Sujet: Manteau blanc, paille dorée et ciel noir. [Zaichik] Dim 22 Mar - 13:15
Enji leva le nez vers le ciel gris, puis ferma les yeux. La porte fut laissée ouverte aux sensations : celles du froid et du silence régnant en dignes maîtresses des lieux. Ça lui plaisait. En même temps, faire un détour pareil dans le seul but de se plaindre aurait vraiment été insensé … Pour ne pas dire stupide. Mais, ça, bien sûr, ce n’était que son humble avis. Revenant tout droit d’Eraclae, le conducteur de calèche portait à ce moment-là la casquette du livreur et se dirigeait donc tout naturellement vers Libra … Cependant, sa besogne accomplie, le jeune homme s’était dit que prendre le chemin le plus court n’aurait pas été intéressant et que, de toute façon, vu qu’il avait le temps … Un petit saut du côté de la Passe de Cristal ne ferait pas de mal. Heureusement que son patron était habitué aux soudaines envies d’aventure de son employé ! Car oui, c’était loin d’être la première fois qu’Enji décidait arbitrairement d’aller flâner un peu dans le coin, les zones un peu moins habitées aux paysages que les grands murs de la capitale ne sauraient envier.
Depuis combien de temps Enji était ici, en fait ? "Ici", dans l’Eden. Pouvait-on dire qu’il était déjà arrivé au point qu’il s’était installé dans une confortable boucle de train-train quotidien ? Hm. Il n’en avait pas l’impression. Quelque chose manquait. Il avait besoin d’un peu plus … mais aucun mot ne lui venait pour désigner ce qu’il cherchait. C’était déroutant, embêtant ; mais ce sentiment de flou lui paraissait commun au sein des habitants de ces contrées utopiques. Autant chez les « Humains » que chez les « Vagabonds ». Qu’il arrive un jour à s’en défaire, il n’en doutait pas … Mais quand ? C’était encore à voir. Heureusement, Enji avait l’impression d’être quelqu’un de patient, alors …
Il rouvrit les yeux, inspirant un grand coup l’air glacé de la forêt glaciale. Le froid n’était pas mordant par ici : à l’instar de la flore, les sons comme le vent semblaient être gelés dans le temps. Ce n’était cependant pas une raison pour se balader comme on se baladerait dans les rues de Canaan. Le manteau, les gants et les bottes fourrées étaient donc de mise. Les chevaux, eux, avec leur couverture sur le dos, ne semblaient pas plus gênés que ça non plus … En vérité, s’ils avaient été dotés de parole, sans doute que ces deux équidés se seraient plus plaint de la fatigue que du temps. Eh … Enji devait aussi avouer qu’il commençait à avoir des fourmis dans les jambes, après tout ce temps passé assis. Allons bon, une petite pause ne leur ferait pas de mal ! Lorsqu’ils arrivèrent à une place propice à l’arrêt, Enji stoppa le convoi et se leva, s’étirant de tout son long avant de sauter à pieds joints sur le sol enneigé. Tranquillement, il détacha les chevaux de la charrette, leur caressant la tête avant d’aller les attacher près d’un arbre. Le jeune homme retourna ensuite vers le wagon de la carriole d’où il sortit une bonne botte de foin, la déposant ensuite aux sabots de ses compagnons de voyage. Il en avait d’autres comme ça, ainsi que des caisses de provisions … Normal après tout, Eraclae-Libra ne se faisait pas en un jour. Rien d’autre de valeur que des outils du quotidien pour survivre, le reste ayant déjà été porté à bon port. Bref, finissant enfin d’installer le petit coin « goûter » de ses montures, Enji se décida quant à lui à aller se dégourdir les jambes un peu plus loin. L’endroit semblait tellement tranquille que le grand blond n’avait pas l’impression d’avoir à s’inquiéter. Si quelque chose d’anormal pointait le bout de son nez, il serait très vite averti par les hennissements des chevaux ! Il restait quand même dans le coin, de toute façon, et « loin » n’était qu’un mot.
