts cruels.

― Ne t'inquiètes pas. Je ne serai pas très long.
― Dommage.

Mon rire, déjà faible, se perd dans les draps. Quand le lit s'affaisse sous sa présence, je relève vers lui un seul œil marin. Il remonte, sinueux, sur ses jambes proches, son bassin inaccessible, ce torse noir et fin, taillé à même l'obsidienne, que j'imagine tiède comme cette fois où il était encore ensommeillé dans mes bras. Je m'arrête l'espace d'un soupir sur l'angle saillant de ses clavicules. Puis, je fixe son œil ; l'autre est caché derrière un pansement de cuir.

― Laisse-moi juste mettre mes doigts dans ta bouche pour saisir l'extrémité de ta langue.
― Arrête de chercher à m'exciter, Bermuda, je ronchonne dans un sourire qu'il ne voit pas.

Sa douceur ne me trompe pas, mais je l'accepte avec une pulsion avide. Je laisse ses mots courir sur mon dos jusqu'à ce qu'il les rompe lui même en exhibant la raison de sa présence. Mon sourire enfoui disparaît et mes sens s'alarment.

Alors, ça commence.
J'aurais tellement préféré qu'il soit venu pour m'embrasser une centième fois.

Mon corps est fébrile, tendu. Ma concentration fait vrombir mon crâne comme une noyade turbulente. Je ferme mon œil, ersatz de vulnérabilité, et détaille avec attention chacune de ses reproches. Il dissèque les faits de la même manière qu'il écharpe mes draps. Je rouvre mon œil et observe, imperturbable, la lame creuser les chairs de coton et l'éventrer avec la minutie d'un tailleur de basalte. Je n'ai d'adoration que pour la cadence de ses griffures, jusqu'à ce qu'il s'emporte et que, dans le bruit sec que font les peau qui se découpent, il y plante furieusement sa lame.

Je n'ai pas manqué un seul de ses mots ; je n'ai même pas retenu mon sursaut.
J'aurai cru qu'il la planterait directement dans ma gorge pour m'arracher des gargouillis sanglant, cette lame.

La tête dans le bras, je reporte à nouveau toute mon attention sur le tyran à la peau translucide. J'étouffe un rire bas.

― J'aimais ces draps.

C'est aussi à ce moment que je me fais cette réflexion brutale.
Cet homme là n'est pas humain.

Mais il la chasse lui, cet homme, cette femme, cet être lorsqu'il vient glisser ses phalanges sur mon cuir chevelu et qu'il m'arrache un soupir de contentement qui m'ébranle jusque dans les os. Comme une bête mutilée qui se love contre son maître, mon corps se presse un peu plus vers lui, mes paupières se ferment. Je sens encore l'océan frémir dans le sang qui bat ma peau.

Je savoure.
Je sais que ça ne va pas durer, alors je savoure de la même manière que si je recevais les caresses du plus désirable des amants.

― Et pendant ce temps là, à quoi t'amusais-tu? Mh? Rien qu'à l'odeur je devine que ces dernières trois semaines tu les as occupé activement.
― C'est toi qui a débarqué alors que j'allais prendre ma douche, j'invente, imitant l'apaisement.

Et puis, imperceptiblement, la tiédeur commence à mourir lorsque ses doigts se resserrent autour de mes cheveux désordonnés. Il serre.
Bermuda laisse la violence sillonner sa peau.
Je grimace, retiens une plainte de souffrance et, lorsqu'il tire abruptement sa poigne et décolle mon cuir chevelu, je laisse mon visage contracté se redresser, soumis. J'ai sur les lèvres la déformation d'un sourire que je tiens à garder.

Je jappe un rire.

― Pourquoi toute cette violence, Bermuda ? Je suis sûr que je peux me faire pardonner.

Je rabat mon coude vers l'avant pour m'appuyer dessus et détendre la douleur qu'il m'inflige. Je replace mon visage pour lui faire face correctement.

Mais je sais très bien qu'il ne nous reste plus qu'à nous battre, désormais.
Je me pare de bijoux innocents et détend mes traits souffreteux d'un sourire.

― Très bien, très bien. Je comprends, j'accepte. Tiens, donne-moi tes doigts.

Je tends mon bras pour me saisir de sa main libre, celle qui a abandonné la dague qui aurait dû me crever le cœur plutôt que de crever mon matelas. Je les tire doucement, sans l'once d'une brusquerie, avec beaucoup de charme, et je mène ses doigts de ma main chaude jusqu'à mes lèvres closes.
Je le regarde, ma tête toujours prise dans son étau.

Ce que je m'apprête à faire fait tituber mon cœur.

― Tu veux ma langue ?

Alors, je presse ses phalanges contre ma bouche puis y dépose trois baisers.
A chacun d'eux, mes yeux alertes restent immobiles. La provocation suinte de mes cils puis elle dérape pour s'apposer sur ma bouche. Je l’entrouvre, y taille une mince ouverture, et dévoreur, j'y enfonce à peine l'extrémité de son index et de son majeur.
Ma langue entame une infime caresse sur ses phalanges qui rende mes poumons haletants. Je parsème ces touchers humides de baisers impudiques. Puis, je fais remonter sa main blanche et délicate jusque mon front, cette main d'homme pirate, de désir juvénile, et le lèche délicatement des segments de ses doigts jusqu'au creux de sa paume.

C'est salé.

J'expire un gémissement ténu et volontaire ; mes joues brûlent, j'exulte la docilité.
Je veux qu'il tombe, mais j'ai trop d'effronterie dans l’œil impudent que je lui jette.

― Comme ça ?

Ne me fais pas devenir brutal avec toi.


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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaMar 24 Fév - 3:32


- J'en doute très sérieusement.

J'enroule plus fermement mes doigts entre tes cheveux blonds. Ma colère palpite encore plus fort alors que je te fixe. Sans sourciller. J'ai encore la tête pleine de souvenirs désagréables. La certitude que, peu importe ce que cette bouche peut minauder. Les sourires. Les rires enjôleurs. Quand je me rappelle de l'argent que j'avais cédé et perdu pour quinze minutes d'impatience. Je ne suis plus capable d'y prêter attention. Et. Peut-être que c'était cela qui donnait des soubresauts plus ardents à mes fureurs. Quel besoin avais-tu de perdre ces précieuses heures avec d'autres, si c'était pour t'enfuir? Je ne comprenais pas. Je n'arrivais pas à voir de schéma dans tes actes et tes paroles. Tu semblais si impulsif. Imprévisible. Mais tu t'obstines à ne rien vouloir dire. Tu repousses mes questions une à une. Tu sembles croire que tout ceci n'est qu'un jeu malgré tes sursauts. Je retiens un soupire entre mes deux lèvres.

Et puis. Alors que tu acquiesces, je pince plus fort les lèvres et ne peux retenir un haussement significatif. Était-ce donc tout? Tout ce que tu avais à protester? Je reste quand même méfiant et contiens ma déception alors que tu attrapes avec une douceur désarmante ma main rageuse. Je ne résiste pas, car après tout je ne discerne rien de belliqueux dans tes traits. Un brin de malice peut-être. Et cela aurait dû peut-être m'alarmer. Quand tu apposes mes doigts contre tes lèvres je les recroqueville. Je ne sais pas ce qui m'attend. Ce que tu me réserves. Mais alors que tu déposes quelques baisers sur mes phalanges blanchies par la surprise je ne peux que deviner que l'assaut sera terrible.

Lorsque tu entrouvres tes lèvres les miennes se plissent plus encore. Le bout de mes doigts me picotent et s'accordent des soubresauts terribles simplement mordu par un souffle. Je te fixe toujours et je relâche tes cheveux sur le coup de la surprise. C'était un coup bien bas. Je lutte. Intérieurement. Je ne veux pas frémir. Cligner. Trembler. Mais mes doigts n'écoutent déjà plus car le bout de ta langue vient les faire faiblir tout entier. Je voudrais affirmer que ta tentative est vaine et que je n'accordais pas d'intérêt à tes traits devenus soudainement sulfureux. Que. Lorsque que tu glisses sur ma peau c'est d'indignation que je frissonne entier. Je suis. Indigné. Outré. Furieux. Ma lèvre s'arque légèrement et mes dents se serrent plus encore. Charmé. Excité. Émerveillé. Mes cils papillonnent. Mon pouls s'accélère. Je comprends que. Ta contre-attaque était finalement finement orchestrée depuis ton souffle ardents et le gémissement poussé dans le seul but de me faire basculer. De me faire abdiquer. Je comprends que tu comprends peut-être mieux la situation que je ne le croyais. Et. Si. C'était là tes armes. Je pouvais me permettre quelques frissons car je sais que cela ne serait pas l'assaut le plus redoutable de cette nuit. Et. Si. J'avais gardé ma dague je pense que j'aurai pu y mettre un terme depuis bien longtemps.

Je subis. Tandis que tu ramènes ma main tout contre visage. Ce n'est plus mon index et mon majeur qui souffrent. Je reste figé sur ton regard désespérément accroché au mien. Chaque extrémités de mon corps palpitent douloureusement dans mes tempes. Dans ma poitrine. J'ai la gorge sèche et je dois bien déglutir une fois pour chasser cette sécheresse. J'essaie de faire bonne figure. Mais. C'est difficile. Trop. J'ai les joues qui s'empourprent car tu nous ramènes sur l'océan. J'essaie de ne pas oublier mes griefs car eux aussi palpitent sévèrement dans mes veines. Et puis. Tu relâches ma main pour m'accorder une interrogation moqueuse. Je lutte pour ne pas ramener ma main contre mon torse, l'autre main sur le poignet pour rassurer ma pauvre menotte brûlée. Cela revenait à une réédition. Et je n'étais pas disposé à te l'accorder.

Je quitte néanmoins l'étreinte brûlante de tes doigts et je dépose mes doigts cramés contre ta joue. Je recroqueville le bout de mes doigts sur ta joue et je les glisse sur tes lèvres pour en redessiner les contours. Je ferme l'oeil un instant puis je reviens sur ta joue pour y déposer une caresse.

- Non. Bien sûr que non.

Ma voix est un peu rauque et mon souffle peine toujours à récupérer un rythme régulier. J'enfonce mes ongles dans tes joues et je griffe.
- Que pourrais-tu faire pour me faire oublier? Voudras-tu m'étreindre? Glisser habilement ta langue sur mon corps?

J'expire un soupire et je tends mon autre main pour saisir ta joue. Je t'accorde un sourire moqueur et je sais que tu y répondras par le même.

- Je n'ai pas envie Sucre. Je préférai m'offrir cent fois à la luxure elle-même plutôt que de te laisser l'emporter ainsi. Et il est habile de sa langue lui aussi.

Je descends ma main sur ta mâchoire. Avec douceur. Lenteur. Et. J'enserre la peau de ton cou. Le pouce et l'index d'un côté et d'un autre. Je presse fort sans faiblir et j'approche mon front du tiens.

-Que feras-tu? Dis-moi. Je suis curieux. Vite. Vite. Avant que je bloque entièrement ta belle gorge...

Je desserre juste un peu et j'humecte mes lèvres. Il me semble que ma gorge est aussi aride que le désert



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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaMar 24 Fév - 17:06

Il me faut tout contrôler.
Il me faut superviser mes soupirs et mes sursauts, les à-coups humides de ma langue, les expirations modérées de mes poumons et l'haleine suave qui s'échappe de ma bouche contre sa paume.
Je sais que dans mon œil, qui se perd dans les arabesques pourpre de ses joues, luit à la fois d'excitation et d'envie mais aussi tangue en brinquebalant un avertissement.

Je ne doute pas que nous puisons du plaisir tous les deux dans nos provocations. Je ne doute pas qu'il ait aimé sentir mes cheveux encore lourds des parfums de cabaret s'emmêler dans ses doigts. Je ne doute pas non plus qu'il aime autant agacer ma nuque que tordre mon visage comme s'il l'avait froissé. Il aime mes gémissements ; j'aime ses rougeurs.

J'imagine que, pour l'instant, nous sommes quitte.
Le brimbalement abyssal du navire a été trop fort pour que nos peaux respective parviennent à l'oublier.

Je lève vers lui des traits fatigués, une barbe de deux jours mais aussi des lèvres brillantes et empreintes d'adoration. Pour lui, je me fais bête ; pour lui, je me fais soumission, caresses et glapissement. Je troque mon aigreur et mon amertume, juste le temps de deux ou trois soupirs, pour monter précautionneusement le spectacle de ma couardise.

Je veux qu'il me regarde ; je veux qu'il fiche sur mon crâne son œil fusil, bleu, qu'il se pétrisse de dédain, qu'il se révulse en touchant ma langueur, que ma docilité servile l’écœure.

Je me fais non-coupable, mignon, gentil, paisible.
Quand il vient glisser ses doigts sur ma joue, je lâche encore un soupir heureux et ferme mes yeux qui ne supportent plus de détailler la moindre parcelle de sa complexion. Ma peau est aussi tiède que ma tête fumeuse ; je l'entends cliqueter sous les soubresauts répétés de mes réflexions.

Que va me faire cet homme.

J'aime ses touchers. Je laisse la pulpe de ses doigts presser celle de mes lèvres comme s'il y gravait une dévotion amoureuse. Je sais que j'ai la quiétude couchée sur le visage lorsque j'essaie de le nicher dans sa paume, réclamant plus d'attention.
Puis, il me lacère. Je lui donne un sifflement, une autre grimace, un battement rauque étouffé dans la gorge.

Mes deux yeux se hissent vers sa hauteur, trempés dans une fausse incompréhension mais soulignés d'attente. C'est ça, que je sens dans mes veines, dans le gonflement de ma gorge, dans mes os qui craquent muets dans mes membres.

Une attente insoutenable – celle où il finira par se produire quelque chose.

Il multiplie ses attentions comme s'il voulait s'excuser de bientôt, très bientôt, me faire du mal.
J'aurais pu lui donner ma langue. Il aurait été satisfait, aurait pressé le muscle spongieux entre son pouce et mon index et peut-être, s'en serait-il débarrassé en le jetant dans ma poubelle chromée au couvercle automatique. Ou alors en faisait-il des trophées ? Les mangeait-il ? Avait-il un chien, une chienne, une bête à qui il faisait dévorer ses mutilations ?

J'aurais pu, vraiment, lui donner ma langue et me la faire sectionner.
Peut-être n'avais-je pas envie qu'il parte aussi vite. Puis, quand même, il faut l'avouer ; la douleur, c'est pas mal came.

Je préfère cent fois les caresses qu'il continue d'alterner avec ses violences.

J'ignore ses refus, j'ignore ses questions, je garde juste mon visage verticalement orienté vers le sien, mon air appauvri, heureux, mes yeux souriants, mon sourire entendeur. Je garde tout ça alors qu'il me rejette, me rabaisse – un peu – refuse mes avances et tous les mille plaisirs que j'aurais pu plonger dans son corps. J'ignore ses remontrances et, quand il commence à enserrer ma gorge de ses doigts qui ont du dérober et âmes, et bourses, je grimace. Mon sourire se perd quelque part sous ma peau.

L'air m'échappe et cette sensation là, je ne l'aime pas. Je n'aime pas ce que me fait Bermuda à cet instant là.
Il va finir par se produire quelque chose.

J'ai le souffle trop court pour l'envoyer chercher des mots dans ma bouche et, le regard inquiet et fébrile, je porte sans conviction ma main sur son poignet. Je sais que si j'essaie de le repousser, il ne m'étranglera que plus, et même si c'est assez excitant – quand même – je n'ai pas envie de mourir asphyxié.

C'est trop familier.

Je lâche un rire de malaise et mes yeux peinent à le regarder.

― Je pourrais.

Il est si proche. Je sens son souffle se précipiter contre le mien. J'ignore lequel des deux est le plus fort. Maladroitement, j'essaie de replacer mon corps, comme si serpenter vers lui me rendrait mon air. Je déglutis en souriant.

― Je pourrais peut-être...

Je détaille sa peau sur laquelle crève sa colère. Dans l'effluve orangée de la pièce, ses yeux me semblent encore plus vifs. Un trouble, une hésitation, mes lèvres sont glacées. J'ai du mal à respirer avec l'étreinte de ses doigts de pierre.
Il va finir par se passer quelque chose.

― Et si je faisais...

Il est vraiment trop proche.
Mais quand mon sourire déchire mon visage, mauvais, victorieux, je sais qu'il n'en a jamais vu de plus beau.

Ça ?

Alors, je bascule ma tête en arrière pour prendre de l'élan et, dans un retour rapide et brutal, je lui assène un violent et enragé coup de tête en plein sur l'arête de son nez.

Et je me rue sur la dague esseulée.




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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaMar 24 Fév - 19:08

Je discerne dans tes traits quelque chose de nouveau. Je perçois dans tes yeux une étincelle. Vive. Et pourtant tout le reste de ton corps exprime des soupirs vaincu. Une docilité que je trouve écoeurante. Disgracieuse. C'est le mot. Je te trouve disgracieux ainsi abandonné. Si je soupire et je souffre de ta comédie je ne peux m'empêcher de le regretter à la seconde. Je maudis mon corps faible devant ces soupires alanguis. Car il n'y a rien qui mérite que je tombe. Et si ma peau picote tant je préfère me persuader que c'est uniquement pour les souvenirs que tu inspires. Et quand tu te perds dans tes mots je me sens lassé.


Et puis. C'est fulgurant. Je n'ai juste le temps de voir que cette jolie étincelle dans tes yeux. Briller. Éclater. Et. Ton visage se rapproche du mien en une fraction de seconde. C'est violent. Je me plaque la tête contre le mur en grognant et jurant. J'enferme mon nez meurtri dans mes deux main. Il me semble que je saigne. Que j'ai encore quelques étoiles dansantes devant les yeux quand tu te jettes en avant pour saisir mon arme. J'étouffe un nouveau juron et je me rues sur toi. Les bras en avant. Le visage et le nez dans ta chemise. Mes bras enserrés fermement autour de tes omoplates.
- Assez! Suppliais-je la voix tremblante d'émotion.

Je reste blotti ainsi. Le souffle court. J'ai encore l'oeil et le corps écarquillé entier. Le nez toujours empêtré dans le coton. Je nous accordais quelques secondes. Imposais un temps mort à cette altercation aussi soudaine que violente. Je me remettais de mon étourdissement. Je m'accrochais furieusement. Mes doigts empêtrés dans le tissus. Un geste trop coutumier, décidément. J'étais heureux de ne pouvoir sentir le parfum âcre de tes soirées insolentes et trépidantes. Car je le détestais tant et si fort que, lorsque que je noyais ma blessure sanglante je le faisais avec application. Comme si je m'évertuais à les effacer de mon sang et mes effluves furieuses. Car. Je suis toujours furieux et indigné. Confus et surpris.


- Tu m'as blessé ?! Tu m'as fait saigner Sucre? Déclarais-je. Avec toute l'incrédulité de mon corps tremblant. De rage ou de détresse. Et je scellais mes lèvres pour m'empêcher de répéter ces mots encore et encore, comme une litanie. Mais j'ai besoin de repenser à mes mots pour les comprendre, moi aussi. Je me presse plus fort contre ton torse et je laisse mon esprit s'évader et ressasser toute l'impulsivité de nos gestes. Je relâche d'un bras l'étreinte et je glisse lentement mes doigts sur ton bras tendus.Pour remettre les choses à leur place. Lentement. Je tâtonne jusqu'à ta main. Solidement ancrée sur la garde. J'enroule ma main autour de la tienne et je tire dessus. Je crois bien être encore étourdis par ce qui vient de se passer car je me sais encore trop doux et tremblants. Mes doigts avaient encore des soubresauts.

- Tu veux me transpercer, Sucre? Demandais-je, toujours d'une voix peu assurée et crédule. J'inspirais douloureusement et plissais l'oeil, il n'y a rien d'effrayé dans mes mots. Ou si peu. Je souffre, mais la douleur m'apporte plus de discernement.

Je redresse la tête, pour aller l'enfouir contre ton épaule toujours tendue. Je ramène ta main sans faillir près de nos deux corps. Et je te relâche pour revenir compléter mon étreinte.

Mes lèvres s'étirent ... Je réalise soudain entièrement la situation et je ris. Avec force. Comme si je venais de penser à la chose la plus amusante du monde. Mes rires se perdent contre toi. Quelques instants. Je m'accorde encore quelques instants.

Je repousse finalement tes épaules la tête toujours baissée. Et je m'écarte. Je soulève mon haut sombre pour éponger mon visage en étouffant quelques jurons. Parfois des rires. Des soupirs douloureux. Et finalement. Je tourne de nouveau mon regard vers le tien.

- Me tuer? Je hausse les épaules et retourne perdre ma main sur la tienne. - Je t'en prie. Essaie donc. Ma bouche t'offre un nouveau sourire. Plein de défi et d'insolence. Je pianote quelques petites caresses sur ton poignet. Sans quitter ton regard un seul instant. - Est-ce que tu fais cela souvent? Je penche la tête légèrement. Je suis curieux et s'il y a des provocations cachées dans mes mots il y a aussi et surtout de la curiosité. - Je te conseille de viser la gorge. Ou. L'abdomen. Le ventre. Le coeur est souvent difficile d'accès à cause des côtes... Mais. Tu les as si souvent caressé que je suis certain que tu sauras où enfoncer la lame. Et. Je récite posément. Je tapote même de ma main libre mon nez tuméfié pour vérifier s'il saigne encore. Je délaisse à l'occasion ton regard et ta main.


Je me tends encore en avant pour me presser contre ton torse. J'enroule encore une main autour de ton épaule. Vivement et. Je passe ma main à ma ceinture. Je dégaine de nouveau une nouvelle lame, plus petite et affutée que j'enfonce dans l'épaule. Celle, dont le bras détenait toujours ma première dague. Cela n'avait dû prendre quelques secondes. - J'ai mal au nez, Sucre. Et j'expire ma plainte dans un grognement furieux et sec. Je m'écarte finalement et j'essuie de nouveau mon nez avec mon t-shirt déjà poisseux. Je n'en mène pas large. Vraiment. J'ai du mal à trouver une cohérence dans mes gestes. Mes paroles. Je ne risque plus mon regard vers le tien car je me sais étrangement fébrile. Alors. Je concentre mon attention et mes efforts sur mon nez. Car. Seule la douleur me parait réelle.


Hrp: JE. LOGIQUE OÙ ES-TU JE?!

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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaMer 25 Fév - 1:32

Je croyais que nous nous battions.
Quand j'ai propulsé tout le haut de mon corps, méthodique, vers la lame fichée dans la boursouflure de mon matelas, quand j'ai jeté ma main contre sa poitrine pour le repousser contre le mur, quand il s'est jeté sur moi à son tour comme pour me saborder, quand j'ai agité mes membres, mes muscles, quand j'ai grogné dans la fureur du moment, je croyais que nous nous battions.

Puis, j'ai entendu un cri qui a crevé l'air comme le trait d'un fusil.

Tout mon corps a tremblé de stupeur et j'ai arrêté mon élan fougueux et erratique. Alors que nous nous battions, alors que j'étais prêt à lever les poings, écraser ma paume sur son nez de sang, enfoncer mes genoux dans son ventre, mordre ses os, s'il le fallait, alors que je ne pensais qu'à la violence, Bermuda a crié.

― Assez !

Et je me suis arrêté, mort dans mon geste, la lèvre tressautant encore sous les assauts de mon coup de sang, le souffle fuyant en pleurant hors de ma bouche.

Puis, je n'ai plus bougé.
J'ai écouté sa respiration qui tanguait dangereusement. Mes yeux étaient énormes, écarquillés, comme crevés, frappés dans l'ahurissement et l'incompréhension. Mon cœur excavait ma poitrine à chacun de ses tremblements. J'ai senti le sang qui gouttait sur mon épaule et sa tiédeur qui se répandait sur ma chemise en traçant un soleil. Je me suis dit, aussi, que j'allais avoir du sang partout mais ma bouche était aussi sèche que ma verve pour lui jeter un sarcasme en plein front. Ses bras me serraient dans un étau. Ils étaient chauds, eux aussi.
Deux fois, une exclamation assourdit ma tête. Quoi ? Quoi ?

Et je ne comprends même pas ce qu'il se passe lorsque je m'aperçois enfin que j'ai mes doigts qui serrent l'arme trésor.
Je n'ai toujours pas bougé.

Puis Bermuda m'accuse, de ses protestations perlées d'indignation, il me reproche le sang qui coule sur sa bouche et son menton, et la blessure que la courbe de mon front à infligé à son visage – et j'aime beaucoup son visage.
Léthargique, soufflé, je n'arrive pas à soulever mes propres protestation. N'était-il pas celui qui avait traîner jusqu'ici un corps qui n'avait pour seul désir que de me sectionner la langue ? Il m'avait menacé – rabaissé – saisit, étouffé, susurré des punitions et j'étais encore celui qui se faisait jeter.
Sérieusement ?

Je ne comprends pas ce qu'il arrive, entre ces draps troués de fer et tâché d'hémoglobine, et je ne comprends pas non plus pourquoi j'ai le désir soudain et pressant de m'excuser.
J'ai envie de m'excuser. Je vais lâcher une grêle d'excuse à Bermuda. Je veux lui dire que j'avais pas envie, pas réellement, de lui faire du mal. L'intention me surprend, mes sourcils se froncent d'eux même, et ma bouche s'ouvre pour le lui dire.
On dirait qu'alors qu'il est blotti contre moi, je cherche à le rassurer.

Mais, j'oubliais ; je ne peux pas m'excuser, quand je suis si sincère.
Mes mâchoires happent le vide dans une brusque volonté, j'arrête des mots qui pourraient tailler pire. Je respire, reprend de l'air et jamais, jamais je ne veux bouger, même lorsqu'il passe sa main sur la mienne pétrifiée autour de la lame, même lorsqu'il m'accuse, encore.

Cet homme là me vole ma raison et soulève en moi, d'anciens, très anciens débris de culpabilité. Ils n'ont tellement pas leur place entre mes côtes que je les sens d'un coup pénibles et douloureuses.
J'ai envie de lui dire : je suis désolé, vraiment.

Mais mon tribut me broie au sol aussi durement que son rire qui éclate et retenti d'un coup. Les sinuosités abasourdies de mon visage s'animent, mes cils battent l'incompréhension.

Je devrais répondre à ses accusations, lâcher un maigre plaidoyer, un sourire indifférent, la nonchalance d'une main qui rabat mes cheveux sur l'arrière de mon crâne, mais tous mes nerfs m'échappent. Je me contente de le fixer, la bouche rehaussée d'une mince ouverture.

Il a beaucoup de sang sur le visage ; et j'ai fait ça ?
Je n'ai d'attention que pour les traces roses et rouges qui remontent des racines sur ses pommettes. Mes automatismes trouvent juste l’imbécillité de lâcher, le timbre muet :

― Évidemment que je voulais te tuer.

Et puis, cette petite enflure de bâtard qui m'avait secoué des échardes coupables dans les veines sort un deuxième poignard et me l'enfonce dans l'épaule.

Bien sûr, je crie.
Je crie, et je hurle même, c'était très bref, moins d'une seconde, mais cette violente attaque me renvoie mon amertume à la gueule avec la virulence d'une claque sulfureuse.

Je le pousse brusquement, du plat de mes deux paumes et bondit hors du lit. Je jette un œil horrifié à mon épaules où le sang commence à reluire comme les échappées d'un solfatare. Ces gargouillis grenat me dégoûtent, mon visage est horrifié, mon corps abîmé, et j'amène mes doigts près de la plaie sans vraiment oser y toucher.

On peut dire que je suis sur le cul. Je craque debout dans mon salon crème.
Je craque, je me déchire, je cède, je soliloque une explosion de jurons.

― Putain, espèce de sale fils légitime Bermuda, mais va te faire sortir, va te faire sortir, va te faire sortir espèce de fils de chatte, excroissance, morceau, mais va vivre, va vivre Bermuda tu m'as retiré une femme honnête de couteau dans mon épaule mais propre ethnie, va te faire sortir Bermuda. Tu ne viens pas dans mon salon, et tu me dis que tu veux me recoller la langue et espèce de propre ethnie, tu ne m'étrangles pas, tu joues les samaritains et encore tu me reproches de t'avoir rafistolé le nez ? Mais va te vivre, va te faire sortir Bermuda grande excroissance !

Je panique, crie mes jurons, fais mille pas sur mon parquet dans l'espoir de trouver une solution pour arrêter cette ignoble douleur dégoulinante de pâte écarlate qui jaillit de mon épaule. Mes pas fous me mène à la cuisine, au salon, dans la cuisine à nouveau, autour de la table, les doigts toujours noués autour de la lame immobile, puis je m'arrête.

Mon visage se décompose.

― Putain, Bermuda, je crois que tu as raté un tendon.

J'oblique vers la salle de bain et là bas, le bras pendant, et je prends toutes les précautions pour extirper le métal de mon os, mais je retiens encore un long et profond gémissement se souffrance qui vibre sur le miroir.
Quand je reparais, j'ai ma paume qui couvre ma plaie pour arrêter l’hémorragie. Furieux, outré, et presque dédaigneux, je jette l'arme, sale, sur les cuisses de Bermuda.
Puis je repars dans la cuisine, la colère bullant autour de mon crâne, fouille dans les tiroirs, dans le frigo, et retourne me ficher debout, au bord du lit.

