today i don't feel like doing anything

Il y avait des jours paisibles où le monde semblait ne pas te faire chier. Semblait. Le genre de journées tranquilles avec un réveil tardif tout en douceur, la matinée passée au lit suite à une envie soudaine de flemmarder plus qu'au possible -oh, et puis, tu pouvais te le permettre, Nerv, alors pourquoi pas. Ce n'était pas comme si, aujourd'hui, tu avais des comptes à rendre, des responsabilités ou même de vagues choses à faire. C'était une journée sans rendez-vous tatouage et au diable ceux qui auraient voulu pointer leurs nez dans ta boutique : ça sera pour un autre jour. Tu étais resté dans tes draps bien plus que trop longtemps, te levant vers la fin de l'après-midi, toujours aussi lent et de bonne humeur. Peut-être que c'était une bonne chose, de ne pas déborder d'énergie -il faudrait que tu essaies plus souvent de ne pas démarrer au quart de tour.
Et la faim se fait sentir -mais ta flemme encore ressort par les pores de ta peau, alors tu sais tu sens que tu sera juste incapable de faire quoi que ce soit à manger ; alors tu ouvres ton garde manger au cas où, en sachant déjà la déception à venir. Non, il n'y avait plus rien à manger sur le pouce -Nerv, il faut vraiment que tu arrêtes de repousser le moment de faire les courses. Soupir.
Tu daignes enfin te vêtir et secouer tes cheveux en un mouvement de main superficiel -ce qui, du coup, ne changeait strictement rien à ta situation capillaire-, déjà prêt à sortir dans ce monde si inhospitalier qu'est l'extérieur. Il te manque toutes tes boucles d'oreilles et quelques autres piercings, tu te sens un peu vide, à vrai dire. Qu'importe ; tu marches dans la rue avec une musique dans la tête et les feuilles qui volent dans les airs -même en noir et blanc, c'est une belle scène, tu trouves, alors c'était dire la bonne humeur qui se dégageait de toi. Peu à peu, tu avançais vers ton but ultime : une boulangerie de quartier, pas trop grande ni trop petite, surtout pas très éloignée de chez toi ; et ça aujourd'hui, c'était vital.
Il y a un doux fumet de pain chaud qui sort de l'arrière boutique et à peine rentré, ton regard se pose sur LA baguette. Elle est là, juste là, toute dorée, à l'éclat rehaussé par ses graines de sésames aériennes et délicates ; oh, il y aurait presqu'une auréole autour d'elle tant elle semble attendue. Et, miracle, c'est la dernière de son espèce : tu t'empresses de l'acheter, et tu ressors en souriant, prêt à mordre un bout de baguette bien méritée. Peut-être que le monde voulait bien te laisser tranquille, aujourd'hui.