Zaichik
corps éthéré de pureté
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Sujet: Re: Manteau blanc, paille dorée et ciel noir. [Zaichik] Dim 5 Avr - 18:51
Non, il ne savait pas où il était, et oui, il s'en fichait royalement ; enfin, au moins un peu. N'était pas Zaichik qui voulait et s'il se promenait et se perdait malencontreusement, il finirait toujours par retrouver son terrier (histoire d'éviter d'avoir à passer la nuit dehors, seul avec le vent froid – toujours froid quand il décidait de sortir pas trop habillé, n'est-ce pas) sans faire de mauvaises rencontres en chemin. Monsieur était un aventurier intrépide, une fourmilière de courage qui ne se laissait jamais démonter par les difficultés et – BORDEL. Un juron couvert par l'écharpe qui faisait trois fois le tour de son cou se perdit dans l'écorce contre laquelle le jeune homme se blottit avec une ferveur nouvelle. Les bottes de nouveau solidement calées contre la branche sur laquelle il avait élu domicile un quart d'heure plus tôt, il jaugea d'un œil critique la distance qui le séparait du sol. Straight to hell, s'il tombait il allait crever en plus de le sentir passer : non merci. D'un autre côté, s'il descendait, il allait peut-être encore tomber sur les gars chelous de la dernière fois ET crever aussi ET le sentir passer en plus de ça – c'était quoi le plus douloureux entre un cou brisé et des membres rués de coups ? Avec une agilité certaine malgré sa maladresse, il passa sur une autre branche, plus plate et large, qui lui permit de souffler un peu.
Zaichik posa son sac entre ses chevilles avec un long soupir à la discrétion discutable. Menton levé vers le ciel, il observa les branches qui semblaient le narguer à se balancer tranquillement sans risquer la chute fatale. Lui aussi il aurait pu faire ça s'il était collé au tronc, hein ! C'était facile de se moquer quand, quand... Ah, cet endroit le rendait fou. Le pauvre garçon tenait le compte des jours mais s'attirait tant d'ennuis que l'amnésie rendait le calendrier compliqué à suivre. Il doutait de tout et se demandait parfois s'il n'était pas somnambule ; ça en aurait expliqué, des choses ! Las de rester encore et toujours au même endroit, il voyageait souvent sans parvenir à garder les routes en mémoire. Quelque chose lui susurrait qu'il n'avait pas dû quitter beaucoup son petit coin de paradis, dans une autre vie. Plutôt casanier, uh ? Bizarre, il ne s'en sentait pas l'âme.
Mais Zaichik ne se sentait pas non plus l'âme d'un équilibriste et il se promenait pourtant à des mètres du sol en priant le dieu des cordes raides de ne pas l'envoyer six pieds sous terre. Plutôt paradoxal et pas très terre à terre : sur cette hilarante conclusion, monsieur se décida à arborer fièrement sa virilité et descendre de son perchoir pour vérifier que le danger était bien passé. Merde hein, après tout, il savait se défendre ! Il était peut-être pas ceinture noire de judo mais il cognait plutôt fort, alors en cas de danger... Contre six types plus grands que lui, il n'avait plus que ses jambes, mais ça ne devait pas l'empêcher de gonfler sa self-esteem. Allez Zaichik, murmura-t-il en fixant le sol, se ravisant la seconde d'après. Après avoir failli passer par-dessus bord, il s'était aperçu qu'il n'était plus seul : l'avait-il jamais été ? Ses yeux clairs scrutaient le sol à la recherche de la silhouette qui l'avait fait sursauter. L'avait-il vu ? Ses vêtements sombres n'étaient pas en parfaite symbiose avec son âme sœur recouverte d'écorce, mais ils avaient le mérite de ne pas se la jouer panneau de signalisation. Maintenant à genoux sur la branche, au mépris du danger, il se pencha à manquer d'en tomber. Ah oui, juste là, il y avait...