Je jette un deuxième objet sur ses cuisses. Un torchon à carreaux rouges truffé de glaçons.

― Pas pour ton nez, dis-je, égal.

Puis j'y retourne encore pour prendre un chiffon pour mon épaule. Quand je reviens, je m'arrête au nouveau au bord de son précipice. J'ai le regard haut et aucun sourire n'entaille ma barbe. Même ma respiration s'est faite pudique, ténue, craignant mes coups et mes éclats.

Pourtant, vrillé par ces troubles, mes rotules se dérobent et je me laisse choir à genoux, la main en bandage sur ma découpe. Mon visage est usé, tanné. Cette fois, je réfléchis à mes mots. Je lève vers lui un œil las et abrupt comme un versant.

― Tu veux me couper la langue ? Très bien. Essaie d'être rapide, veux-tu ?

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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaMer 25 Fév - 16:09

Je reste assis. J'ignore le hurlement plaintif. Ou. Je fais semblant de le faire je ne sais pas. Je ne sens qu'une douleur vive sur le nez. Lorsque tu me pousses et que je reporte une fraction de seconde mon regard dans le tien je comprends que c'est toi. Que c'est toi qui souffres. Je plisse les lèvres et me redresse sur mes genoux. J'observe tes pas agités. Tu tournes dans ta maison comme un animal sauvage rendu furieux. Et. Je comprends que. Peut-être. C'était moi le responsable de cette fureur soudaine. Je ne suis pourtant pas désolé car mon nez souffrant justifie mon acte à lui seul. Je ne suis jamais désolé. Jamais assez. Je me sais terrible. Parfois mesquin. Et. Quand je te vois peiné ainsi j'ai ma fierté qui exulte un cri victorieux. Revanchard. Je voudrais sourire, mais quand j'étire trop brusquement ma bouche mon nez souffre.

Tu me lâches alors le plus terrible chapelet d'injures que mes oreilles n'ont jamais entendu. Le pire. Car. Tes mots emberlificotés étrangement dans des phrases saugrenues me frappent avec violence et je ressens d'ici toute ta véhémence. Le sens m'échappe pourtant. Je me demande même si je n'ai pas cogné ma tête un peu trop fort. Si. Ton front n'avait pas par la même occasion endommagé certaines connections de mon esprit. Je plisse les yeux. Je ne fais aucun commentaire. J'ai tellement à dire. À demander. Je reste abasourdi. Groggy. Tes pas t'emmènent. Désordonnés comme tes mots. Je devine tes maux. Chacune des doléances cachées dans tes iris saphirs furibondes. Mais plus je repense à ta tirade plus je sens palpiter douloureusement mon front. Je suis trop enclin à la migraine pour essayer de décortiquer ce charabia. Je me contente de saisir que. Probablement. Tu m'avais insulté avec ce qui se dit de pire. Et que. Peut-être j'avais compris quelque chose d'important à ton sujet. Simplement. J'étais incapable de fonctionner correctement. Je ressasserai plus tard.

Tu t'exclames de nouveau pour me prévenir que je n'avais pas touché le tendon. Je pince les lèvres et je hoche la tete. Bien sûr que je n'avais pas touché le tendon. Je n'avais pas voulu le faire. Cependant. J'ouvre les yeux plus grands. Les nuances paniquées de ta voix m'arrachent quelques réflexions toutes aussi saugrenues que tes mots précédemment jeté. Vraiment saugrenue, car je me dis que. Je pense même que. Je trouve cela terriblement. Attendrissant.

Et. Je tousse, en avalant ma salive tandis que tu t'amuses à retirer la lame devant ton miroir en gémissements de douleur. Je me dis que ce n'est certes pas le moment d'en faire la remarque. D'être moqueur. Ou. Bon sang. De trouver de l'attendrissement dans tes fureurs. J'imputais l'ensemble de mes pensées incohérentes à l'étourdissement passager de ma tête. Et. Ces clémences me font plisser les lèvres et tendent plus encore mes traits. Si même ma pensée me trahissait dans mes véhémences!

Je récupère la lame que tu me lances et l'essuie dans les draps blancs. Je n'ai pas besoin de lever l'iris vers ton visage pour comprendre que tu était toujours furieux. Et. Je pense que la mienne commence à s'étouffer quand je range la seconde lame dans l'étui. Surtout quand j'estimais que, pour le moment, l'acier avait suffisamment parlé.

Et. Alors que j'effectue tous ces gestes je t'entends revenir sur tes pas. Vers le lit. Je me demande un instant si tu es motivé par un désir vengeur. Si. Quand je relèverai l'oeil c'est ton poing qui sollicitera de nouveau ma peine et ma souffrance. Au lieu de cela je reçois quelque chose de plus froid. Mais pourtant plus chaleureux sur les cuisses. Et je me sens frappé. D'incompréhension. J'attrape les glaçons entre mes doigts, une certaine surprise fichée sur mon visage ensanglanté. Je regarde le sac et te regarde. Je le regarde et te regarde. Encore. Est-ce comme cela que l'on traitait quelqu'un qui venait de vous poignarder? Que tu te comportais avec ceux que tu voulais tuer? J'expire ma surprise dans un souffle. Et appose le torchon sur mon nez. Je te fixe. Toujours aussi incrédule. Et je me demande ce qui peut bien te traverser l'esprit à cet instant. Moi. J'ai encore de la brume plein la tête et la pupille. Je n'ai toujours pas esquissé le moindre geste. Je reste stupidement rivé sur toi. Car je ne sais plus ce que je peux faire. Ou du moins ce que je veux. Je n'arrive pas à comprendre.

Surtout lorsque tu te presses sur le rebord du lit. À genoux. Et que tu m'offres avec résignation ta langue. Je dois te regarder bêtement. Encore. Et si mes lèvres n'étaient pas fermement pressées l'une contre l'autre je devine qu'elles se seraient également écarquillées. Comme mon oeil. J'inspire douloureusement et je tends une main vers ton visage. J'y appose un index souillé. Sur ta mâchoire. L'autre main ancrée sur la dague. Et la marque rouge que je t'imprime sur la peau me frappe. Avec force.

- Je n'en veux pas.

Je ramène ma main vers mon torse et je presse mes phalanges. Je les fait blanchir alors que mon regard tombe finalement sur ta main. Sur ton épaule. J'évite soigneusement tes yeux que je devine fixés durement sur mon visage. J'intègre le sens de la phrase que je t'ai jeté. Je ne veux pas de ta langue. Je ne veux plus tes souffrances. Je jette sur le sol la dague esseulée et m'écarte du lit avec hâte. Sans desserrer les dents.

Je repense à mes fureurs. À mes maux douloureux. Je repense aux reproches. Aux coups de sang. Je repense au bien fondé de mes caprices. Des tiens. Et je soupire. Pire. Je grogne un juron. Je me mets à chercher furieusement dans les meubles. Je roule sur ma langue mes colères et mes indignations. J'ouvre les placards. Les tiroirs. Je passe tout au peigne fin. Je ne t'accordes aucunes explications. Car je ne suis même pas certain de mes actions. Mes pas semblent bien décidé à parcourir ton appartement férocement. Mes mains elles fouillent sans aucune délicatesse. Et mon oeil scrute intensément.

Je finis par tomber sur une bourse. Je tends la paume et y fait tomber le contenu. Je compte les pièces rapidement. Il n'y a pas assez. Je soupire tout en les glissant dans ma poche. Il n'y a jamais assez de toute façon. Je vais dans la salle de bain. J'ouvre le robinet pour laver avec attention mes mains poisseuses. Je frotte avec acharnement jusqu'à ce que l'eau soit claire. Pendant ce temps je ramasse les lambeaux de ma raison. Vainement. Car je me sens toujours étourdi. Mais l'eau me force à reprendre un peu ce que j'avais laissé sur les draps écarlates. Je sais que je ne suis toujours pas disposé à oublier mes reproches. L'indignation je la tire principalement de ma naissance qui n'est pas clémente quand il s'agit de faire pleurer les mauvais acheteurs et les marchandises récalcitrantes. Mais je sais aussi que je ne veux pas ta langue. Ni ton sang. Je ne sais pas vraiment d'où ce caprice peut bien venir. J'essuie mes mains et je vais vers l'armoire où j'avais aperçu ton linge propre. Je prends deux chemises que je vais déposer sur la table. J'avais presque oublié. Presque oublié que dès qu'il s'agissait de toi tout devenait compliqué. Incroyablement compliqué. Je soupire, lassé.

- Après cela. Après cela. Je vais aller boire. Te laisser des millions d'ardoises pleines qu'il te faudra acquitter.

Je dis cela tout en enlevant mon haut poisseux. Je le laisse tomber sur le sol dans un geste toujours furieux, mais las. J'enfile une des chemises, trop grandes. Évidemment. Mais nous n'avons pas la même carrure. Je retourne dans la salle de bain pour chercher des compresses. Du désinfectant. Des bandages. Quelque chose. Peu importe. Je fouille rageur.
- Je saccagerai ta maison... Où est-ce que tu ca- Je trouve des compresses. De quoi panser. Mais rien pour désinfecter. Je ramène mes trouvailles sur la table et je retourne fouiller, dans la cuisine cette fois.
- Et. Si. Je suis toujours d'humeur vengeresse j'irai faire un carnage monstre dans ta.. Je claque la porte du placard.- Boutique. Je remplis le récipient d'eau claire et je le ramène sur la table. -Enlève ta chemise. Je vais regarder. Je sais qu' il faut que je dise autre chose. Mais. Je ne l'ai jamais exprimé. Et les mots se coincent péniblement sur le bord de mes lèvres. La pointe. De ma langue. Dans le gosier. Je fais claquer ma langue contre mon palais, agacé et je finis par déclarer. - Je me suis... Emporté. Je ne suis jamais désolé. - Je ne veux plus m'emporter sur toi. Je serre les dents tout en fixant sévèrement les objets que j'avais collecté. - Je suis toujours furieux. Vraiment furieux. Et je m'accroche aux rebords de la table, sans jamais me tourner dans ta direction. - Ne sois pas aussi conciliant avec les personnes que tu désir tuer Sucre. C'est imprudent. Et cela m'arrache trop sûrement de compassion. Et de pensées tendre. - C'est déloyal. Dis-je pour compléter mes complaintes. Je scelle mes lèvres. Je n'ai plus rien à dire.


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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaJeu 26 Fév - 0:26

C'est bon, il va enfin prendre ma langue.
Il va la couper, plonger ses phalanges entre mes lèvres et ce ne sera pas, cette fois, pour que je les lui lèche. C'est dommage mais j'ai hâte, impassible, l’œil échiné remonté vers le sien et j'attends seulement qu'il me laisse me retirer.

Je l'imagine partir, le muscle spongieux et coulant entre ses doigts, claquer la porte derrière ses chevilles sans bottes. Moi, je ne pourrais plus parler, et je devine que j'aurai dans la bouche une douleur plus gargantuesque que celle qui me vrille actuellement l'épaule et qu'il faudra prendre garde à ce que je ne vomisse pas du sang partout.
Putain, il y a du sang dans tout l'appartement et je vais perdre ma langue.
Ce n'est pas grave, après tout, je n'aurais plus qu'à me jeter du haut d'un précipice pour rameuter les dislocation de mon corps.

Il lève sa main et vient caresser mon visage avec son doigt sale. Je voudrais que ma peau ne frémisse pas mais elle tremble, et de crainte, et de plaisir. J'accepte, dévoué, encore une caresse que j'aurais aimé plus complète et plus chaude. Mes paupières se ferment un instant en se couvrant de mille petits plis d'appréhension.
J'espère que je ne vais pas avoir trop mal.
Quand je rouvre mes yeux, il a la main sur la dague à la longue et large lame. Je n'aime pas la douleur, je suis douillet, je râle et je peste, je tourne de l’œil quand je perds trop de sang, et déjà que je sens ma tête tituber, je me dis que je ne suis pas prêt.

Je vais avoir si mal. L'anxiété me fait clore mes yeux encore, jusqu'à ce qu'ils se rouvrent brutalement, incrédules.

― Je n'en veux pas.
― Quoi ?

Je crois bien que cet homme prend trop de plaisir à pianoter sur mes nerfs et j'ai crains, qu'un jour, ils ne lui claquent définitivement à la face. J'empêche ma mâchoire de s'entrouvrir, encore plus stupéfaite – il pourrait encore me duper et, dans une énième bourrasque, planter sa dague en plein centre de ma dentition – mais je le couve d'un regard qui se brouille avec l’imbécillité.

Je crois, aussi, que je suis un peu vexé.
C'est mon orgueil soumis, ficelé, livré à ses doigts cruels qui vient d'être rejeté alors que ça m'a coûté de cogner mes rotules contre mon parquet clair.

Je lui ai déjà dit, une fois, deux fois peut-être, mais je le pense encore ; un jour, je vais t'étrangler Bermuda, et j'espère que ses soupirs te poudreront les joues d'un rouge tendre.

Sous mes yeux de mer abasourdie, Bermuda se redresse d'un coup sec et sa brusque escapade frappe ma nuque et d’indifférence, et d'indignation. J'entends la lame cliqueter sur le sol de bois dans sa dégringolade et, cherchant vainement à capter ses deux yeux fuyants – si bleus, et perlés d'hémoglobine aux cils et aux sourcils – je le poursuis en tournant ma tête.

Quand il commence à élancer ses bras et ses mains avides, dévoreuses, cupides dans mes placards – peu remplis – toutes les sinuosités de mes traits s’aplatissent pour s’atterrer.
J'ignore ce que j'attendais, mais probablement pas ça. Je détourne ma nuque pour revenir vers les dunes du lit lorsqu'il commence à faire grêler mon argent – maigre, lui aussi – dans sa paume.

Là encore, je veux me retirer.
De partout, je souhaite me retirer – de notre bataille, de son rapt, de son agilité, de ses désirs cleptomanes. Je prend la décision de le laisser s'emparer de ce qu'il souhaite puisque ce n'est pas parce qu'il n'est pas tout en velours, en dorures et en tricorne que les trésors de l'émoustillent pas.

Je gémis, grogne un peu, morne. Ma main, toujours plaquée sur mon épaule, est poisseuse et gluante d'un sang bien foncé. Je trouve que celui de Bermuda a plus d'élégance, mais c'est peut-être le sucre qui étrique mes veines ou alors, les embruns marins qui revigorent ses vaisseaux, je l'ignore. Péniblement, je me redresse et avec toutes les précautions délicates qui me sont ordinairement inconnues, jette le chiffon imbibé au sol et je m'allonge sur mon lit linceul. Le dos dans les draps éventrés, griffés, souillés et encore mouillés de nos escarmouches, j'observe avec une nonchalance apathique les spots éteints qui forent le plafond.

Dans l'appartement, son tumulte guerrier résonne comme une berceuse. Les yeux clos, un frimas maussade lisse mon visage, alors que j'écoute l'eau battre un bruit blanc dans la salle de bain. J'imagine un autre temps, un autre moment où il n'y aurait ni sang sur ses mains, son nez ou mon bras, où il passerait une rasade d'eau sur son menton glabre et où j'écouterai les murmures du quotidien avec un plaisir diffus.

Puis il sort, et quand il m'adresse (enfin) la parole dans son humble miséricorde, je soulève une paupière à peine concernée et j'ignore l'âpreté de ses sommations.

Je n'ai de soupirs que pour son corps qu'il dévêt et son dos nu qu'il expose et, soudain, ses narines gonflées et les protestations souffreteuses de mon corps sont étouffées par le mysticisme qui trouble mes lèvres.
J'ai un petit sursaut, et quand je le découvre, raidissant ma nuque pour mieux le voir à la lumière fade d'un luminaire, engoncé dans une de mes chemises, mon visage s'écorne d'un sourire particulièrement ravi.

Un sourire idiot que je fais partir aussitôt, puisque j'ai mal et je souffre, que je lui ai pété le nez et qu'il m'a défoncé l'épaule, quand même. Il ne faudrait pas oublier que nous sommes tous les deux furieux, et moi peut-être un peu plus lassé que furieux.

Je reporte mon indifférence sur le plafond et je sens, cette fois, que les palpitations de ma plaie truffent ma conscience d'indolence. Je ne suis pas très fort, comme homme, aussi noble que résistant, aussi courageux que sincère, et d'avoir tout ce sang collé partout, ça me débecte.
Mon front est un peu lourd. Je me concentre encore sur le rythme de ses déambulations et sur les mille menaces dont il tapisse les murs sans jamais savoir ce qu'il fait.

Là encore, je souris ; je me dis que Bermuda aura toujours beaucoup de menaces pour l'homme malhonnête que je suis.

J'entends ses talons pilonner le parquet en le faisant grincer là où les planches sont mal goupillées, les placards s'ouvrir, dénudés, s'offrir, les tiroirs couiner et puis soudain tout s'arrête.

― Enlève ta chemise. Je vais regarder.

Je me pétrifie instantanément et je ne suis plus du tout somnolent.
Hors de question.

― Absolument.

Je mords sévèrement la langue pour flageller ma bêtise et aussitôt, mon corps de hisse sur mes coudes pour saisir l'ampleur de la situation. Je le vois alors, debout – dans ma chemise qui enroule des ondes autour de sa finesse – avec devant ses yeux un attirail qui blanchit instantanément mes joues. Je m’apprête à murmurer une salve de protestations brûlantes de peur lorsqu'il fend encore mes côtes, mais cette fois, avec beaucoup de douceur.

Il me dit quelques paroles, m’interdisant ses regards, et je le suis aussi, figé, saisit dans ses aveux, un peu de scepticisme froncent mes sourcils mais très vite, j'abandonne mes doutes et même toute la fureur de mes muscles.
Je me laisse tomber à nouveau sur le matelas, la résignation suintant dans le soupir qui gonfle mes poumons.

Moi non plus, je ne lui fais pas face, quand je murmure à bout de tout :

― Mais qu'es-tu, Bermuda, qu'es-tu.

Je n'ai jamais si peu compris et je n'ai jamais été tant déboussolé dans le même temps. Je me perds entre mes sursauts de colère, la meurtrissure de ma blessure qui hurle ses élancements, la lourdeur du sommeil, le désir de son dos, la candeur de ses menaces et la pudeur de ses justifications.
Je laisse un silence.

J'ignore s'il me voit mais ma bouche, maintenant, n'est plus qu'un sourire timidement provoquant ; j'imagine qu'il y a des courbes bien immortelles.

― Il semblerait bien que je ne sois pas très doué pour tuer des gens, je ris dans une faible amertume.

Ou peut-être est-ce parce que je n'en ai jamais eu le désir.

― Et tu devrais savoir que je ne suis pas loyal.

J'essaie de me replacer un peu, d'appuyer ma tête contre le mur froid pour mieux le voir mais ça ne me tire qu'un râle grogné. J'abandonne ; j'axe mon visage vers la fuite du sien et j'attends un peu, avant de dire d'une voix aussi lointaine que les vents de Canaan.

― Là-bas, je -

Impossible, mon tribut m'enserre. J'essaie une autre formulation, détourne le regard.

― Quand j'étais à Canaan, je pensais que -
― C'est quand j'ai -
― Je crois que j'étais -

A chaque fois que je dois dire la vérité, où que mes paroles trempent dans la confession, j'ai toujours ce picotement citronné sur la pointe de la langue qui me prévient qu'elle est prête à se dérober sous ma volonté. Le long de mon corps, je serre mon poing droit et la frustration me fait grimacer.
Je pousse un soupir et désabusé, je fais bouger subrepticement les doigts de mon bras tailladé.

― Je ne sais pas pourquoi je suis parti. C'est comme ça, j'imagine ? Laissons tomber, hein.

Un sourire qui balaie le malaise et j'épice mon regard d'un éclat de défi et de rire.

― Et si tu veux que je retire ma chemise, j'ai bien peur que tu doives le faire toi-même.

Mais mon insolence s'atrophie très vite lorsque je jette de but en blanc en détournant mes yeux ternes, atone et trop sincère la demande suivante avec la fulgurance silencieuse d'une comète :

― Bermuda, tu veux bien me prendre dans tes bras ?






HRP • PARDON C'est genre ultra confus en plus je retranscris maladroitement ce qu'il se passe dans sa tête mais voilà ;;.
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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaJeu 26 Fév - 19:18

Je sais que cette dernière remarque est aussi valable pour moi. Je ne devrais pas être si conciliant avec les personnes que je souhaite... Blesser. Amocher. En y réfléchissant c'est sans doute la première fois. Je sais qu'il y a quelques nuits de cela je ne désirais que le sang et la fureur. Je sais aussi que, en venant ici j'avais le désir de te faire payer tes outrages. Ta fuite. Je voulais te couper la langue. J'ai eu l'envie de t'étrangler. J'ai été encore plus furieux quand, tu m'avais cogné le nez. Quand tu as saisi la dague. Quand tu m'as avoué que tu voulais me tuer. Vraiment. Je sais que j'ai été furieux. Que je le suis toujours.

Je dois avouer posséder quelques lacunes. Il y a des choses que je ne comprends pas. Des émotions inconnues qui palpitent dans mes veines. Alors je me raccroche aux choses que je sais. À celles que je connais. Je ne m'attarde pas sur ce que je ne comprends pas car je sais que j'y reviendrai dans mes nuits d'insomnies. Que je finirai par combler mon ignorance plus tard. Et. Si je sais toute cette fureur je sais aussi que je ne veux plus ton sang. Ta chair. Ta colère. Je n'en veux plus. Ou du moins. Pas dans l'immédiat. Et. Je ne comprends pas. Pourquoi. Ou. Je devine que cela a un rapport direct avec ton existence. Je sais que... Si tu n'avais pas été toi rien n'aurait été pareil. Je sais que si tu n'avais pas été toi j'aurais sectionné ta langue. Et. Je n'aurai pas hésité à sectionner ta jugulaire, au lieu de me perdre dans ton épaule et d'enlacer ton dos. Je sais que si cela n'avais pas été toi, pour toi, je n'aurais jamais eu l'idée de le faire. Avec qui que ce soit. Mais la mer de tes yeux me ramène toujours à tes baisers. Et m'inspirent trop de tendresse.

Je sais que j'ai eu l'arrogance de penser que, après ces ballades et ces extases jamais tu n'aurais eu l'idée de t'échapper. Et pourtant je connais la trahison. Le caractère changeant des hommes. J'ignore pourtant d'où je tire mes certitudes et mes arrogances. Un corps est un corps. Un baiser est un baiser. Peu importe qui l'offre et qui en dispose. J'ignore d'où proviennent certaines fureurs. Et surtout cette clémence qui ne m'est pas familière. Et toutes ces choses m'agacent. Me mettent les nerfs en pelotes. Et je sais que toutes mes passions sont trop intenses quand tu entres dans l'équation. Alors je m'accroche plus fort à la table. Je fais craquer le bois. Je fais craquer mes phalanges. Et je soupire. Non. Je grogne ma contrariété. Je relève la tête et j'attrape la bouteille de bière. Je la termine d'un trait. Et la repose sur la table, en grimaçant.

- C'est vraiment. Infâme.

Je récupère le récipient et je viens l'apporter vers le lit. Je le dépose sur la table de nuit. Je reviens vers la table résolument fixé dessus. Je sais que je ne suis pas capable d'accrocher ton regard pour le moment. Et quand ta voix résonne de nouveau je ne peux m'empêcher d'être attentif. Effectivement. Tu n'étais pas très doué pour tuer des gens. Et. Effectivement. J'aurai dû me douter que tu tenterais de me duper. J'ai pensé mille fois à tes trahisons depuis la cale jusqu'aux enchères de Canaan. Je n'ai pas envie de revenir sur mes arrogances et mes erreurs car cela ravive mes peines et mes colères. J'attrape sans délicatesse les compresses et le bandages.

- Je pensais que ta signature et la mienne avait juste plus de valeur que cela.
Dis-je sur un ton vaincu. J'étouffe quelques autres remarques acides, car je sais qu'elles sont nombreuses. Trop nombreuses et encore trop indignées pour que je les sortes maintenant. Je reviens sur mes pas et dépose sur le lit tout ce que j'avais péniblement réuni. Et puis je reviens une nouvelle fois sur mes pas. Pour aller dans la cuisine et récupérer un torchon propre. Pendant ce temps tu décides de reparler tout de même de Canaan. Tu me donnes l'impression que tu souhaites expliquer ta conduite. Je sais que je ne suis pas d'humeur à entendre tes explications. Et quand. Par quatre fois tu t'arrêtes, en plein milieu de tes justifications cela m'arrache quelques soupirs de nouveau agacé.

- Inutile d'y revenir.

Je reviens sur mes pas une dernière fois. Cette fois je dépose le torchon dans l'eau. Je m'installe prudemment sur le lit et je tends les bras vers ta chemise pour commencer à la détacher, comme suggéré quelques secondes plus tôt. Et. Alors que je remonte vers le haut, tu me livres une supplique. Je relève la tête, d'un coup et je croise de nouveau ton regard que j'avais soigneusement évité jusqu'à présent.

- Pou- Je m'arrête, parce que je connaissais la réponse à cette question. Parce que tu en avais envie. Je relâche ta chemise ensanglantée pour déposer mes mains sur le lit en soupirant. J'essayais de lire dans tes yeux. De trouver une quelconque supercherie. Ce que j'y trouvais semblait sincère. Pourtant. Cela motive ma décision. Je jette sur le sol ma seconde lame, par précaution et grimpais sur le lit pour m'agenouiller entre tes cuisses. Et. Les lèvres pincées et les bras croisé je dis.

- Ne me donne plus de coup de tête, d'accord?

Et je tends de nouveau les bras pour t'enserrer dans les miens, la joue déposée contre ton épaule valide. Je te sers fort, les bras passé autour de ta taille ou un peu plus haut pour ne pas froisser tes souffrances.
- Je n'enlace pas ceux qui essaient de me défigurer. Je reste accroché, et je soupire encore. -Ne demande pas d'étreinte à ceux qui s'amusent à te planter des couteaux dans l'épaule. J'enroule mes phalanges dans le coton. - Je n'arrive pas à comprendre. Ce qui te passe dans la tête. Encore moins dans la mienne. Je me détache et j'enroule mes manches jusqu'à mes coudes et je continue de détacher les boutons de ta chemises. - Ne me cogne pas le nez si c'est pour me donner une poche de glace par la suite. Je ne devrais pas te blesser si c'est pour te soigner après. Arrivé en haut j'écarte les pans et fait glisser tes manches. - Rien de ce qu'on fait n'a de sens. Et. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Je jette la chemise sale sur le sol et je tends la main pour récupérer le chiffon humide que je tords avec mes deux mains. J'entreprends de nettoyer les contours de la plaie. Et je soupire fortement. - Si tu racontes cela à qui que ce soit. Je t'assures. La prochaine fois. Et je sais pas trop ce que je vais faire mais je sais que je le ferai et que cela sera fort déplaisant. Je me penche en avant pour examiner la plaie. - Mh. Je ne pense pas avoir touché le tendon... Quoi que. Essaie de bouger, pour voir ? Et j'esquisse un sourire quand je dis cela, car j'imagine ton visage inquiet et les éclats paniqués de ta voix. J'ai bien envie de les réentendre. De te faire peur pourquoi pas? Je me sais suffisamment mesquin pour prétendre le contraire et t'assurer que, à moins d'une mort imminente tu n'en retrouveras plus jamais l'usage.


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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaVen 27 Fév - 2:16

Mon tribut me dégoûte ; d'autres fois, il m'humilie.
J'ai beau m'évertuer à essayer de fouiller dans ma bouche toutes les façons de formuler la vérité brute de mes pensées, je me cogne à un échec permanent. Sa remarque corrosive fini de m'achever. Je crois même que j'ai une rougeur, chaude, brûlante comme la honte qui me grimpe jusqu'aux joues lorsqu'il avorte mes tentatives d'aveux.

C'était, après tout, très maladroit de ma part. Je n'étais pas en position de pouvoir me justifier, je n'en avait ni l'honneur, ni la tessiture méritante. Pourtant, je prends ses mots comme des gifles. Si ses mains blanches m'avaient foudroyé le visage, je crois que j'aurais plus apprécié.
J'aurais au moins pu sentir la douceur candide de sa peau.

Mes efforts sont inutiles et j'ignore aussi pourquoi je me presse autant à vouloir les accomplir ; pourquoi je cherche, avide, à justifier mon départ alors que même pour mon extraordinaire perspicacité, les raisons lui sont inconnues. J'étais erratique, confus, amer et lourd. Je me rappelle la sensation qui allongeait tout son poids à ce moment là et l'impulsion soudaine qui avait vrillé mes nerfs.
Il ne m'avait suffit que d'une ridicule et infinie petite pensée ; et si je partais ? J'avais toujours été très mauvais dans les jeux de tentation.
Et l'un de mes préférés était de savoir si Bermuda allait finir par me rattraper.

J'impute mon incohérence et mon absurdité et à l'entaille qu'il a fiché dans mon bras et à sa présence qui corrobore mon acuité de trouble. Je ne vois pas d'autres raisons à la brusquerie de mes gestes, à l'oscillation de ma bouche qui alterne les sourires, les grimaces, les gémissements, la provocation et le besoin.
Ce mot là, s'il venait à être prononcé, serait plus coupant que ses dagues.