Un bocal de sauce bolognaise. Zaichik cligna des yeux et retint un cri bien à lui en suivant la trajectoire du pot en verre, qui alla s'écraser juste devant le bel inconnu. Il avait connu mieux comme tactique ninja pour pas se faire repérer ; comme un crétin, il agita la main pour dire « salut, rien de cassé ? ». Et dire qu'il aurait pu prendre ses jambes à son cou et sauter de liane en liane le plus vite possible, le plus loin possible.
Ce type n'en avait peut-être pas l'air (enfin, de là où il était, c'était pas évident de juger), mais il pouvait très bien être un psychopathe meurtrier en voulant à son scalp. Pour ce qu'il en savait, hein. Et Zaichik n'avait décidément pas l'air d'en savoir grand chose. Poor boy.
« J'avais mal fermé mon sac », lança-t-il en tirant la fermeture éclair pour preuve d'honnêteté. Si le bellâtre était un sniper, autant qu'il ne pense pas qu'il avait voulu l'assassiner.
Sujet: Re: Manteau blanc, paille dorée et ciel noir. [Zaichik] Jeu 21 Mai - 2:52
Le bruit des bottes s’enfonçant dans la neige était différent de celui des sabots, et ça n’était pas vraiment désagréable à l’oreille. Mains dans les poches et le regard bien parallèle à la ligne d’horizon, Enji avançait à pas lents ; le rythme d’une promenade, tranquille et sereine. Où il allait comme ça ? Il n’en avait aucune idée. En tout cas, la pensée qu’il risquait de trop s’éloigner des chevaux ne lui effleura pas un seul instant les boucles, son esprit trop occupé à profiter du moment présent. Les livraisons, son patron, Libra, l’Eden ; tout ça fut laissé de côté et bien enfoui sous le tas de neige qu’il prenait un malin plaisir à piétiner, laissant la marque de ses semelles de chaussures comme on sèmerait des petits cailloux blancs. Soudainement, un drôle de croassement vint surprendre le randonneur dans sa foulée. Instinctivement, il leva le nez vers les hauts branchages, puis le ciel … Mais rien ; pas un oiseau qu’il aurait de toute façon remarqué depuis longtemps, non ? Les animaux ne semblaient pas spécialement présents dans la Passe, où alors se faisaient-ils discrets … Surtout pour des yeux non habitués à tout ce blanc. Eh. M’enfin, pour en revenir à ce drôle de bruit, ce n’est pas ça qui alarma plus que ça Enji. Si quelque chose il y avait … quelque chose il trouverait bien, tôt ou tard. Et beaucoup plus tôt qu’il ne l’imaginait, en fait. Continuant donc son chemin, sans changer sa cadence, il dût cependant s’arrêter net lorsqu’un éclair passa devant lui pour atterrir à ses pieds avec une violence certaine. Légèrement sonné par cette attaque de météorite surprise qui aurait effrayé le plus téméraire des dinosaures, le jeune homme posa lentement ses yeux sur l’objet du crime … avant de relever le menton vers, cette fois, le présumé fautif de l’affaire. Un oiseau, hein ? Enji n’avait pas été si loin de la vérité. Là, sur sa branche, lui faisant un signe maladroit de la main, trônait un drôle de corbeau anthropomorphe et défait de ses plumes.
« J'avais mal fermé mon sac. »
Oh bah, si ce n’était que ça. Le blond sortit nonchalamment l’une de ses mains de sa poche, et fit à son tour signe au rapace pour lui assurer qu’il ne lui en voulait pas. Il n’y avait pas mort d’homme, eh … Et même si ça avait été le cas, ça n’aurait pas été bien grave, pas vrai ? Bon, Enji ne savait pas encore très bien comment ça marchait non plus : est-ce qu’il allait réapparaître ici ou bien chez lui ? La question se posait, hm. Mais ce n’était pas vraiment l’heure de faire des expériences morbides. Son geste du bras se poursuivit vers le bas, son dos se courbant pour aller récupérer le projectile improvisé … qui n’était autre qu’un bocal de … quelque chose. Enji plissa le nez, fronça les sourcils, cherchant donc à en deviner le contenu. En tout cas, c'était rouge et grumeleux. Après quelques secondes d’un effort cognitif qui ne porta malheureusement pas ses fruits, le garçon s’en retourna vers Maître Corbeau sur son arbre perché avant de lui tenir à peu près ce langage :
« Alors … Est-ce qu’il faut que je monte te le ramener ou je le considère comme un cadeau ? »
Enji gardait bien son calme pour quelqu’un qui avait failli se recevoir un pot de verre sur la tête. En fait, il trouvait même la situation plutôt amusante. D’ailleurs, les deux solutions précédentes ne le gênaient guère. Est-ce qu'il sait juste monter aux arbres ? Eh. Bonne question.
Zaichik
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Sujet: Re: Manteau blanc, paille dorée et ciel noir. [Zaichik] Jeu 4 Juin - 23:43
A priori, l'autre n'en voulait pas à sa vie et ne rêvait pas d'avoir son scalp accroché à son mur ; bon point, pensa notre héros des bois en se fiant au calme apparent de la victime involontaire de lancer de bolognaise à la Zaichik, se refusant malgré tout à mettre de côté l'option « attendrir pour mieux dévorer ». Zaichik n'était pas paranoïaque au point de douter de tout et de tout le monde constamment, mais il se méfiait des pauvres innocents qu'il alpaguait parfois sans le vouloir – comme présentement, quoiqu'il se félicitait régulièrement d'échapper de plus en plus souvent à ses détracteurs. Là, coincé en haut d'un arbre comme le dernier des imbéciles, il allait avoir du mal à filer comme l'éclair si monsieur sortait un jet-pack et se lançait à sa poursuite pour lui faire regretter d'être né. Ou d'avoir laissé tomber ce pot de bolognaise. Mine de rien, ça aurait vraiment pu mal se finir, cette histoire. Reset button.
« Alors … Est-ce qu’il faut que je monte te le ramener ou je le considère comme un cadeau ? »
Oulà. Zaichik fronça les sourcils, fixa un long moment le visage de l'inconnu dont il ne distinguait que vaguement les traits, le tout sans prononcer le moindre mot. A la loupe, on aurait presque pu espérer voir les rouages cliqueter à l'intérieur de sa petite tête, et un mince filet de fumée s'échapper de ses oreilles frappées de bourdonnements incessants. Il secoua la tête comme pour les en chasser, maudissant le silence des lieux. Il détestait les endroits qui résonnaient comme des tombeaux sans parvenir à savoir pourquoi. C'est comme ça, c'est tout était son leitmotiv depuis qu'il avait atterri à Libra. Le vide qu'il traînait à son pied ne le laissait jamais dormir tranquille la nuit. Avec un soupir qu'il étouffa dans les replis de son écharpe, il offrit au sniper pas si sniper que ça un large mouvement de dénégation. Pas fou, il ne comptait pas risquer sa vie (ou celle de son interlocuteur, hein, si jamais il glissait) pour un pot de nourriture qu'il pourrait toujours racheter plus tard, à la prochaine escale. Il pouvait aussi se tromper et sauter pieds joints vers une morte certaine, se rendant compte au bout du voyage qu'il lui manquait un pot pour finir sa tournée et qu'il se trouvait dans un désert sans supérette ni magasin à 100 kilomètres à la ronde. Plutôt pessimiste, comme pensée, et qui n'empêcha pas notre ami de lancer sur un ton égal :
« Bha, tu peux le garder, j'en ai d'autres. »
De là à comprendre pourquoi il emmenait trente six bocaux de sauce bolognaise en voyage, hein. Il avait peut-être des tonnes de pâtes à assaisonner. Prenant garde à ne pas fausser compagnie à la branche par mégarde, Zaichik se redressa, ployant légèrement ses jambes gourdes. Hors de question de descendre maintenant et aller taper un check à l'inconnu qui, tout aussi sympa qu'il puisse être, restait avant tout un inconnu. Il sonda rapidement les alentours, scrutant chaque branche avec un sérieux aux apparences toutes feintes de nonchalance, les muscles prêts à se tendre à la moindre menace. Mieux valait mettre toutes les chances de son côté dès maintenant.