Après qu'il ait ramené sur la couverture un bric-à-brac hétéroclite auquel je n'ose même pas jeter un œil effrayé, il examine mon impromptue demande avec la suspicion louvoyant entre ses yeux verts scrutateurs.

Je n'en attends pas grand chose ; j'ignore même, comme à Canaan, comme sur le navire, comme ces fois où je me suis penché vers lui pour l'embrasser, pourquoi cette requête à franchi mes lèvres.
Tout ce que je sais encore c'est que, quand il marine dans le silence, j'ai terriblement envie qu'il m'enlace. Et j'en ai plus envie encore lorsque j'entends, dans un soulagement crépitant, son arme tomber au sol et je me pétrifie d'envie lorsqu'il vient se faufiler entre mes jambes.

Je dois avoir, sur mon visage, l'ai abasourdi et dégoûtant d'un homme avide d'affection.
Et quand il croise ses bras sur sa poitrine et me jette un ultime avertissement, je sais que je dois répliquer quelque chose. Je pourrais dire que je ne lui promets rien pour le coup de tête, ou qu'il a des airs adolescents avec sa posture défensive, ou alors je pourrais juste trouver un sourire goguenard à rétorquer, mais j'en suis incapable, tout immobile à demi-redressé contre le mur.

Je me laisse juste étreindre, et cette étreinte me subjugue. Bermuda me prends dans ses bras.
C'est un peu angoissant à penser, mais lorsqu'il se love comme ça contre moi, que son nez fourrage dans mon épaule et que ses doigts retiennent ma chemise, je ne crois plus être capable de ressentir de la douleur.
Je n'ai plus, sur mon corps, que la tiédeur du sien qui m'envahit jusqu'à ma poitrine.

Durant toute la durée de l'étreinte, j'ai envie de la lui rendre. J'ai envie de soulever mes bras – mon bras, puisque l'un deux est hors-service – et de le passer dans son dos. Je veux l'appuyer plus fort contre mes côtes et j'ai envie de lui demander, aussi, de rester comme ça un peu plus longtemps.
Lâche, je me contente juste de nicher à mon tour mon nez dans son épaule. Doucement, je respire sa fragrance qui étiole mon ventre et tous mes muscles se détendent, même ceux qui ont été déchirés par son attaque.

Je sens mon cœur ralentir. Il y a tant de vérité dans les sermons qu'il murmure.
J'aurais presque envie d'arracher à mon visage un sourire jaune, mais je suis trop paisible pour vouloir briser cette quiétude.
Combien de fois le ferai-je soupirer ?

Et alors que, dans un élan un peu impétueux, je me décide à l'enlacer à mon tour et que je lève mon bras droit pour venir chatouiller sa nuque, il s'écarte de ma poitrine.
Ça n'a aucune violence, mais j'ai l'impression que cette rupture à le même bruit qu'une étoffe déchirée. Une bourrasque fraîche s’immisce sur ma peau. Je laisse tomber mon bras.

Je me contente d'écouter ses paroles sans jamais, à un seul instant, ne serait-ce que le temps d'un soupir, détourner mon regard du sien. Je discerne tellement d'aisance dans la manière dont il s'exprime et dans la façon qu'il étale, fait après fait, les folies de nos contradictions que j'en viens à l'envier.
Je me dis, aussi, quand il nous place en égaux, que je ne suis peut-être pas le seul à avoir des impulsions insensées.

Il commence à déboutonner ma chemise pour accompagner ses énumérations. Une nouvelle fois je redécouvre ses doigts, agiles.
Je reste interdit, à la fois à cause de ses paroles qui me poussent à la réflexion, mais aussi à cause de ses touchers qui font palpiter la veine de mon cou. Pourtant, il n'y a pas de quoi, nous avions été plus brûlants comme nous avions été plus tendre. Il y avait, dans ses gestes, une sécheresse d'homme affairée et c'est pour ça que j'ignore pourquoi ses doigts font poindre des tropiques sur ma peau quand il l'effleure.

C'est un peu ridicule, là, tout de suite, mais j'ai l'impression que je me sens un peu vivant. Je lâche alors, soudainement revigoré, le timbre doux :

― Est-ce de la stupidité, ce que nous faisons, Bermuda ? Ou alors, des caprices, ou peut-être, de la lâcheté, je -

Mais je m’interromps d'un coup lorsqu'il retire de mon corps blessé ma chemise baignée de sang. J'accompagne mon interjection d'un regard noir.

― Aïe.

Pourtant, je continue de me laisser dévêtir et à aucun instant mon corps ne proteste, se contentant de  se l'observer et de l'écouter dans un calme trop sage. Peu à peu, je me sens redevenir authentique – plus aigre-doux. Consciencieux, il ne me laisse aucun répit, malgré mes plaintes douillettes et s'affaire à éclaircir ma plaie. Je plisse les lèvres, serre les dents, ronchonne et étouffe des gémissements couards.

― Si tu racontes cela à qui que ce soit. Je t'assures. La prochaine fois.
― La prochaine fois, quoi ? Tu me coupes la langue pour de bon ?

Le voilà, mon sourire goguenard, qui brille sur mon visage malgré mais quelques halètements.
Mais tout redevient d'un coup sérieux. Mes traits s'affaissent.

― Je ne pense pas avoir touché le tendon... Quoi que.
― Quoique quoi ?
― Essaie de bouger, pour voir ?

J'entame un mouvement de retraite, la peur luisant dans l’œil et, faisant rebondir mon bassin sur le matelas, j'entreprends de me redresser à force de petits a-coups et d'abdominaux. Je place entre nous une distance de sécurité qui relève de la survie, mais ce ne sont que quelques maigres centimètres.

― Je ne vais pas m'amuser à le bouger, ça me fait déjà un mal de chien Bermuda.

Mes mouvements brefs et répétés ne font que relancer la douleur, mais je crois bien que je crains plus ses maux à lui que la souffrance de mon corps. Enfin redressé, je me retiens de rabattre ma main sur mon épaule pour la protéger et lui lance un regard virulent.

― Tu sais que c'est de ta faute, tout ça ? Quelle idée extraordinaire de me planter un couteau dans l'épaule. Tu sais que si tu avais visé le cœur, ça aurait quand même été moins chiant ? Maintenant, je vais faire quoi moi ? Je suis presque sûr que mon tendon est touché.

Pas presque, absolument sûr et certain, un petit peu paranoïaque et adepte de la dramatisation. J'ai toujours une angoisse sourdre qui vrombit dans mes os lorsque mon corps est blessé. Outre la douleur que je ne supporte pas, faiblard, j'ai peur de cette incapacité soudaine.
Je me fais véhément et capricieux. Une moue boudeuse s'étale sur mon visage alors que je ramène, comme fragile, mon bras intact contre ma poitrine nue qui se soulève au rythme de mes inspirations.

― J'ai tellement mal que je pourrais en mourir, je geins.

Puis, je lance à Bermuda un regard plaintif, en comédie grotesque, avant de me reprendre d'un coup très vif. Mes traits se lissent alors que je l'observe, le corsaire flottant dans ma chemise trop grande qui lui fait des ailes d'albatros à la place des bras.
D'un coup, je me penche vers lui et je l'embrasse.

C'est un baiser chaste, juste avec les lèvres, sans exubérance et qui, aussi, prend un petit peu de temps. Je compte peut-être deux, trois secondes avant que je n'écarte lentement mes lèvres des siennes.
J'en garde un goût de fer et de sang.

J'ai un sourire.
Puis je me renfrogne aussitôt.

― Je vais mourir, je ne peux plus du tout utiliser mon bras.

Je peux, mais ça fait un mal de chien.
Je jette mon visage en arrière dans le désespoir le plus absolu et me laisse tomber contre le mur dans mon dos en gémissant de faux sanglots.

― Si il faut, je ne pourrais plus utiliser mon bras, alors que je dois travailler, moi, et que je suis plutôt fauché, moi, dis-je en le provoquant volontairement.

Je lui lance un regard accusateur – c'est vrai, il est bien riche, il pourrait au moins me filer deux ou trois pièces d'or. Évidemment, je sais que ce genre de générosité n'arrivera jamais, ça n'a pas trop l'air d'être son truc, étrangement.
Écumer les bars et les cabarets de l'Eden ne m'avait pas laissé beaucoup de cuivre dans la bourse, mais je n'étais pas sûr que ce soit la conversation idéale à tenir avec ce rapace – beau rapace, tout de même. Je hausse les épaules – une épaule – puis ajoute, pleurnichard.

― Si ça se trouve, je vais devoir me tuer pour que les choses reviennent à la normale, et ça me fait chier.

Mais alors que mes mots franchissent sans peine le rempart de ma bouche, je me tais soudain. Je reporte mes yeux vers lui, des yeux un peu plus grands que d'habitude, interloqués.
Puis je souris. C'est un sourire plein de sens, un peu forcé, un peu grimace et aguicheur.

― Tu voudras me tuer, Bermuda ? Enfin, si tu en es capable.



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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaVen 27 Fév - 16:57

Je me tasse un peu, alors que ta réaction ne tarde pas. J'observe silencieux ta retraite subtile et les éclats de terreur nichés dans le coin de tes lèvres qui s'étirent doucement en protestant.

- Juste le bras Sucre tu n'as pas besoin de t'enfuir à l'autre bout du lit. Et je le dis avec un sourire taquin sur la bouche. Je m'installe tranquillement sur le lit et je ramène mes deux jambes contre mon torse. Les bras noués autour des genoux. Je me fait spectateur car les élans parfois inquiets parfois amusé me fascinent entier. Je pince les deux lèvres à ta nouvelle déclaration et t'offre une moue peinée.
- Mh. Mais je n'ai jamais voulu t'abîmer-ou si peu- si tu ne m'avais pas envoyé ton front sur le nez nous n'en serions pas là. Répliquais-je en papillonnant délicatement. Je passe volontairement sous silence cet instant où j'avais essayé de te tuer. Ce n'était pas important. Et je sais que tu ne manqueras pas de me le signaler dans tes outrages.

Je reste sur mes genoux et je t'observe. Silencieux. J'admire sincèrement les émotions qui se bousculent. Je me surprends même dans un soubresaut de nouveau incohérent à trouver tes manières adorables. Je voudrai rire, et me lancer dans une autre étreinte. Jurer que je ferai attention la prochaine fois. Répéter que je ne m'emporterai plus sur toi. Caresser tes cheveux. Te dire que, demain cela irait mieux. Que je saurais me faire pardonner.

Je fige mes traits et mes pensées. J'ai effleuré d'un battement de coeur un quotidien. Une autre alternative à mes solitudes. J'ai une bouffé d'angoisse pure dans les entrailles. Je me demande jusqu'où pouvaient bien aller ces errances surréalistes et mon désir de lui apporter un éclat réel. Je n'aime pas cela. Je me convaincs que, ces égarements sont le résultat de ton coup frontal impitoyable. Que demain j'aurai tout oublié de ces pensées fébriles. Je scelle mes lèvres et fixe toujours ton visage. Je ne repousse pas toutes ces envies. Je les accueille avec moins de véhémence que sur le bateau. Je me dis que. Tout disparaîtra. Noyé sous ma naissance qui consume tout. Et. Alors que je repense à l'or tu m'apportes du bout des lèvres un nouveau trésor.

Une première seconde pour écarquiller les yeux. Une autre pour rester interdit. Une troisième pour sentir battre mes tempes. Et celles que tu prends pour te replacer en arrière rosissent mes joues. Je me renfrogne quelques autres secondes. Je me dis que. Je devrais protester. Eructer. Dire que je ne veux pas de baiser et que tu n'as aucun droit sur mes lèvres depuis ta trahison soudaine. Et je me dis aussi que je ne devrai pas consentir d'autres étreintes. Je soupire ma passivité et promets que ce sont les dernières tendresses que je t'accordes. Les dernières. Mais tu me fait tellement mentir que je ne peux complètement abandonner mes peurs. Vite que l'aurore vienne chasser les ténèbres car, je ne sais ce que je serai capable de concéder. D'offrir. De regretter avec amertume. Des coups de sangs et des élans passionnés.

Je soupire et j'installe de nouveau quelques centimètres entre nous. Je me raccroche à tes mots mesquins. Tes provocations. Je m'y accroche et je retrouve un peu les miennes. J'écoute en plissant l'oeil. En m'étonnant devant ton regard écarquiller. Je pince les lèvres sur tes faux sanglots pour ne pas rire. Tu me divertis tant et si fort que j'oublie tout. Sauf peut-être les palpitations. De la douleur et de mes tempes. Je réfléchis à ma repartie. À tes provocations. Je laisse le silence s'installer après ta dernière provocation.

Est-ce que je saurai tuer. Je ne peux que répondre par l'affirmative. J'ai déjà assassiné. De l'adolescente agaçante au vieillard obtus. Dans mes coup de colère revanchard j'ai souvent blessé et saisi les dernières palpitations des corps. Sans jamais avoir éprouvé un seul instant quelques regrets. Je crois bien que, ce soir était le premier. Quand. Tu t'es offert sur tes genoux j'ai regretté que ma fureur ai blessé ce corps que j'ai aimé étreindre. Je choisi bien mes mots et je réplique dans un soupire.

- Pauvre petit Sucre. Je ne te savais pas si précieux... Mais, concernant tes difficultés pécuniaires je me vois dans l'obligation de refuser et tu devrais, je pense adresser tes doléances aux femmes et au vin. Ils y seront plus sensibles que moi.

Je me redresse et me réinstalle sur mes genoux. Je me rapproche un peu plus, je réuni ce qu'il y a de plus sérieux en moi et je l'étale sur mon visage. Je tends la main pour la déposer sur le milieu de ton sternum.
- Si tu souhaites que je mette fin à tes souffrances je peux bien porter le coup fatal. Dis-moi juste. Je tapote la peau de ton torse du bout des doigts. - Où veux-tu que je frappe? En plein coeur ? Je déplace ma main pour aller caresser ta jugulaire avec tendresse. Et je redescends pour aller caresser les veines de ton poignet. Je redescends encore pour aller caresser la fémorale de ta cuisse. Il y a mille endroit où je pourrais planter de nouveau ma lame. Je te montre les plus décisifs. - Oh. J'ai une meilleure idée. Je me lève pour aller récupérer une de mes lames et je reviens entre tes cuisses. - Ferme les yeux... Ce sera rapide. J'arme mon bras et. Sans plus de sommation je frappe. Férocement.

Je retire la lame pour la déposer sur le lit. Je contemple l'estafilade rouge que j'ai laissé sur ta joue. Je m'approche en grimaçant. - Mince. J'ai coupé des cheveux au passage. Je m'approche plus encore pour récupérer de la pointe de la langue le sang qui perle sur l'albâtre blanc. - Ne m'en veux pas Sucre, je n'ai pas la main très sûre ce soir. Je dépose un baiser sur ta pommette comme si cela suffisait à tout pardonner. - Du reste. Je n'ai vraiment pas touché le tendon. Dans quelques semaines tout sera rentré dans l'ordre. Allez. Je vais panser ce bras. Ne bouge pas d'accord? Je dispose la lame sur la table de nuit et je rajoute en saisissant une compresse.

- J'égaliserai tes cheveux après.
Et je me dis que, c'est un miracle si tu ne m'as pas encore répudié. Pourtant. J'estimais que, ayant été provoqué ce n'était pas entièrement de ma faute. Je n'étais cependant toujours pas désolé et, pendant que je maintiens la compresse contre la blessure en ignorant tes vaines protestations j'ai l'audace d'ajouter. - Ce nouveau look mettra en valeur tes beaux yeux. Je souris, car cela m'amuse et, je sens toute mes fureurs s'envoler, alors que je commence à bander ton épaule. Vraiment. Que l'aurore vienne chasser la nuit. Car je ne sais pas si je serai capable de survivre sans accorder d'autres clémences, cette nuit.
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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaSam 28 Fév - 4:10

Pour le coup, je l'avoue la mine basse, mais j'ai un peu peur.
Sévèrement, je mords ma langue alors que je sens palpiter sur le bout de mes lèvres l'angoisse de ma culpabilité. Parfois, il m'arrive de me surprendre. Autant j'apprécie lorsque je remarque une fois de plus mon infinie et remarquable perspicacité, autant mes élans imbéciles me flagellent. Je me sens bête et impulsif lorsque je lance au nez d'un homme qui a voulu m'arranger la langue et qui m'a planté une arme dans l'épaule jusqu'à l'os qu'il n'aura pas assez de cran pour me liquider.

Bien sûr, qu'il en aura.
Bien sûr, que Bermuda pourrait me tuer ; il est un pirate, il est avide, il est violent et j'ignore qui de nous deux est le plus imprévisible et le plus fougueux.
Il est un homme qui a été capable de m'étreindre, de me désirer, de me vendre, de me tenter, de me découper et d'éponger mon sang tout à la fois. Je comprends pas pourquoi il ne serait pas un homme capable de me tuer.

Je crois que j'ai envie qu'il ne le soit pas, mais ce n'était pas un désir que j'avouerai à voix haute.

Sur les draps court un silence que sa bouche close impose. Je déglutis, la gorge sèche et humide à la fois, l'appréhension dans le regard craintif que je lui lance. J'ai été brave – téméraire, provocateur, mais je ne suis plus sûr d'assumer ma verve cinglante.
J'ai de la sueur jusque sur la nuque.

Mais son soupir, tracé de sa langue exaspérée dans les replis de l'air chaud de l'appartement, dénoue ma frousse passagère. Il n'a ni grimacé, ni contracté la fine ligne beige de ses sourcils, ni n'a précipité tout son corps vers ses poignards pour me planter sauvagement.
Soit, je ne vais peut-être pas mourir ce soir. Je retiens une expiration soulagée et mes trapèzes redescendent.

Il n'a même pas l'air trop en colère. Je suis un homme chanceux.

― Mais, concernant tes difficultés pécuniaires je me vois dans l'obligation de refuser et tu devrais, je pense adresser tes doléances aux femmes et au vin. Ils y seront plus sensibles que moi.
― Aha, c'est possible, je ris nerveusement en passant une main dans mes cheveux.

Je m'attarde, pendant quelques secondes, les deux yeux marins fuyant à replacer les mèches miel sur mon front. Elles sont humides et collées, salies d'éclaboussures rouge et de transpiration couarde. J'enroule un brin autour de mon index comme je le ferai d'un ruban pour l'empaquetage des guimauves, puis je le laisse tomber sur l'arrête de mon nez avant de me recoiffer, encore.

Je ne m'espère pas encore totalement blanchi et je demeure attentif au moindre tressautement de son corps, au spectre coloré de sa peau pâle, au froissement parchemin qui vient brouiller ses traits. Il bouge ; j'esquisse un très bref et presque imperceptible sursaut quand il se place à nouveau à genoux devant moi, la détermination s'étirant de son front à ses clavicule.

Et quand il tend son bras dans ma direction, je me demande si il va m'étrangler.
Après tout, en prenant en considération les dagues, ce serait plutôt son style – j'imagine mal le corps élancé et juvénile de Bermuda utiliser ses poings et ses phalanges pour me battre à mort.
J'essaie de reculer davantage, contre le mur, mais ses gestes son trop vifs et trop précis.

Je ne peux éviter la paume océanique qu'il vient poser sur mon torse.

J'ai encore un tremblement entre quelques côtes que je tente vainement d'ignorer en me concentrant sur ses propositions plus sucrées et létales que mes confiseries. Je plisse mes lèvres, serre les dents à en avoir les molaires gémissantes, contracte ma mâchoire qui palpite comme un cœur. J'essaie avec difficulté de rassembler les débris de mon sourire sur ma bouche, mais elle n'est plus qu'une fine ligne de peine et de raideur.

J'ignore s'il sait à quel point il est désirable lorsqu'il me touche comme ça.
Je me surprends à penser que la mort doit être particulièrement belle lorsqu'elle est prodiguée par des doigts comme les siens. Pourvoie-t-il de cette même douceur tous les cous qu'il égorge ? Quand il enfonce ses dagues entre les omoplates d'un homme, prend-il le temps d'abaisser un baiser sur sa nuque tremblante ?

Je voudrais que ces caresses ne soient jamais coupantes lorsqu'il les appose sur la chair molle de mes faiblesses.

Mais d'un coup, Bermuda rompt la bruine de mes yeux et les spasmes refoulés de mon visage. Il se lève soudain, balançant à travers la pièce mise à sac la spontanéité d'une idée.
Moi, je me défais, me démets, me détache os après os lorsqu'il récupère son arme, la joie bondissant sur son sourire.

Je deviens très pâle, ferraille, un peu rouillé par la douceur qu'il m'arrache et je proteste en tentant vainement d'entasser tout mon corps meurtri dans le coin du lit.

― Non non non non non, je lâche en litanie, quand il revient se placer sur mes cuisses.

J'aurais pu choisir de le repousser ; je place mes bras au dessus de ma tête comme pour me protéger et j'accède à sa requête.
Je ferme les yeux quand son poing s'abat.

Bon sang, il va me tuer, et le seul regret que j'ai c'est l'amnésie qui va me frapper lorsque je décollerai à nouveau mes paupières.
Je n'aurai plus de lacération à l'épaule, ni de douleur. S'il me troue la poitrine j'aurais, à la limite, le vestige au sternum d'un poids étouffant. Mais je n'aurai plus non plus tous ces souvenirs pénibles : ses chevilles foulant le parquet crème de mon appartement, son corps fluet dans ma chemise vaste comme un champ, son étreinte brusque et tendre, le goût de l'hémoglobine sur ses lèvres, la tendresse désintéressée de ses mains...

Je dois lui dire d'arrêter parce que je n'ai pas envie d'oublier.
J'ai l'impression d'avoir déjà un gouffre dans mon crâne en offrande mortuaire.

― Att -

Puis, c'est fini.

En réalité, il me semble bien que je ne suis pas mort. Quand je rouvre les yeux, Bermuda est toujours là et l'ensemble tempétueux de mes souvenirs ancré à mon crâne. Éberlué, j'ai un souffle bégayant quand je pose mon regard sur toutes les parties de mon corps, m'assurant qu'elles sont toutes entières. Ma main libre palpe mon torse, incrédule, jusqu'à ce que je sente poindre sur ma pommette une petite morsure chaude.

J'écoute à peine ses paroles, trop subjugué par ma survie et il vient amplifier la stupéfaction plus fort sur mes épaules lorsqu'il pose et sa langue, et ses lèvres sur ma nouvelle blessure.

Ce n'est qu'au bout d'un long silence pendant lequel je porte mes doigts à ma joue coupée de rouge que je comprends enfin. Mourir était une chose, mais ça ?

― Tu as fait quoi ?

Aussitôt je fais remonter mes doigts de ma joue à mon crâne et je constate, ébranlé, foudroyé, l'ampleur de la catastrophe. Mes yeux s'écarquillent grand ; ma bouche disparaît quelque par, noyée dans la surprise et l'horreur de mon visage.
Sous la pulpe de mes doigts, à gauche de ma tête, là où devraient se trouver les rubans sablés de mes cheveux, ne gît plus que le vide court d'un trou.

Je pousse mon gémissement le plus indigné.

― Bermuda ! Bermuda qu'est-ce que tu as foutu sérieusement ?!

Paniqué, je passe et repasse mes doigts dans mes cheveux, comme si la caresse perpétuelle et nerveuse de mon coiffage leur rendraient leur longueur initiale et j'essaie en tirant sur les pointes droite d'amener le désastre sous mes yeux.

― Bermuda !

Mais j'ai besoin de toucher du regard l'immensité de la catastrophe. Couinant comme un enfant en peine, les sourcils tombant d'épouvante, je me traîne sur le matelas pour sortir du lit en laissant tomber le linge qu'il appuie sur ma plaie. Je titube jusqu'à la salle de bain, main sur l'épaule, allume la lumière de l'autre et reçoit en pleine face le reflet de ma déchéance.

Mon couinement résonne jusque dans le salon.

― Bermuda ! Je suis défiguré ! Qu'as-tu fait ! Mais nom d'une chienne quelle horreur.

Je décrépis dans toute la splendeur de mon narcissisme.
Quand je reparaîs devant lui, je fulmine, le visage empourpré de colère et l’œil brillant. Il aurait pu me tuer d'un coup de couteau au cœur que je n'aurai pas été tant chamboulé. J'écarte mes bras en signe de stupéfaction.

― Bermuda, est-ce que tu as idée de - ! Mes cheveux je - ! Et mon visage !

C'était peut-être subrepticement exagéré, mais je n'étais pas un homme de demi-mesure.
J'aimais passer ma main dans mes cheveux. J'aimais les rabattre jusque sur ma nuque. J'aimais y sentir la sueur des ébats. J'aimais cette longueur que je conservais depuis que j'avais posé une cheville dans le territoire de la mort.

C'était comme un petit bout d'avant ; j'étais arrivé comme ça, en m'appelant Sucre, avec une veste en cuir, des cigarettes dans la poche et des cheveux longs jusqu'en dessous des oreilles. Je n'avais jamais été différent.

J'ai les poings serrés mais je les relâche, abattu par le désespoir. Ma fureur se drape de noir et je retourne m'échouer sur le lit, à côté de lui, larmoyant et dépité. Malgré la souffrance de mon épaule et de ma chevelure amputée, je m'enroule de mon mieux dans la couverture, les genoux repliés contre ma poitrine, la colonne vertébrale fichée au mur.

Le regard que je lui lance est et triste, et brillant, et dégoulinant de reproches. Je marmonne.

― Si je me tue, ça ne redeviendra même pas comme avant !

Je laisse courir un silence boudeur avant de continuer à m’indigner, plus véhément, en le fixant :

― Et puis, quelques semaines ?! Quelques semaines sans pouvoir utiliser mon bras ? C'est mortellement long ! J'ai une boutique à faire tourner, des trucs à soulever, un bras c'est un peu utile, quand même.

J'ajoute en grognant et ne lui présentant, vexé, que l'ouest coupé de ma joue :

― Et si j'exigeais réparation ?

Je reporte vers lui toute mon attention. Mon bras intact resserre la couverture autour de mes épaule. L'une d'elle est à demi-soignée mais je la coupe de ses doigts. Je poursuis dans un sourire satisfait :

― Oui, voilà, des réparations. Tu vas venir m'aider à la boutique et tu t'occuperas de soulever les choses lourdes pour moi. Et tu fabriqueras des guimauves, aussi. Même si tes goûts en matière de guimauves sont particuliers.

Mais le doute m'assaille, mon visage s'émerveille et je dis, changeant d'humeur comme une bourrasque méditerranéenne :

― Ou alors, je pourrais venir vivre sur ton bateau quelques temps ? Je me demande parfois à quoi ressemble la vie d'un pirate, les transactions, les abordages, la décadence...

Je fabule peut-être un peu trop, mais quand je replante mes yeux sur le sien, j'ai tout le sérieux que l'immortalité confère aux hommes.
J'ai aussi beaucoup d'intérêt enrobé de nonchalance.

― Comment est ta vie sur ton bateau, alors, Bermuda ?





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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaSam 28 Fév - 21:20

Lorsque tu pousses tes cris outrés j'ai grand peine à retenir mon sourire. Je trouve mes provocations impitoyable et je sais que plus jamais tu ne chercheras à savoir si je suis capable de t'ôter la vie. Puisque ma petite démonstration n'avait pas eu d'autres but, sauf peut-être celui de me divertir. Je repense encore à cet instant où j'ai armé mon bras. J'avais vu sur ton visage la terreur. J'avais ressenti jusque dans mes entrailles l'horreur que t'inspirait ma lame. J'avais vu courir sur ton visage livide tant d'émotions. Du regret à la trouille que, je me dis que si un jour je dois mettre fin à ton existence pour un temps, j'enlacerai tendrement tes épaules et je ne te laisserai pas avoir peur. Ce visage est susceptible de faire hésiter ma main je le sais. Un coup moins sûr infligerait plus sûrement des souffrance qu'un coup franc.

Quand. Après le soulagement tu te mets à comprendre que, tu avais perdus quelques mèches. Je ne peux que m'empêcher de rire. Ma main libre contre mes lèvres. Mon estomac a des soubresauts joyeux. Et. Plus tu cris. Plus j'ai dû mal à les retenir. Et. Quand tu t'enfuies dans la salle de bain en faisant des grands pas j'autorise quelques éclats à briser la barrière de mes deux lèvres. C'est étrange. Je comprends pas d'où viennent ces éclats. De ma vie je n'avais jamais eu tant envie de rire.

- Si ta plaie se rouvre je ne serai pas responsable! Dis-je, les bras levés. Je me tasse dans le fond et, je ne peux que subir les nuances catastrophés de ta voix grave qui me parviennent depuis la salle de bain. J'essaie d'inspirer. Et d'expirer. Mais mon ventre continue de se tordre. Je souffre mon hilarité, car lorsque j'écarquille trop les lèvres mes narines blessés souffrent. C'est si étrange. Je me tiens l'estomac. Je veux retenir mes lèvres et mon sérieux... Mais. Quand tu te représentes à moi drapé dans le rouge de tes indignations et de tes colères je n'en peux plus.