« Tu fais quoi ici ? T'es tout seul ou t'es venu avec quelqu'un d'autre ? »
Mine de rien, l'idée de se faire courser par une bande d'abrutis aux biceps de la taille de son torse ne l'enchantait toujours pas plus que ça. Il détestait faire la conversation avec la boule du danger au ventre mais, eh, pas le choix. C'était pas super suspect de se promener mais il préférait mener l'enquête, aussi fiables que puissent être ses questions bateaux – que l'autre aurait tout à fait été en droit de lui renvoyer, sourcils froncés compris.
Parce que des deux, c'était pas le blond qui faisait joujou dans un arbre au risque de se briser la nuque.
Sujet: Re: Manteau blanc, paille dorée et ciel noir. [Zaichik] Ven 31 Juil - 1:55
Yeux toujours rivés vers la silhouette, difficile à perdre avec ses vêtements qui juraient à la perfection avec le paysage, Enji attendait donc sa réponse … qui se laissait désirer. Mais le jeune homme était patient alors, avec son même léger sourire, il ne bougea pas plus ou ne se demanda si son interlocuteur l’avait tout simplement entendu. Pas besoin, de toute façon, car voilà que l’inconnu lui faisait signe qu’il n’avait aucunement raison de se déplacer. Bien. Merci, il supposait ? Enji haussa donc les épaules et retrouva le flacon de verre que tenait toujours sa main, l’examinant une dernière fois avant de se mettre en tête de l’ouvrir. De son autre main, il tourna ainsi le couvercle qui se dévissa aisément juste après que le signal de l’air y entrant ne sonne à ses oreilles. Sans trop s’en faire, à priori beaucoup moins suspicieux que le brun sur son perchoir, il rapprocha le contenu du bocal de son visage … Ce n’était pas bien différent que ce qu’il en avait vu de l’extérieur mais, vu l’odeur, le doute n’était plus permis : sauce à la tomate. Rien de plus, rien de moins … Et ces petits morceaux flottants ne devaient être rien d’autre que de la viande hachée. Plutôt ironique pour quelqu’un qui ne tenait pas à manger quoique ce soit d’animal. Pour une raison qui lui échappait à moitié, mais …
« Tu fais quoi ici ? T'es tout seul ou t'es venu avec quelqu'un d'autre ? »
Ouh ? Enji releva la tête, découvrant alors une magnifique vue en contre-plongée du corbeau. Reculant instinctivement pour ne pas se casser le cou – tout refermant machinalement le bocal de bolognaise en passant –, le sauvé ne se sentit pas spécialement attaqué par les questions qui pouvaient pourtant sous-entendre qu’il n’était, éventuellement, pas au bon endroit au bon moment. Hahaha, ce genre de perspective lui donnait seulement envie de rire. L’inquiétude, la peur, le danger potentiel … Actuellement, il ne les sentait pas. Il ne les connaissait pas.
« Il n’y a que mes chevaux et moi. Nous revenons d’une livraison à Eraclae et retournons donc à Libra. Enfin, pour le moment nous faisons une pause, par là-bas. »
Le blondinet montra la direction d’un geste vague de la main, celle que ses pas avaient foulée ; mais ceux-ci devaient être invisibles aux yeux inquisiteurs du rapace, à cette hauteur. Enfin voilà. Pensant que les interrogations de son interlocuteur touchaient aussi ces points-là, Enji continua son rapport :
« Je ne pense pas avoir vu qui que ce soit d’autre, sinon. Ces bois m’ont l’air plus que tranquille. »
Et ce n’était pas peu dire, vraiment. L’endroit semblait tellement … mort. Hors du temps. Difficile à décrire. Mais "plus que tranquille" lui semblait être un adjectif convenable. Après avoir gentiment coopéré, il était temps que ce soit à son tour de se poser des questions. Il fallait tout de même avouer que ces questions cachaient quelque chose … Attendait-il quelqu’un ? Ou le contraire, justement. Ensuite, pour quelle raison ? Ça, pour sûr que ça ne regardait que lui, mais puisqu’ils en étaient là …
« Serais-tu gardien de la Passe ? Je ne savais pas que c’était un métier … »
Voilà bien ce qu’il lui inspirait. Certes, la tenue de camouflage était à revoir, mais il faisait une excellente vigie. Et puis il avait ce petit quelque chose, dans la voix …
Zaichik
corps éthéré de pureté
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Hmm hmm. Suspicieux pour deux (il n'arrivait pas, malgré ses efforts acharnés en la matière, à déceler les intonations du mensonge), Zaichiki suivit du regard la direction que son compagnon d'infortune lui indiquait, sans parvenir à distinguer quoi que ce soit à travers le labyrinthe de branches et d'arbres qui lui barrait la vue. Moi, mes chevaux, ok ; et c'était tout ? Bordel, si lui arrivait à trouver franchement bizarre qu'un type fasse son boulot et s'octroie une petite balade pour passer le temps, il n'osait pas imaginer ce que l'autre pouvait penser de son côté. Qu'il jouait à chat perché, qu'il avait un drôle de passe-temps consistant à faire la discussion aux troncs ? Vexé sans vraiment savoir pourquoi, le jeune homme écouta la suite avec une moue qui alla en s'amplifiant à l'évocation de la tranquillité des lieux. Tranquillité mon œil, pensa-t-il en poussant un grognement inintelligible, rempli d'amour et de respect envers plus grand et plus fort que lui. Il avait beau se consoler en se disant que lui au moins avait le cerveau et la souplesse, l'idée de pouvoir se faire briser en deux comme une simple branche lui restait en travers de la gorge. Les prédateurs, ça rentre même dans les terriers, tu sais. On est à l'abri nulle part. Il scruta avec curiosité les contours du garçon en contrebas, s'attendant à y voir dépasser le bout d'une arme. Il y en avait de toutes les couleurs, et pour une raison qu'il ignorait, sortir sans rien en poches lui fichait une trouille bleue. Au cas ou, juste au cas ou. Peut-être qu'il devenait parano à force d'attirer les emmerdes. C'était pas sa faute, quand même, s'il était un aimant à ennuis.
« Serais-tu gardien de la Passe ? Je ne savais pas que c’était un métier … »
Surpris, Zaichik cligna des yeux, avant de laisser glisser un gloussement sur sa langue. Oh, cool ! Il pensait qu'il faisait son boulot, lui aussi, et pas qu'il était une sorte de psychopathe bizarre qui s'amusait à parler aux arbres en les tartinant de sauce bolognaise. Ça faisait plaisir de savoir que notre accoutrement n'était pas trop décalé et qu'on faisait un minimum bonne impression. Son assomption était fausse mais, eh, c'était pas sa faute. Bosser, Zaichik n'aimait pas ça. Entre les constantes engueulades et la certitude de se faire exploiter, il n'arrivait jamais à garder un job bien longtemps. Quelques jours, tout au plus, de quoi vivre sans trop voler – parce qu'on a beau se dire que se nourrir d'air pur et d'eau fraîche est une putain de bonne idée, l'appliquer est tout de suite beaucoup moins aisé. Un demi sourire sur les lèvres, il sautilla légèrement sur la branche, prenant garde à ne pas risquer de la faire casser tout net pour autant. Ça aurait été con de se retrouver à terre pour ça.
Et puis, au final...
« Ouiii, c'est tout à fait ça, fit-il sans chercher à charger son ton d'une réelle conviction, et je suis là pour empêcher tous les gens suspects de passer. Comme toi, par exemple. »
Tu reviens de ton boulot et tu te promènes, c'est clairement suspect. Pour ce qu'il en savait, il cachait peut-être de la drogue et de l'alcool dans l'avoine de ses chevaux.