J'éclate de rire. Véritablement. Je ne contrôle même plus les soubresauts de mon corps. J'ai la décence de me tourner et de te présenter mon dos. Je m'écroule. Je roule. Je ris trop fort et je souffle des ahah et des aïe quand je le fais trop fort. Et. Je jure que jamais je n'avais eu comportement plus indigne. Jamais. Je ne m'étais tant écroulé de rire. J'ai l'oeil brillant et mon hilarité me semble incontrôlable. Je sais que, tu ne trouves pas cela forcément tordant. Que peut-être tu seras encore plus outré. Et pourtant j'essaie fortement de forcer mon estomac à se contracter, pour donner moins de force à mes éclats. C'est peine perdu. Je roule. Je suis écroulé. Et. Alors que j'entends quelques protestations sur ton bras je tombe du lit après une roulade un peu trop cavalière près du rebord.

Cette chute permet de freiner quelques peu mon hilarité. Mais. Quand je pense à mon état. Je trouve encore plus de matière à rire. Je souffre encore quelques éclats de rire, le bras posé sur mes yeux.

- Tout ceci est complètement ridicule... Que fais-tu de moi Sucre?!

Je décide de rester étendu sur le parquet. Je me dis que, plus jamais je ne réapparaitrais dans ta maison. Tu m'as frappé. Tu m'as fait te blesser. Tu m'as donné de quoi soulager mes peines, même si je ne sais pas du tout où est passée cette fichue poche de glace, et que vraiment j'ai mal au nez et ma crise de rire n'a pas arrangé les choses. Tu m'as fait regretter mes actes et mes pensées vengeresses. Tu m'as demandé une étreinte que j'ai accordé sans plus résister. Tu m'as fait soupirer sur tes paniques infondées. Et. Tu m'as fait rire fort. Si fort que j'en suis tombé. Que je me suis tortillé de manière disgracieuse. J'ai honte. Si honte que mes tempes palpitent en écho à mon coeur. Et je crois bien que je t'ai de nouveau trop concédé. Ce soir.


J'écoute tes propositions. À présent que mes soubresauts sont à peu près calmé. Je tends une oreille attentives à tes revendications. Tes doléances. Tu voulais ... réparation ? N'étais-je pas venu moi même pour cela? Je me redresse en m'agrippant au rebord du lit. Je me hisse, sur mes genoux et j'appuie le haut de mon corps pour te regarder. Avec la peur que je ne m'emporte de nouveau dans un fou rire. Alors je fixe tes jambes. Et j'écoute sérieusement tes propositions. Je plisse les lèvres et maîtrise mes indignations. Mon esprit se remet en marche. Quand il s'agit d'affaire. Je me hisse sur le lit. J'examine ta blessure et soupire.

- Soit. Soit. Tu veux venir sur mon bateau? Et. Que feras-tu? Dormiras-tu avec mon équipage? Supporteras-tu le roulis incessant et douçâtre de la mer? La nourriture sommaire? Les batailles rageuses? Ou. Voudrais-tu que je te traite comme un prince? Que je te laisse mes draps et mon lit? La vie sur mon bateau est solitaire et abrupte. Je suis presque certain qu'au bout d'une journée tu finirais par sauter en mer pour y trouver le salut. Et je dis cela avec assurance . J'ai la certitude que tu n'es pas un homme de la mer. Et. Je sais aussi que, dans mon impatience, je finirai par craquer devant ton inutilité. Je ne souffrirai pas un seul instant de te savoir si près du danger. Je ne sais pas ce que les émerveillements de ta voix t'ont fait imaginer, mais je me dois de les briser. - La première solution me parait déjà un peu plus envisageable. Même si je sais que je ne suis pas le meilleur subordonné qui soit. Je n'aime pas qu'on m'impose ou qu'on m'ordonne car je ne suis pas très docile. Et. Que probablement. Je m'enfuirai avant le terme de notre arrangement. Je ferme les yeux et hoche la tête.

- Je ferai cela. Je viendrais t'aider à la boutique. Mais... Puisque nous en sommes là... Je me fait plus sérieux et j'accorde quelques secondes à ma réflexion. - Moi aussi je demande réparation. Il serait trop facile de penser que j'avais complètement oublié mes colère. Et. Puisque tu y revenais alors... Je commence à énumérer sur mes doigts mes propres doléances. - Tu as volé mon temps. Toute une journée. Dans laquelle tu as jouies de mes bras. De ma patience. Tu t'es enfuis de Canaan sans respecter les termes de notre accord. J'ai dû rembourser intégralement- te rends-tu comptes?- tes acheteurs. Sacrifié deux trois possessions et un peu de ma dignité pour ne pas les perdre... Tu m'as donné des insomnies. Des migraines. J'ai été inquiété et perturbé entier. Et même quand je viens réclamer justement tu ne trouves rien de mieux à faire que de me donner un coup de tête sur le nez. Je me renfrogne car cite toutes ces mésaventures me ramène à ma fureur. Et plus je repense à ce que j'ai perdu, plus ma naissance me murmure que je me suis laissé complètement avoir. Je pose ma main sur mon front désemparé, quand, je me rendais compte de tout ce que j'avais perdu depuis ce fameux jour dans ma cale. - J'ai cédé mon corps pour si peu bon sang. Et à un tel ingrat! Je me lève de nouveau du lit. Je m'éloigne, car je sens de nouveau palpiter mes colères et je me sais trop prompts à utiliser la violence dans ces moment là. Je retourne vers la salle de bain. Le moment semblait bien choisi pour nettoyer et panser mes propres blessures. Plus d'humeur à panser les tiennes. Je regarde mon reflet dans le miroir et étouffe quelques grognement. Et. Je suis certain que je n'ai plus envie de rire du tout. Je trouve du coton et je commence à nettoyer le sang qui commençait à sécher désagréablement sur ma peau. L'arrête de mon nez semblait toujours droite et je doutais que tu m'ai fracturé le nez. Je m'estimais chanceux, en ouvrant le robinet.

- Des millions d'ardoises pleines. Tu m'entends? Dans tous les pubs de la ville. Et je boirai jusqu'à m'écrouler sur la dernière table. Je grogne en haussant la voix suffisamment fort pour couvrir le son du robinet. Et. Je dérangerai entièrement ton appartement avant la fin de la nuit. Juré.
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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaDim 1 Mar - 23:10

Jamais je n'ai jamais été tant irrité par un éclat de rire.
Quoiqu'il ne s'agit pas ici d'un bref morceau de joie, mais plutôt d'une pléiade de moqueries, une constellation de gausserie, un abattement répétitif d'allégresse et de jubilation.

Plus son rire résonne, plus je m'empourpre ; plus je m'empourpre plus ma véhémence se fait  ardente sur mes joues et ma langue ; et plus je proteste, plus il rit.

Je me sens en colère, brouillon et bouillant, les tempes palpitantes et pourtant, j'ai aussi la sensation que je n'arriverai pas à maintenir mon ire capricieuse et enfantine plus longtemps. Il est possible que la raison de ma fureur soit que j'aime son rire plus que je ne le devrai.

J'ai remarqué, au moment où il a fait se soulever ses épaules et que le bonheur de son sourire résonner entre les murs, que c'était la toute première fois que je l'entendais rire comme ça. Je n'aurai pas du – je n'aurai pas du prêter cette attention minutieuse à sa légèreté, je n'aurai pas du en être troublé, je n'aurai pas du en être confondu et ma rancœur n'aurait pas du en être chassée.

Pourtant, je ne suis maintenant plus qu'une fascination muette et stupéfaite pour son rire qui se tord, son visage qui s'éclaire, l'euphorie de son teint et son corps qui dégringole.

Dès qu'il tombe, je ne peux pas me retenir, moi non plus, d'avoir un sourire. Je sais que je ne devrais pas – et c'est peut-être pour ça que je reste agité – mais j'ai eu vraiment trop d'attention pour ce qu'il vient de se passer.
J'ai beaucoup aimé exagérément son rire, et l'on ne devrait pas aimer le rire d'un homme aussi dangereux que Bermuda. Je sais que le tremblement que je ressens comme une pointe dans mon thorax est un signe de désastre.

Je me surprends à m'étonner encore de Bermuda à chacune de nos nouvelles rencontres. Quand nous échangions des gorgées de rhum dans les bars de Libra, je croyais connaître de ce commerçant la cupidité et l'avarice, la filouterie, la manipulation et le charme. J'ai appris, dans sa cale, des subterfuges féminins, des caresses provocatrices et des propositions indécentes. J'ai appris, sur un matelas de paille, qu'il pouvait avoir des brûlures tout le long de son dos et aimer les baisers que je déposais dans son cou. J'ai appris, dans sa cabine luxueuse, la nonchalance de son intransigeance, la couleur de l'encre qu'il appose au bas des contrats, la tendresse qui englobe ses joues lorsqu'il me presse dans ses bras, les gémissements qu'il laisse s'enfuir lorsque je le presse à mon tour. A ce moment là, je pensais enfin tout savoir de lui, mais voilà qu'il m'exhibe sa violence et sa douceur, sa fureur et son attention, sa lame et ses menaces et maintenant, il m'achève par son innocence.

Si je le lui disais, lui-même ne le croirait pas.

Il finit par reparaître du pied du lit en s'y accoudant et il n'a plus sur son visage qu'une nimbe sèche et sérieuse. Son brutal changement d'humeur me désarçonne presque mais je l'écoute, attentif, répondre à ces fabulation qui font sourire mes lèvres et luire mes yeux.

Bien sûr, il démonte ma proposition indolente avec la sécheresse que le tannage du soleil a posé sur sa langue. Petit à petit, au cours des interrogations impitoyables, mon visage se rembrunit.

Sauf lorsqu'il parle de me traiter en prince – alors là, je m'éveille, et j'approuve d'un sourire enchanté :

― La vie de prince me tenterait peut-être, je t'avoue.

Mais secouer ma tête me rappelle le déséquilibre horrifique de ma chevelure et je me renfrogne tout aussi vite, enfonçant mon nez dans mes genoux, regrettant les longueurs du côté droit de mon crâne. Mais Bermuda a le talent de me faire oublier mes chagrins les plus infantiles lorsqu'il avoue :

― La première solution me parait déjà un peu plus envisageable.
― Vraiment ?

Et je commence à m'emballer un peu vite, ravi de ma victoire, amusé de cette nouvelle possibilité d'accord que je n'avais pas réellement espérée. L'image de Bermuda dans un tablier de confiseur, du sucre glace aux phalanges et des amandes jusqu'aux coudes m'arrache un sourire qui se décompose bien vite lorsqu'il reprend la parole.

Il est vrai que c'était faire preuve d'indélicatesse d'exiger réparation alors que j'avais déchiré notre contrat, comme il était assez impoli d'être consterné par mes cheveux alors que je lui avait cogné le nez. Soit, mais quand même.

Son ton se fait plus grave et abyssal et moi, je fais de mon mieux pour conserver un sourire mi-timide, mi-polisson sur la demi lune de mes lèvres. Mais plus ses énumérations s’amoncellent, plus mon sourire s’affadit et se crispe pour ne finir qu'en une mimique grossière et embarrassée.

Sauf à un instant – un de ses mots, qui a tué mon sourire, un de ses aveux qui a fait trembler ma poitrine. Mais je ne dois pas y prendre garde maintenant.
Comment cet homme peut bondir du fou rire à la colère pétrole aussi vivement ? Quand il m'assène ses regrets sur nos ébats, je crois qu'il me vexe un peu.

Mais je ne peux nier, malgré l'amertume qui s'étale dans mes poumons, que je l'ai un peu cherché. Pourquoi ai-je la sensation qu'il m'aurait mille fois plus trahi s'il en avait eu la possibilité ? Et pourquoi cette certitude n'apaise-t-elle pas le remous que provoque ces accusations dans mon ventre . Je crois que j'ai des regrets.


Puis il part et qu'il m'abandonne sur le matelas. je prends ma tête dans ma main, ignore mes mèches raccourcies et peste, peste très fort, avec une grande couleur noire, contre mon imbécillité.
Je suis un con.
Je suis un con, et je n'aurai pas du aimer son rire de cette façon.

Je laisse s'insinuer entre nous un silence, mon front dans ma paume, en écoutant ses plaintes et ses fulminations entrecoupées par le bruit blanc de l'eau. J'attends peut-être une longue minute, qui me paraît infinie comme ma mort, et j'essaie pendant ce temps d'arrêt et de solitude de ramasser tous les morceaux de contrôle qu'il a cassé en moi.
J'ai beaucoup de mal ; j'ai l'hésitation dans les veines, une culpabilité dégoûtante dans la bouche, une colère infâme sur les doigts et, le pire de tout, une douceur obsessionnelle dans la tête. Je me lève à mon tour et lâche un grognement de frustration qui pourrait passer pour une plainte de douleur. Je m'approche de la salle de bain, la cheville lente, les draps laissés dans leur foutoir et j'observe derrière la porte laissée ouverte le va-et-vient de ses mains qui débarbouillent son nez de l'arabesque sanglante.

Puis je m'avance encore, juste derrière lui avec un calme antithétique au branlement de mes émotions. J'essaie de retrouver un peu de ma provocation mais plus je fouille dans mon cynisme, plus il s'échappe. Je fais encore un pas et, sans regarder son image dans le miroir, je me retrouve juste dans son dos.

Je viens, dans un courbe lente, déposer mon front contre sa nuque à la manière d'un enfant en faute.

― Bermuda.

Je souffle son nom et cet air expiré comme une prière délie un nœud pénible et confus dans ma poitrine. J'ai l'impression de ne dire ni mensonge, ni vérité lorsque j'exhale son nom.
C'est un plaisir infini. Je voudrai le redire, encore, mais je me retiens.

Alors, d'une façon aussi délicate que soudaine, je l'enserre d'un seul bras.
J'aurais aimé le prendre dans mes deux bras mais la souffrance de son attaque est toujours présente. Le front contre sa nuque, le nez fourrageant à la naissance de ses cheveux, le souffle rebondissant contre sa peau au parfum de sel, je sers Bermuda dans l'étau de mon bras, juste à hauteur de sa poitrine et par dessus ses bras.
Fermement, pour qu'il ne s'enfuie pas.

Et je remarque, encore, que de toutes ces fois où nous nous sommes battus, il a toujours été le seul à avoir l'audace et le sacrifice de m'étreindre.
C'est maintenant mon tour, et ça m'est si étranger que j'en sens une honte glacée m'embraser les joues. Mais je suis bien, et je ne veux pas rompre le sceau de mon geste.

Faites qu'il ne dise rien.
Faites qu'il ne me repousse pas – je crois que je ne le tolérerai pas.

Je demeure immobile et silencieux, puis j'essaie de dire.

― Je suis -

Mais comme ce genre d'élan ne fonctionne pas avec ma mort, je me coupe la langue de mes dents et prend une grande inspiration. Je fais glisser la pointe de mon nez sur le haut de sa nuque en une caresse désintéressée. Mes yeux son fermés sous la lourdeur de ma concentration.

― Bermuda, et si. Si je me vendais à nouveau à toi ? Je sais que je n'ai pas été franchement très fiable, pour Canaan mais...  Tu pourrais user de quatre autres de mes heures. Huit même, si tu le veux. Et cette fois je ne te demanderai rien en retour, pas un seul jour, pas une seule heure de ton temps. Tu pourras me vendre à qui tu le souhaites, et apposer les clauses que tu désires. Tu pourras voir ça comme un remboursement. Je ne protesterai pas. Je ne m'enfuirai pas.

Je n'ai plus d'air et plus de dignité quand j'ai fini de soupirer cette proposition du bout des lèvres fichées dans sa nuque. J'ai les os qui tremblent, le souffle court, les joues terreuses et la langue pâteuse et de la colère dans les ongles. Je serre davantage l'étau de mon bras et je n'ose pas relever ma tête de peur de croiser son œil topaze dans la vitre salie de calcaire.
Je doute qu'il accepte cette témérité mais je poursuis :

― Ce sera mon dédommagement. Tiendras-tu le tiens en retour ? Viendras-tu m'aider à la confiserie ?

Puis la bouche cachée dans ses cheveux striés d'or et de trésors dérobés aux nantis, je lâche un faible rire amusé :

― Et si tu tiens tant à boire que ça, peut-être pourrions-nous le faire ensemble ?

Que suis-je en train de faire.



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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaLun 2 Mar - 16:33

Je sais compter. J'aime compter d'ailleurs. Je compte les secondes. Je compte mes pièces d'or. Je compte mes possessions et y inscrit tout sur un carnet. Je sais compter. Et quand tu viens souffler mon prénom une vingtième fois. Et que je comprends que j'ai compté inconsciemment. Que je me dis que, je n'ai jamais tant apprécié qu'on souffre mon nom ainsi. Je me dis que je suis perdu. Définitivement. Qu'est-ce qui n'allait pas chez moi? Je laisse retomber ma main sur le lavabo. J'ai un dernier soubresaut, une dernière remarque. Je tourne la tête alors que je sens le bout de ton nez se nicher dans mes cheveux:

- Non je suis enc-

Encore furieux. Mais. Quand tu viens enserrer mon corps contre le tien. Je sais qu'elle n'est plus rien face au tremblement de mes genoux. Et. Si tu ne me serrais pas si fort je serais sans doute tombé. Et d'ailleurs j'ai le réflexe de fermer le robinet et de laisser tomber le coton sur le rebord.

Je sais compter. Et je sais que c'est la première fois que tu m'enlaces ainsi. Je remonte mes mains tremblantes sur ton bras et, je fixe désespérément le lavabo. Car cet élan fait picoter ma peau entière. Palpiter mes tempes. Mon cœur bat trop fort au bord de mes deux lèvres. Je ne sens plus que ton souffle rougir la peau de ma nuque. Et. Quand tu agrippes plus fortement mes épaules, mais que je te sens vaciller j'ai l'envie féroce d'attraper tes bras. Je voudrais encore enlacer ton corps. Mais. Je ne le fais pas. Je ne peux pas. Si je bouge je sais que mes genoux faiblards me lâcheront sans pitié. Alors. Je ne peux qu'aller quérir tes doigts avec les miens. Parce qu'il faut que je te raccroche et que nos tremblements me font rougir d'angoisse et de tendresse. Qu'étais-tu en train de faire? De me faire? Et moi? Je reste bêtement accroché. Empêtré dans trop de douceur. Je m'enlise. Je le sais. Et pourtant. Il n'y avait rien d'écœurant. Même si nous n'étions que faiblesse. Je ne trouvais rien de dégoûtant dans cette étreinte. Je sais compter. Et je sais que je n'oublierai pas. Que je conserverais jalousement cette embrassade dans mon esprit.

Et. Dans ce flottement irréel ta voix me fait frissonner quand elle ricoche sur mon épiderme. Je sais que ma peau se pigmente, comme quand j'ai froid ou que tu me fait frémir trop fort. Je sais que mes joues sont en feu quand. Piteusement tu viens ... Je ne sais pas. J'entends des nuances désolées et peinées dans ta voix. Tu me dis que tu es. Et je ne sais pas ce que tu es parce que tu avales tes derniers mots. - Ne sois pas désolé. Je murmure. Parce que si tu regrettes vraiment je ne serai plus capable de soutenir mes colères. Je n'aime pas pardonner. Je n'aime pas excuser. Je préfère accepter les fureurs. Les mensonges. Les trahisons. La peine. Je ne veux pas être absout. Je ne suis jamais assez désolé. Pour qui que ce soit. Mais ton corps détresse m'arrache compassion, tendresse. J'ai envie de dire. Sincèrement. Que j'ai déjà tout pardonné. Que. Moi aussi je suis désolé pour ton épaule. Je sers plus fort tes doigts. Et. J'attends. Je modères mes impulsions. J'ai la bouche qui s'assèche.

J'écoute attentif. Et. À mesure que tu formules ta proposition j'écarquille de nouveau les yeux. J'imagine en même temps l'accord.  Ce que je pourrais en tirer, car je suis trop prompt à compter l'or en dépit de la sincérité de tes mots. Mais. Mes entrailles se tordent. Et même si je crois ces mots jetés avec  sincérité. Je doute. Je sais que l'un de nous deux trahira l'autre. Lequel. Je ne sais pas. Et. Cela devrait me pousser à refuser net. Je relâches tes doigts. Et. Je remonte mon autre main contre ton bras pour le repousser. Je m'écarte. Sans jamais lever mon regard sur ton reflet.


- À qui? J'ai la gorge trop sèche. Mes lèvres me semblent plus craquelées qu'un vieux parchemin. - À qui penses-tu que je vais pouvoir te vendre après ta fuite? Tu veux me donner quatre heures? Huit ? Et. Qui les achètera? Qu'est-ce qui peut bien te passer par la tête Sucre? Je ne comprends pas les tenants de cet accord. J'ai l'impression qu'il y a des clauses qui nous sont tous deux inconnus. - Je refuse. J'ai l'impression de cracher du sable. -J'accepte. J'ai mal au nez. À la tête. - Je n'aime pas cela. Mais. Je ne peux pas refu-

Je me mords la langue pour ne plus rien laisser passer. Ma naissance me souffle de profiter sans vergogne. Et. Je l'écoute toujours. Sans trop poser de question. Mais. Mes entrailles se tordent toujours d'angoisse et une partie de mon être veut se rebeller. J'ai l'impression que je vais trop perdre si j'accepte.

C'est trop difficile. Je te repousse. Ou je m'enfuis. J'enlève mes chaussures et je rentre dans la cabine de douche que j'actionne. Recroquevillé contre le mur. Je laisse quelques secondes l'eau me marteler la tête. Pour chasser la brume qui m'obscurcie l'esprit. Et. Dans ces quelques secondes je rassemble ce qu'il y a de plus brave. Je trouve le courage de te faire face. J'attrape ton bras pour te ramener avec moi. Contre moi. Je fixe ton torse et je me cramponne à tes poignets. - Je n'aime pas sentir le parfum des femmes sur toi. Soufflais-je comme si cela suffisait à expliquer mes gestes. - Je n'aime pas te vendre à d'autres. Même si je sais que je ne pourrai pas m'en empêcher. Je relâche tes poignets er cette fois je t'enlace. Trop. Décidément. Mais j'ai aussi trop d'angoisse dans l'estomac. - J'ai peur Sucre. Et le ton que j'emploi donne plus de sincérité à mon aveu. - J'ai peur quand tu m'enlaces et que j'aime cela. Quand tu m'embrasses et que j'aime cela. De trouver du trésor dans tes caresses. De compter jalousement et d'aimer quand tu dis mon nom. J'ai compté vingt et je me rappelle chaque fois que tu l'as dit. Je pourrai tout te citer. Sans pour autant comprendre cette attention particulière de mon esprit. Et j'ai peur Sucre. Je pose ma joue contre ton torse. - Quand je me mets à penser que j'aime quand tu te fais douillet et indigné. Que je déteste. Je déteste vraiment. Quand tu dis que tu veux me tuer et que tu me frappes. Quand je regrette tes blessures et quand ma bouche crache du gravier quand j'essaie de te repousser. Je déteste toute la faiblesse que tu m'inspire. Je marque une pause. - J'ai peur de ces élans tendres que j'éprouve. De ne pas savoir si je t'aime ou te déteste. De ce que tu me fait dire. Faire. Éprouver. Et je n'aime pas avoir peur. Et je n'aime pas me sentir en sécurité dans tes bras. Je n'aime pas être faible. Je ne comprends pas ce qui se passe dans ma tête.   Et je le dis avec tout ma colère, l'indignation, l'incompréhension, la terreur et l'incrédulité de mon être.  Toutes ces émotions qui font trembler ma peau comme mes vêtements trempés. - Et. Je sais. Je sais que, l'un de nous trahira l'accord. C'est une certitude. Mais j'accepte quand même. Et je viendrai te trouver si tu t'enfuis encore. Nul besoin de signer quoi que ce soit. Je viendrai à ta boutique. Jusqu'à ce que ma soif d'or m'amène ailleurs. Je viendrai. Et je partirai. C'est sûr. Et. Je retrouve un peu dans nos trahisons à venir plus de contenance. Je n'ai plus la même angoisse sourde. - Et malgré tout. Malgré tout on boira ensemble. Je reviendrai t'offrir du rhum pour te faire oublier tes colères. Parce que la bière c'est infecte. Je repense au goût âcre du houblon sur ma langue. Je grimace et je te fixe avec ce qu'il y a de plus sérieux.  - Vraiment infecte.  Comment peux-tu avoir aussi peu de goût en matière d'alcool? Et. Tu n'es vraiment pas doué pour négocier. Et je repoussais dans un coin de mon esprit toutes mes angoisses. Peu importe le sens de mes aveux. Mon étreinte que je brise pour fixer mes vêtements trempés. Frissonner un peu la tiédeur de l'eau. Le baiser que je suis sur le point de t'offrir à mon tour. Si je pouvais me raccrocher à nos soirées autour d'un verre de rhum à parler de tout. De rien. Alors rien n'avait d'importance. De mes colères à venir et mes étreintes. Rien. Même pas l'inquiétude sourde que tu pourrais tout repousser de mes mots et de mes étreintes. Que tu pourrais me mettre à la porte dans la seconde. Peu m'importe. Je sais que. Un jour. On s'accoudera de nouveau à un bar. - Ne me donne pas de coup de tête. Et je m'appuie sur mes orteils pour embrasser ta bouche. Et. C'est seulement à cet instant que je remarque. Je n'ai plus aucune sécheresse dans le pli de mes lèvres.


HRP ➖ je peux aller crever
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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaMar 3 Mar - 23:44

L'attente s'étire, gigantesque et titanesque.
Pendant cet instant d'arrêt, de silence et d'immobilité, je n'arrive pas à me concentrer sur autre chose que le sifflement de mon sang dans ma tête. Mon bras est gourd et brûlant de l'enserrer avec tant de raideur et lorsqu'il vient fourmiller ses doigts sur les miens, je ne peux m'empêcher d'essayer de les enserrer à mon tour.
Un peu plus et je soupirerai du plaisir dans les brins piquants de ses cheveux miel.

J'ignore la raison de cette tension qui arque mes muscles et qui soumet mon corps. J'ai envie d'enfoncer mes incisives dans ma langue et d'en couper l'extrémité mouillée. J'ai envie de taire les crépitements qui cinglent ma poitrine appuyée contre ses omoplates. J'ai envie de comprendre, aussi, pourquoi j'ai débité ces propositions et accepté à nouveau de vendre un peu de mon corps à cet homme cupide et déloyal. L'indignité me frappe, la honte m'étrangle et la colère rouge que je ressens contre mon absurdité me rend sauvage.

Je repense à son rire, à la fureur qui l'a séché, à son mépris qui s'éloignait et mon idiotie m’assomme.

Dans cette attente suspendue, j'avais eu comme seul désir qu'il ne me repousse pas. C'est ce qu'il fit.

Brusquement, sa main s’immisce dans mon étau et le lacère. Il dégage mon bras comme si le contact l’écœurait. Ses doigts n'enlacent plus les miens et mes doigts n'enlacent plus les siens.
Je me rembrunit. Mon visage se froisse, s'affaisse légèrement sur les extrémités en même temps que la ligne claire de mes sourcils se fronce. La défense m'englobe lorsqu'il me rejette et me renvoie l'ampleur catastrophique de ma stupidité à la tronche.
J'ose afficher de la colère. Ce que je n'ose pas, en revanche, c'est de relever mes yeux fendus d'amertume vers le miroir. Je n'avais pas envie de croiser son œil vert.

Je me sens ridicule.
Je n'aurais pas dû faire ça – j'ai honte et la honte, que je digère mal, me rend furieux. Je ramène, dans un geste anormalement lent mon bras le long de mon corps, parallèle à l'autre. Je serre les deux poings à les percer des couronnes âcres et mon à faire souffrir mon épaule droite Je n'ai jamais senti tant de rouille dans ma gorge ; j'ai l'impression familière de me noyer dans la ferraille d'une inondation.

J'étais censé mépriser le monde et le dominer, même en tant que cadavre – mais me voilà à balbutier ma stupidité comme une fille maladroite. Ses accusations soulèvent en moi d'autres élans vexés et je me fais noir.
Je me fais terne, les paupières renfoncées, la bouche fine comme un trait d'encre sale, les yeux vagabonds.

Je voudrai lui rétorquer beaucoup de véhémences lorsqu'il souligne, encore une fois, les conséquences de ma fuite précoce. Presque je pourrais frapper encore une fois – pas lui, quelque chose d'autre, moi, mon crâne vide et les battement dans mes joues, je ne sais pas.

Je perds la face et je me tends tout entier pour ne rien en montrer. Je fais l'homme râle, l'homme renfrogné, l'homme biliaire. Je n'aurai pas cru que son rejet ébranlerait tant mes côtes. J'essaie de mieux respirer ; mes narines sont étroites.

― Qu'est-ce qui peut bien te passer par la tête Sucre ?
― Je n'aimerais pas le savoir aussi, je maugrée tout bas, les dents serrées.

Ne pouvant que détailler son dos flottant dans ma chemise, je me sens inconfortable de colère. J'ai la nécessité d'occuper mes mains trop irritées et j'essaie de les enfoncer dans les poches de mon pantalon, mais je n'ai plus qu'une main de disponible, et en plus, à trois reprises je manque l'ouverture. Je m'agace encore plus, pataud, un bras immobilisé dans une attitude nonchalante qui ne fait que gonfler mes traits d'un mépris composite.

― Je refuse.

Je relève mon œil vers son reflet. Il est temps pour ma bouche lourde pour achever cette discussion.

― J'accepte.
― Quoi ?!
― Je n'aime pas cela. Mais. Je ne peux pas refu-

J'étouffe un grognement face aux sursauts de ses hésitations et l'indignation me bouffe. Je m'apprête à lui balancer dans toute ma verve paralysée de tribut une remarque cinglante lorsqu'il me plante définitivement.
Il s'en va.
Bermuda s'en va – mais il s'en va dans ma douche et meut mes traits d'une profonde incrédulité. La bouche à demi-close, je souffle :

― Mais qu'est-ce que tu fous Bermuda ?!

Il ne m'entendra même pas. Enfoui derrière le rideau marron de ma douche, Bermuda enclenche l'eau qui s'écoule comme un crachin bruyant. Moi, je suis sidéré, j'ai de la colère jusque dans mes joues pourpres, de la rancœur sur la bouche et de la stupéfaction sur ma bouche entrouverte.

Je n'en peux plus.
Alors, je pousse un gémissement de frustration, jette ma tête en arrière et empoigne mes cheveux asymétriques dans mes doigts et tire dessus. Puis, je m'accroupis devant le lavabo, prends ma tête dans ma main et frotte mon visage vigoureusement pour en effacer le chaos. Mon bras retombe, pend, je me stoppe.
J'exhale le plus exaspéré et usé des soupirs ; un soupir plus vieux que l'océan.

Pathétique dans mon anéantissement ronchon, je ne sais pas quoi faire. Je me décide à le laisser barboter dans mon étroite salle de bain lorsque, me redressant en faisant grincer mes genoux et grimacer ma bouche de douleur, il se saisit de mon bras et m'attire dans sa retraite insolite.

Aussitôt l'averse d'eau claire et chaude me frappe le visage. Mes paupières s'ébruitent sous la surprise, ma bouche s'entrouvre pour aspirer l'air. Mais ce qui me frappe, me tord, m'écrase et m'exècre infiniment plus c'est le contact illégitime de ses paumes sur mes poignets.

Bermuda n'a pas le droit. Il a encore moins de droits lorsqu'il m'étreint et qu'il étouffe, par la puissance délicate de son enlacement, les élans durs de ma colère. Ses mots suivent ses gestes, dociles, et se fraient un passage dans le rideau d'eau chaude.
J'ai les cheveux, le visage, la barbe, le pantalon et le torse mouillés. Ma plaie va devenir molle. Il m'a défiguré. Il m'a rejeté. Il m'a repoussé. Il va me vendre. Il va me trahir. Il va s'enrichir. Il va m'irriter.

Mais chacun de ses mots est un crève cœur.
Je butte sur bien trop de ses déclarations et je retiens des bribes dont j'ignore l'ampleur de la véracité. Sa cohérence m'échappe, sa jalousie me trouble, sa peur m’assomme, son plaisir me glace, sa haine me broie, et cet ersatz d'affection craché dans la terreur et la plainte, lui, m’anéantit.

Je sens ma peau se détacher en plaques pétrifiées.
J'aurais du le prendre dans mes bras, encore. J'aurais du le prendre dans mes bras. Une injustice incroyable me perce les muscles. J'ignore si l'eau s'est fait mille fois plus violente mais je n'entends plus que son brouhaha aqueux qui couvre les effluves androgynes de sa gorge.

Je crois qu'il me regarde et que je le regarde en retour. Je ne suis sûr d'aucun de mes sens jusqu'à ce que d'une bouche que je redécouvre sérieuse, tendre, chaude, Bermuda m'embrasse.

Bermuda m'embrasse et je lui rends son baiser. Mais il est bien moins paisible et il s'emballe, il explose, détonne, furieux. Je l'embrasse et ce n'est pas ma bouche qui vient se presser contre la sienne, mais tout mon corps entier. Je l'accule contre le mur carrelé de faïence blanche et avec autant de douceur que je met de turbulences dans mes lèvres et ma langue, j’attrape sa joue dans ma paume.
Je l'embrasse.
Je redescend sur son menton mouillé, que j'embrasse aussi. Il faut aussi que j'embrasse son cou avec la même colère tendre. Je remonte sur sa joue, repars sur ses lèvres, dérape sur sa mâchoire puis, sur ses lèvres encore constamment humides.
J'ai bien trop de choses à embrasser. Je recommence.

Je sais que je ne me contrôle plus. Mon torse ne cherche de fouiller le sien à la recherche de son étreinte. Ma chemise lui colle désormais aux épaules et à ses côtes minces.

J'ai le désir sauvage de la lui retirer.
Mon bras blessé se soulève pour pouvoir s'emparer de ses hanches alors que je ne suis plus qu'un coup brut de plaisir. Dans un énième baiser, je grimace, grogne une plainte douloureuse. C'est une morsure qui fait reculer ma tête.

Je regarde ce visage que j'ai trop frappé de fougue. Alors, je m'écarte d'un coup, brutal, et l'abandonne seul derrière le rideau de douche.

Il ne me faut pas beaucoup de temps pour retourner dans dans le salon, dégoutter ma fièvre en larges flaques chaudes sur le sol et fouiller compulsivement dans un buffet. J'en retire une grande et large serviette blanche et je retourne, comme en proie à une folie dévastatrice, dans la salle de bain. Mon bras opérationnel tire sèchement sur le rideau de douche ; je manque de l'arracher. Je fais trois tour du poignet pour fermer le robinet de l'eau et, une fois l'averse rompue, j'enroule Bermuda dans la grande et large serviette blanche, de la tête à la taille.

Puis, tout aussi expéditif, je le tire à mon tour par l'épaule et je finis par le pousser devant moi sans sommation. Je grogne :

― Ça m'ira.

Je continue de le traîner jusqu'au lit d'une main ferme et, s'il essaie de s'échapper, je jure que je le plaquerai au sol. Je n'ai pas un visage qui laisse entrevoir la possibilité d'une fuite. Je le pousse un peu brusquement sur le matelas et le force à s'asseoir. Mon visage se contracte en voyant encore les souillures sanglantes sur les draps et j'y remédie en les arrachant. Je les jette en tas, par terre, au pied du lit, et m'en vais chercher une autre couverture dans le buffet.
Elle est en laine, celle là, et je me rappelle qu'elle gratte – tant pis.

― Ça m'ira, je répète encore une fois.

Je retourne auprès de lui et recommence le même jeu. Je l'enroule dans la couverture de laine bariolée d'un geste leste. Puis, j'enfonce un genoux dans le matelas, à côté de sa cuisse trempée, et je le surplombe en équilibre sur un bras. Mon regard qui cogne le sien est trop sérieux.
Alors, je souris. C'est un sourire très honnête.

― Ça m'ira, si on se déteste, Bermuda. Ça me m'ira si on se trahit. Ça m'ira si on se touche. Ça m'ira si tu as peur, aussi. Ça m'ira si je te donne quatre heure, huit peut-être, si tu m'en donnes plus ou si tu t'enfuis. Ça m'ira de venir foutre en l'air ton bateau et d'exiger ton toute ton attention. Ça m'ira de saboter ton existence. Ça m'ira si tu me repousses, et si tu me trahis toi, et si tu me vends, si tu m'enfermes, si tu es déloyal, perfide, raclure, infâme et cruel. Je le serai aussi.

J'embrasse son front.
Je souris davantage.

― Et tu es celui qui n'a pas de goût en matière d'alcool.

Je m'amuse dans mon mensonge ; ses goûts sont juste incomplets. Ma voix est rauque.

― Avec tes conneries, tu vas certainement choper froid, tu sais ? Tu sais à quel point c'était bête ? Tu sais à quel point j'ai aimé ça, aussi ? Tu sais à quel point c'était dangereux ?

Mon visage amorce une descente vers ses lèvres ; je me retiens d'un fil.

― Tu sais ce que j'ai voulu te faire, Bermuda ? J'en doute à peine. Vraiment, j'en doute à peine.

Puis je m'écarte à nouveau et m'en vais remuer les tiroirs de la cuisine. Ce n'est qu'à ce moment là que je remarque le bordel incommensurable qu'il a soulevé dans mon apparemment. Sous la surprise, j'étouffe un juron. Je m'occuperai de son cas plus tard.

Je reviens avec une paire de ciseaux et, dans toute l'ironie de ma confiance, je les lui tends. Ma bouche sourit, malice.

― N'as-tu pas dit que tu égaliserais tout ça ? dis-je en roulant les yeux vers le trou de ma chevelure.

Je lâche un rire et, lourd de fatigue, épuisé de fébrilité, je m'assois à ses côtés. Je rajoute, plus calme, retrouvant la légèreté de ma voix.

― Et reste sous les couvertures, d'accord ?

Et reste cette nuit, s'il te plaît.


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conscience vouée à l'errance
Bermuda
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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaMer 4 Mar - 21:37

Je sais que je suis avare. En baiser. Plus qu'en étreinte visiblement. J'ai compté trois. Et. Je sais que j'aime me laisser ravir et surprendre par tes lèvres. Et quand je viens déposer avec pudeur mes lèvres je me dis que c'est un juste retour des choses. J'ai offert du miel. Des provocations et de la tendresse avec cette bouche. Il ne me reste plus rien à offrir. Maintenant. Je scelle tes lèvres des mienne, car je ne sais si je veux t'entendre répondre à mes aveux, que je ne suis plus certain d'assumer malgré tout. J'ai attrapé tes poignets encore pour me soutenir. Faiblement.

Quand tu réponds au baiser, tu lui apportes une saveur particulière. Enfiévrée, ardente même, ta langue ravive la mienne presque instantanément. Je suis docile. Même quand tu me pousses contre le mur je recule sans même résister, ta bouche presse la mienne et je crois que j'ai envie qu'elle se presse plus encore. Je butte contre le mur et tu constelles ma peau d'innombrables étoiles ardentes. J'ai l'esprit toujours embrumé, malgré l'eau. Mais quand tu te fait féroce et que ta main vient se déposer sur ma joue et m'apporter une caresse tendre je ne suis plus rien de cohérent. Je me sens faiblir fasse à tant de tendresse féroce.

Alors, j'abdique encore. Surtout quand l'empressement de tes lèvres emportent les mienne. Je ne sais pas où poser mes mains. Je voudrai étreindre mille endroits. Caresser mille autres. Saisir ces élans et les retourner. Je me sais trop maladroit alors je n'arrive jamais à terminer le moindre geste. Peu importe si ton nez appuie contre le mien et que j'ai mal. Que je ne sois pas capable d'esquisser le moindre geste, quand tu reviens sur ma bouche la mienne sait partager le baiser et y apporter les mêmes saveurs que les tiens.

Le désir fait cogner mes tempes- je le reconnais pour y avoir été soumis deux fois par toi- et je sais que c'est étrange. Je ne te dois rien, il n'y a plus rien qui nous pousse. Nous autorise. M'autorise à quémander ton corps. Toi le mien. Je ne suis pas coutumier du plaisir de la chair. Je ne m'y suis jamais vraiment perdu. Je n'ai jamais envisagé cela que comme autre chose à monnayer. Et je sais que je ne devrai pas désirer ainsi. Vraiment. Quelque chose ne va pas bien chez moi. Et. J'en ai d'autant plus la certitude quand je manque de tomber à cause de mes genoux tremblants quand tu t'éloignes après avoir expiré une plainte.

Je me laisse tomber. J'expire et j'inspire difficilement. Je ne sais pas ce que je vais faire. Ce que tu fais. Mais je me sens palpiter entier. Peut-être que. L'eau froide servira à calmer mes ardeurs que tu avais balayé sans peine en t'éloignant. Alors. Je me redresse après avoir asséné une claque à mes genoux qui avaient l'audace de refuser de me soutenir immédiatement. Je me redresse avec la même lenteur que la première fois. Dans cette cale solitaire. Je me suis redressé et j'ai juste eu le temps de le faire, car déjà tu te présentais de nouveau devant moi.

Et je crois que tu es furieux. Que tes traits figés n'augurent rien de bon. Je suis certain, avant même que tu ne m'enroule dans la serviette que tu vas me mettre dehors. Et. Je me dis que je comprends. Parce que j'avais tenté de t'étrangler. Que j'ai fini par blesser ton épaule. J'ai aussi saccagé une bonne partie de ton mobilier. J'ai vidé ta bourse. J'ai pris ton linge. J'ai coupé ta joue, que j'avais déjà griffé. J'ai coupé dans tes cheveux. J'ai ris aux éclats de ta détresse. J'ai repoussé tes bras. Pour mieux te confier injustement toutes mes peurs. Mes faiblesses. J'ai les tempes qui cognent fort quand je me dis que, peut-être, tu ne voudras tout de même plus boire avec moi. Combien même j'insisterai. J'essaie de me défaire de la poigne de ton épaule pour rattraper l'instant bref de sérénité que j'avais ressenti dans la douche. Je suis certain que tu vas me mettre dehors. Trempé jusqu'aux os. Gentiment. Avec cette serviette sur mes épaules. Et le souvenir d'une brûlure indélébile sur les lèvres. Tu vas me jeter dehors et je me demande comment je vais faire pour détester un homme qui m'enroule si tendrement avant de le faire.

Mes pieds nus sur le parquet suivent docilement la direction que tu imposes à mes pas. Mais. Quand je crois, que j'ai l'intime conviction que tu me conduis à la porte. Que tu vas à ton tour me repousser. Que. Je sais que cela ne serait qu'un juste retour des choses mais que ma gorge se serre et que mes veines battent trop fort tu me pousses sur me lit. Tu me fait m'assoir. Et tu retires toujours avec fureur les draps que j'avais tâché. J'entrouvre les lèvres pour souffler encore mon incrédulité. Cela faisait combien de fois déjà?

- Quoi?! Tu ne vas pas me jeter dehors? Je p-

Mais tu t'éloignes. Pour aller fouiller tes placards. Je te fixe, écarquillé tout entier. Et quand tu reviens avec une autre couverture pour couvrir mes épaules tremblantes je ne peux que te regarder. Souffrir ton regard. Dans le mien. Tu m'accules. Avec sérieux, malgré ton sourire doux qui arrache d'autres palpitations à mon incompréhension. Je me fait très attentif. Les mains fourragées dans les plis blanc de la serviette. J'écoute.

Tu prends la peine de répondre à tous mes aveux. Et. Je ne doute pas un seul instant de l'authenticité de tes menaces. De tes déclarations. Quand c'est toi qui me promets l'enfer et le paradis. Je ne peux que soupirer. Frémir. Retenir des sourires. Qu'étions en train de faire? C'est certain. À présent. Nous sommes perdus. Irrécupérables. Toi, comme moi. Qui serait assez inconscient, fou, pour frémir d'impatience en imaginant nos trahisons à venir? Nos coups de colères? Et. Envisager en même temps d'offrir mille baiser à cette bouche qui menace avec tant d'application de faire de ma vie un grand chambardement? En vérité... En vérité tu as déjà commencé à tout détruire depuis mon bureau en bois sombre. Je le sais. Tu es masochiste. Ou sadique. Et moi je ne suis pas mieux car j'aime cela. J'aime vraiment trop cela.


J'écoute toujours docilement sur le lit. Quand tu me dis que je suis celui qui n'a pas le goût. Je grimace et, je me dis que j'ai peut-être le gosier trop habitué au rhum pour pouvoir apprécier la bière. Mais. Je n'en démordrai pas pour autant. Je déteste la bière comme je déteste avorter une transaction. Et. Je garde cette réflexion. Parce que je sais que tu n'as pas fini. Je me raccroche à tes cils, aux gouttes d'eau qui glissent sur ton visage. Que je voudrais saisir. Et finalement tu me rappelles ma bêtises. Ma témérité et la tienne et je voudrai disparaître. Sous la couverture. Sous la couette. Je frémis entier à ta prochaine déclaration. Je me demande. Si toi tu savais ce que j'ai voulu te faire. Vraiment. Si tu avais remarqué, dans le tourbillon de ce baiser que mes lèvres se pressaient autant que les tiennes je me demande où nous en serions à cet instant


Je pince les lèvres. Et quand tu t'en vas j'ose expirer mon soulagement. Je ramène mes genoux contre mon sternum. J'enlève mon bandeau sombre dont la corde m'irrite l'oreille et dont le cuir s'accroche désagréablement à la peau. Je rassemble tout ce que j'ai laissé dans cette salle de bain. Tout mon courage. J'essuie mes cheveux et je tamponne mon visage. Tu reviens rapidement et me tends une paire de ciseaux que j'attrape. Tu me rappelles tes cheveux. Ce que j'avais coupé avant de rire. Avant de déserter le lit. Avant de m'enfuir sous la douche. Je reprends le file. Je chasse les dernières brumes de mon esprit et m'installe sans tarder derrière ton dos.

Je brosse méthodiquement tes cheveux blonds avec mes doigts, j'ai même repoussé la couverture de laine pour avoir plus de liberté de mouvement. J'utilise les coins de la serviette pour en essorer les pointes. Avec application. Je remarque que ton torse. Ton dos. Ton pantalon. Rien n'a été épargné par l'eau.

- Toi aussi. Je me racle un peu la gorge. J'ai l'impression de n'avoir pas parlé depuis une éternité.- Toi aussi tu vas avoir froid. Si tu reste ainsi. Je me concentre sur tes mèches blondes et je coupe, le sourcils froncés. Si tu m'avais pardonné une première fois d'y avoir coupé des mèches, je doute que tu sois clément si je venais à raté. Encore. Je dégage ta nuque, sans peur. Je me dis que, tu semblais tout de même bien calme. Pour quelqu'un qui se laissait couper les cheveux par un autre, qui avait blessé sa chair. Il n'y a même pas vingt minutes de cela. - Est-ce que toi aussi tu ne risques pas d'attraper le froid? Demandais-je, intrigué.

Je ne suis jamais tombé malade de ma vie. Si bien que j'ignore si c'est ainsi que l'on attrape la fièvre. La toux. J'ai déjà vu des hommes mal en point. Cloués au lit à cause du roulis de la mer. Des tempêtes mal essuyées. Je me demande si un baiser brûlant sous une douche trop tiède provoque autant de dégâts.

- Qu'est-ce que cela fait, d'être malade? Est-ce que c'est douloureux?

Je suis curieux. Je me demande même si je saurai reconnaître les symptômes de la maladie. Tout en continuant de couper.

- Peut-être même que tu es déjà souffrant. Et que je le suis aussi.

Je pose ma main libre sur ton front et tes joues comme j'ai vu faire des docteurs. La mine soucieuse.
- Mmmh. Même si tu avais la fièvre je suis incapable de la deviner. Mais. Je sais que le vin chaud est un bon remède au froid.

Je le dis dans un sourire et reprend mon labeur. Plus sérieusement. Je fais silence et me concentre pour ne pas faire trembler ma main.

Au bout de quelques minutes, je pose les ciseaux pour aller glisser mes deux mains dans tes cheveux dorés. Je me dis que. Vraiment. Je préfère les caresser que les arracher. Je tire délicatement sur les pointes et je hoche la tête satisfait. Cela ferait l'affaire. Même si, je suis certain que tu t'empresseras d'aller voir le coiffeur le matin venu.

- Ils sont comme les miens maintenant. Et je le dis, satisfait de mon travail. J'embrasse le sommet de ton crâne et fait tomber les mèches orphelines du lit sur le sol.

Cet endroit était bien rangé avant ma venue. Vraiment. Je m'étonne encore que tu ne mets pas déjà jeté dehors. Je reviens m'installer sur le rebord et je fixe mes pieds. Je sais qu'il y a des choses que je voudrais exprimer. Peut-être aussi confuses que celle que j'ai dites sous la douche. J'humecte les lèvres et je souffle.

-Sucre... Je suis content que tu m'aies pas jeté dehors tu sa- atch- F-!

Je couvre mon nez d'un coup. Ma phrase se termine dans un éternuement et un grognement de douleur. Le premier de mon existence. Et. Cela faisait un mal de chien. Je jure entre mes lèvres pincées quand je dois renifler. J'avais oublié. Le coup de tête. Le grelottement de mon corps.

- Quelle. Merveilleuse idée. De me cogner le nez. Réussis-je à articuler entre deux grognements. Je passe sous silence ma stupidité. Je sais bien que je n'ai pas brillé ce soir et que mes idées impulsives n'ont pas arrangées les choses. Je me lève et j'enlève mes vêtements trempés un à un et je m'essuie promptement. J'oubliais presqu'il y a une minute j'étais prêt à offrir mes remerciements, tant je me fais ingrat.

Pourtant. Je savais que je n'étais pas très juste. J'enlève mon pantalon et je soupire. Pour me rattraper je t'offre un regard soucieux et je chasse mes colères ravivées par la douleur. Je vais jusqu'à la table pour enfiler la deuxième chemise que j'avais préparé. Je refais le chemin en sens inverse en enjambant mes vêtements. Trempés ou souillés. Juchés sur le sol. Je m'approche de toi et je couvre ta tête avec la serviette que tu m'avais toi-même offert avec plus de gentillesse et de douceur. - Je n'aimerai pas que tu tombes malade. Je crois. Alors tu devrais enfiler quelque chose de sec. Je me sais trop maladroit pour tenter d'exprimer les choses autrement. Je viens tapoter ton épaule avec douceur du bout de mes doigts. - Et bander cette épaule. Je pense même qu'il faudrait recoudre. Je souriais taquin et je frottais la serviette sur tes cheveux que j'avais coupé. - Je m'occuperai bien de toi. Mieux qu'un prince. Soufflais-je entre deux rires. Je ne savais pas très bien comment les choses avaient pu tourner ainsi. Et. J'ai encore les tempes palpitantes quand je vais chastement déposer mes lèvres sur ton front. Non. Décidément. Je ne comprends pas la moitié des choses que je fais. Que je dis. Mais puisque cela te va. Alors moi aussi.
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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaJeu 5 Mar - 23:32

Il a fait sauter son cache-oeil et je me plais à distinguer les coutures de son œil crevé.
J'ai un sourire qui se taille sur un coin de ma bouche quand j'aperçois son visage dévêtu de noir et sa paupière plissée. J'ai toujours ce même sursaut à chaque fois qu'il me laisse l'occasion – rare – de distinguer sa blessure : j'ai envie d'y toucher.
J'ai envie de lever mes doigts et d'éprouver la texture fragile de sa nouvelle peau. J'ai envie de vérifier si les plis de son œil vont tressauter si je le touche, si ses sourcils vont se froncer, s'il va dégager mon poignet d'un geste de la main ou me laisser y déposer des caresses.

Jusqu'à présent, il ne m'a jamais que repoussé ; je n'ai pas encore pu découvrir cette peau tendre et vulnérable. Je garde mon sourire et retient mon envie de le toucher sur sa vieille plaie en faisant protester mes désirs.

Assis sur le lit, je m'offre. Je ferme les yeux, paisible, comme dans l'attente d'un coup de grâce dont j'ignore s'il viendra. Il pourrait arriver – je viens tout juste de confier une arme aux mains blanches de Bermuda, aux mains violentes de Bermuda, aux doigts qui ont voulu m'étouffer, aux ongles qui ont labouré ma peau, aux phalanges qui ont arraché mes cheveux et à la poigne qui a crevé un ravin dans mon épaule.
J'ai la nuque basculée en arrière, appuyé sur un seul de mes bras. La gorge à découvert, elle se soulève à chaque fois que je respire et vibre lorsque je déglutis. Je respire doucement.
Il pourrait, très aisément, faire courir une des deux lames sur la peau délicate de ma gorge, et alors je mourrais.

Mais il se contente de venir s'installer derrière moi et de passer ses doigts dans mes cheveux. La caresse est belle, douce, attentionnée et m'arrache un soupir de contentement que je peine à retenir. Je crois que je ne vais plus chercher à retenir mes soupirs. Je ne sais pas où nous en sommes arrivés, mais dans cet ailleurs, dans cette limite que nous avons dépassés, je me dis que ma satisfaction n'est plus ma faiblesse.

Je suis faible tout entier ; et je suis faible pour lui.
Si je pouvais me voir, je crois que je rirai de moi – un vrai éclat de rire méprisant.

Il trouve l'attention d'essorer mes cheveux dans la serviette et me rappelle, en même temps, que je suis mouillé. L'eau de mon pantalon va sûrement s'insinuer dans le matelas, il faudra le faire sécher, mais ces choses là qui m'auraient mises hors de moi me laissent insensible.

Je suis bien trop subjugué par la caresse de ses doigts qui s'ébruitent près de mes cheveux et de mon crâne. Les sentir s'agiter dans mon dos me fait frémir ; j'ai des murmures sur les épaules, et je ne suis pas certain qu'ils soient une conséquence du froid.
J'ai un sourire indolent sur la bouche qui s'accentue lorsque je l'entends partager ses inquiétudes. Dans une habitude familière, je m'amuse et me moque la voix chaude :

― Tu es inquiet, Bermuda ? Je crois que tu l'as dit avant, aussi, quand tu parlais de Canaan.

Je me fascine pour les claquements secs des ciseaux près de mes oreilles. Il y a trois, quatre minutes à peine, j'aurai probablement eu envie de hurler à l'idée qu'il continue d'entailler ma chevelure. J'aurai mordu son pouce, frappé son ventre, poussé son torse. Mon visage serait devenu et livide, et pourpre, enflammé de dépit et de colère.
Là, je n'ai qu'un silence calme et serein dans mon crâne. Je distingue encore deux claquements métalliques et quand la pointe de fer suit la courbe de mon cuir chevelu, je frissonne.
Dire qu'il a les doigts si près. Va-t-il me toucher encore.
Je continue, taquin, dans un murmure.

― C'est vrai, que tu es inquiet ? Et tout à l'heure aussi, c'est vrai, que tu étais inquiet ? Peut-être que je devrais m'enfuir plus souvent, alors, j'ajoute dans un sourire.

Les ciseaux passent près de ma nuque et je sens des bribes de cheveux tomber sur mon dos. Ils s'accrochent aux gouttes de mes omoplates et me démangent.

― Je ne vais pas tomber malade, j'explique l'air convaincu et nonchalant, dans le seul désir de le rassurer. Au pire, qu'arriverait-il ? Je mourrais ?

Je ne peux retenir un léger rire mais j'évite de trop secouer mon corps pour ne pas qu'il dérape et m'entaille l'oreille. Il m'a laissé suffisamment de plaies. J'écoute, attentif, les yeux toujours clos, ses multiples interrogations incompréhensibles.

Je plisse mon front et un cliquetis se dérobe dans ma tête. Et je me dis – je me dis, mais bon sang, comment peut-il discuter ainsi comme un enfant ? Ses expressions sont si maladroites. Ou alors, ce drôle de pirate est un sauvé de la vie comme de la mort et n'a jamais eu le nez rouge, les poumons cracheurs ou les courbatures létales.
Il faut que je me retienne de rire, mais je ne peux m'empêcher de jouer.

― Qu'est-ce que cela fait, d'être malade ? Est-ce que c'est douloureux ?
― Très. C'est extrêmement douloureux. On s'en remet rarement.

Il coupe. Je m'apprête à lui offrir une autre connivence à demi-moqueuse lorsqu'il vient chercher la fièvre sur mon front. J'ouvre mes yeux et chercher à les lever vers lui. Je ne vois que quelques mèches éparses et mouillées du sommet de son crâne. Elles sont plus sombres que d'habitude.

Pourquoi suis-je si bien. Je referme les yeux en ajoutant, la voix ensommeillée de quiétude :

― C'est que l'alcool aide parfois pour certaines choses.

Souvent, pour ne pas dire toujours, mais ce n'est pas à un corsaire du rhum que je dois le rappeler. Puis, nous restons silencieux.

Je n'ai jamais tant aimé le silence, uniquement fendu par les morsures des ciseaux. Je sens ma tête s'alléger à chacune de nos expirations, et je ne suis ni en colère, ni craintif. Il m'est étrange et inquiétant de ne pas sentir de bile sur ma langue.

Je voudrais qu'il continue de lacérer mon physique, comme ça, encore un moment. Mais il fait mieux. Il répond à mes attentes et passe encore ses doigts dans mes cheveux – courts, si courts ! J'ai un séisme qui hurle dans ma nuque, je me demande s'il voit se troubler tous mes muscles, et s'il a conscience qu'il en est la cause.

Je devrais le haïr pour me rendre si faible et si languissant. Je crois que je pourrais m'habituer, à sa présence dans mes omoplates, ses mains dans mes cheveux – courts -, ses questions incongrues, sa voix tiède.
Mais il dit alors quelque chose d'affreux.

― Ils sont comme les miens maintenant.

Et les cheveux de Bermuda sont très, très courts.
Je me raidis soudain et je rassemble vraiment, vraiment toute ma volonté pour ne pas pousser un grognement de rage et de frustration. Sentant l'horreur envahir à nouveau mes articulations, je plisse très fort mes lèvres et prend une très grande inspiration.

Heureusement, qu'il m'embrasse le front, et qu'il ensuque toute ma rancœur, car je me dis que, oui, vraiment, je pourrais m'habituer.
Je me suis déjà bien trop habitué à lui, et si pour avoir ses tendresses je dois me prendre six ou sept coup de couteaux, je ne refuserai pas. J'ai envie de sourire – je suis sois bête, soit absolument inconscient.