« C'est quoi ton nom ? » demanda-t-il tout en se glorifiant de cette interpellation digne d'un mauvais plan drague. Il avait fait mieux, franchement, c'était pas son jour ; et puis même si monsieur propre sur lui-même avait pas l'air moche vu de là (on pouvait difficilement avoir l'air moche vu de là, ceci-dit), il n'allait pas lui claquer les fesses avant de s'être assuré de sa pure amabilité désintéressée.
Sujet: Re: Manteau blanc, paille dorée et ciel noir. [Zaichik] Jeu 3 Sep - 23:05
Non ; en vrai, il n’y croyait pas une seconde. Ce n’était pas la première fois qu’il passait par là et il n’avait jamais eu de problème. Pareil dans d’autres régions. Pour quelle raison aurait-on soudainement eu besoin de placer des gens à des endroits aléatoires et paumés de la carte ? A part pour se débarrasser d’eux, complètement. Ou bien, éventuellement, que tous les métiers crédibles de la Création étaient occupés. Mais il doutait que l’Eden en soit déjà arrivé à ce point. Alors bon, voilà. Mais si ça l’amusait de jouer le jeu, au faux Gardien, tant mieux pour lui. Enji n’avait aucune raison de lui couper son plaisir. Il ne semblait pas bien méchant de toute façon, alors pourquoi s’en faire. Pourquoi il ne voulait pas lui dire ce qu’il fichait là-haut et lui posait de telles questions ? Bah ! Très franchement, ça ne le dérangeait pas, alors …
« C'est quoi ton nom ? »
Le blond s’accorda un temps pour admirer les talents de locution ainsi que la finesse du Gardien. Mais ce n'était pas comme s'il venait juste de les remarquer, eh. Il en aurait presque ri, mais souffla simplement par le nez, amusé. Ce n’est qu’ensuite que, sans hésiter, il se présenta donc :
« Enji. E. N. J. I. »
Au cas où il voudrait prendre des notes. Après tout, en tant que Gardien professionnelle, il devait être en possession d’une liste ou de quelque chose permettant l’identification des passeurs … Quelque chose, n’importe quoi. Tiens, Enji n’avait d’ailleurs pas l’impression que les gens soient en possession de papiers ou signes permettant d’attester de leurs identités ? Enfin, là, comme ça, il ne voyait pas tout de suite dans quelle circonstance cela pourrait servir, mais … Bah, avec un peu de réflexion ça devait bien se trouver. Mains derrière le dos, aussi sage qu’un élève face à son professeur ou – tout bonnement – qu’un citoyen face à un représentant de l’ordre, le sauvé commençait à se demander si la conversation n’allait-elle pas bientôt s’achever ? Au fond, il s’en voyait un poil attristé. Cela faisait un moment qu’il n’avait parlé à personne d’autres qu’à ses amis sur quatre pattes et, bizarrement, il l’appréciait bien l’hurluberlu sur sa branche. Peut-être allait-il réussir à lui faire un petit peu plus la conversation ?
« Besoin d’autre chose, monsieur … ? »
Finit-il par demander en toute innocence. La note interrogative que prit sa voix à la fin du « monsieur » était là aussi pour encourager le corbeau à se présenter … Ainsi, il n’aurait plus à le qualifier mentalement de drôle d’oiseau ou de pseudo-Gardien, ce qui n’était pas bien flatteur. Drôle, relativement approprié … mais pas bien flatteur. Après, voilà, s’il avait d’autres questions il lui faisait ainsi comprendre que ça ne le dérangeait nullement. Enji n’avait rien à cacher, ne se sentait pas agacé, ni dérangé et même de très bonne humeur. Tant d’états qui participaient à son envie de discuter. Sans quoi, aucun doute qu’il l’aurait fait comprendre très explicitement avant de prendre congé. Rien à cacher, aucune honte. Enji était comme ça naturellement.
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Sujet: Re: Manteau blanc, paille dorée et ciel noir. [Zaichik]
Manteau blanc, paille dorée et ciel noir. [Zaichik]