Alors qu'il s'installe à mes côtés, je rouvre enfin les yeux et lâche un sourire crispé. Un peu nerveux, je passe par réflexe ma main dans mes cheveux pour les replacer en arrière mais n'en saisis que du vide.
C'est absolument abject.
Je me sens hors de mon corps. Je fais de mon mieux, la bouche courbée dans un sourire ignoble, pour contenir ma consternation sans oser le regarder.

― Au moins, si tu ne veux plus être pirate, peut-être que tu pourras devenir coiffeur, je me moque, léger.

Mais je ne suis pas sûr qu'il l'entende – il débute une phrase, une phrase qui aurait pu me plaire, une phrase qui arrache toute mon attention et même le début d'un sourire avide, mais qu'il achève par un éternuement brusque.
Moi, face à la surprise, j'éclate de rire.

― Quelle. Merveilleuse idée. De me cogner le nez.
― La prochaine fois que tu essaies de m'étrangler, je te crèverai un œil, Bermuda, je rétorque la bouche rieuse en essuyant mon visage presque sec dans la couverture.

Puis, Bermuda fait quelque chose d'assez surréaliste ; il se pare d'impudeur.
Debout, parti loin de moi, il retire ses vêtements, et l'observer se dévêtir et exhiber sa peau nue – bon sang, son dos, bon sang – me fait l'effet d'un coup de dague.

J'ai envie, à mon tour, de bondir sur mes jambes et d'aller l'enserrer dans mes bras, de presser mes lèvres chaudes dans sa nuque, mes doigts sur ses côtes et mes caresses partout. Je veux ses soupirs et ses râles.
Je suis assez fou, le front palpitant, la chaleur jusqu'au bout des doigts. Ma bouche s'entrouvre.

Mais le temps que je me décide à couler sur lui mon désir, il s'approche et ma fascination me perd. Il la tue en me jetant affectueusement la serviette humide sur la tête. Je grogne, coupé dans mon fantasme et ma tête se vide de son sang. Il revient sur ma blessure.

― Je ne préférerai pas qu'on y touche, je refuse en reculant brièvement mon épaule sous ses doigts.

D'un regard rapide, je m'aperçois que la plaie a recommencé à saigner. Ces écoulements rouges sont peut-être la raison de ma tête bancale. J'ai un peu le tournis (ou alors, c'est lui, toujours lui, puisque c'est constamment de sa faute).

Relevant mes yeux vers son visage, je me laisse couver, embrasser, un sourire d'une joue à l'autre. J'en arrive presque à oublier l'absence de mes cheveux et je lui dis :

― Cherches-tu à ce point que je me déshabille ? Parce que j'ai peur que ça fonctionne.

Je ris, puis poursuit dans un souffle bas, heureux, trop vulnérable, un peu malicieux.

― Mais ça m’irait probablement, d'être traité comme un prince – mais n'oublie pas que je suis un prince assez exigeant, pour ne pas dire extrêmement exigeant. J'aurais besoin d'attention. De baisers. D'étreintes ? Je ne te laisserai probablement pas partir de si tôt – probablement.

D'un geste de la main, je débarrasse ma tête de la serviette et la rabat sur mes épaules. Un courant d'air étranger passe sur la pointe de mes oreilles.  
Puis, ne résistant plus, je poser main sur sa cuisse nue ; je les touche à peine, comme par peur d'y perdre ma peau. Je regarde ses deux yeux inégaux avec trop de brillance.

― Et je suis imbuvable, lorsque je suis malade. Mais pour l'instant, je ne crois pas être celui qui est en train de choper froid ? Et si tu restais, Bermuda ?

Ma main remontent, se faufilent par dessus sa chemise et viennent entourer ses deux poignets. Je peux distinguer leur chaleur à travers les manches trop longues.
D'un coup, je me redresse pour me tenir face à lui, à son torse noyé dans ma chemise et à ses cheveux humides.
Je l'embrasse dans la chair de son cou et j'y reste pour murmurer :

―C'est toi qui va tomber malade, Bermuda. Et si tu restais, cette nuit ? Si tu restais, Bermuda, je prendrais soin de toi.

Je l'enveloppe dans mon bras fort et passe ma paume à l'arrière de son crâne. Je l'embrasse encore puis, reculant mon visage pour distinguer suffisamment la netteté de sa cicatrice, je demande :

― Quel âge as-tu ?

Et je veux cette réponse.
Je la veux curieusement, intensément, ardemment, parce que j'ai compris ce qu'il était, enfin, mais comme si jamais je ne pouvais étancher mon envie : d'un coup, j'éternue à mon tour.
Mon expectoration n'est absolument pas séduisante et contracter mes muscles me fait saigner. Je recule ma tête en grimaçant et renifle bruyamment en râlant :

― Regarde ce que tu me fais.

A mon tour, je dépose un baiser sur son front en je rompt cette deuxième étreinte. Me rendant près du placard, je me pare de la même impudeur que lui que je pousse plus loin. Je retire et mon pantalon, et mon caleçon avant d'ajouter en riant, le nez pris :

― Ça te va si je reste nu ?

Mais, je commence à avoir froid, alors j'enfile quand même un sous-vêtement en lui tournant le dos – rien d'autre, de toute façon, je ne vois pas comment je pourrais mettre un haut sur cette épaule pisseuse. Je la détaille encore ; elle est très rouge. Je renifle puis bascule ma tête dans sa direction. Je souris.

― Oh, au fait, je t'ai dit que tu étais adorable dans ma chemise, capitaine ?

Mes bêtises me font tourner la tête et je rigole – assez bêtement. Je passe une main dans mes cheveux disparus, expérimente leur nouvelle raideur avant d'ajouter en me rendant dans la cuisine d'un pas traînant et peu assuré :

― Attends, je ne vais pas aller chercher de quoi te soigner. Je veux que tu sois malade, moi aussi.

La réactivation de mon tribut m'arrache un nouveau rire. J’essaie de me tourner vers lui pour lui expliquer, confus et euphorique :

― C'est ce que je voulais dire, attends. Attends.

Je crois que j'ai perdu un peu trop de sang. Je le savais bien, que c'était toujours de sa faute. Je disparais derrière le bar, la cheville perdue dans mes déambulations et commence à ouvrir tous les placards. Mais quel foutoir !

― Tu as intérêt de ne pas ranger tout ça. Rha encore.

J'ai même un rire sans raison. Mon visage est-il un peu gris.

― Hé, Bermuda, je crois bien que -

Mais je ne peux pas finir mes mots, puisque je me penche pour ouvrir la pharmacie et que, sous le poids de ma tête lourde (c'est la vantardise), je bascule de tout mon poids en avant.
Je m'écrase, la joue la première, sur mon paquet beige, les fesses en l'air. Mon épaule aussi est écrasée sous moi et ça me fait mal.

Alors, je ne bouge plus.

J'ai, bien évidemment, la réaction la plus digne qu'il soit. Vaincu, et je pleurniche de désespoir :

― Bermudaaaaa.


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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaVen 6 Mar - 5:37

Je ne suis jamais mort. Comme je ne suis jamais tombé malade. J'ai connu la douleur. La vrai. Souvent. Sur ma peau. Comme quand la lame d'un forbans m'a crevé l'oeil. J'ai déjà hurlé de douleur. J'ai déjà été blessé moins mortellement. Je me suis souvent bagarré. J'ai aussi perforé bien des chairs avant la tienne. J'ai noyé. Récolté des derniers souffles de mes doigts. Sur une gorge. J'ai tranché dans le vif. J'ai coupé des langues. Des doigts. Sous la colère. Ou avec le calme d'une mer qui se remet d'une tempête au petit matin. Mais. Je ne suis jamais mort. Pas une fois. Pas une seule fois. Et même s'il on m'a dit que je retrouverai peut-être l'usage de mon oeil. Je ne suis jamais mort. Et je pourrai dire qu'elle ne me fait pas peur cette fameuse mort. Puisque l'éternité nous est offerte. Que. Le moment venu je l'accueillerai dignement. Avec, pourquoi pas un sourire aussi grand et solaire que le tien? Mais. J'ai peur. Vraiment. J'ai peur de l'agonie. De devoir recevoir en mon sein la souffrance. La vraie. Celle qui me fait hurler jusqu'à en crever ma voix. Qui broie mes os. Qui déchire mes muscles. Qui fait vomir mes yeux des larmes. J'ai peur du quotidien de la vagabonde aux yeux de fumée. J'ai peur. De devoir supplier un jour et de baiser des pieds pour réclamer la délivrance et l'oubli. Juste le temps de rouvrir les yeux.

Et. Quand tu viens me dire, avec l'indolence d'une brise légère que la maladie est douloureuse. Mortelle. Je ne peux retenir un frisson. Je voudrai avoir l'assurance de dire que rien ne me fait peur. Que nulle souffrance ne peut me faire courber l'échine. Je voudrai le dire. Mais je n'aime pas avoir mal. Alors je crois tes mots et j'espère ne jamais connaître la fièvre et la toux. Comme j'espère ne jamais me trouver à l'agonie. Je fixe ton visage alors que tu fuis de mes doigts, l'épaule blessée, outragée de rouge à l'idée que j'y accorde de nouveau mon attention. Je ris et je frotte tes cheveux. J'oublie instantanément mes inquiétudes. J'oublie que tu menaces avec l'inconscience d'un homme qui a oublié ce qu'est vraiment la douleur. J'oublie que tu désir ma mort et mes maux avec aisance. Que ta bouche délivre trop facilement du miel et de l'acide et qu'elle arrive à blesser mes arrogances et ma peau. J'oublie parce que je sais qu'elle m'embrasse et que quand elle le fait je suis toujours ravi et émerveillé. J'oublie aussi quand ta bouche s'étire de malice et me conte à quel point tu serais un prince demandant. Exigeant, puisque tu le dis deux fois, tu me délivre tes caprices. Je ris aussi. Et je susurre doucement.
- Je ferai cela. Alors. Je t'embrasserai. Et je t'enlacerai. Dans le secret de nos draps. Je serai attentif. Jusqu'à ce que je sois lassé d'être serviteur. Et que mes bottes ne me mènent pas ailleurs. Que mon sang ne bouillonne pour les richesses du monde. Je ne sais encore pour combien de minutes. D'heures. De jours et de nuits. Ma sécheresse se contentera de s'étancher sur tes lèvres rubis. Du saphirs de tes yeux. Des fils d'or de tes cheveux. De l'albâtre blanc et du marbre perlé de ta peau. Je te fixe avec sérieux et repousse ces contraignantes pensées puisque tu viens effleurer mes cuisses.

Puisque tu viens effleurer mes cuisses et que que je suis si - trop - attentif à tes gestes. Et j'aime ce contact hésitant. J'aime sentir le tremblement de tes doigts sur ma peau. J'aime le frémissement que je perçois sur ta peau car la mienne le fait trop facilement dès que tu la touches. Et. J'ai l'impression que tu pourrais m'embrasser et m'emmener dans tes nuits fauves. Et que j'ai le désir que tu le fasses. Je ne repousse pas tes doigts non plus quand ils viennent enserrer mes poignets. Cela ne mets même pas venu à l'idée même quand tu as frôlé trop fort ma chemise. Ta chemise. Peu importe. C'est ma peau qui regrette et frissonne. Pas la tienne. C'est une certitude. Quand tu m'invites à rester dormir je crains d'y apporter une réponse expéditive. Je frémis et expire du bout des lèvres. - Je ne dors pas quand je ne suis pas sur mon navire. Ou si peu. - J'ai souffert d'insomnies terribles dans l'attente que tu ne daignes revenir hanter mon sillage. Et. Je le dis sans animosité. Je dors mal quand je ne suis pas bercé par la vague. Je souffre les ténèbres de mes pensées cupides. Et. Accompagnées de l'impatience stupide de te revoir pour te faire payer tes outrages- ce qui n'est en fin de compte pas vraiment arrivé- elles ont été plus terribles encore. J'ai sommeillé une heure. Deux. Chaque jours. J'ai la paupière lourde quand elle se rappelle à moi.

Tu ravives ma peau. Mon esprit et mes ardeurs quand tu viens nicher tes lèvres sur mon cou. Que ta barbe m'irrite la peau avec d'infinies douceurs. Que mon corps palpite à nouveau. Je dis. - Je resterai. Et je ne sais pas si je m'enfuirai le matin venu. J'ai promis d'aider à la boutique. De prendre mes responsabilités sur ce désastre monstre. J'ai dit que je m'occuperai de toi et j'ai l'intention de le faire. J'espère sincèrement ne pas être soumis à la tentation du précieux trop rapidement. Je ne veux plus entendre parler de trésor pour le restant de la nuit car j'en trouve suffisamment dans les plis de ta bouche taquine et rieuse. Et. C'est un comble. Une aberration. Une pensée. Un désir parasite. Elle est belle, la cupidité, les joues drapées de rouge et ses lèvres carmins offertes. Elle est belle la cupidité quand elle flanche. Et je le pense avec la sincérité d'un homme lassé de ne pouvoir étancher sa soif qui ne désir qu'être comblé. Dans cette microseconde ou je m'égare j'ai la sincérité de t'avouer que je désir tes bras autant que l'or quand je m'enroule autour de tes hanches et que je pose mes mains blessées de ne pouvoir jamais saisir assez. De richesse. Et de ta peau. Une microseconde pour une micro-étreinte. Et dans la tienne. Quand tu me presses encore contre toi et que tu caresses mes cheveux. Que tes lèvres dépose des baisers nacrés sur mon cou je suis honnête. Durant ces secondes éternelles. J'ai rêvé tu sais. J'ai rêvé qu'elle enflerait, cette seconde, pour durer aussi éternellement que la mort nous le permettait.

L'éternité ne nous sera pas accordée. Finalement. Puisqu'une nouvelle question vient alourdir mon esprit. Et. Qu'il s'active déjà pour y apporter une réponse. - Je ne sais pas. J'ai compté les jours, mais je ne sais pas si cela suffira à répondre à ta question. Mais. Je ne sais pas si tu as entendu ma réponse parce que tu as éternué. Tu as éternué. Je l'ai entendu. Je l'ai vu. Et tu as grogné en t'éloignant subitement. Je me suis assis- non écroulé- je me suis écroulé sur le lit et j'ai soupiré.

J'ai soupiré car j'ai cru que nous allions nous embrasser encore. Et que j'aurai pu caresser ta peau. Et toi la mienne. Parfois je pense que nous allons céder. Toi. Ou moi le premier. Que quelqu'un finira par répondre aux palpitations de mon corps. Je suis jeune. Je suis jeune Sucre. Bien trop jeune pour être soumis si fort au désir et après à la frustration. Et quand tu te déshabilles devant moi j'ai l'indécence de te regarder faire. D'apprécier ta peau et de me rappeler que je n'ai jamais pu vraiment tout observer dans la cale. Ou dans mon bureau. Et. Je me dis que tu es beau. Vraiment. Et. Ce ne sont pas des paroles en l'air, car je n'aime que ce qui est beau. Et. Nu. Tu es encore plus beau. Et je pense que tu le sais. Que j'aime tes cheveux courts quand ils me dévoilent ta nuque. Que je n'aurai pas tant de mal à te vendre. Que je crèverai entier en imaginant des mains impies sculpter et redessiner chaque parcelle de ta peau. Et. Je voudrai revenir en arrière pour ourler ton épiderme de caresses. D'étreintes. De baisers. Et. Je n'ai pas l'audace d'en demander plus. Je mentirai en affirmant que je n'ai pas désiré plus. Mais j'ai envie de tendresse. Et. Je ne sais pas bien quand je peux la quémander. Ou quand il est temps d'être féroce, ardent et affamé. Chaque fois que je pense que tu vas m'embrasser tu ne le fais pas. Que je pense que tu vas me blesser tu le fais pas. Que je pense que tu vas me jeter dehors. Me repousser. Hésiter. Me faire frémir. Me brûler. Tu ne le fais pas. Et je suis perdu vraiment. Surtout quand mesquine, ma raison me souffle que je n'ai aucun droit sur toi et que je ne devrai me contenter de recevoir et de souffrir tes humeurs. C'est dans ces moments là que je me dis que je n'ai pas vécu assez vraiment. Quand tu me dis que je suis adorable, je soupire. Très fort. Parce que j'ai apprécié le compliment plus que je n'aurai dû et j'expire, troublé.
- Chercherais-tu à m'accabler Sucre? Parce que si c'est le cas tu réussis très bien, bravo.

Je frotte mon visage et j'écoute d'abord d'une oreille distraite le charivari que tu provoques dans ta cuisine. Je plisse pourtant les yeux et les sourcils quand tes mots me parviennent. Entrecoupés de rire. Incohérents. Ou. Le sens que tu leur apportes me laisse une drôle d'impression. Même quand tu essaies de te reprendre cela n'a pas plus de sens. Et je voudrai pousser ma réflexion. Vraiment. Je sais que j'effleure encore quelque chose. Du bout de la pensée.

Mais. J'entends un grand bruit et je bondis sur mes pieds en récupérant la paire de ciseau. Je me dirige vers la cuisine. L'inquiétude sourde bat contre mes tempes. Quand tu cris mon nom. Que tu sembles souffrir je ne peux qu'accourir. Je m'arrête à l'embrasure de la porte. Je te vois étendu de dos sur le sol. Haletant. Prêt à te défendre chèrement. Chairement.

Je ris. Parce que ta posture n'est certes pas élégante. Que ma nervosité éclate. Comme mon inquiétude. J'ai des rires dans le plis de ma bouche et je sais qu'ils sont plus nerveux que rieurs. Je pose les ciseaux sur le comptoir et je m'accroupis. Je ne suis pas faible. Je suis pas faible même quand mes mains tremblent. Je te retourne. Sans délicatesse. Pour que tu sois étendu sur le dos. Toujours sur le sol. Et je pince très fort les lèvres. Je fixe ta blessure rouverte, je t'ai quand même saisi par l'autre épaule malgré mon empressement. Et alors que je devrai te seriner que, tu aurais dû m'écouter. Me laisser soigner cette épaule. Qu'il fallait être un imbécile complet pour laisser sa plaie tant saigner que tu en tombes dans les vapes. Que je devrai te dire tout cela et pire encore. Que je devrai t'aider à te redresser. Te faire prendre appuie sur les placards au lieu du bois. Au lieu de le faire je me redresse. Je t'enjambe, le visage fermé et je me laisse tomber sur tes hanches. Et tant pis si cela te coupe le souffle. J'ai l'impression d'être en apnée. Je pose mon front contre le tien. Tant pis si mon nez douloureux appuie contre le tien. J'ai les paumes contre tes joues quand je te demande d'une voix blanche. - Mais qu'est-ce que tu fais Sucre!? Qu'est-ce que tu fais! Qu'est-ce que tu cherches. Qu'est-ce que tu veux. Qu'est-ce que tu veux, qu'est-ce que tu me fais, veux me faire, Sucre?! Et je dois répéter cela une dizaine de fois. Encore. Et puis. Après avoir inspiré je me suis redressé.

Je me suis redressé et j'ai posé mes mains sur ma nuque. Et j'ai grogné. Les yeux écarquillés et le visage plus pâle que la mort. Les joues plus roses d'énervement que jamais. - Très bien. Très bien. On va faire cela dans ta cuisine. Je n'écoute rien tu m'entends? Je n'écoute rien. Si tu as l'audace de te plaindre je te ferai hurler. Tu m'entends. Et je n'ai ni la voix d'un homme qui cherche à plaisanter. Ni l'expression.

J'ai l'impression que toute l'angoisse que j'ai ressenti alourdie mes jambes et mon estomac quand je me relève. Je vais chercher les bandages et les compresse et je reviens dans la cuisine pour les déposer sur le plan de travail. - Je te jure. Vraiment. Que tu n'as pas intérêt à te vider de ton sang pendant que je retourne tout pour trou- Et justement je retourne sur mes pas et je retourne de nouveau ta commode. Tes meubles. Je trouve du fil. Une aiguille. Après mille jurons qui dépeignaient tous ton incroyable idiotie. - Sinon je te tue. Je te tue. Je te crève. Je t'assomme. Je te fe- Et dans la tempête de mes pensées je prends le temps de récupérer du linge propre. Un pantalon. La serviette humide. Une chemise. Je fais claquer les portes. Mais c'est le tourbillon de mes nerfs que tu fais lâcher trop ce soir qui s'exprime. - Tu fanfaronnes. Tu te moques de la maladie-je te jure que si tu tombes malade en plus j'achèverai tes souffrances. Après t'avoir donné un coup de tête- Et. Tu tombes d'anémie ? Tu geins comme un enfant? Tu m'appelles? J'espère que tu n'as pas d'autres étreintes à me quémander. Oh. Non. Qu'est-ce que tu cherches à faire Sucre?! Mourir? C'est douloureux de mourir. Mais qu'est-ce que tu fais? Je fourrage tout dans mes mains en grognant. Et je reviens déposer toutes les affaires sur le comptoir et je ne prends même pas la peine de te lancer un regard. Parce que j'aurais pu frapper ta stupidité. Je me dirige vers le lit maintenant. - Je pensais que tu étais à l'agonie. Que tu te battais. J'ai pensé que quelqu'un s'était introduit chez toi. Parce que tu laisses bêtement ouvertes tes fenêtres. Et tu vas attraper le froid. C'est certain. Avec ces fenêtres ouvertes. Imbécile. Abruti. Idiot. Inconscient. J'ai pensé. Sais-tu seulement ce que j'ai pensé? Et ce que j'ai eu peur?! Fichtre. Jamais. Jamais plus je ne t'écouterai. Tu peux protester tout ce que tu veux. Et où est-ce que tu ranges ton bri- oh. Peu importe. Je reviens vers la cuisine et je pose la couverture en laine que j'ai récupérer pour déposer toutes mes affaires sur le sol. À moins que ce soit la serviette humide? Je ne sais plus. Peu importe. Vraiment.. Je sors une bière de ton frigo et je l'ouvre pour la poser sur le sol. - Bois. Bois. Et. Bois ce que tu as de plus fort si tu peux. Surtout. Si tu cherches à t'enfuir et que tu retombes je le ferai sans même être clément. Je lave mes mains après avoir ouvert la gazinière et relevé mes manches. Je mouille le linge et je nettoie la plaie. - Et je suis certain que tu n'apprécieras pas. Je peux te l'assurer. Et si tu bouges je te cognerai fort pour te passer l'envie de recommencer. Et si tu me refais un coup pareil. Mais. Oses seulement. Bougre d'imbécile. Furoncle suintant. Je te jure. Je te crèverai. Et je ne sais pas d'où je puise tant de colère et de véhémence. Je ne sais pas et je m'en fiche un peu. Car je vais devoir recoudre une épaule. Que j'ai moi-même même blessé. Comble de l'absurde!

Et. Je l'ai déjà vu faire. Et pratiqué en mer. Parce qu'il n'y a pas d'assez gentil docteur pour accepter de séjourner sur le bateau. Mais cela laissera une cicatrice. Parce que je ne suis pas le plus qualifié pour le faire. Et que mes mains tremblent de colère. Quand je pense que si j'avais soigné convenablement cette épaule. Au lieu de soupirer comme une jouvencelle devant tes manières douillettes. De les trouver adorables. Attendrissants. -Tu n'es pas du tout adorable. Même plus beau. Juste particulièrement agaçant. Qu'est-ce qui ne va pas avec moi?!. Ma bouche jure encore. Sur ton épaule nettoyée. Je me sermonne aussi, puisque de toute façon je le fait déjà avec toi. - Oh. J'espère. J'espère sincèrement que cela laissera une vilaine cicatrice. Et. Après. Quand tu la regardera tu te diras que tu n'aurais pas dû faire l'imbécile avec ta blessure. Et moi je partirai. Ou je resterai pour t'accabler de sermon. Vider tes bouteil- Mais tu n'as même pas de rhum. Mais qu'est-ce que je fais ici Sucre? Mais qu'est-ce que tu fais?! Je me redresse en secouant la tête. Je vais brûler l'aiguille. Passer le fil. Je te jette un torchon. - Pour mordre.

Je m'abaisses et je recouds. Sans plus de cérémonie. Je pince la plaie et j'introduis l'aiguille dans ta peau avec une grimace fichée sur les lèvres. Et. Sincèrement. Je suis heureux que ma lame ne soit pas si large. Quand je recouds. Que j'ai les tempes qui palpitent. Que je ressasse tout ce que j'aurai dû faire ou non. Je recouds dans le silence de tes cris.

Je ne suis jamais mort. Jamais. Et j'ai peur de l'agonie mais j'ignorais avant que je pouvais souffrir des cris de douleur d'un autre. Éprouver tant de peur à l'idée qu'un autre être puisse souffrir. Je ne suis jamais mort, mais quand mon sang c'est glacé si fort j'ai l'impression que j'aurais pu mourir. Et c'est désagréable. Si désagréable que je soupire. Que je renifle. Que je grimace. Je coupe le fil. Je me redresse. Je lave le sang. Éteins la gazinière. Je lave mes mains. Vite. Je reviens m'installer sur ta cuisse pour nettoyer la plaie. Je dépose des compresses propres et je bande la blessure enfin. J'ai la voix rauque quand je souffle en osant te regarder dans les yeux, cette fois. - Ne refais plus jamais cela. Jamais. Sucre. Parce que la prochaine fois je t'étranglerai et tant pis si je deviens aveugle. Parce que j'ai les genoux tremblants. Et j'expire. - Aaaah j'ai mal au nez et j'ai encore envie d'éternuer... Je te déteste. C'est certain. Maintenant. Certain. Je ne suis jamais mort et je suis certain que celui qui me tueras le premier ce sera toi. C'est certain. Certain.
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaVen 6 Mar - 23:01

Je n'était pas sûr qu'il vienne.
Le nez dans les lattes du plancher, une pellicule de poussière contre les narines et la tête alourdie par le va-et-vient d'un désagréable siphon, je n'étais plus tout à fait sûr de quoique ce soit. Je savais que j'étais à demi-nu, qu'un courant d'air froid remontait le long de mon dos, que ma cuisine était percée de petites lumières jaunes comme des petits soleils et que j'étais suffisamment couard et lâche pour que mon épaule me fasse gémir de douleur.

Je gémissais, un peu. Mais ce que je gémissais surtout, c'était son prénom.
Je savais que j'aimais beaucoup le faire se lover sur ma langue et mes lèvres et le prononcer plusieurs fois. A chacune de mes apostrophes, des muscles discrets se tendaient dans ma nuque et tissaient un trait électrique jusque dans mon ventre. J'étais presque certain que mes yeux avaient toujours un soubresaut lorsque je dictais son prénom, et je me demandais s'il l'avait remarqué – et j'ignorais si je l'avais véritablement remarqué, moi aussi.
Au début, c'était probablement à cause du défi et de la provocation. L'appeler, le nommer, c'était le happer dans mes insolences.

Maintenant, c'était un peu comme le faire exister.
C'était comme si, à chaque fois que je disais son nom, il s'ancrait dans la réalité – ma réalité. Comme si dire, Bermuda, c'était ficher ses talons dans mon salon, ses fesses sur mon lit, ses mains taillant ma peau, ses pas se hâtant près de moi.

Je le voulais juste davantage près de moi et, si je n'avais pas eu la tête aussi assommée par mon manque de précaution, lourde comme un satellite erratique, probablement aurai-je eu honte.

Surtout, entre autres, parce que j'avais le cul en l'air, presque nu, et que Bermuda, dont j'entendais les pas pressés résonner sur le parquet, allait saisir ma vision la plus humiliante. Pourtant, entre deux plaintes geignardes, je souriais. J'avais même un, deux sursauts de rire.

Je me demandais ou nous allions, comme ça, à force d'osciller entre nos violences, nos tendresses et nos moqueries, et nos menaces, et nos baisers. Je n'envisageais pas la logique d'une fin, et j'ignorais à cet instant que c'était parce que je n'en voulais pas une.

Le lobe de mon oreille, dépourvu de la longueur claire de mes cheveux, faisait ventouse sur le parquet. Ses précipitations résonnaient désagréablement et me soulevaient d'autres grognements. J'ouvrais les yeux; ils étaient meurtris de tâches grises foncées et grises claires, crevés par la lumière artificielle de la cuisine et contemplaient le contreplaqué impeccable des placards.

Peut-être était-ce le ridicule de la situation, l'attente d'un éclat de rire quand il me découvrirait, peut-être d'un coup de pied au derrière que je n'aurai pas démérité, où alors à cause de mon crâne métallique et mes pensées inconstantes, mais je me dis que affalé ainsi entre la gazinière et le vaisselier, je savais aussi d'autres choses moins simples.

Je savais que je m'étais vendu à Bermuda et qu'à aucun instant, dans les salons pompeux de Canaan, je ne l'avais regretté, au point que j'avais recommencé et réitéré la proposition.
Je savais que Bermuda n'était pas humain, et que j'en avais probablement conscience depuis cet instant où j'ignorais s'il était homme, femme ou être. Je savais, aussi, que même si j'aurais du être révolté de dégoût et de mépris, que je ne l'étais pas. Je m'en moquais assez, mais l'incohérence répétitive de la soirée aidait peut-être.
Je savais aussi que nous serions toujours traîtres et tendres à la fois.
Je savais que je le désirais, vraiment, je le désirais, même en ayant mal, même en ne saisissant plus la réalité, même en étant en colère, même en le détestant – je le désirais.
Je savais que j'étais devenu moche.
Je savais que j'avais aimé l'entendre rire.
Je savais que je m'étais vendu une deuxième fois parce que j'avais peur de ne plus le revoir.
Je savais que je ne voulais pas qu'il parte. Je savais que je voulais qu'il reste.
Je savais que je voulais qu'il vienne près de moi et qu'il me touche. Je savais que j'avais envie de voir son visage. Je savais que je le trouvais beau.
Je savais que je voulais vraiment qu'il reste.

Je savais que j'étais dans la merde.

J'en étais là de mes réflexions, profondément captivé par les plaintes crème de ma cuisine aménagée lorsque son rire a éclaté et déchiré le silence de mes lamentations.
En réponse à son rire – son beau rire, celui que j'avais déjà entendu tout à l'heure, celui qui m'avait fait basculé, et celui qui claquait encore ma tête, là, maintenant – j'ai grogné. Une protestation gémie par ma bouche tordue à moitié contre le sol. J'ai essayé de relever mon œil cobalt vers lui mais ma paupière lourde et vibrante m'obstruait la vue. J'avais envie de le voir, pourtant. J'avais très envie de le voir.

Il dut entendre ma supplique muette, inconsciente et ridicule puisqu'une d'une main vidée de délicatesse, il me rabattit sur le dos. Je lâchais un autre râle sourde en expulsant tout l'air de mes poumons et en cognant mes omoplates.
Mais, désormais, je pouvais chercher son visage. C'est ce que je fis.

Allongé, je me sentais mieux. La lourdeur sous-oxygénée se dissipait, mes tempes reprenaient une gravité plus familière et je pouvais de nouveau discerner sa bouche, son œil, l'angle de sa mâchoire.
Je pouvais aussi maintenant voir qu'il avait de la colère sur la bouche, mais aussi autre chose.

J'étais incapable, les joues brumeuses, de savoir de quoi il s'agissait ; je n'en eus que les conséquences. Bermuda cueillit mes joues dans ses mains chaudes, je fermais les yeux de plaisir, souriait sous la douceur de sa peau et écoutait la litanie d'interrogations qu'il me susurrait, son front contre le mien.

Et plus il pose ces questions incohérentes, plus je souris. Je souris, énormément, la bouche close, la ligne de mes lèvres en demi-lune et je respire sa fragrance humide. Il a aussi le parfum de ma chemise sur les épaules.

Quand il s'écarte, j'ai les joues chaudes et je ne lui ai pas répondu. J'essaie de le regarder. Je sais que j'ai voulu lever mes bras pour venir attraper son visage à mon tour, mais ils étaient trop gourds.

Mais je déchante bien vite lorsqu'il ramène mon attention sur la blessure et m'étale avec un sérieux brutal ses intentions – que j'ignore. Je me décompose un peu, mais je ne peux retirer le sourire de ma bouche. J'ai l'air bête quand je lâche une exclamation de surprise à peine audible, que je la poursuis d'un rire et que, les cils heureux, je hoche la tête doucement.

Je m'en remets à lui. Je m'en remet à sa violence tendre, à ses manières brusques, à la délicate moue colérique de son visage. Mes yeux moins vaporeux, j'essaie de suivre ses déambulations dans l'appartement qu'il entrecoupe de jurons.
A chacune de ses nouvelle colère, je souris davantage si bien que je finis par rire encore. Allongé sur le dos, le parquet glaçant mes omoplates, j'ai trop ou pas assez d'air dans les poumons. Ça facilite les soubresauts nerveux de mes côtes.

Je sais que ne je devrais pas avoir des éclats pareils parce que je ne ferai que doubler ça colère.
Bermuda me plaît beaucoup, lorsqu'il s'énerve.

Mais ma joie se tait et s'enlise lorsque j'entends ses reproches ; elles ont une texture certes, furieuse, mais aussi très sincère. Je gonfle ma poitrine d'un soupir et cherche à croiser son regard vert qui m'ignore.

Pourtant, je suis jalousement heureux lorsqu'il s'inquiète pour moi. Ma poitrine en tremble.

Je voudrais qu'il vienne.
Je voudrais qu'il vienne, qu'il s'approche mais j'ai la bouche trop pâteuse pour le lui quémander entre quatre reproches. Je voudrais lever mon bras vers lui et attraper une de ses deux chevilles nues, lui sourire, lui voler un baiser, deux, trois, vingt, cent baisers et lui dire que je suis désolé de l'avoir inquiété.
Je pense que, cette fois, je le pourrais, puisque je ne le suis pas vraiment. Je voudrais qu'il arrête de remuer mon appartement, qu'il daigne ranger enfin mes placard, et surtout qu'il relâche tous les instruments de soin qu'il ramène près de ma cuisse.

J'y distingue des horreurs.
Mon visage pâlit plus que pour ma chute de sang. Je n'ai même pas envie de voir la bière qu'il m'apporte à laquelle je jette un coup d’œil effaré. Fort, la bière ? J'arrive à agiter ma langue pour articuler :

― Bermuda. Bermuda.

Deux fois. Deux fois j'inscris son prénom dans ce moment.

― Bermuda, qu'est-ce que tu fais ?

Je réalise seulement maintenant, lorsqu'il nettoie soigneusement et furieusement mon épaule, lorsqu'il m'admoneste ses reproches que j'écoute l’œil effaré, et lorsqu'il va faire chauffer la tige métallique et pointue, je réalise ce qu'il s'apprête à faire.
Je voudrais protester, et contester. Mais quand je l'observe, et quand je l'écoute, je sais qu'il ne me laissera pas faire.

Je laisse juste mes traits tomber un à un – surtout lorsqu'il parle de cicatrice.
Il ne cesse d'en tailler dans mon corps. Il ne cesse de l’abîmer. Il ne cesse de m’abîmer.

Je sais que je ne me remettrai jamais de tout ça.
Il me lance le torchon et j'ai juste le temps d'y jeter mon regard apeuré et résigné. C'est trop tard, il me coud.

Je suis peu courageux, alors je crie.
Là où je crie le plus, là ou j'ai le plus mal, même si j'essaie de serrer très, très fort mes mâchoires comme un homme digne, c'est lorsqu'il presse ma chair boursouflée et vivre entre son pouce et son index.
J'aime ses doigts ; là, ils me font mal. Je ferme les yeux et mes paupières se collent l'une à l'autre. Mon visage se crispe. Je ne sais pas combien de fois je crie, des cris de protestations, des grognements étouffés, de jurons à demi-morts, dépourvu de sens, dans le fond de ma gorge. J'ouvre, je ferme les yeux, j'ai honte, j'ai les joues rouges, je ne devrais pas avoir si mal – est-ce qu'il a eu mal, lui, lorsqu'on lui a crevé son œil ? Est-ce qu'il a crié ?
Je suis pathétique.
Je sais autre chose ; que j'ai mal.

Humilié par mes propres faiblesse, je finis par cacher mon visage dans le pli de mon coude. Je n'ai pas envie qu'il contemple ça. Ma poitrine est folle et ne fait que s’essouffler.

Et je me dis, je me dis : heureusement qu'il est là, au dessus de moi, et qu'il me fixe au sol de son poids. Ce n'est pas que je me serai enfui autrement.
C'est plutôt qu'il me rassure.

Soudain, tout s'arrête.
Je ne sais pas exactement à quel moment, ni combien de secondes dures son agilité a duré. Je sais que mon  thorax se soulève et qu'il est en sueur. Je la sens goutter en haut de ma nuque. J'ai le bord des lèvres mouillés. Je suis toujours caché dans mon visage.

Je le sens se soulever de mon corps, partir, s'affairer. Je laisse tout mon corps tressauter et digérer le mal. Je ne veux pas jeter un œil à ma plaie. Je ne veux pas moi la morsure de coton qui la bouche. Je ne veux pas voir comme c'est laid. Mon souffle est rauque et poreux comme du sable. Le silence n'est cassé que par ma respiration confuse et puissante, jusqu'à ce qu'il m'assène un autre sermon, et une de ses plaintes.

Moi, caché dans mon bras, je n'arrive pas à me calmer. J'ai honte, je suis déchiré de honte et de douleur, alors il ne me reste plus qu'une chose à faire. Je rassemble mes dernières forces pour propulser le haut de mon corps en avant, et je passe mon bras derrière sa nuque. Je le tiens, fermement, précautionneusement, pour ne pas heurter son nez. Je respire fort contre son oreille, reste silencieux un moment, essaie de contrôler mon air.

Je finis par demander, bas et essoufflé :

― Comment va ton nez, Bermuda ?

Puisque je vais mal, il ne me reste plus qu'à me pétrir d'inquiétude pour lui.
Je n'ai plus envie de penser à moi ; je veux l'avoir lui, tout entier, planté comme cette aiguille dans ma peau rouge. Je tiens encore un peu la position et continue :

― Comment tu te sens ? Est-ce que tu as froid ? Est-ce que tu te sens malade ?

J'ai besoin de parler de lui. Me laisser envahir par son prénom, par ses contours que j'imagine enfoui dans sa nuque, par l'odeur de ses cheveux, ça m'apaise.
D'un coup, mes muscles ne tiennent plus et je retombe lourdement en arrière, le dos contre le sol. Cependant, je ne le lâche pas; je l'emporte avec moi. Je veux le garder auprès de moi, sur moi, et je continue de murmurer toutes ces questions qui cliquettent entre mes tempes. Plus j'en pose, plus mon souffle se calme.

― Pourquoi tu as fais ça, Bermuda ? Pourquoi tu ne m'a pas tué ? Tu ne crois pas que ça aurait été plus facile ? Tu me trouves vraiment laid, maintenant ? Comment tu te sens ? Est-ce que tu as mal, encore ? Est-ce que tu m'en veux ? Dis-moi, s'il te plaît, tu répondras à mes questions ? Dis-moi, où es-tu né ? Comment est-ce arrivé ? Quel est la première chose que tu as vu ? Où as-tu trouvé tes vêtements de pirate ? Comment as-tu eu ton navire ? Pourquoi préfères-tu le rhum ? Quel est dans plus belle transaction ? Est-ce que tu sais toute les choses que j'ai envie de te dire ? Est-ce que tu sais comme j'envie ton aisance ? Et ton souvenir le plus marquant ? Es-tu déjà mort ? Comment est-ce arrivé pour ton œil ? Est-ce que tu étais vraiment inquiet, pour moi ? Est-ce que tu as vraiment eu peur pour moi ? Qui détestes-tu ? Me détestes-tu vraiment ? As-tu déjà embrassé un autre que moi ? Est-ce que tu aimes quand je te touche, Bermuda ? Est-ce que tu as éprouvé du plaisir, déjà ? Est-ce que tu as été touché par un autre que moi ? Comment tu le prendrais, si je te disais que je ne le supportais pas ? Si je te disais que, rien que d'y penser, j'ai envie de violence ? Je ne le tolérerai pas, tu sais ?Qui est le plus cupide de nous deux, Bermuda ?

Et je dis encore, après tous ces soupirs, cinq, six fois son prénom, rien que son prénom qui n'est ni une question, ni une affirmation, ni un mensonge. Juste un bout de présent.

Je m'arrête. Ma respiration est maintenant régulière. Ce n'est qu'à cet instant que je décide de relâcher sa nuque, pour qu'il puisse libérer sa tête, et parce que la honte a coulée loin de mes joues. Je me contente de laisser mes doigts dans ses cheveux que je caresse. Je souris lorsque je lui rétorque amusé et tardif :

― Moi aussi, je te déteste un peu.

Puis, à force de le regarder, et comme les blocs de ma perspicacité se remettent en place, je fronce les sourcils et m'interroge :

― Bermuda, où es ta couverture ?

Ma bouche grogne. Je ne veux plus penser à moi et ça ces taillades qu'il me laisse.

― Tu l'as enlevée ? Je ne t'avais pas dit de rester dedans ?

Je lève mon bras, celui qui n'a pas été recousu, celui qu'il n'a essayé ni de blesser, ni de soigner, et je pose ma main sur sa joue.

― Pourquoi tu as retiré ta couverture ?

Il ne devrait pas faire ça.
Il ne devrait pas faire ça puisque, s'il ne fait pas attention, lui aussi, il va finir par attraper mal, et j'ai cru voir son visage éclairé de peur lorsque nous avons parlé de la maladie. Et il ne devrait pas, parce qu'il a sur son torse à peine plus qu'une chemise, parce que j'ai souffert et parce que ses étreintes me rassurent.

Je ne peux m'empêcher de faire glisser ma main de sa joue à sa mâchoire, à son épaule, à ses omoplates, son dos, ses reins. Très lentement, elle trace cette droite caressante. Je le regarde à chaque nouvelle courbe de mes touchers et je dis :

― Pourquoi ?

Et cette question se jette à tout.
Je finis par faire tomber mes doigts jusqu'à ces cuisses, encore, et je me sens partir. Cette fois, ce n'est pas à cause de l'anémie, ni de ma tolérance à la douleur, mais juste pour ce désir qui m'écartèle à chaque fois que je le touche. Je remonte ma main, la faufile sous le vide de la chemise et vient caresser le bas de son dos en y piquant des arabesques. Je ferme les yeux un instant, soupire.

― S'il te plaît, tu veux bien m'embrasser ? Tu sais que j'ai envie de toi, n'est-ce pas ?

Dans son dos qui fait battre mon sang et s'assécher mes veines, ma prise se fait plus ferme. De mon unique main, j'essaie de le presser davantage contre moi. Je veux le faire tomber, je veux l'enserrer, mais comme ça ne suffit pas, j'utilise mon deuxième bras.
Je retiens une plainte quand j'enroule mon bras abîmé autour de ses épaules pour le plaquer contre ma poitrine. Tous mes os tremblent.

― Tu as dis que tu resterais, non ? Si nous dormions ici, là, dans la cuisine ? Ça m'ira, ça ne me dérangera pas, tu resteras sur moi, ça t'évitera d’attraper froid. Ah, qu'est-ce que je fais, je continue en fourrageant la pointe de mon nez dans ses cheveux, je vais te demander de m'embrasser encore. Est-ce que tu t'es vraiment inquiété pour moi ? Res-

Je me tais et reste silencieux le temps d'un murmure.
Il y a quelque chose que je voudrais dire, mais dont ma langue m'empêche, alors je cherche le moyen le plus maladroit, pitoyable et bancal de l'exprimer :

― Je te remercierai, à l'occasion. Comment tu vas ?

Puis, j'incline ma tête vers la sienne. J'appuie fort ma bouche contre la sienne, l'entrouvre, et je l'embrasse.



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conscience vouée à l'errance
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] Empty
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Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaSam 7 Mar - 19:00

Je suis pétrifié. Vraiment pétrifié. Quand tu te redresses d'un coup. Je voulais vraiment te regarder. Vraiment. J'en crevais d'envie. Mais quand tu te redresses et que tu me plaque contre toi. Que j'ai le menton dans ton cou. Que je n'ai que ton souffle erratique contre mon oreille. Je suis pétrifié. Je voudrai protester. Je voudrai dire que tu ne devrais pas te lever encore. Que je veux tes yeux. Pour être certain que tu as bien compris que je te détestais. Que je suis encore furieux. Que quand tu ris et que j'éclate de colère, je me dis que tu ne comprends rien. Je reste pétrifié. Mes mains s'emmêlent autour de tes hanches. Elles voudraient les saisir. Partager l'étreinte. Certainement pas repousser ta peau. Alors que je te déteste c'est vrai. C'est certain. Et quand tu t'essouffles plus fort, pour me demander comment je vais, je reste interdit. J'ai toujours les doigts qui s'emmêlent dans les grandes manches de ta chemise que je porte. Puisqu'ils ne savent toujours pas où s'attarder. Où ne pas le faire. J'humecte mes lèvres et je dis avec les bribes de colères qui palpitent encore.
- Je vais mal. Je vais très mal Sucre. J'ai mal au nez. Je brûle. J'ai le cœur qui va exploser. J'ai attrapé le froid. C'est certain.
Je geins. Encore. Mais je suis certain que je suis malade. Que je vais très mal. Surtout quand tu t'effondres sur le sol et que tu arraches mon inquiétude encore. Que tu m'emportes. Que mes mains veulent toujours t'enserrer. Et te repousser en même temps. Je veux tourner la tête. Voir tes yeux. Je veux les voir. Mais tu me plaques toujours contre toi. Et je n'ai que ton souffle. Que ton souffle et la chaleur de ton corps qui se grave en moi. Contre ma peau. Tu souffles. Tu souffres. Et plus tu souffres plus j'ai mal. Plus je vais mal.

Ton souffle donne de l'impulsion à de nouveaux mots. De nouvelles interrogations. Elles s'enfilent. Lentement. Dans mon esprit. Se lovent dans mon oreille contre laquelle tu expires. - Sucre laisse-m- M'enfuir. Mais tu me cloues à toi. Avec tes interrogations fourbes. Qui m'arrachent des soupirs. Il y a des mots qui provoquent. Qui balaient. Qui me transpercent. Des phrases qui me pétrifient plus encore. Je ne suis pas certain d'être prêt à tout dire et tout entendre. Si je n'avais pas le corps si empêtré contre le tien. Si je n'étais pas attaché à ta peau. Si tu m'avais relâché la nuque je serai parti. Quand dans mon esprit tout est sans dessus dessous j'ai besoin de me retrouver seul pour forcer les choses à s'ordonner. Je serai parti. Sans doute. Mais je vais mal. J'ai les genoux qui tremblent. J'ai le cœur qui va vraiment exploser. Si tu bouges. Et. Je compte malgré tous les fois où tes lèvres prononcent mon nom. J'aime vraiment les compter. Et. Je ressasse. Je ressasse toutes tes questions.

Je les ressasse encore quand tu dis que tu me détestes un peu. Quand tu relâche ma nuque. Quand tu caresse mes cheveux. Je vais si mal que je frissonne d'aise quand tu le fais. Je devrai vraiment m'en aller. Vraiment. Parce que je sais que dès que je lèverai les yeux vers les tiens je t'embrasserai. Tellement je te déteste. Et que je déteste tout ce que tu me fais. Surtout parce que j'aime cela et que tu as l'audace d'en douter. Et. Je me redresse un peu. Parce que vraiment. J'ai besoin de raccrocher mon regard au tien.

Je ne sais toujours pas où mettre mes mains. Il faut vraiment que j'en fasse quelque chose. Je voudrais les poser sur tes joues. Sur ton torse. Sur chaque parcelle. Je voudrais la découvrir toute entière. Vraiment. À la place elles s'emmêlent encore. Désespérément. Et je vois tes cils. Tes paupières battre délicatement. Tes yeux bleus. Je m'y perds. Je m'y perds. Et pourtant. Je n'ai jamais aimé le bleu. Jamais. Même pas celui de la mer. Du ciel. Même pas. Je n'aime pas la porter. La supporter. Je n'aime pas le bleu des hématomes. Je détesterai celui qui ne manquera pas de rester sur mon visage. Sur mon nez. Je n'aime pas le bleu. J'adore celui de tes yeux. Surtout quand je m'y perds et que j'aperçois mon reflet dans tes iris précieuses. J'aime m'y voir. Parce que quand tu le fais, quand tu me regardes je t'assures que je me sens exister.

Et. Toutes tes préoccupations devraient me passer au dessus. Que m'importe cette  couverture! Mais quand tu dis mon nom et quand tu me regardes comme cela je peux jurer que je ne me suis jamais tant senti considéré. Je souris quand tu grognes, comme toi tu ris quand je m'énerve. Comme si c'était la meilleure réaction. Mais c'est parce que j'aime les nuances indignées de ta voix. Elles me font sourire. J'ai oublié. Presque. Que j'ai menacé mille fois de te tuer. Surtout quand tu viens poser ta main sur ma joue. Et ma mâchoire. Je ne trouve jamais  d'écœurement dans tes douceurs. Je pourrai somnoler sur ton torse et m'endormir si tu me caresses les cheveux. La joue.

Mais quand tu glisses sur mes épaules. Sur mon dos. Je n'ai plus le cœur à dormir. Je suis trop attentif. Surtout quand tu t'en vas jusque sur ma cuisse. Je ferme l'oeil, alors que je sais que les tiens scrutent mon visage. Je pensais que nous allions être raisonnable. Que l'on se relèverait après nos caresses. Que je t'aiderai à te lever pour aller nous endormir dans tes draps. Mes frémissement et le bout de tes doigts me retiennent contre toi. Sur le sol.

- Pourquoi tu fais cela? J'ai le temps murmurer alors que je frissonne. Entier. Tu remontes alors. Sous la chemise. Et je me cambre. Je sais que j'aime trop quand tu viens te perdre à cet endroit. Je retiens quelques gémissements dans mes lèvres clauses. Et quand tu me quémandes un baiser et que tu me demandes si je sais que tu veux ma chair. Mon souffle. Les soubresauts de mon corps je hoche la tête. Je voudrai répondre mille fois à tes interrogations pour que tu comprennes ce que tu me fais. Mais si je le fais alors je franchirai une autre limite je le sens. Et mes mains. Mes mains. J'ai abandonné.

Ce n'est pas raisonnable. Vraiment. Je suis trop jeune. Trop jeune et trop conquis. Trop mordu de tes caresses pour les repousser. Je sais pourtant que rien ne m'autorise à te toucher. À te désirer. Et toi non plus. Nous n'avons pas d'accord. Tu es blessé et tu pourrais faire sauter tes coutures. Je suis malade et que j'ai mal au nez. Et. Si je succombais maintenant, rien ne sera plus pareil je le sens. Je devrais protester.


Mais je n'ai pas assez de volonté.  Quand tu me presses contre toi plus encore et que je brûle. Oui. Je brûle. Je le sens. Surtout quand tu enroules ton bras blessé et que je presse la joue sur ton torse et que je l'entends cogner trop fort. Je perds toute volonté. Je peine à retenir tes mots cette fois. Mes envies raisonnables. Mon esprit est blanc. Et brumeux. Parce que tu laisses ta main sur mes reins. Que tes doigts les caresses. Et que j'aime vraiment trop cela. J'ai le temps pourtant de saisir quelques mots. Tu me quémande des baisers. Tu parles de nous endormir sur le sol. Comme des miséreux. Tu me demandes comment je vais. Je ne trouves pas de logique et je voudrai protester que j'ai trop de mal à comprendre. Cependant tu presses ta bouche contre la mienne sans même me laisser le temps de t'expliquer. De te faire comprendre que c'est dangereux. Je réponds au baisers sans plus y penser. Avec plus d'ardeur. Trop d'ardeur.

Ma langue contre la tienne n'a plus rien de tendre. Je voudrais te brûler de ma bouche comme tu me brûles avec tes doigts. Il n'y a plus rien de chaste quand je presse ma bouche contre la tienne. Quand je vais embrasser tes pommettes. Tes paupières. Ta mâchoire. Que je vais passer le bout de ma langue sur la coupure de ta joue. Je reviens t'embrasser et j'ai une main dans ton cou et l'autres dans tes cheveux. Je détaches mes lèvres mais je les laisse prêt des tiennes quand je susurre, rauque.

-Écoute bien. Écoute bien Sucre parce que je vais répondre à tes questions. Et je n'aime pas répéter.

Alors je retourne t'embrasser, parce que je ne souffrirai aucune interruption. Je remonte de nouveau vers ta joue et je dis. - Je n'ai pas eu l'occasion d'exercer mes passions. Mes gestes avant cette vie. Je ne suis jamais mort. Jamais. Je suis juste né sur un bateau. Je savais compter avant de savoir respirer. J'ai compté trois cent trente-six jours d'existence. Et. Pourtant il y a des choses que je sais. D'autres que je ne sais pas. D'autres que je ne comprends pas. Et. Je ne sais si tu serais en mesure d'expliquer tout ce que je ne sais pas. Je l'embrasse du bout de mes lèvres et je me redresse. Je fais glisser mes doigts sur ton torse. - Je sais que je n'aime pas ton visage quand il a mal. Quand il est soumis. Je le trouve laid. Mais tu es beau. Je te trouves très beau. Je me penche pour embrasser ton menton et ta gorge. - Je sais que je n'aime pas quand tu as mal et que cela m'agace vraiment de voir que tu te négliges au point de tomber. Je mordille ta peau. Je la mordille parce que je suis vraiment agacé quand j'y repense. Et j'embrasse ta peau quand je songe aux douceurs que tu m'inspires. - Je sais que j'ai eu peur. Que tu sois presque mort. Et j'étais prêt à te tuer tu sais? À achever tes souffrances. Comme je serai prêt à torturer celui qui oserait te blesser. Vraiment. Je le ferai saigner. Qu'il meurt et que je puisse arracher toutes ses souffrances. Est-ce que j'étais inquiet? Est-ce que j'en avais l'air? Tu n'as pas idée comme j'ai tremblé. Et comme tu fais trembler mes genoux. Et ma peau. Chaque fois que tu l'effleures. Tu ne sais pas comme j'aime et je déteste que tu accroches mes reins.


Et je me redresse encore. Cette fois je me lève. Je sais qu'il y a d'autres choses que je devrai aborder. D'autres questions auxquelles je devrai répondre avant mais je suis trop fébrile. Et qu'il y a une chose que je veux éclaircir depuis que tu as posé ta main avec inconscience sur ma peau. J'enlève mon sous-vêtement et je m'installe sur ton  bassin. J'ai gardé la chemise car elle me couvre suffisamment les cuisses. - Est-ce que toi tu sais que je veux ta peau? Que mes doigts veulent trop la caresser et que je ne sais jamais. Jamais où les poser. Je voudrai tout embrasser. Tout caresser. Mais je ne sais pas. Je glisse mes mains sur ton ventre et y pianote quelques douceurs et jamais, jamais je ne me détache de tes yeux. - J'ai déjà embrassé des bouches. Mais. Jamais par envie avant la tienne. Je n'ai jamais été touché avant toi. Je n'ai jamais désiré avant toi, autre chose que les pièces d'or. Et ce n'est pas normal pour moi. L'accord que nous avons passé ne m'autorise à te désirer. Et c'est comme cela que je fonctionne tu comprends? Je marque une pause pour attraper ton bras qui n'a pas souffert de mon emportement. Je pose ta paume contre mon coeur et je dis. - Je veux qu'on fasse l'amour. Je le sais. Est-ce que tu sais que j'ai voulu le faire dans la douche? Sur ton lit? Sur ma chaise? Dans mes draps? Sur mon bureau? J'ai envie de toi. J'ai vraiment envie de toi. Sur le sol de cette cuisine. Et  je ne sais pas si c'est correct de le faire. Je ne suis même pas assez expérimenté pour savoir où et quand je dois déposer mes lèvres et mes caresses sur ta peau. Me montreras-tu? Et. Je ne sais si on peut se toucher mais je le veux. Vraiment. Et ce n'est pas normal. Vraiment. Je ferme les yeux et je fais glisser ta main sur mon torse jusqu'à mon bas-ventre et je dis avec un sourire. - Regarde comme je n'en peux plus. Ne me demande plus si j'aime quand tu me touches.  Et je relâche ta main. Parce que tout mon corps veut se cambrer et se tendre et que j'ai besoin des miettes de mon esprit pour dire. Parler. J'ai assez de courage pour dire ces choses. - Me diras-tu? Si toi tu aimes quand je te touche? Et quand je t'embrasse? Si tu sens ton corps palpiter entièrement quand je l'effleure? Si tu ressens la même chose avec toutes ces autres femmes qui sentent le parfum? Et ces hommes autres hommes que tu vas étreindre? Si tu les détestes comme tu me détestes? Si je ressentirai les mêmes choses avec d'autres? Si j'allais perdre mes nuits aussi? J'ai tellement de mal à dormir Sucre. Je voudrai savoir. Et j'ai toujours envie de toi. Dans cette cuisine. Alors ne bouge pas ton bras blessé. Si tu rouvre ta blessure. Vraiment je te tuerai. Est-ce que cela t'ira vraiment si après cette nuit je vais crever les yeux de ceux qui te regardent trop avidement? Je m'allonge contre ton torse et je pose ma joues brûlante contre ton corps étendu. Et je susurre faiblement. - Je vais vraiment mal Sucre. Je crois que tu me donnes trop de fièvre.


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ANECDOTE ▲ : son tribut est qu'il est condamné à ne plus jamais dire la vérité. il est accessoirement confiseur et claustrophobe.
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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaDim 8 Mar - 17:38

J'ignore combien de temps je vais pouvoir résister.
J'ignore quelle force je vais trouver pour pouvoir résister ; je ne tiens déjà plus mes mains, qui vagabondent sur toutes les surfaces de sa peau chaude, je ne tiens plus non plus ma bouche, qui s'empresse avidement de récupérer la sienne et ma tête, bancale, lourde, confuse, est en train de glisser de ma nuque et de rouler au sol.

Bientôt, je vais céder. Je le sens, c'est inévitable, parce que lorsque Bermuda creuse son dos sous mes caresses et provoque des bruits étrangers et excitants avec sa gorge, moi, je sens que je me romps. Je sens que j'éclate en morceaux de chair qu'il faudra ramasser en même temps que ma dignité, mon sérieux et mon contrôle.

J'ai les cuisses qui se contractent brutalement. Je l'embrasse. Je détaille toutes les aspérités de sa bouche, de ses lèvres, de sa langue, et je m'attends peu, dans mon élan désireux – je lui ai demandé, deux fois, je crois, de m'embrasser – je m'attends peu à ce qu'il me rende ce baiser. Peut-être pourrait-il me repousser, intercaler ses doigts entre nos deux bouches, poser sa main sur ma poitrine pour se relever d'un coup et déchirer notre proximité. Mais non, Bermuda m'embrasse à son tour et alors que je suis allongé au sol, je ne sens plus la froideur boisée du parquet sur mes omoplates.
Je sens juste sa chaleur écrasante et étouffante qui me noie.

J'ignore combien de temps je vais pouvoir résister aux mille assauts qu'il me lance dans toute la brûlure de sa bouche.
Je voulais deux baisers et j'en obtiens plus, tellement plus que je n'arrive pas à compter. A chaque fois que ses lèvres décident de s'ancrer, navire extatique, ailleurs sur ma peau, je tourne ma bouche dans l'espoir de les intercepter. Je veux tous ses baisers, je veux tous ses touchers, et au fur et à mesure que ses mains gravissent mon corps (la peau de mon cou, mes cheveux devenus courts, je me sens trembler), les miennes aussi continuent leur possessivité. Je suis la cambrure de son dos, j'appuie, j'enserre, je voudrais qu'il se plaque si fort contre moi qu'il m'arracherait la peau d'envie.

Je sens les boutons en plastique froid de la chemise contre ma poitrine nue.
Je ne vais pas y arriver.
Son haleine essoufflée se répercute contre mes lèvres. Je vois son œil précieux, et sa cicatrice, je le contemple, remué et figé à la fois. Je voudrais l'embrasser encore et que jamais il ne puisse reprendre son souffle. Mes mains continuent leur parcours ; jamais elles ne s'arrêteront. Bermuda parle, je l'écoute, mais mes tympans vrombissent sous les pulsations violentes de mes caprices. Dire que nous avons froid, dire que nous sommes à demi-nus, que son nez est meurtri, mon épaule recousue, comment pouvons-nous encore nous engluer dans ces gestes.

Il parle, mais lorsqu'il parle il ne m'embrasse plus. J'écoute pourtant, je fais de mon mieux, mais mon crâne peine à gérer et mes mains dévastatrices, et mon corps qui s'arque, et mes pensées erratiques, et ma bouche cupide, et mon ouïe cassée par la tessiture basse de sa voix.
On dirait de l'écume.

Heureusement, il m'embrasse encore, je relève mon visage vers lui. J'essaie d'entendre ce qu'il répond aux milliers d'interrogations que j'ai susurré dans les tremblements de la douleur. Ses révélations devraient m'arracher des hoquets, des curiosités, des indignations même, peut-être des sourires qui écorneraient ma bouche, mais quand je peux réagir, il tue mes sursauts avec un, deux baisers, trois caresses, une marque de dent, une cassure dans mon ventre.

Je retiens qu'il me trouve beau, et je retiens qu'il me désire. Le reste, je l'enfouis ailleurs, là où mon corps n'est pas délirant et je me dis que je m'en occuperai plus tard, bien plus tard et que pour l'instant, il y a toutes ces choses qui pressent et écrasent.

J'ignore combien de temps je résisterai.
Mais Bermuda m'apporte très vite la réponse ; jamais.
Jamais plus je ne pourrais résister.

Sous mon œil hagard et crépitant de fièvre, et ma bouche essoufflée, Bermuda se redresse. Au début, mon visage s'affaisse d'incompréhension – comme un enfant capricieux, je ne comprends pas pourquoi il m'a retiré le plaisir de ses lèvres.
Puis, j'observe ses bras se relever jusqu'à ses hanches. Je pâlis. Son sous-vêtement glisse jusqu'à ses chevilles. Ma langue se gorge de fer. Je m'étrangle.

Et lorsqu'il vient s'asseoir sur mon bassin, je ne sens plus que la chaleur brûlante de sa peau nue s'insinuer à travers la maigre épaisseur de coton de mon caleçon.
Je gémis.

Je gémis, un grognement, une plainte mi-rauque, mi aiguë, et je me prends la tête dans la main. Je l'écrase violemment contre mon visage comme si, planter le bout de mes doigts dans mon front, mes joues et mes paupières allait m'empêcher d'éclater sous la force de l'excitation.
Je ne peux plus le regarder. Je ferme les yeux. Je sens trop, je devine trop sa peau, nue. J'ai terriblement envie de m'enfuir.

― Non, non, non, non.

Je proteste, cache mon visage dans ma paume, je le sens rougi d'envie. Je cède, me cambre, me contracte et, dans mon incohérence fébrile, je ramène ma deuxième main sur mes traits. J'ai mal, je m'en moque.

― Non, non, non.

Mais Bermuda n'écoute pas la litanie que je murmure, la gorge cassée. Bermuda n'écoute pas les protestations de cette excitation qui me troue la peau. Il n'écoute pas, parle, ne comprend pas là où il me jette et ce qu'il va provoquer.
Je ne suis moi-même pas sur d'apprécier où je vais.

Et quand il parle, Bermuda m'achève. Il me plante des mots dans les côtes et ne se rend probablement – très certainement – pas compte des ondes que ses paroles agitent en moi, ni de mes mes mains qui prennent ma tête, ni de l'urgence de mes envies.

J'ai envie de lui dire : tais-toi, Bermuda, tais-toi, vraiment, tais-toi, tais-toi. Mais seul un grondement sort de ma bouche close. Il prend ma main, dévoile un de mes deux yeux effarés de plaisir et vient la poser sur sa poitrine.

Ce simple toucher m'incendie.
Alors, tout empire lorsqu'il attrape mon poignet pour le descendre jusqu'à son entrejambe nue.

Bermuda ne se rend pas compte avec quelle violence tous mes muscles se raidissent, ni de la stupeur blême et rouge qui passe sur mon visage.
Je n'en ose même pas le caresser. Je n'ai que deux poumons défectueux qui s'échinent à pomper l'air là où je sais qu'il n'y en a plus. J'ai chaud, j'étouffe.

Quand tout cela va-t-il terminer. J'entends tout, je l'entends même trop, ses mots s'insinuent dans mon sang, mais je n'ai retenu plus qu'une chose, les lèvres mouillées de folie : je veux qu'on fasse l'amour.
Moi aussi, j'en ai envie, et avec une brutalité dont il n'a pas idée.

Bermuda s'est arrêté. Il a arrêté ses provocations, il a arrêté de m'allumer, de m'exciter, de me perdre, il s'est lové contre ma poitrine, il a murmuré, confessé, s'est plaint.
Mais il est déjà trop tard.

Je pose ma main sur son épaule et je l'écarte brutalement, d'un coup, glissant une déchirure entre nos deux corps. Puis, je me redresse, tremblant de fébrilité et cette spontanéité me coûte une douleur dans l'épaule.
Je m'en moque.
Mes mains s'affairent et mon regard s'immobilise. Je ne parle plus, je ne halète plus, mes poumons se gonflent et se dégonflent mais j'appose sur mon visage le calme d'un homme inconnu.
Le calme d'un homme qui va lui faire l'amour.

Tous deux assis, j'essaie de déboutonner sa chemise mais mes doigts tremblent trop et ratent à chaque fois l'encoche. Je ne m'énerve pas, je persiste, agite mes pouces, mes index, et je parviens à défaire le premier :

― Aide, je réclame dans un mot qui ressemble plus à un jappement bestial.

Mais je défais ensuite le deuxième, le troisième, le quatrième et le dernier.

Je pousse Bermuda. Je remets ma main sur son épaule, la ramène sur l'axe dévêtu de son torse et j'appuie. Je le pousse, d'une force ferme, afin qu'il bascule lui en arrière, qu'il s'allonge lui aussi sur le dos et que je puisse le contempler de toute ma hauteur avare.
Il ne porte presque plus rien ; je peux contempler sa nudité.
Ma bouche est une ligne fine, mince, sérieuse. Mes tempes sont humides et collantes de sueur et mes cheveux courts se découpent sur mon front comme l'herbe sèche d'une garrigue.

Je l'observe, avide. Ma bouche est compacte comme de l'or.
Là, tout de suite, agenouillé sur le parquet de la cuisine, j'ai envie de le prendre à même le sol. Mes pouces glissent dans l'élastique de mon caleçon pour le retirer, mais je m'arrête avant même d'avoir commencé.

Je me prends à nouveau la tête dans les mains et pousse une plainte frustrée. Si mes cheveux étaient plus longs, je me les arracherais.
Je ne fais plus du tout attention à la douleur. Un soupir fend ma poitrine.

Nous ne pouvons pas – pas vraiment – faire l'amour ici, alors, j'espère un peu trop et je me dis que, si j'ai réussi à me redresser, je peux me rendre jusqu'au lit en prenant son poignet et en l'emportant dans ma fuite. Mon œil se lève jusqu'au bar qui nous surplombe et, déterminé, je m'y accroche de mon bras épargné pour essayer de me relever.
Mes jambes, flageolantes, se dérobent sur moi. Je proteste silencieusement.

En réalité, je ne parle plus.
Je ne pourrais pas me lever et je le comprends vite alors, mon regard furète tout autour de nous et se pose sur la bière que j'écarte. Puis, je remarque à nouveau tout le matériel qu'il avait emmené, les compresses, le fil, le drap de bain, la couverture et je l’attrape, elle. Je la roule en boule dans mes mains pour qu'elle prenne plus ou moins l'apparence d'un coussin négligé et, autoritaire, je la glisse sous sa nuque en l'aidant d'une main. Je reproduis les même gestes avec la chemise propre, le pantalon, la serviette encore mouillée et tout ce qui est à peu près doux et moelleux ; tout son corps est amorti.

Je ne me retiendrai pas de le faire ici.
Pour l'intimer à se taire, je lui lance un regard bleu et sévère et je fiche mon index tendu devant ma bouche. Je l'invite au silence le plus absolu.

Jamais je n'ai tant souffert de pouvoir m'exprimer.
Ses questions s'entrechoquent toujours dans ma tête quand je réfléchis au meilleur moyen de lui répondre, au meilleur moyen de lui faire comprendre. J'en ai marre de jouer de mon tribut avec des questions, je me lasse des euphémismes et les hyperboles me harassent.

Je m'épuise à ne plus pouvoir dire que des mensonges.
Je voudrais lui dire comme il est beau, comme je le désire, comme il me pousse à la folie, comme il me trouble, comment je vais lui apprendre le plaisir, comment je vais lui faire comprendre ce que je ressens quand j'enlace ses reins, comme je veux le posséder, comme je suis possessif, comment je deviendrais violent s'il trouvait d'autres bras.
Je me prends une nouvelle fois la tête dans les mains, me gratte nerveusement le crâne, prend une position de prière et je recommence.

Je lève mon index en l'air pour lui ordonner d'attendre et de patienter et lui rappelle de se taire en le remettant devant mes lèvres fermées. Je prends mon temps, j'ai besoin de se silence et pour me calmer, et pour réfléchir posément à la suite de mes actions.
Je le vrille du regard et je commence. Mon doigt se redresse encore pour l'avertir.

― Les hommes.

Je pose ma paume sur son genou.

― Les femmes.

Je suis presque sûr que je peux y arriver. Ma main descend à l'intérieur de sa cuisse et, alors que je ne lâche aucune expression qui passe dans son unique œil ouvert, j'y pique des caresses. J'ai un soupir ; je secoue la tête, de droite à gauche, négatif.
J'ai des mines dans la bouche.

― Toi.

Puis je viens me placer au dessus de lui en ne m'appuyant que sur un bras et en essayant de maintenir un équilibre précaire. Je fonds, tendre, ardent, sur son visage. Je l'embrasse, ma bouche mourant contre la sienne sème quatre ou cinq baisers sur tous ses angles en évitant soigneusement son œil blessé. Pourtant, je voudrais vraiment l'embrasser.
Je me redresse à nouveau, indécis, une ride de réflexion perçant la ligne de mes sourcils. Pourtant, j'ai l’œil fiévreux et les mains erratiques. Je viens embrasser le genou que je touchais, puis je me saisis de ses doigts et les presse contre ma bouche. Je les embrasse en le regardant pour qu'il comprenne.

― Tes doigts.

Je recommence pour diverses parties de son corps. A chaque fois, je le fixe, inflexible, et je dépose un, deux, trois baisers sur la cible de mes énumérations. J'oscille avec des morsures tendres, surtout à l'épaule.

― Ta bouche. Tes yeux. Ton front. Tes épaules. Tes cuisses. Tes poignets. Ton torse. Ton cou. Ton ventre.

Et plus je l'embrasse, plus je sens ces tremblement dans chacun de mes os, et plus il est dur de garder le contrôle. Je grimace, beaucoup, tord mon visage, plisse les yeux pour me retenir, coupe péniblement des gémissements.

A la fin, mes yeux sont rougis de plaisir. Le regard que je lui lance est accusateur et suppliant. Je laisse peser un silence uniquement fendu par ma respiration sifflante.

― Ton prénom. Bermuda.

Brusquement, je ramène pour index devant ma bouche, mais j'ignore si c'est pour qu'il se taise lui ou que je la ferme moi. Ce geste est sur le point de me coûter ma lucidité et je ferme les yeux pour mieux respirer.
Je n'arrive plus à décider mes mouvements et je reviens au dessus de lui pour égrainer des baiser sur sa peau nue, de la proéminence effacée de sa mâchoire à la diagonale de son torse. J'embrasse douze côtes, puis douze autres, et ça m'arrache des élancements terribles dans les reins.
Je descend, encore, et cette fois, ce sont ses hanches qui reçoivent mes baisers, puis son aine, la chair fine de sa cuisse, son aine encore. Ma concentration me martèle le crâne. Je m'arrête au dessus de son entrejambe, en suspend.

Alors, j'y appose ma main tiède et je le caresse. Je n'ai plus comme envie que de provoquer, chaotique, du plaisir et je sais qu'à cet instant, je précipite ma perte. Ce n'est que ma voix rauque, rocailleuse de désir qui parvient tout juste à me retenir en me retirant la sauvagerie de mon mutisme :

― Je t'apprendrais. Est-ce que tu comprends ?

Je me hisse au dessus de lui, de longues secondes infinies après, en cessant ma caresse.
Je pense que je suis arrivé au bout et qu'il me sera impossible, désormais, de résister davantage ; nous allons faire l'amour.



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MessageSujet: Re: Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.]
Je te promets l'enfer et le paradis. [Sucre][olé][temps actuel: F.l.u.f.f.y.] RxkgjUaMar 10 Mar - 3:46

Je me suis demandé si j'avais fait quelque chose. Si j'en avais trop dit. Quand tu me repousses. Je me demande ce que j'ai dit. Ce qui te fait me repousser. J'ai les tempes qui palpitent quand tu me bouscules. Quand tu écartes ton corps du mien. La bouche sèche. Je crois que je n'aime pas cela. Je voudrai que tu m'enlaces. Et que tu m'embrasses. Mais. Tu me repousses. Comme je t'ai moi-même repoussé. Je t'ai repoussé tellement de fois et toi. Toi. Jamais. C'est la première. Je n'aime pas cela. Et je voudrais te le dire. Je me demande si tu vas me laisser sur le sol trop froid alors que j'ai si chaud. Mais je m'écarte. Je n'insiste pas. Car je n'ai pas le droit. Et bien sûr que c'est étrange. Que je ne devrai pas. Mais. Je crois que je ne le supporterai pas.

Mes mains s'emmêlent. Dans les manches. Encore. Je veux t'enlacer. Te dire que je sais. Que j'ai vu. Que j'ai ressenti. Je sais que tu étais aussi ébranlé par mes baisers. Je t'ai entendu grogner et gémir. Je l'ai entendu. Et j'ai vu ta peau rougir. Et j'ai vu ta peau frémir comme la mienne. J'ai senti ton corps se cambrer, contre le mien.Je veux te dire qui si tu t'en vas maintenant, alors rien de nos excès n'aura de sens et c'est trop pour moi. Je ne le supporterai pas. Et. Je n'aurai de cesse de me demander s'il y avait un sens derrière nos baisers et tous ces élans qui me pétrissent d'incompréhension, mais qui me font me sentir vivant. Et important.


Je suis certain que tu vas t'en aller. Et. C'est quand j'en suis certain que ne t'écartes pas. J'ai les lèvres trop humides et l'oeil brillant de fièvre. De soulagement. Je ne l'aurai pas supporté. Vraiment pas. Alors j'attends. Un geste. Une parole. Un mot. Je lève la main pour la poser contre ta joue. Tremblante. Et tes mains viennent se perdre sur ma chemise. Ton visage est calme. Trop calme. Je ne peux plus voir ton trouble et le mien s'accentue. Je te fixe. Les joues rouges. Je ne sais pas comment tu fais pour apparaitre si calme. Et pourtant quand tes doigts tremblent je me dis que peut-être tu n'es pas si serein. Cela fait trembler mon coeur sous mes côtes. Quelque chose d'autre palpite. Je crois. Je suis certain d'aimer quand je te fais trembler.

Tu me demandes de t'aider. Abruptement. Je veux bien le faire, mais finalement tu y arrives. Et je te laisse faire. Et quand tu le fais avec tant de douceur je me dis que ce n'est pas pareil. Que ce n'est pas pareil que cette fois dans le lit. Dans la cale. Une fois ouverte, tu pourras tout voir. Ma peau rougir entière. Et. Cela m'importe que tu puisses voir. Je ne suis plus gêné. Ni même inconscient. J'ai vraiment envie d'accueillir tes caresses. Que tu vois. Que tu ressentes chacune des cambrures de mon corps quand tu le touches. Que tu comprennes que. Vraiment. Tu me donnes trop de fièvre et que ce n'est pas normal pour moi. Que je ne peux pas m'en sortir aussi facilement quand tu le fais. Pour que. La prochaine tu ne vienne pas perdre tes doigts sur mes reins. Tu es blessé à l'épaule. J'ai le nez meurtri. On va attraper le froid et ce sera terrible. Ce sera terrible. Parce que même en sachant tout cela j'ai encore envie que tu me prennes. Dans cette cuisine.

Tu me pousses sur le sol. Je ne résiste pas, car je me sens trop faible pour pouvoir pouvoir le faire. Trop fébrile. Je m'installe sur le sol et je te fixe. J'ai toujours les mains empêtrées dans cette chemise. Cette fameuse chemise qui de toute façon ne couvre plus grand chose. J'ai les tempes qui palpitent et quand tu viens entre mes jambes. Je pense qu'on va faire l'amour sur le sol. Je le pense quand j'ai l'oeil fixé sur tes yeux saphirs. Et. Décidément. Je les aime tes yeux bleus. J'aime quand je me vois dans tes iris. Je veux tendre les mains et t'attraper pour te presser contre moi. Tu passes tes mains sur tes hanches. Je pense que tu vas me prendre sur le sol. Et quand je le pense cela ne me dégoute même pas.

Mais tu ne me prends pas. Et je te regarde. Perplexe. Je me dis quand tu te prends la tête dans la main que cela ne ressemble vraiment pas aux fois précédentes. Je me fais attentif. À tes gestes. Tu vas appuyer ton bras sur ton comptoir. Pour te relever. Mais tu ne te lève pas. Parce que tes genoux tremblent. Comme les miens. Et tu ne dis rien. Et. Je me rends compte qu'il n'y a que le silence. Et que je ne peux que souffrir nos souffles. Qui s'essoufflent et qui se cherchent. Je me demande ce qui est si différent pour toi. Pourquoi tu ne m'enlace plus si facilement alors que j'en ai tant envie. Pourquoi ta bouche ne vient plus contre la mienne. J'ai vraiment envie de protester. Surtout quand l'air froid refroidi ma peau. Que je suis toujours sur le sol. Les genoux pliés. Et puis. Tu commences à t'affairer. Autour de moi. Tu enroules la couverture pour la poser sous ma nuque. Et tu recommences. Avec les vêtements et la serviette humide qui m'arrache des frissons quand tu la passes dans mon dos. Et. Finalement. Je me retrouve adossé tout contre une pile. Je comprends que tu cherches à nous faire un lit de fortune. Et je passe une main sur mes yeux.

Je me demande bien comment je peux arriver à détester un homme qui prend le temps de ménager mon dos. Qui. Proposait que je m'endorme sur son torse. Qui me demande si je vais bien alors qu'il souffre. Qui me demande des étreintes et des baisers alors que j'ai cherché à le tuer. À lui couper la langue. Je me demande vraiment si tu ne cherches pas à m'accabler. Je veux vraiment t'embrasser tu sais? Vraiment. Et je voudrais te le dire mais mes lèvres brûlent trop des tiennes et je me retiens parce qu'elles ne feraient que quémander. Quémander encore et encore. Un baiser. Des milliers. Encore et encore.

Alors je ne dis rien parce que tu me demandes de me taire. Que cela m'arrange. Mais je brûle quand même d'impatience et mes mains veulent quémander. Comme ma bouche. Je n'ai jamais été très patient. Jamais. Et l'attente que tu m'imposes me tue. Elle me tue vraiment. Je préfère la proximité de nos deux corps. Mais je ne dis rien. Je me tempère. Tu sembles vouloir réfléchir. Je ne sais pas à quoi, car j'ai moi-même du mal à ordonner mon esprit. Je voudrais vraiment profiter de ce calme pour tempérer les soubresauts de mon corps. Puisque je commence à avoir froid. Que je ressens plus le vent que ton souffles. J'ose un regard vers toi. Tu sembles toujours prêt à te prendre la tête dans tes deux mains. Même celle qui est attachée à cet épaule blessée-que j'ai blessé- et ce n'est pas bien. Vraiment. Parce que tu vas la rouvrir. Ta blessure. Et ma colère. C'est certain. Et bon sang. Je me demande vraiment pourquoi je ne peux pas saisir tes doigts et tes doigts ma peau.

Mais tu lèves de nouveau l'index. Cette fois encore. Je dépose mes deux bras sur mon torse et je hoche la tête. Docile. Trop. Mais je me demande encore combien de temps je pourrai subir la tyrannie de ce doigt qui m'impose un silence alors que je voudrais tellement quémander un baiser. Et. Tu poses ta main sur mon genou. Et quand tu le fait mes jambes tremblent. Frissonnent pour ta paume. Et ta bouche s'ouvre. Pour me parler des femmes. Et. Tu t'enfonces sur ma cuisse. Je soupire. Je soupire. Je veux grogner quand tu parles ensuite des hommes. Je ne suis plus très certain de vouloir en entendre parler. Maintenant que tu me caresses mais que tu ne m'embrasses pas. Depuis trop de temps. Mais tu secoues la tête. Et moi je plisse les yeux. J'essaie de comprendre. Vraiment. Mais ma cuisse et mon genou et ma jambe brûlent encore pour ta paume délicate.

Tes lèvres lâchent de nouveau un autre mot. Comme s'il te coûtait trop de formuler des phrases. Quand tu le fais tu viens te percher au-dessus de mon corps. Qui veut se tendre vers le tien. Mais il n'y a que tes lèvres qui répondent à mon appelle. Et même pour cinq baiser je me damne entier. Je réponds au premier mais il est trop furtif. Et mes mains. Mes fichues mains. Elles ne sont pas capable de te retenir. Et pourtant le bout de mes doigts sont tellement cramés que j'ai l'impression qu'ils t'ont déjà trop touché. Tu m'embrasses quatre autres fois sur mon visage. Comme moi. Je ne peux que trouver cela cruel. Je me pince les lèvres. Je ne suis pas certain d'être suffisamment calme pour me contenter de ces baisers. Je me concentre sur tes mots. Parce que je sais que tu veux que je comprenne. Alors. Je ferme les yeux. J'ai moins de mal à me concentrer quand je ne peux pas te voir a demi nu. Je me dis que tes gestes ont un rapport avec tes mots. Peut-être ne les embrasses-tu pas. Ces hommes et ces femmes. Surtout que. J'ai eu le droit à des baisers ardents. Mais doux. Très doux contre ma peau. Et je suis heureux que tu ne leur montre pas ta douceur. Parce que. Vraiment. Je voudrais qu'elle soit mienne. Comme ta bouche et ta peau. Je ne pourrai pas arrêter ma lame quand elle voudra se ficher dans les yeux de tes amants. Vraiment. Même si ce n'est que leur chair et non leur bouche que tu cherches à conquérir dans tes nuits d'ennuie. Je ne sais pas si je serai capable de le supporter.

Ta bouche viens embrasser mon genou tremblant. Et. Tu voles par la même occasion toutes mes conclusions. Mes désirs vengeurs. Je n'ai plus d'yeux que pour tes gestes. Si étranges. Tu ne m'as jamais fait l'amour ainsi. C'est tellement différent. Très différent. Je ne sais pas pourquoi. J'aimerais savoir. Mais tu attrapes mes doigts avec délicatesse et je suis certain que ce n'est pas pour me donner la réponse.

Tu les embrasses avec délicatesse. Mon majeur et mon index se souviennent d'avoir été traité presque ainsi. Presque. Parce que tes yeux ne brillaient pas du même éclat, la première fois. Combien même ils sursautent et se recroquevillent contre tes doigts quand tu le fais. Je sais que c'est différent. C'est différent. Et j'aime cela.

Tu fonds de nouveau contre mon visage. Tu embrasses ma bouche. C'est furtif. Parce que tu passes sur mon front et la paupière de mon oeil. Tu descends ensuite sur mon épaule. Tu l'embrasses aussi. Comme tu la mords. Je rejette la tête en arrière la bouche entrouverte. Tu déplaces ta bouche sur mes cuisses pour leur infliger le même traitement. Tu m'essouffles. Fais naître dans ma gorge quelques grognement extatiques. Je pince les lèvres mais je les entrouvre encore quand je peine à respirer. Tu attrapes mes poignets quand je veux plaquer l'une de mes mains contre mes lèvres. Pareil, ta bouche sur ma peau est ardente et tu y déposes tes brûlures. Sans te douter de toute la belle patience que tu mets à rude épreuve. Surtout quand tu recommences sur mon torse. Dans mon cou. Et même que tu fais tendre plus fort mon corps. Et je me cambre quand tu t'attaque à ma gorge. Et mon ventre lui se contracte dès que tu l'effleures.
- Sucre. Sucre. Sucre. Qu'est-ce que tu fais?

Je veux demander, mais ma voix est trop rauque et mon souffle maltraite les syllabes. Je vais avoir la marque de tes dents et les indécences de ta bouche tatouées sur le corps. Demain encore et le reste de l'éternité. Parce que je l'impression de ne jamais pouvoir les oublier. Elles m'en inspirent tant d'autres ces indécences que quand tu t'en vas je grogne mon mécontentement. Je voulais t'offrir mes bras. Pour que tu puisses brûler avec moi une bonne fois pour toute. Mais tu t'en vas. Et je suis trop désireux pour le supporter. Vraiment. Mais quand je vois tes joues. Que j'entends ton souffles je me demande si toi aussi tu ne souffres pas toutes tes retenues. Je voudrais te demander si je devrais mordre et embrasser ta peau comme tu l'as fait avec la mienne. Je veux le faire. Je crois. Je veux pouvoir embrasser ta peau. Te faire frissonner. Entier.

C'est important. Je le sens. Je devrai te le dire et te le faire comprendre. J'ai trop d'air dans la bouche. Trop de gémissements qui ne demandent pas grand chose pour pouvoir s'exprimer. Juste ta peau. Et tes lèvres. Ils n'ont besoin de rien d'autres. Toi. Tout entier. Je veux étendre les mains vers toi et te montrer. Je veux faire se tendre ton corps vers le mien. Le presser contre moi. Y déposer milles baisers pour faire s'enflammer chacune des parcelles de ton épiderme. Je crois comprendre que c'est comme cela que l'on fait l'amour. Que l'on se consume entier. C'est ce qui est différent cette fois. Je le sais. Je ne veux plus uniquement recevoir le plaisir je veux t'en donner aussi. C'est important. Il faut que je te le dise. Comme toi tu dis mon prénom et que je dis le tien. Quand tu m'étreins les reins avec douceur, parfois trop fort et que je le dis encore parce que je n'ai que toi dans le creux des lèvres. Sur mes lèvres. Sur la pointe de ma langue.

Tu lèves de nouveau ton index et tu empêches mes mots de franchir mes lèvres. Je les scelle. Bon gré malgré. Je n'ai jamais tant été frustré et muselé ainsi. Mais j'ai tant de chose à comprendre. À retenir. Je me concentres tant que je peux. Parce que c'est important. Je le sais. Alors je reste attentif et je me tempère. Ou du moins je fais semblant de le faire.


HRP➖ JHFHKN. PAS D'ELLIPSE. POUR MOI. C'EST À TOI DE LA FAIRE. (surpriiiiise :pan:)(Et je corrige pas parce qu'il est tard. Et que j'ai grave abusé et que je serai un zombie demain. )(Je corrige demain en rentrant promis cc).
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